May 07, 2009 22:38
J'avais oublié que LJ était aussi chiant concernant les longueurs des posts, donc voici vraiment la suite, voilà voilà voilà, lj tu pues.
Ils retournèrent dans le salon, tous deux apaisés, conscients de ce qu’ils allaient faire, et s’attendant aux conséquences. Taichi ne vint plus harceler son ami sur ce point, et sa voix, si rauque dans la colère, avait repris son intonation enjouée. L’ambiance était excellente, tant il y avait de rires, de joies de se retrouver tous ensemble, tous les Digisauveurs qui avaient eu une telle importance dans le combat contre MaloMyotismon. Pour un temps, les soucis personnels furent écartés ; Daisuke plaisantait avec Hikari sans avoir l’air de la séduire à nouveau, Ken parlait avec Wallace, tentant de mettre de côté sa première impression concernant le jeune garçon, et Koushiro n’hésitait plus à taquiner Yamato, se contrôlant, jouant mais n’oubliant pas les limites.
Il était plus de minuit lorsque la plupart des Digisauveurs invités décidèrent de rentrer, félicitant Mimi, la couvrant de cadeaux de différents pays. Wallace salua tout le monde, et de nouveau serra la main d’Iori, et la garda dans la sienne, la réchauffant. Le jeune garçon, ravi d’avoir pu faire plus ample connaissance avec le jeune Digisauveur, lui tendit son adresse e-mail pour qu’ils puissent parler à nouveau, un sourire rayonnant aux lèvres. Wallace rit, et dans ce rire Ken entendit une note qu’il n’aima pas encore une fois, surtout lorsqu’il se dirigea vers Daisuke et lui prit la main, sans la serrer.
- J’espère te revoir, Dai, fit-il doucement.
- Pas de problèmes ! répondit Daisuke, amusé.
Ken soupira, mais n’ajouta plus rien. C’était inutile.
Koushiro était à présent assis sur le canapé, son ordinateur portable sur les genoux, et semblait complètement plongé dans sa tête, oubliant Yamato. Jyou vit une sorte de programme que le jeune garçon était en train de composer mais n’y connaissant pas grand-chose alla à la cuisine se chercher à boire, suivi par Tentomon, Gomamon et Agumon. ayant toujours aussi faim.
- Quelle bonne soirée, soupira Biyomon. J’ai hâte qu’il y en ait une autre…
- C’était sympa, ajouta Palmon en faisant bouger ses pattes à l’allure de racines dans un bruit de contentement. Mais Mimi a l’air fatiguée.
- Allons, je pète la forme ! rétorqua la jeune fille en levant un poing plein d’énergie. Je serai même repartie pour faire une nuit blanche !
Miyako rit et leva également son poing.
- Quand tu veux, Mimi !
Yamato, assis dans un large fauteuil en cuir, les regarda rire, amusé. Gabumon, épuisé, s’était endormi près de lui, lui permettant de caresser sa fourrure bleue. Taichi lui fit un sourire, alors qu’il était assis à califourchon sur une des chaises, tenant un verre de soda dans la main.
- Oui, c’était une bonne soirée, répéta-t-il doucement, et une expression subtile de calme et de bonheur passa sur son visage.
Yamato eut un soupir. Il caressa une dernière fois la fourrure si douce et chaude de son Digimon avant de se lever pour chercher Sora. C’était maintenant.
« Maintenant… pour tout dire… », songea-t-il, résolu.
Quand il la retrouva, elle était sur le grand balcon, fixant la ville. Elle ne portait pas son manteau bleu, et ne montrait pas qu’elle avait froid. Son visage affichait une expression de bonheur à l’état brut, et quand il la vit lui sourire, jamais Yamato ne vit Sora aussi jolie qu’à cet instant. Il se trouva détestable, mais incapable de fuir, la nuque brûlée par le regard de Taichi qui le fixait à travers la vitre, il s’avança d’un pas déterminé.
- Oh, Yamato ! dit Sora sur un ton tendre.
Elle vint se serrer contre lui, respirant encore son odeur, enlaçant sa taille dans une étreinte amoureuse.
- Tu me réchauffes, dit-elle en riant. C’est agréable.
Yamato tenta de répondre à son sourire mais n’y parvint pas. Il sentit sur le moment que son corps refusait de mentir, qu’il joue toujours ce rôle.
« J’en ai marre de te voir avec Sora, parce que tu fais semblant de l’aimer, tu lui mens! »
Les paroles fières de Taichi, où éclatait toute sa frustration, lui revinrent en mémoire et pinçant les lèvres, il serra à son tour maladroitement Sora, et l’entendit soupirer de contentement.
- Je t’aime tellement, Yamato. Tu me rends si heureuse…, murmura la jeune fille.
Le corps de Yamato se tendit et il réprima un long frisson.
« Calme-toi, arrête ! », se dit-il furieusement.
- Demain, je suis libre, dit à nouveau Sora, levant la tête pour le regarder. Ca te tente un ciné ? Ou une ballade ?
Yamato détourna les yeux.
- Je… Je ne crois pas…
Sa voix tremblait tant il était nerveux et il eut envie de se gifler. Il n’avait jamais connu un tel sentiment qu’il avait rompu avec d’autres filles, mais là c’était différent. C’était Sora, celle qui l’avait émue, l’embrassant après lui avoir offert les gâteaux le jour de son concert à Noël, c’était l’amie qu’il avait eu depuis le Digimonde, si forte et tendre à la fois. Il se rappela de son allure de garçon manqué, ses gants épais qui lui avaient serré les mains plusieurs fois et le bruit creux de son casque quand il tombait.
Il se rappela qu’elle était l’ancienne petite amie de Taichi, et qu’il n’avait pas su comment réagir quand il avait été mis au courant. Juste le visage pâle de Taichi, venu demander un peu d’amitié, un jour d’automne. « C’est fini », avait-il dit. « Quoi ? » « Moi et Sora. » Et c’était tout. Pas plus de précisions, et Taichi avait secoué la tête, tenant dans la main la barrette qu’il avait offert à la jeune fille.
Il cligna des yeux et se retrouva dans le présent et le froid, avec Sora contre lui, qui l’aimait mais qu’il n’aimait pas. La fille à la barrette que Taichi avait chérie n’était plus là, et jamais plus ne serait là.
- Demain, ce ne sera pas possible, dit-il d’une voix plus ferme.
Il sentit le corps de Sora se tendre sous la déception.
- Ah, tant pis. Et après-demain ?
Yamato la repoussa doucement, la prit par les épaules et fut une seconde surpris.
« Depuis quand ses épaules sont si fines ? », se demanda-t-il.
Autrefois, Sora avait sa taille et ses épaules étaient dures, fortes, comme ses bras agiles. Il se rendit compte qu’elle était à présent plus petite que lui, et même plus frêle, plus mince, et vulnérable. Il comprit qu’elle avait perdu du poids mais surtout qu’elle était devenue pratiquement une vraie femme, qui voulait être aimée et protégée.
- Sora, je…
- Oui ? fit-elle, curieuse. Tu as quelque chose à me dire ?
Taichi s’était levé, et les regardait toujours à travers la vitre. Yamato secoua la tête.
- Après-demain, non plus, ce sera pas possible. Ni même…
Il laissa sa phrase en suspens. Les épaules de Sora étaient si tendues sous ses mains, et fragiles.
- Sora…
A cet instant précis, une lumière aveuglante déchira le ciel noir dans un bruit assourdissant. Yamato sentit un souffle brûlant le pousser et surpris, il serra Sora contre lui, l’empêchant de tomber. Il perçut une vibration sous ses pieds, comme si toute la terre tremblait. Ses yeux se mirent à lui brûler et sa tête le fit souffrir par l’éclat ardent qui colorait à présent les ténèbres au-dessus de lui. Un sentiment de panique le submergea et il serra plus fort encore Sora dans ses bras, prêt à tout pour ne pas la perdre. Des immeubles furent plongés dans le noir, l’électricité coupée alors qu’une vague de terreur s’emparait de la ville en une clameur de plus en plus forte.
- Qu’est-ce qui se passe ? cria Taichi se précipitant sur le balcon. Cette… C’est quoi ça ?
Ses yeux s’écarquillèrent devant le phénomène qui se déroulait en face de lui. Au-dessus des bâtiments une onde s’était étirée, brillant d’une lueur bleutée et à présent avalait l’espace tout autour d’elle dans un grondement menaçant, comme si le ciel s’apprêtait à disparaître. Le tremblement se fit moins fort et Yamato libéra Sora de l’emprise de ses bras.
- Mon Dieu…, mais… qu’est-ce qui se passe ? lança-t-elle abasourdie.
- Sora ! s’exclama Biyomon, voletant au-dessus du balcon. Mais…
Le Digimon se figea, battant à peine ses ailes pour se maintenir à une hauteur respectable.
- Biyomon ? demanda Sora, inquiète.
Taichi perçut une sorte de sifflement suraigu qui le fit grimacer et d’un coup, les yeux de Biyomon brillèrent d’un nouvel éclat, glacé, de la même couleur que l’onde grondant toujours. Biyomon cessa de battre des ailes, retombant lourdement sur le balcon.
- Biyomon !
- Ne la touche pas ! lança soudainement Koushiro qui les avait rejoint, tenant toujours son portable dans ses mains.
Sora cessa tout mouvement vers son Digimon qui fixait l’onde impressionnante, s’étirant de plus en plus loin, comme infinie.
- Le sable… c’est le sable…, murmura Biyomon d’une voix froide. Tout le sable…
- Le sable ? Quel sable ? fit Sora, terrifiée. Biyomon, qu’est-ce que ça veut dire ?
- Le sable, c’est le sable…
Stupéfait, Taichi se retourna et vit Agumon se diriger vers Biyomon, suivi des autres Digimons. Tous avaient cette lueur bleutée et sans vie dans le regard, se déplaçant de manière mécanique sous les yeux de leurs partenaires, ébahis. Et dans le grondement, les adolescents se rendirent compte que malgré leur amitié, leur présence si chaleureuse, ces créatures étaient des monstres, incontrôlables, dont ils ne savaient pas grand-chose. La lumière paralysait les Digisauveurs, et un peur brute, crue les avait saisie, comme un instinct de mort imminente. Ils ressentaient une douleur brûlante au front, quasiment insupportable, prête à les faire pleurer.
- Sable qui est là, dit Gomamon.
- Il est partout, renchérit Gabumon en ouvrant sa gueule pleine de crocs.
- Sable…, murmura Patamon, voletant de façon désordonnée, comme s’il ne savait plus comment se servir de ses grandes oreilles en formes d’ailes.
Chibimon fit face à Daisuke qui ne bougeait plus, complètement désarmé.
- Nous devons retourner dans le Digimonde…, lança-t-il d’une voix légère, la lueur encore plus douloureuse dans ses yeux.
- Le sable va tout recouvrir, nous devons partir dagya, répéta Upamon.
Koushiro fut le premier à reprendre ses esprits. L’onde avait recouvert presque tout le ciel et la lumière était devenue si claire qu’ils auraient pu se croire en plein jour. Au loin, les bruits de trafic et des voix se faisaient entendre, mélange de terreur et d’abasourdissement. La terre tremblait toujours, plus fort, comme si une main de géant allait traverser le sol et s’emparer du monde. Koushiro était complètement transpercé par la douleur sauvage mais en fixant les Digimons si différents, si terrifiants il fit tout ce qu’il put pour se maîtriser.
- Vous êtes sûrs de vous ? demanda Koushiro d’une voix qu’il voulut ferme.
Tentomon le regarda et Koushiro frissonna devant cette lueur qui le rendait si mal à l’aise.
- Si nous allons pas maintenant, c’est la fin. Le sable… On nous appelle pour le sable.
Le jeune garçon serra les lèvres, retenant toute la foule de questions qui traversait son esprit. Ce n’était pas le moment, et même s’il n’y comprenait rien, son instinct le poussait à gagner du temps. Peu importait pour quoi, mais il devait absolument gagner du temps.
- On en discutera plus tard ! lança Taichi, mettant fin au dilemme de Koushiro. Ouvre le Portail !
Koushiro avait les mains qui tremblaient mais grâce à l’habitude, il fit quelques configurations avant d’accéder au programme qu’il désirait. Il posa son portable par terre, devant les Digimons qui avaient tourné le dos à l’onde bleue, si proche et puissante qu’il était presque impossible à présent de tout voir, tant les yeux étaient brûlés, pleurant même.
- Digivices !
D’un même mouvement, tous les Digisauveurs tendirent le petit objet si précieux qui les quittait jamais brillant alors d’une couleur sombre. Il y eut un éclat aveuglant provenant de l’écran de l’ordinateur et dans un bruit perçant, tous les Digimons furent enveloppés d’un halo de lumière avant de se transformer en données invisibles à l’œil nu, traversant à leur tour l’écran. Lorsqu’ils rouvrirent les yeux, les adolescents découvrirent que tous leurs Digimons avaient disparu, et que le Portail s’était fermé.
- La… lumière ! s’écria Hikari, ébahie.
L’onde si éblouissante commençait à son tour à s’atténuer, s’obscurcir pour de nouveau laisser place à la nuit. Les grondements qui faisaient trembler le sol diminuèrent, et enfin, lentement, le cercle bleu dans le ciel s’estompa au grand soulagement de tous.
Koushiro ne perdit pas de temps et reprit son ordinateur avant de rentrer dans l’appartement, tapant des programmes à toute vitesse. Les autres le suivirent, encore choqués par les évènements qui n’avaient pas duré plus de cinq minutes.
- Agumon, murmura Taichi, inquiet. Et cette lumière, c’était quoi ?
- Aucune idée, répondit Ken, les bras croisés. Mais ça avait l’air extrêmement dangereux.
Sora avait les larmes aux yeux mais d’un geste tremblant se frotta le visage, refusant de montrer sa détresse. La voix glacée de Biyomon lui revint en mémoire et elle ne put cette fois empêcher le long frisson de peur traverser son échine.
- Quelque chose a l’air de se passer dans le Digimonde, dit enfin Koushiro après quelques minutes de recherche. Mais je ne parviens pas à avoir accès aux informations.
- Et nos Digimons ! lança Iori, mort d’inquiétude. Qu’est-ce qui a bien pu les pousser à agir comme ça.
Takeru, assis sur le canapé, passa une main sur son front.
- Le sable, dit-il d’une voix songeuse. Ils ont dit que c’était à cause du sable… mais quel sable ? Le sable du Digimonde ?
- Je n’ai en tout cas pas vue la moindre présence de sable, ajouta Mimi, les sourcils froncés. Juste cette lumière… qui était si effrayante.
- Oui, quand je l’ai vu… j’ai senti une étrange peur m’envahir, renchérit Miyako. Evidemment, c’était déjà effrayant en soi mais… c’était comme si une partie de moi-même s’était réveillé et avait crié « Attention ! C’est dangereux ! Tu vas mourir ! »
Jyou prit la télécommande et alluma la télévision à écran plat. Sur la première chaîne, un journaliste présentait une édition spéciale.
- Il y a tout juste dix minutes, une étrange lumière à traversé le ciel d’Odaiba et a causé un mouvement de panique générale dans la ville ! Nous pouvons dès maintenant vous assurer qu’il n’y a aucune victime mais un nombre important de dégâts matériels, dû au tremblement de terre.
- C’est pas possible, soupira Sora tandis que Jyou éteignait la télévision. Mais qu’est-ce qui s’est passé ?
Koushiro, soudain, se redressa, les yeux écarquillés devant son écran.
- J’ai un message !
Tous les Digisauveurs se précipitèrent tandis que Koushiro cliqua sur un lien.
Silence.
- Nous allons bien, lut Koushiro, le visage grave. Ne vous en faites pas pour nous, tout va bien. Nous avons quelque chose à finir mais nous vous tenons au courant, ne vous inquiétez pas. Nous ne savons quand nous serons capable de vous revoir mais gardez espoir, nous reviendrons.
Taichi serra le poing.
- C’est tout ? dit-il d’une voix tremblante de rage.
- Apparemment, oui. Et j’ignore comment ils ont pu envoyer ce mail, ni même où ils se trouvent dans le Digimonde. Mystère.
Hikari s’écroula dans un des fauteuils.
- Au moins, ils vont bien, dit-elle d’une voix faussement tranquille.
- Pour le moment, ajouta Yamato d’un ton sec. Et je suppose qu’il n’est pas possible de leur répondre, hein ?
Koushiro secoua la tête.
- Non, j’ignore comment accéder à leur adresse, ou leur réseau, tout comme j’ignore comment ils ont pu avoir accès au mien.
Il y eut de nouveau un silence où les adolescents se dévisagèrent, sinistres. Leur soirée, si pleine de bons souvenirs, s’était transformée en une nuit sombre et pleine de questions irrésolues. Ils ignoraient encore que d’une progression millimétrique, le Digimonde changeait, évoluait en un espace nouveau et que cette onde bleue qui n’avait pas duré plus de quelques minutes, allait totalement changer leur vie.
Il était deux heures du matin quand ils quittèrent l’appartement de Mimi, silencieux, maussades, des questions ne cessant de les tourmenter. L’absence des Digimons avait jeté un froid de solitude sur les adolescents démunis. Après une dernière discussion, ils s’étaient séparés en petits groupes pour rentrer chez eux. Yamato profita d’un moment où Sora discutait avec Hikari pour se rapprocher de Taichi. Ce dernier, les mains plongées dans les poches de son manteau bleu, regardait le sol machinalement.
- Taichi…, commença Yamato, indécis.
- C’est pas grave, ce n’est pas important, l’interrompit Taichi d’une voix glaciale. Quelque chose se prépare, donc je t’en veux pas du tout.
- Non, ce n’est pas ça, rétorqua Yamato, le prenant par l’épaule. Je vais le faire.
Sora et Hikari étaient encore loin derrière eux. Taichi s’arrêta et fixa Yamato, surpris.
- Maintenant ? Tu n’es plus obligé, la situation n’est plus la même, tu sais…
- Ce n’est pas ça, répéta Yamato en appuyant davantage sur les mots. Taichi… J’ai compris, tout à l’heure, et j’en suis sûr maintenant. Et… tu as raison, je ne peux plus mentir à Sora. Ni à toi ou moi-même.
Pendant une seconde, Taichi resta silencieux, ne quittant pas Yamato des yeux. Puis, lentement, il eut un sourire, paisible et compréhensif à la fois. Dans le froid, il sortit une main de sa poche et serra celle de Yamato dans un mouvement pressant, glacé, lui faisant passer tous les sentiments qu’il éprouvait.
- D’accord, dit-il finalement.
Son sourire devint mutin et Yamato lut dans ses yeux une envie claire, un désir de le toucher davantage mais de ne pas encore pouvoir le faire. Une attente qui avait attendu des semaines et qui pouvait encore durer quelques heures. Taichi leva la tête pour voir sa sœur.
- Oh, Hikari, faut qu’on se dépêche ! Les parents vont nous tuer si on traîne encore plus !
- Oui, oui, fit Hikari qui courut pour le rejoindre.
- On y va, nous, dit Taichi en traversant la rue avec sa sœur. Faites attention à vous.
Yamato hocha la tête, se sentant particulièrement visé par l’avertissement. Faire attention à lui, et ce qu’il pourrait dire. Sora rattrapa Yamato et fit un signe de main aux deux adolescents qui déjà avaient pris un raccourci pour rejoindre leur immeuble.
- Et voilà, dit-elle à voix basse, quand il y eut de nouveau le silence froid de la nuit les entourant.
La lumière dorée de la ville avait perdu de son éclat depuis l’onde aveuglante et les bruits de circulation s’étaient enfin apaisés après la panique qui s’était emparée de la population une heure auparavant. Pensif, Yamato fixa les ténèbres, serrant dans la poche de son blouson son Digivice qu’il ne pensait pas réutiliser dans une telle situation. La main gantée de Sora prit la sienne, la réchauffant, lui faisant comprendre qu’il fallait rentrer.
- Tu n’avais pas quelque chose à me dire tout à l’heure ? demanda finalement Sora après un temps de marche. Avant cette…
Elle fit un vague mouvement pour signifier ce qu’elle voulait dire. Yamato sentit de nouveau sa bouche devenir sèche.
- Oui, oui, j’avais quelque chose à te dire.
Sora lui lança un regard étonné.
- Quoi donc ?
Yamato ne répondit pas, fixant le trottoir, mais la main de Sora serra la sienne plus fort, le forçant à s’arrêter de marcher.
- Quoi ? répéta Sora, et Yamato entendit sa voix trembler légèrement, comme si elle commençait à comprendre son comportement.
Il n’osait plus la regarder, préférant fermer les yeux pour se rappeler de Taichi, de son ami et de ce qu’il voulait, au-delà des propres sentiments de sa petite amie. Et bien que se traitant de monstre, il inspira à fond et planta son regard dans celui de Sora.
- Je voudrais que l’on se sépare.
Silence.
Yamato n’en revenait pas à quel point dire cette simple phrase lui avait demandé de courage, de force mais ce fut tout ce qu’il put prononcer sur le moment, fasciné malgré lui par la réaction de Sora. La jeune fille n’avait pas détourné les yeux mais son visage affichait une expression de surprise, comme si elle n’avait pas réellement compris ce que les mots que son petit ami avait dit signifiaient.
- Pardon ? dit-elle enfin d’une voix pincée par l’émotion qui la gagnait.
- Je… je t’aime beaucoup, énormément mais… je ne suis… suis pas amoureux de toi et…
Yamato se rendit compte qu’il bégayait comme un enfant devant sa classe lors d’un exposé. Furieux contre lui-même, il se passa une main sur le front. La main que Taichi avait serré, si fort, qu’il lui avait glacé les doigts.
- Je ne veux plus te mentir.
- Mais… Est-ce que… Est-ce que j’ai fait quelque chose de mal ? reprit Sora, sa voix devenant plus aigüe. J’ai fait quelque chose qui ne te plaisait pas, c’est ça ? Dis-moi…
- Non, non, rien de tout ça, rétorqua Yamato. Tu es géniale, Sora mais… en fait…
Sora se recula et lentement, son visage se décomposa, malgré tous ses efforts pour rester impassible. Les larmes se mirent à couler, silencieuses, mais si lourdes que Yamato fit un geste pour prendre son amie dans ses bras mais se retint, restant gauche devant elle. Elle pleurait sans un bruit, cachant sa bouche de ses mains gantées, le froid lui faisant mal aux yeux.
- Tu aimes quelqu’un d’autre ? parvint-elle à demander à travers ses larmes.
Yamato soupira, détournant le regard.
- Oui.
Sora essuya ses joues de ses gants, hoquetant.
- Et… je peux savoir qui c’est ?
- Non. Pas pour le moment.
- Je vois…
Ses larmes coulèrent de plus belle et Sora ne put empêcher un gémissement monter du fond de sa gorge, alors qu’elle était là humiliée, frigorifiée tandis que Yamato mettait fin à leur relation qui lui semblait à présent si courte, insignifiante, et que les gâteaux qu’elle lui avait offerts étaient encore chauds contre sa poitrine le jour du concert, Taichi disant « Ah, je vois… » posant une main sur l’épaule.
- Sora…, commença Yamato, embarrassé. Je… je suis vraiment désolé…
- Raccompagne…
- Pardon ?
Sora eut un reniflement, passant une main tremblante sur ses yeux rougis par les larmes.
- Raccompagne-moi, s’il te plaît… Je ne veux pas rentrer toute seule, comme ça…
Elle leva la tête et incapable de pleurer davantage, elle lui prit la main, et se blottit contre lui.
- Laisse-moi encore profiter de toi jusqu’à ce que j’arrive chez moi… Je t’en prie…
Et Yamato eut envie de pleurer à son tour, de lui dire que ce n’était pas vrai, une simple plaisanterie, que jamais il ne la quitterait. Mais il savait qu’une voix, au fond de lui-même, refusait ce mensonge, une voix qui était celle de Taichi et qui l’avait touché, franche, impitoyable.
Ils furent silencieux sur le chemin du retour, se tenant toujours la main, mais malgré tout distants l’un de l’autre. Par deux fois, Sora eut un bref sanglot qu’elle réfrénait, ayant juste un mouvement du buste, mais elle ne quittait pas la main de Yamato, s’accrochant à la dernière chose que le jeune garçon qu’elle aimait lui offrait jusqu’à la fin de la nuit.
La lumière bleue dans un nouveau grondement déchira le ciel. Les Digimons, silencieux, fixèrent l’éclat brûlant. Devant eux, l’ordinateur fumant, à l’écran brisé.
- Le sable…, murmurèrent-ils.
A suivre...
chapitre iv,
première partie,
acte c