Cette fois-ci, ce n’est pas un film à l’affiche. Polisse a concouru pour le festival de Cannes en 2011, mais je l’ai vu pour la première fois il y a seulement quelques jours.
Parenthèse : la faute d’orthographe du titre a une explication : « Police » était déjà pris, par un film de Pialat, que je n’ai pas vu, mais dont je sais qu’il traite d’un sujet voisin, mais de façon très différente.
Polisse est une fiction qui raconte le quotidien des policiers de la Brigade de Protection des Mineurs. C’est-à-dire des affaires horribles (pédophilie, maltraitance, criminalité ou comportements à risques chez les enfants et les adolescents…) mais aussi la solidarité et la complicité entre collègues, qui permet de tenir le coup. Le film parle de personnages d’enfants et d’ados suivis par les policiers et des accusés, mais sans les individualiser. Il s'intéresse surtout aux policiers, qui eux sont des personnages complexes et nettement dessinés.
Polisse a été très remarqué par la critique à sa sortie, sans pour autant faire l’unanimité. Les critiques ont souvent reconnu de grandes qualités au film tout lui reprochant certains éléments. Exactement comme moi : j’ai trouvé Polisse à la fois passionnant et très agaçant. J’y ai vu une alternance de scènes très réussies, qui sonnent juste, et de scènes ratées (au hasard, toutes celles avec Maïwen qui est également la réalisatrice du film et devrait vraiment arrêter de faire l’actrice).
Ce que j’ai aimé, en vrac :
Le sujet est original : le travail des policiers, représenté de façon réaliste et quotidienne, et non sous l’angle de l’enquête policière, a rarement été montré au cinéma.
Je ne connais pas grand-chose à ce milieu, mais beaucoup de scènes sonnaient justes.
L’énergie des acteurs (sauf Maïwen), la façon dont ils habitent leurs personnages et leur donnent une épaisseur. Marina Foïs exprime le mal de vivre d’une façon très impressionnante (comme déjà dans Filles perdues cheveux gras). Elle me fait un peu flipper, mais je l’aime.
Certaines scènes, très dures, ne font pas dans la surenchère, et montrent la situation d’une façon neutre. Par exemple (celle qui m’a je pense le plus choquée), un gentil papy à cheveux blancs qui au fil d’un interrogatoire serré, révèle qu’il est coupable d’attouchements sur sa petite-fille et déballe tout l’air vaguement gêné, mais en mode « on va pas en faire un fromage, c’est bon ».
Mais j’ai bien envie de taxer d’autres scènes de voyeurisme ou de misérabilisme. Et certaines sonnaient franchement faux.
Ce qui m’a agacé, toujours en vrac :
La représentation de la hiérarchie des héros, systématiquement faible ou vendue. Vu le sujet, je trouve la généralité réductrice pas très cool.
La présence de Joey Starr (après sa carrière de rappeur aux textes très violents envers la police). Mais bon, même si je ne sais toujours pas si je le trouve bon acteur, il est indéniablement charismatique.
Une scène de séduction ridicule, qui gâche un passage de film que j’aurais autrement adoré.
Le personnage de photographe bobo jouée par Maïwen, au cas où quelqu’un n’aurait pas compris. Maïwen est folle d’amour pour elle-même, cela se sent à chaque plan de son film.
Bref, je reste partagée. Je déconseille fortement le film aux enfants et jeunes ados, parce qu’il y a de quoi être traumatisé, mais je vous le conseille à vous ! J’ai employé plus haut le terme « passionnant », parce que dès le visionnage, toute seule chez moi, j’ai eu envie d’en discuter, d’échanger des points de vue, de savoir comment d’autres que moi avaient reçu l’œuvre, et plus largement de parler des sujets de société abordés par le film (bref, j'au saoulé tout mon entourage).
Vee.
PS. Un truc qui m’a mise très très mal à l’aise et que je viens de découvrir en cherchant des photos pour illustrer mon article : la campagne d’affichage de « remerciements » en réaction aux nombreuses récompenses reçues par le film. Pour plus de détails, par exemple
http://fluctuat.premiere.fr/Cinema/News/Ressortie-de-Polisse-les-affiches-tombent-le-masque-3247512