obscur_echange : "Le passé qui revient", Ghost Hunt, PG

Nov 04, 2008 17:27

Encore un machin pour obscur_echange... Cette fic-là, elle n'aurait jamais jamais été écrite sans l'enthousiasme, l'aide précieuse et les encouragements de supaidachan et leini. *s'incline* Merci tout plein beaucoup à vous deux !!

Titre : Le passé qui revient
Auteur : Windex/drakys
Pour : Témest'/taraxacumoff
Fandom : Ghost Hunt
Persos/Couple : Takigawa/Lin & les autres
Rating : PG
Disclaimer : Fuyumi Ono pour le roman, Shiho Inada pour le manga, Avex Entertainment, Marvelous Entertainment et TV Tokyo pour l'animé
Prompt : Comment notre moine bouddhiste bassiste de rock réussit finalement, après moult péripéties à séduire Lin, l'assistant de Naru. Les autres peuvent l'aider ou pas... Si c'est possible, ce serait bien que cela soit au cours d'une enquête. La miko peut être jalouse ou au contraire les aider. Par contre, je n'aime pas les fics où John se retrouve en couple ou quand on se moque trop de lui.
Notes : Hmm, je crois bien que ce n'est pas tant Takigawa qui séduit Lin que Lin qui réalise (enfin !) que ce fameux moine bouddhiste bassiste de rock ne le laisse pas indifférent… J'espère que ça fait quand même un peu l'affaire. ;^^

"Tu as vu, tu as vu ? Est-ce qu'ils tournent un drama ?

- Celui-là me fait penser à quelqu'un ! Je crois que je l'ai vu dans un magazine !

- Comme il est mignon !"

Un Ouiii ! collectif et des rires à peine étouffés saluèrent cette déclaration. Takigawa sourit : si elles essayaient d'être discrètes, c'était raté. Il ne pensait pas être si populaire. C'était vrai que son groupe connaissait en ce moment une certaine popularité, ils avaient même fait quelques séances de photos pour des magazines de musique…

"Excusez-moi", demanda une petite voix gênée et il déposa sa boîte, se retourna avec un grand sourire, prêt à récolter la rançon de la gloire.

Il allait répondre quand il remarqua que les trois jeunes femmes entouraient Lin. Takigawa cligna des yeux.

"Excusez-moi, je peux avoir un autographe ?

- …Pardon ?

- Vous êtes acteur, non ?

- Non", répondit Lin sur un ton sec. "Laissez-moi passer, s'il vous plaît", demanda-t-il sans s'intéresser à elles, constatant seulement que les jeunes femmes lui bloquaient le passage.

Takigawa fronça les sourcils, le voyant s'éloigner sans même profiter un tout petit peu de rire de la situation et il sursauta quand Ayako lui mit une grande claque sur l'épaule.

"Jaloux, hmm ?

Il voulut répliquer, mais on l'appela.

"Houshou-kun !", la propriétaire du onsen lui fit un signe de la main pour qu'il s'approche et Ayako cacha sa bouche derrière une main pour rigoler de plus belle.

Takigawa la salua en retour, tournant le dos à la prêtresse pour mieux ignorer son accès d'hilarité.

"Ah, Sayuri-san ! Je suis désolé d'avoir tardé ! Mais maintenant que nous sommes là-

- Ne t'excuse pas voyons, fais mieux !", la propriétaire rit doucement pour montrer qu'elle n'était pas vraiment sérieuse, lui demandant ensuite d'un signe de le suivre. "J'ai quelques affaires que je veux te confier, tu pourras bien les rapporter à tes parents ? Oh, et j'ai aussi quelques portes d'armoires récalcitrantes, un panneau coulissant coincé… tu voudrais bien jeter un coup d'œil à tout ça, hmm, Houshou-kun ?"

Takigawa entendit le rire et il eut l'impression qu'il lui perçait le dos.

"Sa- Sayuri-san ! Je ne suis plus un gamin !

- Aww ! Mais tu seras toujours mon choupi petit Houshou-kun ! Et c'est tellement gentil de donner un coup de main comme ça à une pauvre veuve !"

***

Ils avaient été appelés pour aider la propriétaire d'un onsen, qui se trouvait aussi être une connaissance de Takigawa. Plusieurs de ses clientes s'étaient plaintes d'avoir senti une présence dans un des bains extérieurs et la réputation de l'auberge commençait à douloureusement s'en ressentir.

Un local d'habitude consacré à l'entreposage des futons avait été libéré pour qu'ils puissent en faire leur base d'opération. Arrivés tard le soir, organiser leur quartier général avait été plus long que d'habitude. Pas qu'ils avaient plus de matériel à installer, mais leur hôtesse les avaient interrompus pour leur apporter un repas, insistant pour contrer les premiers refus polis qu'elle ne permettrait pas qu'ils travaillent le ventre vide.

Ils s'étaient simplement installés en cercle à même le sol pour manger, sauf Lin qui était resté debout, examinant d'un œil critique le contenu de son bento. Naru avait déjà mis le sien de côté sans lui toucher et sans rien dire, alors que les autres commençaient déjà à manger. Leur hôtesse s'inclina poliment.

"N'hésitez pas à demander, si je peux faire autre chose.

- Excusez-moi", l'avait arrêtée Lin avant qu'elle sorte. "Il nous aurait fallu deux repas végétariens."

L'hôtesse mit une main devant sa bouche.

"Oh ! Je ne savais pas-", elle sourit aussitôt et récupérer les deux bento intouchés. "Je suis désolée de ne pas m'être informée, je vous les change tout de suite !

- Merci beaucoup, je suis désolé pour le dérangement", Lin s'inclina poliment.

Takigawa le fixa avec une expression bête, manquant du coup de renverser le contenu de son bento sur son tee-shirt. …Comment avait-il pu oublier ? Il avait pourtant discuté avec, ou plus précisément fait les quatre volontés de Sayuri-san plus tôt, il aurait pu penser à le lui mentionner !

"Tu euh, tu peux prendre mes légumes, en attendant", lui offrit-il en Lin haussa un sourcil, assez peu impressionné ou même tenté par la proposition.

Il entendit un Pfft--! étouffé sur sa droite et surprit du coin de l'œil Ayako qui essayait de ne pas hurler de rire. Sur sa gauche, Mai affichait un grand sourire. Au moins, elle essaya de le sauver.

"Hé, on a qu'à partager ce qu'on peut de ceux-là avant que les vôtres arrivent !", sourit-elle en poussant son bento au centre du cercle.

Il aurait pleuré de joie que quelqu'un se soucie ne l'empêcher de paraître complètement ridicule. Naru regarda le bento et quand tout le monde fut convaincu qu'il allait refuser, il détacha ses baguettes jetables et se servit.

Avec considérablement plus de réticence, Lin l'imita.

***

Leur hôtesse s'inclina.

"Je vous suis très reconnaissante d'être venu. Je n'avais pas cru les rumeurs disant l'endroit hanté avant de l'acheter, mais maintenant…", elle eut un petit sourire triste. "Je crois bien que maintenant, je suis prête à les croire."

Elle les précéda dans le couloir.

"J'ai fait préparer des chambres, ça n'a pas été compliqué de vous céder certaines des meilleures : les clients ne viennent malheureusement plus en masse."

Sayuri-san s'arrêta devant une des portes, désigna l'affiche qui annonçait la fermeture du bain.

"J'ai fermé temporairement ce bain et pendant un temps, ça a semblé fonctionner", expliqua-t-elle. "Mais maintenant, c'est dans un autre bain que le problème est réapparu."

Elle soupira, continua jusqu'au bout du couloir et tourna à gauche.

"Des clientes se sont plaintes d'avoir sentie une main les toucher à la cheville ou au poignet alors qu'auparavant, elles n'avaient eu que la vague impression d'une présence. L'une d'entre elles à même affirmé qu'on avait essayé de la noyer ! Ça ne peut bien sûr plus durer comme ça, je vais devoir fermer complètement !"

Elle s'arrêta et fit glisser le panneau coulissant sur sa droite.

"J'ai préparé cette chambre et les deux en face."

Elle s'inclina encore.

"Je vous en prie, profitez de la soirée et ne commencez votre enquête que demain !"

***

"Oi, Naru-bou ! Je vais au bain extérieur !", appela Takigawa en s'invitant dans la chambre que Naru partageait avec Lin.

John n'allait arriver que le lendemain avec Masako et jusque là, le bonze était seul dans la sienne. Il s'était changé pour porter le yukata prêté par l'auberge, l'avait attaché lâchement.

"Tu m'accompagnes, dit ?

- Tu as peur d'y aller seul ?", rétorqua le jeune homme sans lui accorder un regard et le bonze grimaça.

"Hé hé, qu'est-ce que c'est que cette accusation ! Si je croise un fantôme, tu peux être certain que je vais l'exorciser !", il eut un grand sourire, sûr de lui.

"Lin va t'accompagner."

Lin arrêta de taper, lui lança un regard noir.

"Naru ! ", siffla-t-il et un simple mouvement de la main insista pour le chasser.

"J'ai presque terminé, Lin. Profite de la soirée, c'est le vœu de notre cliente."

Takigawa leva une main pour cacher son grand sourire : Lin s'était levé dans un mouvement plutôt raide et allait le suivre docilement.

"Lin", l'arrêta Naru. "Tu devrais porter un yukata, nous sommes à un onsen après tout."

*

Ils se tournaient le dos, Takigawa fit mousser le shampoing. Il fit la moue : Lin avait à peu près autant de conversation qu'un poisson mort. Il allait bien devoir trouver quelque chose à lui dire s'il voulait briser ce silence pesant. Surpris, il faillit s'enfoncer un doigt dans un œil quand l'autre homme demanda :

"Êtes-vous peut-être parent avec Sayuri-san, Takigawa-san ?

- Non, Sayuri-san est une des amies de ma mère depuis qu'elles sont toutes petites. C'est un peu comme si j'avais deux mères !", rigola-t-il, avant de se taire, de froncer les sourcils. "Minute, ce serait horrible, c'est deux meneuses d'esclaves…

- Et possède-t-elle cette auberge depuis longtemps ?

- Hmm", hésita le bonze. "Non, pas tellement, elle l'a acheté après la mort de son mari alors… Peut-être un an ? Deux ans maximum", il fronça les sourcils. "J'avais entendu parler déjà une ou deux fois des rumeurs de fantômes avant, mais cette histoire de presque noyade…", Takigawa secoua la tête. "J'espère qu'on pourra l'aider.

Lin ne lui répondit rien, ce qui ne le surprit pas. Takigawa se rinça les cheveux, réprimant un soupir, se sentant stupide : il s'était fait arraché deux ou trois informations sur l'affaire en cours et rien d'autre. Et puis maintenant, ils étaient de retour à la case départ, celle de l'interminable silence.

"…Je peux te poser une question ?", se risqua le bonze après un moment.

"Vous venez de le faire", rétorqua Lin.

Takigawa entendit le bruit de l'eau qui coulait, jeta un coup d'œil rapide par-dessus son épaule et se ravisa, fixant le mur devant lui.

"Une autre alors. Est-ce que-", il baissa les yeux, changea d'idée. "Est-ce que tu crois qu'Ayako a des chances avec Naru-bou ?"

Il entendait l'eau arrêter de couler, des pas s'éloigner et le panneau coulissant menant à l'extérieur s'ouvrit et se referma. Takigawa soupira, passa les mains dans ses cheveux mouillés.

"C'est pas compliqué", se fit-il le reproche. "Est-ce que tu voudrais aller prendre une verre, genre ? …Aah !", râla-t-il, "Mais qu'est-ce que je dis !? Il ne boit pas !"

*

"Uhh~waaah~! Parfaite, parfaite ! La température est parfaite~!", s'extasia Takigawa.

Lin fixait un point vague. Il avait l'air trop raide, le bonze se demandait s'il avait même la capacité de relaxer.

"Tu ne trouves pas ?", insista-t-il et enfin, l'autre homme le regarda.

"N'avez-vous pas l'impression-", il s'interrompit, jeta un coup d'œil sur sa droite. "Takigawa-san !"

Suivant son regard, le bonze remarqua la buée qui tremblait bizarrement. Elle frissonna, forma des volutes qui s'épaissirent et une forme serpenta paresseusement vers eux avant de disparaître complètement, semblant se fondre dans l'eau.

"Hé Lin, c'était bien dans le bain des femmes qu'il y avait un problème, non ?

- Oui.

- Alors pourquoi-", Takigawa se redressa brusquement quand il sentit quelque chose l'effleurer et il plaça ses doigts pour réciter le mantra. "Nômaku sanmanda bazara-aaah !"

Quelque chose se referma sur sa cheville et tira violemment. Il voulut se retenir, mais ses doigts ne trouvèrent de prise nulle part et il glissa. Se retrouvant tiré sous l'eau, il entendit comme à travers un voile le Takigawa-san ! lancé par Lin. Il essaya de libérer son pied et ses doigts ne trouvèrent rien le retenant. Il réalisa un problème bien plus urgent : on commençait à serrer sa gorge.

"Unnghh !", lâcha-t-il malgré lui, libérant seulement un nuage de bulles et l'air de ses poumons en même temps.

Il entendit un sifflement clair, eut l'impression que quelque chose fouettait l'eau sans ménagement et il se retrouva libre.

"Haaa haa", haleta Takigawa, crevant la surface, massant sa gorge. "Mer-", Lin s'éloignait déjà, serviette fixée à la taille, "-ci."

Il se rapprocha du bord, écarta ses cheveux mouillés de ses yeux et chercha sa serviette au bord du bain.
"Au moins, je n'ai pas à me soucier d'avertir Naru", soupira-t-il.

***

L'air était flou de buée, rempli d'odeurs humides, du bruit de l'eau. Mai appuya sa tête contre les pierres chaudes qui bordaient le bain, sourire aux lèvres. Des boules de lumière flottaient, des lucioles sûrement, elle leva les doigts en espérant qu'elles viendraient plus près, mais elles gardèrent leurs distances, flottant paresseusement.

L'onsen était vraiment un endroit de rêve ! Et en plus, il était là lui aussi !

"Oh, qui ça ?", demanda Mai à voix haute et elle rougit quand c'est le visage de Naru qui se dessina sans hésitation dans ses pensées.

Elle cacha son visage dans ses mains gênée.

"Gaaah !"

Il fallait absolument qu'elle arrête de penser à lui comme ça ! C'était Naru, Na-ru ! Il ne savait que dire des méchancetés vraiment horribles et puis quoi, hein, s'il était beau garçon en plus d'être intelligent ! Il était insupportable ! Mais parfois, il avait cette expression mélancolique, ce sourire un peu triste et-

"Kyaaah ! Non, non", Mai se donna à répétition des petites claques sur les joues.

Qu… t crooo…

"Quoi ?"

Mai se redressa, regarda autour d'elle, mais personne ne lui répondit. Elle avait entendu une voix, pourtant. Ou enfin, quelque chose comme un murmure et un murmure incompréhensible en plus ! Restait que c'était un murmure un peu flippant... Mai osa se redresser de quelques centimètres supplémentaires.

"Il- Il y a quelqu'un ?"

Seules les lucioles, ces petites boules de lumière légères, continuèrent de paresser dans l'air chaud. Plus de voix, de murmure bizarre : seulement le bruit de l'eau, sa respiration, des bruits normaux-

Qu'est-ce que tu crois… Tu n'es pas assez bonne pour lui…

- Ce n'est pas drôle ! Qui est là !"

Elle changea de place, pour regarder en direction de l'entrée, mais il n'y avait personne. Mai la fixa pendant de longues minutes, mais personne n'entra ou ne sortit. Elle soupira, irritée, et se réinstalla plus confortablement. Elle soupira encore, mais pas d'irritation, plutôt de contentement, oubliant le murmure flippant et la peur terrible d'un moment plus tôt à peine.

Les onsen, c'était le Bien !

Mai ferma les yeux, fatiguée par le mouvement lassant des lucioles. Il ne fallait pas qu'elle s'endorme dans le bain, mais la tentation était si forte…

Une chaleur dans son cou, celle de l'eau, sûrement, qui léchait jusqu'à la ligne de ses cheveux. Une chaleur soudain brûlante dans son cou. Plus chaude que l'eau du bain. Une chaleur trop chaude, qui s'intensifia, devint insupportable. Mai ouvrit les yeux comme les mains serraient. Il y avait une ombre et des yeux terribles dans l'ombre au-dessus d'elle.

Il est à moi !, gronda une voix. À moi ! Comment oses-tu me le voler !
Les mains serrèrent et serrèrent plus fort. Mai les griffa, larmes aux yeux. Le visage lui semblait familier, mais en même temps différent de la personne dont elle se rappelait.

"Ma… Ma… sako ?"

***

Naru feuilleta ses notes avec une lenteur désespérante, son index traça une ligne de texte et il releva enfin la tête, comme s'il avait trouvé ce qu'il cherchait.

"Sayuri-san, vous avez bien mentionné que votre famille venait de la région ?

- Oui, c'est pourquoi j'ai acheté cet onsen à la mort de mon mari, je voulais faire… je voulais faire un retour aux sources, je crois", expliqua-t-elle avec un petit rire.

"Est-ce que vous saviez…", commença lentement Naru, la fixant ensuite pour voir sa réaction, "que votre famille a déjà été propriétaire de cette auberge ?

La jeune veuve fronça les sourcils, porta aussitôt une main à sa bouche, pour cacher sa surprise.

"Non, je… je ne savais pas !

- Hm", dit simplement Naru. "Merci."

*

"Na-ru !", insista Mai quand Sayuri fut repartie. "Tu as quelque chose derrière la tête, c'est indiqué gros comme ça sur ton visage !", indiqua-t-elle en écartant les bras.

"Si c'est sur mon visage, comment peux-tu dire que j'ai quelque chose derrière la tête ?"

Lin consulta rapidement le dossier avant de le refermer et il releva la tête, jetant un coup d'œil vers Takigawa.

"Je crois que vous devriez sortir", lui dit-il.

"Hé, c'est moi qui vous ai apporté cette affaire, j'ai le droit-

- L'arrière-grand-mère de Sayuri-san a épousé l'homme qu'elle aimait depuis qu'elle était toute petite, n'est-ce pas ? Vous la connaissez depuis longtemps, peut-être avez-vous déjà entendu cette histoire ?", le coupa Naru d'une voix sans émotion.

Takigawa cligna des yeux, incertain d'où Naru voulait en venir.

"Oui, mais qu'est-ce que ça a à voir-

- Elle n'était pas la seule à aimer cet homme…", murmura Mai, fixant le plancher et, réalisant qu'elle avait parlé à voix haute, elle cacha sa bouche derrière ses mains. "Ha !

- Encore un de tes rêves ?", demanda Ayako. "Et un rêve avec rien de moins qu'un triangle amoureux dedans !", ajouta-t-elle avec un grand sourire.

"Ouais bon, c'est bien beau tout ça, le type était chanceux", râla Takigawa, "mais enfin, qu'est-ce que-

- Quelle est la façon la plus rapide d'éliminer la compétition ?", le coupa Naru et Mai, sans faire exprès, porta une main à sa gorge.

***

Tiens, le sol lui paraissait soudain bien loin. Mai regarda le bout de ses pieds et remarqua qu'elle flottait. Sur le coup, elle sourit bêtement : ah voilà, il y avait des régimes qui fonctionnaient ! Puis, elle fronça les sourcils.

Elle ne suivait pas un régime.

Alors elle flottait vraiment ! C'était génial, tout était tout petit et il y avait la petite route, la petite auberge où ils logeaient qui avait l'air d'un jouet. Même celui qui profitait du bain extérieur avait l'air d'une petite poupée.

Mais il était placé bizarrement. Mai plissa les yeux, se pencha en avant, essayant de voir mieux. Oui, il flottait sur le ventre, bras écartés et une ombre était là avec lui. Une petite ombre qui touchait gentiment les cheveux bruns et qui disait, d'une toute petite voix :

"Maintenant tu es à moi…"

L'ombre lui tapota encore la tête, avec un grand sourire. Un grand sourire déformé et elle ne lui tapotait pas la tête du tout, elle la maintenait sous l'eau.

"Bou-san !", hurla-t-elle en se réveillant.

Réveillées par son cri, Masako et Ayako la regardèrent bizarrement et la prêtresse eut un petit sourire en coin.

"Tu as déjà oublié Naru ?", demanda-t-elle, s'attendant à la voir rougir, au moins, ou nier, au mieux. "Mai !", appela Ayako en la voyant sortir de la chambre en catastrophe.

Elle courut jusqu'à celle de John et Takigawa. Mai ouvrit le panneau coulissant, le faisant bruyamment claquer sans s'en soucier. John sursauta, réveillé aussitôt par le bruit sec.

"Où est Bou-san !?", cria-t-elle sans même jeter un coup d'œil au lit vide.

"Il… Il est parti aux bains…", John remarqua l'heure. "Depuis longtemps. …Qu'est-ce qu'il y a ?"

Sans lui répondre, Mai repartit à la course. Le panneau coulissant de la chambre suivante s'ouvrit et Naru la regarda simplement passer, tourner le corridor et éviter de justesse de foncer dans un mur. Elle ne s'arrêta que devant la porte d'un des bains.

Mai hésita à entrer. C'était le bain des hommes, elle ne pouvait pas… Quelqu'un la dépassa en coup de vent et n'eut pas les mêmes scrupules à entrer. Par la porte qui se refermait, elle vit Lin courir jusqu'au panneau qui menait à l'extérieur et le pousser violemment. Elle le vit sauter dans la source chaude et se pencher pour agripper quelque chose.

Elle cacha son visage dans ses mains, larmes aux yeux. Si c'était Bou-san et si… s'il était…

Une main sur son épaule la calma aussitôt. Mai jeta un coup d'œil vers Naru, mais il continuait déjà, entrant à son tour.

*

"Rhâââ !", Lin tira de toutes ses forces sur l'étoffe du yukata.

Voyant que ce n'était pas assez, il murmura d'une voix grave un mot à la sonorité étrange et la vapeur trop épaisse pour être normale s'écarta comme à regret de sa proie. Il tira à nouveau et cette fois, il arracha facilement Takigawa à l'embrasse mortelle de l'eau, lui permettant de revenir à la surface. Dès le moment où son visage ne fut plus submergé, Takigawa s'agita violemment, cracha de l'eau, chercha désespérément l'air.

"Calmez-vous, Takigawa-san", lui dit Lin en essayant de le guider au bord du bain, prenant les coups sans même se défendre. "Houshou ! ", siffla-t-il après une hésitation, voyant que l'autre homme ne se calmait pas.

Takigawa cligna des yeux, parut enfin retrouver ses sens et il sortit seul de l'eau, se laissa tomber sur le dos, les bras en croix, prenant de grandes respirations. Naru resta en retrait, bras croisés.

"Comptez-vous faire une habitude d'essayer la noyade ?", demanda-t-il seulement avant de se détourner et de s'éloigner.

*

"L- Lin-san ?", demanda timidement Mai en le voyant reparaître seul, ses vêtements mouillés dégouttant sur le plancher de l'auberge.

"Naru ne vous a rien dit ?"

Elle baissa la tête et entendit Lin soupirer, sans pouvoir dire s'il était irrité contre elle ou Naru.

"Takigawa-san n'a rien", dit-il et elle leva les yeux ; il détourna les siens. "…Est-ce que vous pourriez trouver des serviettes, Taniyama-san ?"

Mai hésita à s'éloigner et quand elle se décida, elle n'avait pas fait trois pas que Lin ajouta :

"Ne vous inquiétez pas, j'ai laissé mes shiki avec lui."

*

Une cannette de bière apparut devant son visage : Sapporo, disait-elle de sa voix fraîche et délicieuse et jetant un coup d'œil derrière, Takigawa vit que c'était Lin qui la lui tendait.

"Merci", l'accepta-t-il.

"J'ai cru que vous en aviez peut-être besoin."

L'onmyouji se laissa tomber près de Takigawa, déposa les cannettes de bière entre eux et appuya sa tête contre le mur, ferma les yeux. Il avait l'air fatigué : c'était la première fois que Takigawa le voyait s'installer autrement que le dos parfaitement droit. Il était encore trempé… Takigawa regarda ailleurs, ouvrit la cannette et prit une longue gorgée, se sentant vaguement coupable d'être le seul emmitouflé dans les serviettes moelleuses.

"Je n'ai rien trouvé de plus fort ", murmura Lin.

"Ça fait très bien l'affaire !", Takigawa força un sourire sur ses lèvres et leva la cannette. "Kanpai !", dit-il un peu tardivement, avant de prendre une autre gorgée.

Une main fut tendue vers lui et le bonze fixa Lin sans comprendre. Puis, son cerveau décida de fonctionner correctement et il baissa les yeux, remarquant la canette de thé froid dans la main de l'autre homme. Il frappa sa bière contre et lui sourit, avant de prendre une autre longue gorgée. Lin but à petites gorgées et ils gardèrent le silence.

Takigawa se mit à tourner et retourner la cannette de bière entre ses mains, fronçant les sourcils. Il secoua la tête, ne remarqua pas que Lin le regardait du coin de l'œil.

"Je ne sais pas comment c'est arrivé…", commença lentement le bonze. "J'ai voulu prendre un bain, ouais, mais pas dehors… et pourtant, la première chose que je remarque, c'est que j'ai les deux pieds dans l'eau, dans le même bain qu'hier. Mon yukata est foutu et il y a…", il secoua la tête encore. "Je ne sais pas, une voix ou quelque chose, l'air est malsain et... Je suis tombé comme une brique ! Aah !", se plaignit-il, cachant son visage dans une main et marmonnant. "Peut-être que j'aurais pas dû quitter le mont Kouya, si c'était pour être un bonze raté !"

Lin se releva.

"Soyez prudent, Takigawa-san", lui dit-il en guise de bonsoir, "ce ne sont pas que les bonnes choses qui viennent par trois."

Takigawa voulut lui demander de rester, mais ne s'y résolut pas. Il se contenta de le suivre du regard. L'autre homme s'arrêta un instant à la porte, ses lèvres bougèrent à peine et le bonze eut l'impression qu'il ne s'adressait pas à lui.

"Brown-san vous apportera un yukata sec", promit l'onmyouji avant de sortir.

Takigawa sourit une fois qu'il fut seul, appuyant la cannette contre son front.

"Alors finalement, il a entendu que je voulais allais prendre un verre avec lui, hm ?", dit-il à la pièce vide, mais il n'avait pas l'impression qu'elle l'était vraiment. "Vous avez un maître impressionnant."

Il ne reçut pas de réponse, mais Takigawa fut réconforté par la présence des shiki.

***

Lin laissa tomber la liasse de papiers devant Naru, les coupures de journaux s'éparpillèrent et le jeune homme tendit une main pour les remplacer. Il regarda un peu plus longtemps que le reste la photocopie d'un certificat de mariage et examina la copie d'une photo en noir et blanc.

"Ce n'est pas une bonne idée !", siffla l'onmyouji.

"C'est la seule qui sera efficace…", Naru lui montra la photo avec un sourire en coin. "Bou-san ne pourrait pas plus avoir la tête de l'emploi pour cette affaire.

- Si tu veux un appât, un hitogata serait suffisant pour la forcer à se montrer ! Celui qu'elle aime est mort. Pourquoi risquer la vie de Takigawa-san pour le lui faire comprendre ?

- Oh ?", rétorqua Naru, plissant les yeux. "Crois-tu pouvoir faire un hitogata assez convaincant pour qu'elle ne voit pas la différence, alors qu'elle a déjà décidé que Bou-san et son bien-aimé était la même personne ? Alors qu'elle a décidé qu'elle allait le récupérer des griffes de celle qu'elle voit à travers Sayuri-san ?"

Lin savait qu'il en serait incapable, raidit la mâchoire.

"Je peux certainement essayer."

Un mince sourire flotta sur le visage de Naru : l'autre homme aurait dû admettre la vérité.

"As-tu seulement assez d'énergie pour le faire, Lin ? Je ne pensais pas que tu en sacrifierais autant pour-

- Aurais-tu préféré que je le laisse se noyer !?", éclata l'onmyouji. "L'esprit de cette femme n'en aurait pas été satisfait ! Elle se serait attaquée ensuite à Sayuri-san, puis à d'autres clients : cette auberge en entier est la source de son ressentiment !"

Naru le savait, mais il ne répondit pas immédiatement, son sourire ne disparaissant pas. Il retourna son attention aux coupures de journaux.

"Naru ! ", siffla Lin, excédé.

"Tu as raison", répondit finalement le jeune homme, "s'il était mort, elle n'aurait pas été arrêtée… Tu as bien fait de le sauver ? , c'est ce que tu veux que je te dise ? C'est comme ça que tu préfères justifier ton empressement à l'aider ?

- Je l'aurais fait pour n'importe qui."

Naru haussa un sourcil, le dévisagea.

"Pour n'importe qui d'autre, tu aurais mieux analysé la situation. Tu as sauté dans l'eau sans penser, tu as utilisé le nom de cet esprit pour le contrôler, sans considérer de solution plus simple, sans te soucier de ce qui t'arriverait. Ouvre les yeux.

- Na- Naru, peux-tu me dire ce que tu essaies de faire !?"

Takigawa s'arrêta avant la ligne tracée par la lumière qui s'échappait de la chambre. Le panneau coulissant état ouvert de quelques centimètres à peine, mais même s'il ne l'avait pas été, il lui aurait été impossible d'ignorer la voix de Lin. Irrité, il parlait rapidement, crachant chaque mot avec venin.

"Exorciser cette pauvre femme", répondit Naru, sans la moindre émotion dans sa voix.

"Je ne parle pas de ça ! Je t'ai demandé de ne pas te mêler-"

Lin releva la tête dans un mouvement brusque et s'interrompit. Le bonze ouvrit grand les yeux en entendant les pas, voulut reculer et possiblement disparaître dans une fissure par terre, mais c'était trop tard, le panneau s'ouvrit et il se retrouva face à face avec l'onmyouji.

"Je, euh-", commença-t-il.

Lin le dépassa sans même lui accorder un regard et s'éloigna à grands pas rapides, comme si sa seule présence le dégoûtait. Takigawa ne bougea pas ; Naru le dévisagea et haussa les sourcils en voyant que le bonze restait bêtement planté au même endroit.

"Hmpf", lâcha-t-il, peu impressionné et il pointa la direction où était parti Lin.

*

Il trouva Ayako avant l'onmyouji et la prêtresse fixait le mur bizarrement. Il jeta un coup d'œil à l'endroit où elle regardait, n'y trouva rien de spécial et haussa un sourcil, curieux de savoir ce qui l'avait plongée dans un tel état de choc.

"Ayako, as-tu vu-", il s'interrompit quand elle se tourna vers lui et lui tendit un charme protecteur.

"Prends ça et surtout, ne t'en sépare pas."

Takigawa regarda le fuda, haussa un sourcil et voulut l'écarter, mais la prêtresse insista.

"C'est gentil de te soucier de moi, mais-

- C'est Lin, Lin ! ", précisa Ayako, avec ce qui ressemblait beaucoup trop à une expression victorieuse, "qui m'a dit de t'en donner un !"

Takigawa fixa le charme protecteur avec la même expression choquée qui avait été sur les traits d'Ayako un peu plus tôt. Avec un sourire, la prêtresse glissa le fuda dans sa main.

***

"Bou-san, vous devez faire l'exorcisme", dit Naru et Mai s'insurgea en premier, Lin se contenta de froncer les sourcils un peu plus.

"Non ! Naru ! Il doit y avoir une autre solution !"

Naru soupira et leur montra la photo de trois personnes en yukata, à l'entrée de l'auberge, de grands sourires aux lèvres. Tous les regards se tournèrent vers Takigawa qui ressemblait à l'homme du centre. Naru désigna la jeune femme à gauche.

"Elle croit qu'il est celui qu'elle aime. Comme elle croit que Sayuri-san est la femme qui l'a tuée. Il a une chance de la convaincre de partir.

- Ce n'est pas une raison ! Ayako peut… John…?", elle chercha des appuis.

"Mai", dit lentement Takigawa.

"C'est trop dangereux ! Je ne veux pas que-

- Mai ! Ce serait dangereux pour n'importe qui", il lui sourit, se désigna du pouce. "Si mon incroyable beauté me donne un avantage, je serais bête de ne pas en profiter !"

*

Il entendit le panneau coulisser, comme il finissait d'ajuster ses vêtements.

"J'arrive !", lança Takigawa et quand il n'entendit pas la voix d'Ayako lui dire de se dépêcher, qu'il était lent, qu'ils avaient tous eu le temps de mourir trois fois pendant qu'il se préparait, il se retourna.

Lin était resté dans le couloir et il le vit jeter un coup d'œil dans la chambre, comme pour s'assurer qu'ils étaient seuls.

"Takigawa-san…", il lui tendit une enveloppe. "Prenez ceci avec vous.

- Qu'est-ce que c'est ?", demanda le bonze, avec un geste pour l'ouvrir et l'onmyouji l'en empêcha, secouant la tête.

"Pour vous donner un avantage supplémentaire."

*

Il s'assit en tailleur par terre, inspira et expira lentement pour se calmer et entama un mantra. La buée tangua et se défit paresseusement, réagissant à sa voix et elle s'épaissit lentement, s'accumulant pour former la silhouette d'une femme. Elle lui tendit une main et sourit, murmura Viens… avec moi… et le charme protecteur brûla.

"Oh non !", s'écria Mai, voulant se précipiter vers lui, mais Ayako la retint fermement. "Mais, Bou-san-

- Ça va aller !", lui assura la prêtresse, essayant d'aussi s'en convaincre en le disant.

Takigawa continua son mantra, ignorant le vent qui se levait et tombait rapidement, ridant la surface de l'eau. Les rafales brutales sifflèrent autour de lui, comme si elles essayaient de griffer son visage, son corps. Ses vêtements se déchirèrent à l'épaule droite, contre ses côtes à gauche.

Viens… avec moi…! Tu es… à moi…

Le bonze l'ignora, continua le mantra et les attaques empirèrent. Concentré sur les mots, il ne remarqua pas que même si plusieurs des bourrasques violentes le touchaient, il n'était pas encore blessé. Takigawa continua :

"Nômaku sanmanda bazaradan senda makaroshada sowataya un tarata kanman. "

La forme ne fit que grossir, devenir plus menaçante et elle tendit les bras. Ses mains s'approchèrent du visage de Takigawa et voulurent l'agripper, n'y arrivant pas et elle essaya alors de le griffer.

À… moi…

"Ça ne fonctionne pas !", s'inquiéta Mai. "Elle… Elle est furieuse ! Il doit y avoir un autre moyen !"

Bras croisés, Naru secoua la tête. Il demanda quand même.

"Lin ?

- C'est risqué, mais… je peux…", tête baissée, l'onmyouji parla d'une voix faible, avant de se ressaisir. "Je peux la contrôler et la forcer à partir… mais elle ne trouvera pas, ugh- la… la paix."

Ils le fixèrent et Mai écarquilla les yeux de surprise. Lin était lourdement appuyé contre le mur, serrait les dents et Naru lui jeta un regard curieux. Son regard passa du fantôme à son assistant, de son assistant au fantôme et il dévisagea Lin.

"Tu n'as pas-"

L'onmyouji ne répondit pas, glissa de quelques centimètres contre le mur comme le fantôme attaquait encore Takigawa, plus vicieusement encore qu'auparavant, et Naru vit qu'il cachait d'une main une tache de sang dépassant les limites de son veston et qui s'étendait sur sa chemise.

"Lin !"

Takigawa, pendant une fraction de seconde, perdit sa concentration et y voyant une chance, une main voulut saisir sa cheville pour le tirer dans l'eau.

"Ungh ! ", grinça l'onmyouji, tiré violemment à terre.

"Lin-san !", paniqua Mai et distrait complètement, Takigawa jeta un regard dans leur direction.

La forme aussitôt en profita pour essayer de l'agripper, ses doigts se refermèrent sur la gorge de Takigawa et serrèrent sans pitié. C'est Lin qui essaya de se libérer, des marques de doigts évidentes autour du cou.

"Continuez !", ordonna Naru en se redressant dans un mouvement sec.

"Mais-

- Bou-san !", siffla-t-il. "Que croyez-vous qu'il arrivera si elle décide de vous tuer !?"

Takigawa aussitôt joignit les mains et ferma les yeux, mettant toute sa force derrière le mantra :

"Nômaku sanmanda bazaradan kan ! "

La silhouette fut projetée en arrière et se défit dans la buée normale et Lin fut libéré, mais elle revint aussitôt, s'accumulant dans une forme tremblante qui avait beaucoup moins de caractéristiques humaines. Un grincement horrible déchira l'air.

Je… Je t'aime… Pourquoi… ne viens-tu pas… avec… moi ?

Elle s'approcha, sa forme tremblante de fureur, répétant à moi… à moi… et elle essaya encore de l'attaquer. Ses griffes, en essayant de labourer le visage de Takigawa, laissèrent de longues marques sanglantes sur celui de Lin.

"Arrête !", cria Takigawa, furieux, et la forme lui obéit, se recula.

Elle pencha la tête sur le côté, confuse. Elle pâlit et reprit une forme presque humaine, porta les mains à son visage et secoua la tête, comme pour nier la colère dans la voix du bonze. Surpris de cette réaction, Takigawa ne trouva pendant un moment rien à dire.

Elle se contenta de le fixer à travers ses doigts entrouverts et il se gratta la nuque. Si elle essayait de l'attaquer pendant qu'il tentait un exorcisme, il devait trouver un autre moyen de la faire partir. Elle s'approcha, gênée, presque humaine maintenant et elle tendit une main incertaine vers lui.

S'il te plaît… viens avec moi…

"Je ne peux pas", lui répondit Takigawa en secouant la tête. "Je ne suis pas celui que tu crois. Celui que tu aimes est déjà parti."

Elle le fixa et baissa la tête. Cacha une seconde son visage dans ses mains avant de relever la tête.

Je… Je sais… mais… Mais elle… elle lui ressemble, si elle reste… je vais revivre le même… cauchemar… encore et encore et…

"Tu dois partir d'ici si tu n'y as que des mauvais souvenirs. Si j'étais lui je ne voudrais pas que tu sois malheureuse."

Il tendit une main vers elle et elle s'y agrippa, lui souriant. Elle hocha la tête lentement et il lui sourit en retour. Elle pâlit rapidement, sa forme de buée paraissant illuminée de l'intérieur. Elle se pencha vers Takigawa et déposa un baiser sur ses lèvres, avant de s'évaporer complètement.

*

"Imbécile", lui dit Naru, appliquant sans considération la compresse stérile sur la joue de Lin.

Il ne tiqua même pas à la douleur piquante, eut un petit sourire.

"Maintenant tu sais ce que les autres ressentent, quand tu gardes tes plans secrets.

- Hmpf. Tu veux me faire croire que tu as fait ça pour me donner une leçon ?"

Lin rit doucement.

"Pourquoi ne me dis-tu pas pourquoi je l'ai fait, puisque tu sembles si bien connaître mes motivations ?

- Tch", fit Naru, avant de secouer la tête et de répéter : "Imbécile."

L'onmyouji ferma les yeux, ne se défendant pas de l'insulte.

*

Takigawa soupira bruyamment. Il ne s'était pas encore changé et essaya de ne pas trop s'empêtrer dans ses robes de bonze quand il se laissa glisser contre le mur, s'assoyant près de Lin.

"…Tu ne vas pas me répondre, n'est-ce pas, si je te demande pourquoi tu as fait ça ?"

L'autre homme détourna le regard et Takigawa fixa les pansements sur son visage, fronçant les sourcils.

"Je l'ai fait pour vous donnez le temps nécessaire de la convaincre qu'elle devait quitter cet endroit avant de s'y retrouver enchaînée.

- Oh", fit le bonze, visiblement déçu.

"Préférez-vous entendre une autre raison, Takigawa-san ?", murmura Lin, se penchant presque imperceptiblement vers lui.

Le bonze écarquilla les yeux et c'est pile ce moment que choisit Ayako pour apparaître devant eux.

"Regardez ce que Sayuri-san nous a déniché, quand Naru lui a assuré que son auberge n'était plus hantée !", s'exclama-t-elle en montrant la bouteille de saké.

Elle la coinça dans le creux d'un de ses bras, leva un index de l'autre main et continua avec incrédulité :

"Naru voulait la refuser, sous prétexte qu'il ne boit pas, mais j'ai réussi à sauver la bouteille !"

L'exploit sembla impressionner Takigawa beaucoup plus que Lin. La prêtresse se pencha pour la déposer devant eux et sembla réaliser que quelque chose manquait.

"Les coupes ! J'ai oublié les coupes !", Ayako se redressa et repartit presque à la course, les pointant. "Ne buvez pas tout sans moi !"

Takigawa attendit à peine qu'elle retourne à l'intérieur de l'auberge pour ouvrir la bouteille. Il la tendit à l'autre homme.

"Je ne bois pas", lui rappela Lin en repoussant la bouteille vers lui.

Le bonze secoua la tête, prit une gorgée rapide et ferma les yeux un instant, un mince sourire aux lèvres. Il prit une autre gorgée, plus longue, savourant la fraîcheur et la douceur du saké.

"Allez, juste une gorgée !", insista-t-il en lui tendant à nouveau la bouteille.

Lin secoua la tête, commença à se relever.

"Si vous insistez pour trinquer, je vais chercher autre ch-

Takigawa leva aussitôt le bras et il referma les doigts sur le poignet de Lin pour l'arrêter. L'onmyouji ne continua pas sa phrase et haussa un sourcil en le voyant secouer la tête. Takigawa se redressa juste assez pour l'embrasser, le sentit se raidir et relaxer presque aussitôt. Le bonze sentit une main glisser derrière sa nuque, Lin bougea plus près, le poussa dos au mur et le baiser se brisa une seconde. C'est Lin qui le fit reprendre, après avoir joint les mains derrière le cou de l'autre homme.

"Juste pour goûter alors…?", plaida avec un sourire Takigawa contre ses lèvres.

Lin sourit aussi, mais il baissa la tête presqu'aussitôt comme pour le cacher. Takigawa attrapa la bouteille et reprit une gorgée, le fixant ensuite.

"Seulement pour goûter", murmura Lin et Takigawa l'embrassa encore.

Le baiser prit fin et le bonze s'installa plus confortablement pour accommoder le poids de l'onmyouji sur lui ; Lin posa son front contre l'épaule de l'autre homme, ferma les yeux.

"Je ne pense plus pouvoir bouger…", murmura-t-il d'une voix fatiguée.

Le bonze hésita, mais glissa finalement une main dans le creux de son dos.

"Ce n'est pas grave, tu peux rester là !

- Hm", le remercia l'autre homme et Takigawa ferma les yeux à son tour, écoutant la respiration de Lin.

"…Matsuzaki-san n'a jamais eu l'intention de revenir avec des coupes, n'est-ce pas ?", voulut confirmer Lin après un long silence.

***

Depuis le bout du corridor, Mai et Ayako regardaient Takigawa essayer de refuser quelque chose à Sayuri-san, mais leur hôtesse ne paraissait pas vouloir le lui permettre. Le bonze soupira et hocha finalement la tête, comme à regret, et elle parut satisfaite de la réponse.

Takigawa revint sur ses pas et les dépassa presque sans les voir, sourcils froncés. Il récupéra une boîte au passage et sortit pour la porter à la camionnette. Il y déposa la boîte et chercha Naru du regard. Son expression changea quand il remarqua Lin à ses côtés : l'onmyouji était accroupi et rangeait le matériel dans les boîtes appropriées, s'assurant que tout était au bon endroit. Il ne leva même pas les yeux.

"Hé Naru-Bou, on a un problème", annonça Takigawa.

"Sayuri-san refuse de nous laisser partir sans que nous passions une nuit calme dans son auberge ?"

Takigawa le dévisagea, surpris qu'il soit déjà au courant.

"Eh ? Comment-?

- Elle m'a déjà fait la même offre et j'ai refusé", Naru eut un petit soupir irrité, "mais je vois qu'elle sait à qui s'adresser pour qu'on lui dise oui.

- Désolé d'être si faible !", grommela le bonze.

Lin lui jeta un coup d'œil après avoir fermé les boîtes. Il en souleva une et Takigawa lui lança un regard furieux, essaya de la lui prendre.

"Tu ne devrais pas faire ça, avec tes blessures !

- Quelqu'un doit bien ranger le matériel", intervint Naru, "ce que vous ne faites décidemment pas, Takigawa-san, occupé comme vous l'êtes à faire de l'œil à mon assistant.

- Naru !", s'indigna Lin, en échappant presque la boîte, ce qui permit du coup à Takigawa de la lui prendre pour aller la porter à l'arrière de la camionnette.

"Il a raison, Lin", fit le jeune homme avec un mince sourire, "tu devrais être au lit.

- Je vais très bien !"

Naru se détourna, examinant d'un regard scrupuleux sa liste de matériel pour s'assurer que le compte y était.

"…Qui a dit que tu devais y être pour te reposer ?", lâcha-t-il après un moment et Lin essaya de l'étrangler du regard, ce qui ne se révéla pas être très efficace.

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Une petite note supplémentaire :
J'ai réalisé après relecture que le passage sur le repas végétarien et plus tard les mentions que Naru et Lin qui ne boivent pas ne faisaient probablement aucun sens si on n'avait vu que l'animé : c'est normal. Cette scène est dans le manga, dans le story arc Bloodstained Labyrinth (volumes 6 et 7) qui correspond dans l'animé au FILE 7: Blood-soaked Labyrinth #1, soit les épisodes 18 à 21.

!fic, ghost hunt

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