Défi Cachette : Jardin secret
Titre : Jardin secret
Défi : Cachette
Disclaimer : Le monde d'Harry Potter appartient en totalité à JKR.
Auteur : Devil Pops
Personnages/Pairings : Neville/Percy (à sens unique ? très très implicite ? d'accord, vraiment plus que léger...), Percy/Pénélope mentionné. Trevor en guest star.
Rating : PG ?
Notes : La scène fait référence aux tomes 2 et 3 de la série. J'ai tenu ma promesse, gentil pissenlit (je ne sais pas s'il faut s'en réjouir, par contre...)
Jardin secret
Il n'y a pas si longtemps que ça, dans une bibliothèque aux confins encore inexplorés, Neville s'amusait.
Ou plutôt, il cherchait désespérément à vaincre l'ennui : yeux dans les yeux, lui et Trevor étaient engagés dans une féroce - et muette - bataille ; ni l'un, ni l'autre n'avaient la moindre intention d'abdiquer en rompant le contact visuel.
« Si tu restes ici, tu vas rater le dîner. »
Surpris par cette intervention, Neville tourna la tête (1) vers le nouvel arrivant qui se dressait, bras croisés, sourcils incurvés, entre les rayonnages.
Depuis une semaine maintenant, la nuit tombée, Percy Weasley s'entêtait à le rejoindre à la table qu'il affectionnait, section Botanique. Chaque soir, il l'incitait à descendre dans la Grande Salle. Et invariablement, le Gryffondor de treize ans lui offrait la même réponse chancelante, en prenant soin de ne pas directement affronter le regard de l'autre :
« Je n'ai pas très faim, de toute façon. »
Il s'attendait à ce que le roux acquiesçât comme à son habitude, avant de reprendre sa patrouille, le sentiment du devoir accompli. Mais cette fois-ci, le septième année préféra s'attabler à ses côtés. Le jeune homme se trémoussa sur sa chaise, mal à l'aise, et se mit à écorner fébrilement une feuille qui traînait à proximité.
A coup sûr, Percy Weasley allait entamer l'un des sermons qui le rendait tristement célèbre à Poudlard. Neville n'avait pourtant pas besoin d'un supplément de culpabilité, ces temps-ci. Entre les remontrances acerbes du professeur McGonagall, la punition qu'elle lui avait infligée pour avoir laissé traîner la liste de mots de passe, et la Beuglante particulièrement blessante de sa grand-mère, son moral était en lambeaux, merci bien.
Ajoutez les commentaires moqueurs des Serpentard, les soupirs lourds de sens de ses camarades, et l'on comprendra aisément qu'il se terre dans un recoin de la bibliothèque, en rêvant de mettre la main sur ce fichu Sirius Black, qui avait rendu sa vie infernale. Pas qu'il comptait réellement tomber sur le maniaque, Merlin le protège...
Gardant le silence, le garçon s'acharna sur le malheureux parchemin jusqu'à ce qu'une main ne le contraigne à cesser, agrippant avec fermeté son poignet. Zut.
« Mrs. Pince ne va pas tarder à nous jeter dehors, » annonça le préfet-en-chef, relâchant finalement sa prise pour se relever. L'expression neutre, il renouvela son conseil : « Tu devrais aller manger.»
Neville secoua la tête.
« Je n'ai vraiment pas faim. Je suis fatigué, » murmura-t-il, persistant dans son refus.
L'air exaspéré, son interlocuteur se pinça les lèvres ; le troisième année attendit l'explosion. Qui, étonnamment, ne vint pas.
« Je te ramène aux dortoirs, alors. »
C'était sec, sans appel. Et puis, ça lui évitait de se morfondre devant l'entrée, sans mot de passe, au milieu des trolls de garde, à espérer qu'une âme charitable le fasse pénétrer dans la salle commune.
Résigné, il s'empressa de fourrer, pêle-mêle, ses affaires dans le sac, Trevor dans sa poche (2), pour rattraper aussi vite que possible le sorcier à hauteur de la sortie. Les deux Gryffondor prirent le chemin de la tour, sans croiser âme qui vive : élèves, professeurs et fantômes étaient rassemblés en bas, dans la Grande Salle...
« Tu comptes passer le restant de l'année à te cacher ? »
L'adolescent se figea en plein milieu d'un couloir, pris de court par l'attaque soudaine. Percy semblait attendre une réponse, campé face à lui. Il haussa les épaules, embarrassé, provoquant un soupir bruyant de son vis-à-vis.
Ce dernier se passa les doigts dans les cheveux, la mine préoccupée.
« Tu sais, » reprit-il avec hésitation (les sourcils de Neville tressautèrent), « les autres ne t'en veulent pas vraiment. Tu n'y es pas pour grand chose, après tout, si Black peut entrer dans le château. Je suis sûr que le professeur McGonagall lèvera ta punition d'ici quelques jours. »
Les larmes qui n'avaient pas coulé alors qu'il entendait Granny lui hurler par courrier qu'il n'était pas digne d'appartenir à la famille Londubat menacèrent de faire une apparition surprise, devant ce réconfort inattendu ; il se hâta de battre des paupières, pour prévenir le déluge salé qui s'annonçait. Percy grimaça.
« Ils ne t'en veulent pas, » répéta-t-il d'un ton bourru, lui tapotant maladroitement l'épaule. « Si tu n'as pas le moral, plutôt que de passer ton temps libre à jouer avec ton crapaud, parles en à tes amis. Pas la peine de passer toutes tes journées à te planquer entre deux rayons : la bibliothèque n'est pas faite pour ça. »
Sauf que, songea le petit Gryffondor, sauf que. Il se souvenait encore de l'épisode traumatisant de l'année dernière, lorsqu'il était tombé sur deux préfets occupés à se bécoter dans un sombre rayonnage de la section Botanique. Il gardait encore en mémoire le regard terrifiant de Pénélope Deauclaire, lorsque Trevor avait trahi sa présence...
Comme s'il pouvait lire dans ses pensées, le rouquin vira au rouge pivoine, et se massa la nuque.
On aurait dit un enfant pris la main dans le sac de Chocogrenouilles.
Attendri, Neville s'essuya les yeux en reniflant légèrement, puis sourit jusqu'aux oreilles. Percy marmonna un rapide « Je ne dis pas qu'on ne doit rien cacher... », avant de se remettre à avancer dans le corridor, histoire d'en terminer avec ce moment de gêne intense et bien peu digne d'un préfet-en-chef.
Lui resta immobile quelques secondes de plus, observant son compagnon. Oui, se dit-il, chacun avait droit à son propre jardin secret.
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(1) "Victoire !" coassa son partenaire de jeu.
(2) "Animal !" coassa l'infortuné.