Django Unchained - Quentin Tarantino

Jan 25, 2013 19:38




Est-il absolument nécessaire de présenter le nouveau Tarantino ?!
Nous voici dans le sud des Etats-Unis, deux ans avant la guerre de Sécession. Une nuit au fond des bois, le docteur King Schultz, aimable dentiste allemand très policé, se porte acquéreur de Django, esclave en transit entre deux propriétaires, qui pourra l'aider à identifier trois hors la loi devenus régisseurs dans des plantations. De fait, l'aimable dentiste a depuis longtemps troqué la fraise contre le flingue et gagne sa croûte en tant que chasseur de primes. Ce qui n'en fait pas une rosse pour autant : en échange de son aide, Django obtiendra la liberté et une part du magot.
Les choses auraient pu s'en tenir à cet échange de bons procédés si Django n'avait pas eu une femme, esclave elle aussi et vendue séparément suite à une tentative d'évasion ratée. Une femme élevée par une maîtresse allemande, et répondant au mythique nom de Broomhilda. Une femme que Django, tel un moderne Siegfried, serait prêt à tout pour libérer... et venger. L'histoire, vous pensez bien, a de quoi enthousiasmer un allemand, et une fois les trois zozos zigouillés, les deux hommes vont unir leurs forces et leur ingéniosité pour aller repêcher la belle au cœur du domaine de l'odieux Calvin Candie.



Après avoir dézingué du nazi en détournant le film de guerre, Tarantino écharpe de l'esclavagiste en réinventant le western. Et putain que c'est bon !
On y retrouve ce qui fait le meilleur de ses films : un scénario tordu, des héros barrés à souhait qui ont la classe, des méchants odieux à souhait qui se dégomment avec délices, une savoureuse démesure dans la violence, un instinct de liberté dévastateur qui se joue des clichés et des conventions, des répliques qui claquent comme un bon coup de fouet sur l'échine d'un négrier, un solide sens de l'humour, de l'absurde et du second degré, une BO qui dépote et quelques scènes d'anthologie. Tout particulièrement celle de l'attaque du Klu Klux Klan, où le grandiose menaçant de la cavalcade initiale se fracasse sur un détail ridicule pour sombrer dans l'absurde le plus total.
Mais Django, c'est un peu plus que tout ça. Sous le vernis rock n'roll, c'est une très romantique et très jolie histoire d'amour, une condamnation impeccable du racisme (n'en déplaise à Spike Lee), une mise en scène des aspects les plus sombres du sud esclavagiste, qui s'interroge sur la notion même de responsabilité et ne tombe jamais dans les conclusions faciles. Aussi cruel soit-il, le système mis en place par les Blancs est si bien fichu que certains Noirs en sont d'ardents défenseurs, et qu'il faut un être d'exception pour se révolter franchement contre ce que la plupart se contentent de subir.

Un dernier mot pour saluer les acteurs, tous excellents. Jamie Fox sait adopter le parfait mélange de force, de fierté et de fêlures pour rester à la fois admirable et touchant. Christof Waltz est merveilleux, comme toujours (mais si, mais si, je suis très objective), Kerry Washington délicieuse (il faut bien reconnaitre qu'on ne lui demande pas grand chose de plus), Di Caprio très convaincant dans son rôle de grand enfant trop gâté, sadique et tout puissant. Mais le plus bluffant reste sans doute Samuel Lee Jackson, qui campe de manière assez flippante un vieux maître d'hôtel servile, tyrannique et trop rusé, prêt à tout pour défendre son maître bien-aimé et le système dans lequel il trouve sa place.




Tu es qui, toi ? Tu as pas encore vu mon film ? Allez, hop, au cinéma.
Et on discute pas avec le vieux Stephen.

western, tarantino

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