Feb 06, 2009 22:43
2.
House baissa le regard, il n’avait pas pensé que Wilson pourrait passer. Son plan ne l’incluait pas, il allait devoir le supporter jusqu’à ce qu’il lui dise ce qui n’allait pas. Et cela, il ne le pouvait pas. Il ne lui avouerait jamais ce qui pouvait le torturer. Il devait trouver un moyen de se débarrasser de lui sans le blesser parce qu’il ne le méritait pas.
« - Greg, confie toi à moi. Tu devrais savoir que tu peux me parler. Qu’est-ce qui ne va pas ? Et ne me dis pas qu’il n’y a rien, ce serait un mensonge. »
Le jeune oncologue observait son ami, celui-ci gardait les yeux baissés. Il ne pouvait pas le laisser agir, il savait d’instinct qu’il allait mal et ça n’avait rien à voir avec la maladie. Il se morigéna encore, il avait été tellement occupé ses derniers temps qu’il n’avait pas pu voir le changement se produire en lui. S’il avait fait un peu plus attention, peut-être la situation aurait-elle évolué différemment. Mais arrivé à ce point, il savait qu’il aurait beaucoup de mal à faire changer son ami d’avis et il n’avait pas envie de le laisser agir. Une fois ça suffisait, ils n’en avaient jamais parlé ensemble, il était peut-être temps.
« - Greg, tu ne crois pas qu’une tentative cela suffit. Tu n’as pas retenu la leçon, parfois il vaut mieux parler que de passer à l’acte. Je ne t’ai pas laissé partir la première fois, ce n’est pas pour le faire aujourd’hui.
- James, tu as beau être mon meilleur ami, je peux encore prendre ce genre de décision seul.
- Quelle décision, celle de mourir. »
Et voilà, il avait lancé le mot, il regarda son ami se crisper, se refermer. Comment arriverait-il à le faire changer d’avis sans connaître le fin fond de l’histoire ? Il y a six ans, il savait ce qui perturbait son ami, mais aujourd’hui, il l’ignorait. Et jusqu’à ce moment où il avait pris conscience du mal-être de celui-ci, il pensait même qu’il commençait à se rouvrir aux autres. Qu’est-ce qui avait changé ses dernières semaines ? Qu’est-ce qui le poussait à chercher la fuite ? Puis l’évidence s’imposa. Chase et Cameron. Ça ne pouvait être que ça. Il se mordit la joue pour ne pas crier. Il en était donc au même point. Avec la différence que Stacy, il avait pu l’aimer avant de la perdre.
« - Mais, c’est pas vrai. Tu es vraiment con quand tu t’y mets.
- Je sais que je suis un con, pas la peine de me le rappeler. Mais je ne comprends pas ce qui te permet de m’insulter.
- House, tu ne vois pas que tu comptes pour elle. Chase n’est qu’un pis aller. Elle l’apprécie, mais ne l’aime pas.
- Je ne vois pas de quoi tu parles. Fous moi la paix et barre toi. Tu es là depuis trop longtemps, quelqu’un d’autre à sûrement besoin de toi. Laisse le vieux con que je suis en paix. »
Wilson le regarda, il n’avait réussi qu’à le braquer un peu plus. Il ne pouvait cependant plus partir sachant comment cela se terminerait s’il franchissait la porte et partait. Son ami pouvait être énervant la plupart du temps, mais c’était un être humain qui souffrait à cet instant. Il devait l’aider soit à assumer son amour pour la jeune femme, soit à arriver à surmonter sa perte. Il n’y aurait pas d’autres solutions pour lui. Il alla s’asseoir à ses côtés sur le canapé. Il devait lui faire comprendre que ce qu’il envisageait était inadmissible.
« - Greg, je ne partirais pas. Je vais prendre des congés, je vais te coller aux fesses jusqu’à ce que je sois certain que tu n’as plus envie de tirer le rideau. Tu auras beau dire ou faire quoique ce soit, je resterais là. Et pas la peine de nier, tu as besoin d’un ami et je suis là. »
Au moment où House allait lui crier dessus, ils entendirent la sonnette retentir. Le médecin n’attendait personne, mais au rythme où allaient les choses et au vu de la tournure qu’avait prise la conversation, il se félicitait de cet intermède. Wilson se leva pour aller ouvrir.
« - Allison, que faites-vous là ?
- Je suis venue voir comment allait House. »
Dés qu’il avait entendu le prénom du nouvel arrivant, le visage de House s’était fermé. James revint avec la jeune femme dans le salon après avoir pris assez de temps pour que son ami se recompose un masque.
« - Bonjour House.
- Bonjour Cameron.
- Vous prendrez bien une tasse de café, Allie.
- Avec plaisir Wilson. »
Le jeune homme s’éclipsa, les laissant seuls tout en espérant que son ami se déciderait peut-être à agir. Mais il ne traîna pas non plus, ne sachant quelle bêtise il pouvait inventer pour encore empirer la situation. Car s’il y avait bien une chose dans laquelle Greg était passé maître depuis ces dernières années c’était l’art de compliquer des situations déjà insoluble au départ, il avait l’art de se mettre dans les problèmes.
« - Cameron, vous n’auriez pas dû venir, je vais bien.
- Ca ne me dérange pas et il est normal de rendre visite à un ami lorsqu’il est malade.
- Hmm… »
Allison observait son patron, elle ne le croyait pas. Il ne semblait pas mieux que la veille et son état avait même l’air d’avoir empiré. Il ne s’était pas levé pour l’accueillir comme s’il savait qu’il ne pouvait pas faire confiance à ses jambes. Wilson revint à ce moment avec le café, il installa le plateau sur la table basse et sourit à la jeune femme.
« - Asseyez vous, Allison, vous prenez du sucre, du lait…
- Non merci, je le bois noir. Alors comment se passe votre congé House ?
- Bien, je vous l’ai dit. Je passe mon temps à regarder la télé et je ne vois pas de patients. Il n’y a rien de tel pour se remettre rapidement. »
Malgré le ton enjoué de House, elle n’arrivait toujours pas à le croire. Elle sentait que le problème n’était pas la maladie, il y avait autre chose. Depuis qu’elle était arrivée, Wilson couvait House du regard ; elle sentait confusément que son arrivée avait interrompu quelque chose. Elle percevait comme un malaise dans la pièce ; House semblait différent de l’habitude, moins sarcastique, moins dynamique aussi, mais ce dernier point pouvait être imputé en partie à la fièvre. Pour tout autre que lui, elle aurait parlé de faiblesse. Elle fit tout son possible pour essayer de faire parler les deux hommes, sans y parvenir. Ils ne lâchaient que peu d’informations et tout ce qu’elle récolta était inutile pour lui faire comprendre la situation réelle dans laquelle se trouvait son patron. Finalement, elle se redressa pour partir.
« - Je vous raccompagne Allison.
- Avec plaisir Wilson et merci pour le café. Au revoir House. Je repasserais dés que j’ai un instant.
- C’est vous qui voyez, mais ne vous sentez pas obligée. »
amitié,
house md,
malade