(no subject)

Feb 01, 2009 18:40



Cela faisait plusieurs jours que Gregory ne se sentait pas dans son assiette et cela n’avait rien à voir avec sa jambe. Il n’en avait rien dit même pas à Wilson, il n’avait pas envie de demander, n’avait pas envie que n’importe qui fourre son nez dans sa vie privée. De plus, il savait qu’à force de leur faire croire qu’il n’était pas bien pour éviter les consultations, les autres ne le croiraient pas. Alors il attendait que ça passe et les évitait tous. Il se rendait même aux consultations pour éviter de croiser Cuddy. Mais ce matin-là, il ne put faire autrement, il avait deux heures de retard et elle l’attendait à l’accueil.

La jeune directrice ouvrit la bouche pour une joute verbale, qu’elle savait devoir se finir sur un compromis, lorsqu’elle remarqua son teint encore plus pâle qu’à l’accoutumée et son front moite. Elle lui fit signe de la suivre dans son bureau sans rien dire. Il la suivit en soupirant se préparant à subir ses foudres en privé. Dés qu’ils furent entrés, elle se tourna vers lui :

« - Otez votre veste !

-         Pardon (il s’attendait à tout sauf à ça, il ne comprenait pas en quoi retirer sa veste faisait partie de l’engueulade), vous voulez passer directement aux châtiments corporels.

-         Otez votre veste que je vous examine, House, et, par pitié, asseyez-vous avant de perdre l’équilibre.

-         Je vais bien Cuddy, je me suis levé en retard et j’ai un peu forcé pour arriver au plus vite.

-         Si c’est la vérité, il n’y a donc aucune raison pour ne pas vous laisser examiner, ça prendra deux minutes et … »

Mais elle ne put finir sa phrase, House venait de tomber alors qu’il faisait demi-tour pour sortir. Elle se trouva aussitôt à ses côtés ; par instinct, elle lui toucha le front et, en éloigna la main au plus vite, il était brûlant. Elle l’aida à se redresser et à s’asseoir dans le canapé et tenta de le regarder au fond des yeux, mais il tenait ceux-ci obstinément tournés vers le sol.

« - Alors vous me laissez vous examiner maintenant et, pas la peine de mentir, vous avez de la fièvre. Vous ne pouvez pas travailler dans cet état.

-         Bien sûr que si. »

Elle ne fut pas surprise de la réponse, il n’avait visiblement pas envie de se laisser examiner. Néanmoins, elle lui fit subir un rapide examen qui lui permit de déceler des crépitations lorsqu’il respirait. Elle le regarda étonnée, il aurait dû sauter sur l’occasion pour rester chez lui. Elle soupira en se demandant si elle parviendrait jamais à le comprendre.

« - C’est bon, je peux retourner au boulot maintenant que vous avez satisfait votre curiosité, j’ai des patients qui m’attendent.

-         Non, vous n’allez pas travailler, je vous envoie passer une radio et après direction votre bureau où vous vous reposerez en attendant que j’ai les résultats.

-         Non. »

Et pour bien montrer son désaccord, il se leva et sortit sans lui jeter un regard. Elle aurait pu lui courir après, mais elle se contenta de prévenir Wilson et l’équipe de diagnostic que tant qu’il n’avait pas fait de radio, House ne participait plus avec eux sur les cas en cours. Wilson, plus que tous les autres, était surpris du comportement de son ami. En temps normal, celui-ci cherchait à éviter le travail en se prétendant malade et, pour une fois qu’il l’était, il voulait travailler, non décidément Gregory ne cesserait jamais de le surprendre. Il se dirigea vers le bureau de son ami bien décidé à le faire plier. En entrant, la première chose qu’il remarqua fut celui-ci assis à terre, dos au mur, sa canne posée à ses côtés. Il se mit à son niveau et le regarda. Il s’en voulut un peu de ne pas avoir remarqué son état plus tôt.

« - Qu’est-ce que tu fais à terre ? Tu ne serais pas mieux dans ton fauteuil !

-         J’en sais rien, mais je crois que je suis bien là où je suis pour le moment et je n’ai pas envie de bouger. »

Wilson observa plus attentivement son ami. Celui-ci lui mentait, cela lui arrivait tellement rarement qu’il en fût surpris. Il remarqua enfin toutes les petites choses qui auraient dû lui mettre la puce à l’oreille. Pâleur, suée, légers tremblements dans les mains et d’autres indices qui auraient dû le mettre sur la voie bien plus tôt. Il s’empara de son stéthoscope et tendit la main vers la chemise de son ami, mais il fut stoppé dans son mouvement.

« - Laisse tomber, je n’ai pas besoin de médecin, râla House.

-         Greg, tu as de la fièvre et Cuddy a entendu des crépitants en t’auscultant. Je veux juste confirmer son diagnostic.

-         Fous moi la paix, je vais bien. Je n’ai pas besoin d’aide. »

Wilson soupira et, voilà, on y était, toujours cette foutue fierté qui empêchait son ami de crier au secours quand il se noyait, qui à bien y réfléchir l’empêchait même d’avoir une vie normale. Il avait toujours eu tendance à refuser d’être aidé et cela n’avait fait qu’empirer quand son opération avait raté.

« - Greg, ne fait pas l’enfant. Relève toi, on sera mieux sur le canapé. »

James se releva et se dirigea vers le meuble avant de se retourner en s’apercevant qu’il n’avait pas fait un seul geste pour le suivre. Il fit demi-tour et revint sur ses pas.

« - Tu as l’intention de rester à terre longtemps ?

-         …

-         Greg, je suis ton copain. Les amis servent aussi à parler quand on en a besoin, ou à soutenir quand on a besoin d’une épaule. »

Son ami s’était crispé dés qu’il avait ouvert la bouche. Wilson s’approcha et glissa son épaule sous le bras de House, celui-ci s’y accrocha comme un noyé et prit lourdement appui sur lui pour se redresser. Il ne fit aucun commentaire sur la façon dont son ami crispa la main sur son épaule. Il ne fallait pas qu’il en fasse sinon celui-ci risquait de se refermer. Il l’installa en douceur dans le canapé et s’assit à son côté. Il l’écouta reprendre son souffle.

« - Tu vois qu’on est bien mieux ici. Alors tu vas te décider à me dire ce qu’il y a ou vais-je devoir t’arracher chaque mot de la bouche l’un après l’autre.

-         Je crois que j’ai attrapé un rhume, pas de quoi faire autant de foin.

-         Si ce n’était qu’un rhume, je serais d’accord avec toi, pour que j’y croie, tu vas devoir me laisser t’examiner. Allez ouvre ta chemise que je vérifie ce que Cuddy a entendu.

-         Je suppose que tu ne me laisseras pas tranquille tant que tu n’auras pas eu ce que tu voulais. »

Greg ouvrit sa chemise et le laissa l’examiner en fermant les yeux. Lorsque Wilson posa la main sur son poignet pour prendre son pouls, il ne put réprimer un frisson espérant que son ami n’y prêterait pas attention. Le médecin prit un peu plus de temps que la directrice pour faire son examen. Dés qu’il avait commencé, il avait compris qu’il ne s’agissait pas d’un rhume, son ami était brûlant sous sa main.

« - Cuddy avait raison, je t’accompagne à la radio. Et ce n’est pas la peine de me dire que tu y vas seul, je ne te croirais pas. »

House prit la peine d’avaler un comprimé de Vicodine avant de se redresser en s’appuyant plus lourdement que d’habitude sur sa canne. Il se mit en route boitant tellement bas que Wilson faillit lui proposer à plusieurs reprises un fauteuil roulant, mais il se tût sachant que Greg se sentirait humilié d’une telle proposition, il se contenta donc de le surveiller de prés afin de pouvoir le rattraper s’il chutait. A un moment alors qu’ils étaient presque arrivés, House bifurqua et entra dans les toilettes. Wilson pesa rapidement le pour et le contre avant de le suivre ; il grimaça lorsqu’il entendit les bruits qui s’échappaient du box où s’était enfermé l’irritable médecin. Il attendit quelques minutes que son ami ait fini de restituer son repas et qu’il sorte du box. Il paraissait encore plus pâle qu’auparavant et titubait fortement, seule sa canne lui permettait de garder un semblant d’équilibre. Contre toute attente, ce fut de lui-même qu’il attrapa l’épaule de Wilson et s’appuya dessus.

Le jeune médecin l’aida à se rendre à la radio sans faire de commentaire. Il attendit avec le radiologue que ce soit fini et raccompagna son ami à son bureau. Il le laissa sur le canapé les yeux fermés pour se rendre chez Cuddy à qui seraient transmises les radios en tant que médecin traitant.

« - Alors comment va-t-il ?, demanda la jeune femme.

-         Il dormait sagement quand je l’ai quitté. Vous aviez raison, il s’agit probablement d’une pneumonie. En espérant qu’il n’ait pas attendu trop longtemps. Avec du repos et quelques médicaments, il en a pour deux semaines à se remettre.

-         Je suis d’accord avec vous, les radios devraient confirmer cela. Mais pourquoi ne nous a-t-il rien dit ? Je n’arriverais jamais à le comprendre.

-         Il n’est pas du genre à demander de l’aide, mais je sens qu’il y a également autre chose. Bah, s’il veut que l’on soit au courant, il finira par nous le dire. »

Une fois les radios arrivées et examinées, ils se rendirent tous deux dans le bureau de House. Ils le regardèrent un instant dormir avant de le réveiller pour lui donner sa prescription et lui signifier qu’à moins d’une aggravation de son cas, ils ne voulaient pas le voir à l’hôpital avant quinze jours. Il les salua et quitta donc l’établissement. Il reprit sa moto au parking ne se souciant pas du danger qu’il y avait à conduire dans son état et rentra chez lui. Il entra dans son appartement et soupira. Quinze jours, enfermé seul dans son quatre pièces, il se sentait déjà sur le point de tout envoyer balader. Il déposa le sac de la pharmacie sur la table de la cuisine et s’installa sur le canapé avec un doigt de whisky.

Il se laissa sombrer lentement dans l’alcool, il avait quand même réussi à ne pas trop les alarmer sur son état. Une simple pneumonie, il pouvait les laisser y croire. Il n’avait envie de rien, il était malade, mais c’était bien plus profond que cela. Il les avait vu ensemble et, depuis, il n’arrivait pas à empêcher son esprit de revenir à l’image de Chase serrant Wilson dans ses bras. En les voyant, il avait senti quelques choses se briser en lui, il aurait voulu leur crier d’arrêter, mais cela aurait été reconnaître qu’il comptait pour lui. Et ça il ne pouvait pas, il avait toujours eu des difficultés à établir des relations avec les gens et, plus ils comptaient pour lui, plus il avait tendance à les faire souffrir. Il avait donc pris la décision ce soir-là de se mettre sur le côté.

D’accord, il devait bien le reconnaître, il était en pleine dépression et la maladie n’avait pas amélioré son moral. Mais il n’avait pas envie d’aller mieux. Au contraire, une pneumo non soignée, c’était un bon moyen pour s’effacer. Il s’endormit dans le salon, le verre vide posé à même le sol.

Wilson fit doucement pour ouvrir la porte de l’appartement de House, il en avait gardé la clef. Il s’avança dans le salon et sourit en le voyant dormir. Il était toujours surpris de voir que les rides de douleurs s’effaçaient lorsqu’il dormait. Il se mit à faire un peu de rangement dans la pièce, récupéra en grimaçant le verre à whisky et passa à la cuisine pour préparer un repas décent à son ami. Depuis le seuil, il remarqua le sachet de médicaments intact. Il sursauta comprenant que depuis la veille, il n’avait pas encore commencé le traitement. Il maugréa et se mit en tête de réveiller son ami pour lui faire la leçon.

« - House, le traitement ce n’est pas pour faire joli qu’on te l’a prescrit.

-         Gueule pas. Tu as prescrit, je l’ai acheté. Je n’ai jamais dit que je le prendrais. J’aime pas les médocs.

-         Ah, oui et ta Vicodine, c’est quoi alors ?

-         Un mal nécessaire.

-         Tu exagères, tu es médecin, tu sais comme moi ce qui arrivera si tu ne soignes pas ta pneumonie. Alors quoi, tu veux être hospitalisé.

-         Mais non tout de suite les grands mots. Et puis, tu n’as pas à me surveiller, je sais ce que je fais. »

Sur ces derniers mots, House se leva pour aller se servir un verre et avaler deux cachets de Vicodine. Il se retourna et parut surpris de voir que son ami était encore là l’observant. Il haussa les épaules et retourna dans le canapé. Il devait bien admettre que si James s’en mêlait, il aurait des difficultés pour réaliser son plan.

« - Tu comptes rester là longtemps ?

-         Jusqu’à ce que tu aies pris ton traitement et juré de le prendre tous les jours.

-         Je ne ferais pas ça. Tu peux faire demi-tour quoique tu fasses, je ne le prendrais pas. Si ça t’amuse de rester planté là, libre à toi.

-         Mais pourquoi ? Et ne me ressert pas l’excuse de la non confiance en les médicaments. S’il le faut, je te les donnerais de force.

-         Tu ne le feras pas, tu es médecin, tu es trop intègre que pour forcer un de tes patients à prendre un traitement qu’il refuse.

-         Tu n’es pas mon patient, tu es celui de Cuddy. Tu es mon ami. Et je n’ai pas envie de te ramasser à la petite cuiller. Tu parles comme quand Stacy est partie.

-         Qu’est-ce que tu imagines ? J’ai juste envie d’être seul et malade en paix, est-ce trop te demander.

-         C’est à moi que tu parles, tout autre te croirait, mais je te connais et parfois il m’arrive même de savoir à quoi tu penses sans que tu aies à me le dire. Et là, tu penses à exactement la même chose qu’il y a six ans et n’ose pas dire le contraire. »

amitié, malade

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