Digital Generation: Partie I Chapitre IV Acte B

May 07, 2009 22:37

Deuxième Chapitre, annonce d'une action, enfin!



Les parents de Mimi, en déménageant aux Etats-Unis, avaient réussi à s’enrichir très vite. Mimi ne s’expliquait plus sur les nouveaux métiers de son père ou de sa mère, faisant juste un geste vague de la main, disant qu’ils « travaillaient dans un groupe important, ou quelque chose comme ça ». Pas plus de précisions.

Pour cette fête que Mimi avait mis plus d’un mois à préparer, tout était prévu grand. Et très grand, comme l’appartement qu’elle avait loué pour permettre à tout le monde d’être à son aise. Situé dans une de ces nouvelles tours, les lieux étaient si impressionnants que Jyou en entrant avait eu un soupir, avant de préciser à Mimi qu’il lui faudrait un plan pour se diriger dans tous les couloirs. La réaction des autres Digisauveurs fut environ la même pour tout le monde.

Il y avait déjà un monde fou, buvant et riant, parlant des langues différentes. Des Digimons couraient partout, s’amusaient ou bien restaient auprès de leur partenaire, écoutant la conversation, répondant même.

Il était difficile de savoir exactement quelle taille avait cet appartement, décoré avec goût mais Taichi imagina quelque chose allant dans les 150 mètres carré. Au bas mot. Le salon faisait bien la moitié de son propre appartement qu’il partageait avec sa famille et tous les détails, toutes les banderoles faites par Mimi, les plats achetés et finis avec les autres lui donnèrent le tournis.

- On peut dire que tu as mis le paquet, fit Ken, abasourdi, résumant la pensée de tout le monde.

Palmon frappa ses pattes d’un air amusé.

- Mimi est la meilleure pour ça !

En les entendant arriver, une dizaine de personnes alla vers eux, riant aux éclats. Avec surprise, Daisuke vit le sourire moqueur de Wallace et ravi, alla voir le jeune Américain qu’il avait connu lors d’un combat au Colorado. Le jeune garçon avait grandi, et il semblait encore plus mûr qu’auparavant. Tout comme Ken, c’était un surdoué mais il se dégageait de lui une désinvolture aimable, un peu négligée.

- Salut, Dai ! lança-t-il, parlant japonais à la perfection.

- Eh, Wallace ! s’écria Miyako.

- Cela faisait longtemps, répondit le jeune garçon blond et d’un mouvement embrassa Miyako d’un baiser bruyant sur la joue.

Miyako rougit et eut un rire nerveux. Wallace avait toujours eu une franchise et des gestes qui pouvaient sembler très directs mais qui faisaient partie de sa nature. Hikari, ravie, alla l’embrasser sous le regard mi-amusé mi-jaloux de Takeru.

- Content de vous revoir tous, dit alors le Digimon de Wallace, Terriermon, faisant battre ses longues oreilles blanches.

Les Digimons des jeunes adolescents allèrent le voir, discutant tous en même temps. Wallace, en les regardant s’éloigner, eut un petit geste de la tête, amusé, avant de serrer la main de Daisuke dans une poignée amicale.

- Oui, je suis content aussi, dit-il d’une voix adoucie.

Ken fronça les sourcils, examinant le jeune garçon et s’aperçut qu’il garda la main de Daisuke dans la sienne quelques secondes de plus, avant de la retirer comme si de rien n’était. Daisuke, comme à son habitude, ne remarqua rien.

- Oh, je te présente Ken, dit-il soudainement en poussant son meilleur ami vers Wallace. C’est un Digisauveur qui nous a rejoints il y a quelques temps.

- Ken…, répéta Wallace, songeur, et Ken vit ses yeux bleus briller d’une lueur qu’il n’aima pas. Enchanté.

- De même, répondit-il d’une voix sèche.

- Bonjour, Wallace, dit doucement Iori, s’avançant vers lui.

Miyako, en voyant Iori s’approcher et l’ignorer aussi superbement qu’il le pût, baissa la tête et regarda ailleurs. Wallace fit un sourire à Iori et Ken sentit passer comme une étrange expression sur son visage, à mi-chemin entre la satisfaction et l’intérêt. Il serra la main d’Iori et la garda comme celle de Ken un peu plus longtemps dans la sienne.

- J’ai l’impression que tu as grandi, dit-il en riant. Tu fais toujours du kendo?

- Oui, toujours, répondit Iori, je participe à des championnats.

- Ah bon ? Tu dois être excellent, alors.

Iori sourit, gêné par le compliment. Miyako, les observant, se sentit soulagée, avant de s’éloigner et parler à Mimi. Peu importait pour le moment qu’Iori ne lui parle plus. Il lui fallait quelqu’un à qui lui parler et Wallace, en tant de confident, lui semblait tout à fait adéquat. Ken prit Daisuke par le bras et l’amena à l’écart, laissant Iori et Wallace s’assoir sur le grand canapé. Iori avait à présent un verre de soda et parlait avec énergie au jeune américain qui souriait et l’écoutait attentivement.

- Tu le trouves comment Wallace ? demanda Daisuke à brûle-pourpoint, curieux de connaître l’avis de Ken sur une de ses relations.

Ken fronça de nouveau les sourcils en regardant Wallace verser encore un peu de soda dans le verre d’Iori.

- Bizarre, répondit-il enfin.

- Bizarre ? répéta Daisuke, étonné.

Ken secoua la tête.

- Laisse tomber, rétorqua-t-il et pour couper net à cette conversation tendit une assiette d’amuse-gueules à son ami pour qu’il ait la bouche pleine.

De l’autre côté du salon, Sora était félicitée par tous les Digisauveurs présents. Rouge de bonheur et d’embarras, elle se serrait davantage contre Yamato qui riait, passant un bras autour des épaules de sa petite amie.

- Tu as assuré, dit une nouvelle fois Miyako, les yeux brillants. Ce championnat signifiait tellement pour toi !

Sora hocha la tête avant d’enlacer Yamato, respirant l’odeur de son pull. Elle ne vit pas alors Taichi faire une grimace comme s’il se retenait de vomir puis donner quelque chose à manger à Agumon.

- Taichi, ça va ? Ca fait quatre fois que tu me tends ce sandwich, j’en veux plus, moi ! gémit le Digimon, se sentant prêt à éclater.

- Pardon, grogna le jeune garçon avant de lancer un regard glacé à Yamato qui fit semblant de ne pas le voir.

Jyou, assistant au petit manège de Taichi, ne put s’empêcher de jeter un coup d’œil à Koushiro qui en voyant Sora enlacer Yamato avait laissé tomber son verre de jus de fruits sur le tapis. Tentomon soupira et donna un nouveau verre à son ami, agacé.

« Il va finir par craquer », songea Jyou, croquant dans un beignet. « Et ça risque de faire mal… »

Gabumon dit quelque chose à Yamato mais ce dernier n’entendit pas, tant il se sentait tendu et extérieur à la conversation. Le corps de Sora contre le sien le brûlait autant que les yeux de Taichi le faisaient frissonner. Il n’avait pas su repousser Sora lors du match, et ne l’aurait pas fait de toute manière. Il était son petit ami, il devait donc réagir comme ça, répondre à cette affection qu’elle avait donné en même temps que son baiser. Quand elle l’avait embrassé, le souvenir bref des lèvres de Taichi, ces lèvres qu’il avait mordues sous l’impulsion du désir lui était revenu en mémoire. Ca ne pouvait plus continuer comme ça.

Il fit un geste à Sora avant de diriger vers les toilettes, situées dans un autre couloir. Il lui semblait qu’il sentait encore le baiser de Sora sur sa bouche, ses mains l’enlaçant et il retint un soupir. Dans la pénombre du couloir éteint, le brouhaha des conversations et de la musique du salon s’atténuait et il trouva ce calme apaisant pour réfléchir.

Il était à tel point plongé dans ses pensées qu’il eut un violent sursaut lorsqu’il sentit une main le prendre par le poignet et l’entraîner. Surpris, il faillit se défendre mais devant les yeux brûlants de Taichi resta silencieux. Abasourdi, il se laissa guider par son meilleur ami qui ouvrit une porte au hasard, le poussa à l’intérieur de la pièce, et dans un même mouvement le plaqua contre le mur. Yamato entendit qu’il fermait la porte puis allumait.

C’était une chambre sobre qui ne semblait pas être utilisée, tant l’appartement regorgeait d’autres pièces. Yamato ne contempla pas plus longtemps l’endroit où il se trouvait car Taichi se serra contre lui, l’embrassant avec tant de force qu’il resta choqué. Et presque aussitôt, son corps répondit, il attrapa des deux mains le visage de Taichi et l’embrassa à son tour, férocement, sentant son souffle devenir plus haché et le désir le submerger. Il oublia Sora, les autres dans l’appartement, faisant glisser ses doigts dans les cheveux en bataille de son ami, puis le cou, les épaules qu’il étreignit avec une énergie désespérée.

Taichi mit fin au baiser, prenant le visage de Yamato entre ses paumes tièdes. Il y avait dans son regard une lueur de colère mélangée à de la tendresse.

- J’en peux plus de cette comédie, souffla-t-il. Ca peut plus durer, faut que ça cesse… et ce soir.

Yamato sentit un frisson parcourir son dos. Furieux, il repoussa Taichi.

- Tu plaisantes, j’espère ! Ce soir ? Alors que Sora passe une excellente soirée, entourée des gens qu’elle aime ? Tu veux vraiment que je la rende aussi triste ?

Taichi ne répondit pas tout de suite. Il passa une main dans ses cheveux, sur son bandeau bleu qu’il portait toujours avant de fixer son regard sur le lit fait, aux draps clairs.

- Je suis jaloux, dit-il enfin d’une voix grondante. J’en ai assez de faire semblant que tout va bien, que je suis content pour toi et Sora. J’en ai assez de devoir sourire, de plaisanter parce que non, le gentil Taichi, le copain Taichi n’est pas heureux ! Je suis pas heureux comme ça, et toi non plus !

Il se rendit compte que sa voix tremblait et que ses yeux commençaient à lui brûler de larmes d’épuisement, de frustration, qui ne demandaient qu’à couler, mais qu’il refusait de montrer à son ami. Pas maintenant, pas dans cette situation. Il se frotta les paupières, sentant la rage l’emporter.

- J’en ai marre de cette mascarade, j’en ai marre de te voir avec Sora, parce que tu fais semblant de l’aimer, tu lui mens! Et je veux plus que ce soit comme ça, je veux que… qu’on soit ensemble, même si ça peut te paraître bizarre, que tu dois me trouver anormal, que tu sais pas ce que tu veux, et que moi non plus je sais pas où ça va nous mener, ce qui va se passer pour nous deux mais…

Il laissa sa phrase en suspens, serrant les poings avec tellement de force que ses jointures en blanchirent et ses bras tremblèrent. Il s’assit lourdement sur le lit puis prit son front entre ses mains, cachant son visage crispé par les larmes qui attendaient un seul mot de plus pour jaillir et mouiller ses joues.

Silence.

- Je t’aime…, dit-il entre ses doigts d’une voix éteinte.

Yamato tressaillit en entendant sa voix, si fragile, la même qu’il avait eu lorsqu’il avait rassemblé tout son courage et l’avait embrassé devant la porte de son appartement, dans le froid. Il fit un mouvement sec du bras, comme s’il voulait effacer tout ce qui s’était passé, tout ce qui avait eu entre eux mais qui était toujours là, plus fort que jamais, qui ne pouvait plus être nié. Il resta silencieux devant la déclaration de son meilleur ami, ce « je veux être avec toi » qui s’était transformée en un « je t’aime » mais quelque chose en lui s’épanouit, une chaleur qui lui remonta jusqu’à la gorge, et qui n’avait plus rien à voir avec la tendresse qu’il avait éprouvé devant le cadeau de Sora et son amour.

Taichi ne bougeait plus, cachant toujours son visage et ses yeux encore secs, le cœur battant, mort de honte. Jamais il ne s’était senti aussi gêné, aussi vulnérable. Il déglutit sa salive, incapable de dire encore un autre mot. Cela avait été trop embarrassant pour qu’il recommence. Il crut un instant que Yamato était parti car il ne l’entendait plus mais soudain il sentit les bras de son ami l’enlacer, caresser sa nuque, et il perçut son soupir, long comme celui que l’on pousse après une journée de travail, mais aussi plein de soulagement. Surpris, il releva la tête et vit les yeux de Yamato, de ce bleu qui devenait incolore sous la lumière, et l’expression de son visage, rayonnante, avant qu’il vienne poser ses lèvres contre les siennes et Taichi eut encore le goût de l’eau sur la langue, à présent familier, indissociable de son ami. Il répondit au baiser, étreignant Yamato avec force, l’empêcher de s’éloigner. Il entendit alors Yamato rire et réussir à rompre le baiser.

- Je suis ridicule, grommela Taichi, honteux de s’être déclaré comme une jeune amoureuse écervelée. Désolé, j’ai… j’ai dû t’embarrasser…

- Taichi, tais-toi, rétorqua Yamato sur un ton ferme avant de planter un nouveau baiser sur sa bouche. Pas ce genre de discours.

Taichi leva les yeux au ciel.

- Excuse-moi, dit-il en se remettant debout. Je me sens bête…

Il se tut lorsque Yamato se pressa contre son dos, passant ses bras autour de sa taille puis posant son front contre son épaule.

- Ya… Yamato ? fit Taichi, surpris.

- Tais-toi, s’il te plaît, murmura Yamato, le serrant plus fort, sentant alors son odeur, riche et chaude comme autrefois dans le Digimonde.

Et son corps tremblait contre le sien, alors qu’il était incapable de répondre pour l’instant. Si c’était sa seule manière de le faire, Yamato était prêt, profitant encore un moment de la chaleur de son ami, oubliant tout.

A suivre...

chapitre iv, acte b, première partie

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