"Folie", les trois mousquetaires, d'artagnan/athos, PG

Dec 28, 2006 08:45

Titre: Folie
Auteur: drakys
Fandom: les trois mousquetaires
Couple: d'artagnan/athos
Rating: PG
Disclaimer: alexandre dumas
Notes: pour millenear


Athos retira pourpoint et chemise en restant entièrement impassible de visage et ce, malgré la douleur qu'il devait supporter; avec des gestes encore plus lents, mais pas si précautionneux pour trahir sa souffrance, il défit les bandages de fortune tachés de sang. L'affaire n'avait pas été longue à faire entendre: une rixe à peine pour un mot de mauvais goût placé trop haut, pas même l'objet d'un duel décent et comble du déshonneur, il avait été piqué.

Pas aussi bien qu'il avait pu rendre le coup reçu, mais assez pour qu'une fois loin de tous les autres regards ce soit sous celui de d'Artagnan qu'il tombe sur un genou. Il avait d'abord refusé l'aide du jeune homme avec véhémence en blâmant sur son âge le souffle qui refusait de lui revenir, mais le Gascon n'avait pas été dupe.

Malgré les doigts serrés d'Athos pour comprimer la plaie, le sang perçait depuis la mauvaise cachette que c'était fait la blessure sous le pourpoint. D'Artagnan lui avait forcé la main et ouvert le vêtement pour lui faire un pansement rapide et il avait tant insisté que l'autre homme l'avait laissé le raccompagner jusque chez lui.

"Vous êtes décidemment un sot", lui dit Athos sur un ton faussement désinvolte, comme il fouillait ses affaires à la recherche de quoi se faire une compresse propre. "Une simple égratignure et vous me donnez pour être aux portes de la mort!

- Ce duel était-il vraiment nécessaire?", demanda la voix sévère de d'Artagnan en l'écartant pour trouver un linge lui-même.

"Ma foi", répliqua Athos. "Quel duel l'est, en vérité? S'ils devenaient nécessités, ils ne seraient certainement plus aussi bonne source de divertissement."

Un morceau d'étoffe mouillée vint toucher sa peau, le faisant violemment tressaillir sitôt qu'il alla se poser avec insistance la blessure. Le mousquetaire agrippa aussitôt, et fort solidement pour un blessé, le poignet de d'Artagnan pour le stopper.

"Je ne suis pas si faible que j'ai besoin qu'on me panse", dit-il lentement entre ses dents serrées pour que son visage ne trahisse rien du cri qu'il avait envie de faire.

Le regard du jeune homme rencontra le sien avec une résolution terrible et il ne cilla pas en y lisant toute l'irritation que Athos s'efforça de mettre dans ses yeux. Au contraire, sa main libre alla appuyer contre la plaie vive et son aîné, avec un demi-cri, le relâcha aussitôt.

"Sangdieu! De quelle folie souffrez-vous?", grinça Athos en essayant en vain de se soustraire à ces soins imposés. "Je ne suis ni infirme ou mourant!"

- Restez donc tranquille!", siffla soudain d'Artagnan en le foudroyant de ses yeux chargés de colère.

Cette violente apostrophe si inaccoutumée chez le jeune homme rendit Athos muet et il oublia un instant de refuser le contact du tissu imbibé d'eau claire. La compresse lava lentement la plaie et ils n'échangèrent plus un seul mot ni un seul regard, jusqu'à ce que d'Artagnan s'éloigne un instant pour aller rincer l'étoffe à la bassine.

"Savez-vous seulement combien il m'en coûterait, si vous mourriez?", vint la question faible, si faible et Athos fit tout comme s'il n'avait rien entendu de la faiblesse ou de la question.

Le jeune homme revint à l'attaque, terminant d'abord de nettoyer la plaie avec un souci louable et avec ensuite la plus grande des précautions, la pansant en homme qui a pour son compte déjà reçu sa part de divers coups bons et moins bons. Puis il planta fermement son regard dans celui de son aîné.

"Je vous interdis de mourir", dit-il avec le plus grand sérieux du monde.

Athos sourit à cet ordre impossible à observer, une expression lasse et fatiguée au visage qui montrait un peu de la vulnérabilité du noble gentilhomme qui, une fois l'étincelle royale éteinte dans ses yeux, tombait de son statut demi-dieu à celui de simple homme.

"C'est là le privilège de jeunesse, de vouloir défier la mort", dit-il avec une sagesse qu'il ne ressentait pas à moitié. "Dites toutes vos interdictions et même si vous y mettez toute votre conviction, la mort pour vous narguez viendra faire son œuvre quand bien il lui plaira.

- Ne dites pas ça!", siffla d'Artagnan en se perdant, posant une main sur la joue de son aîné qui tressaillit involontairement au contact. "Vous ne comprenez pas, ou vous ne voulez pas comprendre."

D'Artagnan pencha la tête, hésitant. Il y eut un silence, un de ces silences rendu lourd par toutes les paroles dont on ne le remplit pas et main presque tremblante, il caressa du pouce la joue de son aîné. Et avant même que Athos puisse lui demander la cause de cet autre moment de folie, les lèvres de d'Artagnan se posèrent sur les siennes.

Un baiser chaste et pur, mais tout de même plus chargé d'émotion que les simples étreintes que pouvaient dicter la simple amitié. Cette parodie d'innocence s'effrita et d'Artagnan fit glisser ses doigts sous les cheveux, sur la nuque et ses lèvres réclamèrent d'avantage.

Athos le repoussa alors, trop surpris qu'il avait d'abord été du baiser et trop tenté qu'il était maintenant d'y céder. Il détourna la tête pour ne pas avoir à supporter le regard ardent, choisissant d'ignorer ce que son cœur lui hurlait pour plutôt se résigner à suivre ce que sa raison lui ordonnait.

"Il est de ces choses qu'un homme peut vouloir ne pas comprendre.

- Pourtant, que vous le vouliez ou non, vous connaissez mes sentiments et je me doute bien des vôtres", insista le jeune Gascon en redoublant l'ardeur ses avances. "Êtes-vous si cruel pour ne pas entendre ce que disent mon cœur et celui qui bat dans votre poitrine?"

La main de d'Artagnan était venue se glisser sur sa peau nue et le mousquetaire ne voulut rien répondre de peur de se trahir davantage, mais de son hésitation naquit une opportunité et le jeune homme sitôt qu'il la remarqua, en usa. Il renversa son aîné sur le lit et Athos ne résista pas au corps plus jeune, peut-être plus fort qui le surplomba.

La main contre son cœur remonta à son visage et les lèvres de d'Artagnan furent sur les siennes à nouveau: pas si violemment qu'elles le forçaient, mais avec un entêtement qui ne lui pardonnerait pas facilement son refus. Athos était prêt à recevoir cette sentence, mais à son grand dam il trouva ses propres mains plutôt enclines à aller se poser sur la taille du Gascon et ses lèvres plutôt décidées à lui répondre.

"Êtes-vous si cruel pour ne pas deviner que vous vous lasserez, vous qui êtes si jeune et qui avez encore tant à attendre de la vie?", murmura-t-il faiblement, en écho à la question que lui avait posée le jeune homme et ne cédant ainsi pas encore tout à fait à son corps qui trahissait sa raison.

"Arrêtez!", ordonna d'Artagnan d'une voix blessée qui fit regretter ses paroles à Athos. "Arrêtez...", supplia le jeune homme en agrippant les poignets de son aîné pour qu'il ne se risque pas à bouger.

Un long silence suivit sa supplique et comme abattu, il se laissa glisser contre Athos, se nichant en tout confort contre lui pour le réchauffer de sa douce chaleur. Le mousquetaire sentait la respiration du Gascon contre sa peau et il en frissonna, mais moins que du contact des doigts qui vinrent, légers, effleurer le pansement.

"Il m'en coûterait vraiment beaucoup, si vous mourriez", dit-il lentement d'une voix effacée. "J'ai été trop vif et peut-être maladroit, c'est la seule excuse que je vous présenterai jamais; mais je ne vous pardonnerai pas d'avoir cru mes sentiments superficiels... Je redoublerai dans mes efforts pour vous convaincre de leur profondeur", lui assura d'Artagnan en plongeant son regard dans le sien.

Athos eut un pâle sourire.

"Vous qui parlez de prix, savez-vous seulement, monsieur le charmeur, ce qu'il m'en coûterait à moi si en faisant vos preuves, vous décidiez que je n'en valais pas l'effort?"

Le jeune homme se redressa à demi.

"Que diable dites-vous Athos? Devrais-je oser comprendre-

- N'y a-t-il pas quelqu'un qui un jour a dit que l'amour, c'était quelque chose comme d'être fou et qu'il valait mieux en ce cas partager cette folie?"

D'Artagnan resta muet une seconde, évaluant les significations évidentes et les significations voilées et un grand sourire fendit son visage comme il jetait ou plutôt forçait ses bras autour d'Athos pour l'y emprisonner. Il l'embrassa avec un enthousiasme tout juvénile et rencontra une approbation qui le rendit plus aventureux, mais une main le repoussa et Athos eut une terrible grimace.

"Calmez-vous", demanda-t-il, son autre main contre sa blessure et d'Artagnan, même entre les doigts serrés pour le cacher, vit tout de même le sang qui perçait les bandages.

Une expression d'indicible horreur passa sur le visage du jeune homme et relâcha aussitôt Athos, s'ébrouant d'excuses contrites qui vinrent mettre un sourire sur le beau visage du mousquetaire.

(17 novembre 2006)

!fic, les trois mousquetaires

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