la messe

Feb 05, 2006 15:02

Ce matin j'ai été à la messe, à l'invitation de mon colloc américain. Le lieu de culte des protestants luthériens irlandais est une grande salle du YMCA de Dublin, avec écrans géants, groupe de musique folk -au demeurant assez bon- et son de folie. Un grand show que je serais tenté de qualifier d'américain, si cette messe n'avait eu lieu en Irlande. Après une entrée en matière avec présentations de rigueur (c'est fou comme de voir une nouvelle tête aiguise la curiosité)autour d'un café, on passe aux chants à la gloire de Jésus. Première surprise pour moi, je pensais qu'ils vénéraient l'Eternel et non Jésus! Durant toute la messe, je n'ai en fait pas entendu parler une seule fois de Dieu; le mot qui revient systématiquement c'est Jésus, celui qui est mort pour nous, celui qui nous a sauvé, etc...On passe ensuite, après cette séance émouvante de chansons de groupe (genre gospels en moins bien), au sermon proprement dit. Je dois avoir de la chance, ou alors mon colloc était au courant et il a fait exprès de m'inviter précisément à cette messe, mais le thème de ce dimanche c'est...le sexe. Bon, je ne m'étendrais pas sur le contenu exhaustif de ce sermon, plus pitoyable qu'autre chose, mais je vous donne le plan de mémoire:
- Dieu a créé le sexe
- Nous sommes des "animaux sexuels", l'homme est par nature sexuel.
- Seulement on ne parle pas de n'importe quelle pratique sexuelle: le sexe voulu par Dieu c'est celui du mariage (pas avant!) et de la fidélité au conjoint (la seule chose qui fasse sens pour moi).
- Notre société actuelle (en avant pour la socio de comptoir) est une société où le sexe est partout, et corrompt jusqu'à l'image des jeunes filles (qu'"ils" construisent comme une figure érotique). Le pasteur parle (la formule vaut son pesant de cacahuètes) de "structural sexual evil".
- La faute à qui? A personne en particulier, à tout le monde en général. Il compare ça à l'esclavage d'avant la guerre civile aux USA, où les bons Chrétiens se servaient d'esclaves, sans se rendre compte de l'ignominie de la chose. Même chose pour le sexe, on ne se rend pas compte que c'est "evil" parce que c'est une norme sociale intériorisée, on l'accepte sans réfléchir.
-Une digression sur l'homosexualité: Dieu la condamne, mais les pauvres ce n'est pas leur faute, et il faut leur faire passer le message suivant: si vous ne pouvez vous en tenir au dessein divin, abstenez-vous de toute relation sexuelle jusqu'à ce que Dieu "Change your sexual orientation" (j'en connais pour qui ça risque de durer longtemps :-) )
-Une belle conclusion sur la tentation. Le simple fait de désirer une autre femme ou homme est un péché, mais comme il est difficile de s'en empêcher (le pasteur dit: "qui n'a pas regardé les couvertures de mag pornos quand il rentre dans une librairie?"), il faut confesser et Dieu vous absoudra. D'ailleurs c'est pas très grave si vous avez été "male or female prostitutes (Marie Magdalène au premier chef), homosexuals" ou si vous avez couché hors mariage comme des porcs, parce que de toute façon y'aura quelqu'un pour vous absoudre de tous vos péchés (epitre aux Corinthiens, ou quelque chose comme ça).
Amen

Je sais pas ce que vous en pensez, mais je suis globalement déçu de ce discours: je pensais les protestants plus ouverts que les catholiques sur ce plan là, je me suis trompé dans les grandes largeurs: pas de sexe avant le mariage, pas de tentation sans confession, pas d'homosexualité. La morale victorienne est encore bien présente, le pauvre Foucault doit se retourner dans sa tombe tous les dimanches. Le pire c'est que je ne peux même pas les accuser d'hypocrisie, ils avaient une bouille trop sympa pour ça.
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