Lectures de juin

Jun 29, 2017 19:15


"Histoires sardes d'assassinats, d'espérance et d'animaux particuliers" par Serge Pey
Environ 220 pages, une série d'anecdotes inspirées de faits réels sur la vie d'un petit village de Sardaigne. Les histoires sont courtes, et souvent, dérivent sur des considérations plus générales ou philosophiques (avec une préférence pour le matérialisme dialectique et la philosophie de Gramsci, natif de la région), mais toujours en gardant un ton léger et humain. C'était très agréable à lire, souvent très drôle, souvent cruel, parfois triste, parfois très beau, parfois très intéressant. J'ai un faible pour l'histoire du corbeau nommé Dino Campana, et pour celle du cimetière des chiens.
Mon seul reproche principal est que la violence virile est très souvent considérée avec amusement et sympathie, parfois même glorifiée, mais hey, c'est personnel, je ne peux pas avoir la même opinion que l'auteur sur tout ! C'est juste que ça m'a mise mal à l'aise parfois.
8/10


"Contes diaboliques d'Haïti" par Mimi Barthélémy
Environ 115 pages. Certains contes sont limites des contes fantastiques, mais la plus grande partie sont des contes tout à fait standard, qui se trouvent juste avoir le diable, des monstres démoniaques ou des magiciens noirs comme méchants. J'aime beaucoup certains de leurs monstres comme les couleuvres qui prennent forme humaine ou le bouc qui vole la langue des enfants. Sans compter celui qui fait un gros tas de merde juste pour s'amuser à forcer les gens à nettoyer.
L'ambiance d'Haïti est très vivante dans les détails. Pour les histoires, certaines sont universelles (un des contes est pratiquement la même histoires que Les Trois Cheveux d'Or du Diable, de Grimm), d'autres ont une origine africaine ou vaudou beaucoup plus marquée.
Il y a un peu trop de contes à mon goût où une fille rejette ses prétendants, finit par épouser un démon à la place, et doit être sauvée. On se demande si ces contes n'ont pas été écrits par des prétendants rejetés et vexés. ^^
7/10


"City of Darkness, City of Light" par Marge Piercy
Pour la catégorie "Fiction historique de bingo-livres
Roman historique, environ 470 pages. La révolution française, vue par les yeux de six personnages historiques, Claire Lacombe, Maximilien Robespierre, Manon Roland, Pauline Léon, Nicolas Condorcet, et Georges Danton. (Si vous ne connaissez pas Claire Lacombe et Pauline Léon, ce sont les co-fondatrice de la Société des Républicaines Révolutionnaires, le plus important groupe de femmes sans-culottes de l'époque).
L'auteur a fait une grande quantité de recherches biographiques sur les personnages en question, et quelques autres sur l'époque et le contexte. Je ne suis pas la plus grande spécialiste de l'époque, mais je m'y connais quand même, et ça me semble très bien fait. Il y a des points sur lesquels je ne suis pas d'accord avec son interprétation, mais aucun où elle a tort de façon prouvable. (Je trouve qu'elle sous-estime Camille Desmoulins, par exemple) Le style est ordinaire, mais se laisse agréablement lire.
L'auteur est une militante gauchiste et féministe, et je trouve qu'elle rend très bien l'état d'esprit des militants, les espoirs et les frustrations, la compassion et les excès, la solidarité mais aussi la colère quand quelqu'un qu'on croyait un allié diffère sur un point très important. C'est une des versions de la révolution française où j'ai le mieux compris comment d'anciens alliés pouvaient devenir de cruels ennemis, et où j'ai le mieux compris les Girondins en général. Aussi, le point de vue féminin fait que quelques détails souvent passés sous silence comme le droit de divorce sont plus importants ici.
Tous ses personnages sont très humains malgré les défauts qu'ils peuvent avoir (égoïsme, orgueil, naïveté), tous ont des relations personnelles mignonnes ou intéressantes même s'ils sont d'abord définis par leurs idées. (Il y a même du femslash surprise).
8/10


"101 poèmes et quelques contre le racisme"
Recueil de poésie, environ 250 pages. Contrairement aux recueils de poésie auxquels je suis habituée, seulement quelques-uns ont été pris dans des recueils déjà édités, et la plupart ont été écrits en allant directement demander à des poètes contemporains un poème sur le sujet. Cela fait un recueil peut-être de qualité moyenne légèrement moindre que quand on choisit dans un corpus déjà existant, mais certainement plus unique.
(En fait, le recueil d'origine a été publié en 1998 selon ce concept, et cette réédition remplace environ la moitié des poèmes par des nouveaux, écrits pour cette nouvelle occasion. J'ignore quels ont été les critères de sélection. Des références à des événements très contemporains ? La qualité ?)
Comme d'habitude avec les recueils par beaucoup d'auteurs différents, certains me plaisent et d'autres pas du tout. Le sujet est aussi abordé sous beaucoup d'angles différents (pour certains poèmes j'ai du mal à voir le rapport), et en moyenne je préfère les poèmes écrits par des auteurs venant de groupes eux-mêmes sujets au racisme.
C'est là que le bât blesse un peu. Ces poètes, qui ne sont pas blancs, représentent peut-être... un tiers du livre, toutes origines confondues ? Qu'on ne s'y trompe pas, c'est énorme pour une anthologie en langue française. ^^ Mais j'aurais aimé que cela fasse encore plus.
7/10


"Le kabbaliste de Prague" par Marek Halter
Roman, environ 280 pages. Après avoir vu l'exposition sur le golem, je voulais voir à quoi ressemblaient les adaptations en roman contemporain.
J'ai trouvé ça assez moyen. Pas mauvais, non, moyen. Cette version du golem, des raisons de sa création, de sa personnalité, n'est pas plus mauvaise qu'une autre, mais n'a pas d'éléments nouveaux qui me font vibrer (même si j'aime la comparaison finale entre le golem et le prolétariat). Les personnages ne sont pas déplaisants ni ennuyeux, mais ils n'ont ni profondeur ni évolution, on connaît la totalité de leur personnalité dès leur première rencontre. Le style est tout à fait lisible mais n'est pas non plus un des points forts. De la recherche religieuse et historique a clairement été faite, mais l'auteur ne s'amuse pas à nous apprendre des nouvelles choses ou à ressortir les anecdotes les plus intéressantes, il s'en sert juste comme background. La rencontre avec les scientifiques de l'époque a du potentiel, mais se relie assez artificiellement au thème central du golem. Et il y a une chose qui m'a énormément déplu, c'est la relation amoureuse centrale du narrateur. Il lui a donné des cours quand elle avait sept ans et qu'il en avait quarante, et dix ans plus tard, il la revoit, il tombe amoureux au premier regard : beurk.
5/10

Progression : 30/52
Risques de lecture : Histoires sardes d'assassinats, d'espérance et d'animaux particuliers, City of Darkness, City of Light, 101 poèmes et quelques contre le racisme, Le kabbaliste de Prague -> 18/26
Bingo-livres : 25/25

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