Titre: Fidelius
Auteur: Isil
Personnages: Théodore Nott, Lou Saint-James
Rating: PG
Disclaimer: Mouais, Théo est à Rowling... ou en tout cas, le nom l'est =D Lou, lui, est à moi ^^
Notes: Et voilà, Lou fait officiellement son entrée sur Caer ! *sort les confettis* Bon, alors la fic se passe à l'époque de Noël, avant que Théo et Blaise ne se remettent ensemble, évidemment ^^ *tilt* Et yavait un prompt "Thé" de la part de Messa ^^ Donc voilà les débuts de la collaboration entre Lou et Théo, qui, comme vous le savez, ou pas, durera... longtemps! ^^
La chambre est dans le noir, les volets sont soigneusement fermés, ne laissant passer que quelques rayons de Lune. A l’intérieur, quelques bougies offrent à la pièce une atmosphère tamisée et chaude.
Allongé sur le ventre sur le lit, à peine vêtu d’un pantalon trop grand qui ne lui appartient pas, Lou regarde son amant du soir se lever. Théodore est vêtu d’un même pantalon, mais à sa taille, évidemment, et quand il s’étire, ses cheveux mi-longs dévoilent le délicat tatouage en forme de serpent qui s’enroule gracieusement à la base de sa nuque.
« Du thé ? » propose Théodore avec un sourire déjà amusé.
« Les Anglais et leur thé… » soupire Lou en se redressant sur les coudes pour mieux pouvoir observer ledit anglais préparer son breuvage favori.
La nuit est bien avancée, mais il n’a pas sommeil. Il est de ces vampires qui ne dorment pas, comme Théodore lui-même, ce qui leur offre des nuits entières à discuter, puisque c’est là ce qu’il était censé faire à la base ou bien, depuis plus récemment…
« Un penny pour tes pensées ? » offre Théodore, avec un sourire qui, un instant, a quelque chose de mélancolique.
Lou fronce les sourcils mais ne relève pas. Théodore est comme une forêt vierge, imprenable pour qui s’y précipite, mais beaucoup plus accueillante si on prend le temps d’apprendre à s’en accommoder.
« Je suis américain, je te rappelle. Qu’est-ce que je ferais de ton penny, au juste ? » taquine t’il en souriant.
Théodore secoue la tête, amusé, et tapote la théière d’un coup de baguette pour en faire bouillir l’eau, avant de la verser dans une tasse et de laisser infuser. Puis il se retourne à demi, s’appuyant sur la table pour lui faire face.
« Sincèrement, à quoi pensais-tu ? »
« Je pensais… à ma mission, » explique t’il en mimant des guillemets.
Sa mission… A peine arrivé des États-unis avec Jan pour des raisons diverses et variées, on l’embauchait pour sauver ce qui constitue certainement le sujet de bavardages du moment au Château du Seigneur Benedikt : la relation mouvementée entre Théodore Nott et Blaise Zabini.
White, Gwendolyn et Mr Finnigan lui ont fait un topo complet de la situation, depuis le départ de Théodore pour chez les Mangemorts, en échange de la vie d’Ashcroft, à la trahison apparente de l’anglais, qui a passablement mis à mal sa relation avec Zabini. Lou n’est pas sûr d’être en mesure de juger les torts de chacun, beaucoup trop extérieur à la chose, mais ce qu’il sait, en tout cas, c’est qu’il ne veut pas être celui qui se dressera vraiment entre eux… Pour un jeune vampire comme lui, la tension quand ils sont dans la même pièce frise l’indécence…
« Et bien ? » le coupe Théodore en retournant à son thé.
La cuillère frappe contre la porcelaine avec un petit bruit mélodieux, et si Lou ne devait retenir qu’une qualité au thé, ce serait certainement celle là… Ce bruit lui rappelle les bruits similaires de sa mère en train de cuisiner. Il sourit.
« Je me demandais juste si ceci… » et il fait un geste les désignant tous les deux à moitié nus, le lit défait et l’atmosphère lourde dans la pièce, « était ce que tes amis avaient en tête quand ils m’ont demandé ma participation pour rendre Zabini jaloux. »
Théodore cache son amusement derrière sa tasse de thé, soufflant patiemment sur le liquide chaud.
« Va savoir, avec eux… » murmure t’il avec un haussement de sourcils suggestif.
Lou roule des yeux faussement blasés, et appuie son menton dans la paume de sa main.
« Tu crois que ça va marcher, au moins ? »
« Tu me demandes… » lâche l’anglais d’un ton vaguement ironique, « si la simple idée de toi et moi dans un lit rendra Blaise jaloux ? »
Il a un rire sans joie quand Lou hoche la tête, puis il secoue la tête et repose sa tasse.
« Jaloux, il le sera, pas de doute là-dessus… Mais quand à savoir si ce sera une bonne chose ou pas… »
Il hausse les épaules, vaguement fataliste.
« On récolte ce que l’on sème, comme dit l’adage… » conclut-il dans un murmure.
« Vraiment ? Et qu’essayais tu de semer, avec Zabini, au juste ? » demande Lou.
Théodore lève un sourcil, une mimique extrêmement travaillée et qui parait chez lui tout à fait naturelle, ce qui amuse Lou.
« J’essayais de lui sauver la vie… Serais-tu en train de me psychanalyser, Lou ? »
« Je suis psychologue, pas psychanalyste, » rétorque l’américain d’un ton innocent. « Et si tu n’avais pas voulu de mon expérience, toute relative, certes… je ne crois pas que tu m’aurais laissé m’embarquer là dedans, ou en tout cas… que nous n’en serions pas là. Pas vrai ? »
A nouveau, il désigne l’état de la chambre et le leur, sans pour autant chercher à se rhabiller, ni à rendre à Théodore le vêtement qu’il lui a emprunté.
« Gwendolyn avait raison… » murmure t’il pour toute réponse.
« Quand ça ? »
« Quand elle a dit que nous nous ressemblions, toi et moi… Je veux dire, en dehors de notre ego quasi-inexistant, de notre teint maladif et de nos canines, évidemment. »
Lou lève les yeux au ciel à la remarque sur son ego, mais un regard appuyé de Théodore, le défiant de nier, le contraint au silence. Il soupire et hausse une épaule sans répondre.
Théodore reprend son thé, et regarde un instant, le regard perdu dans le vide, le liquide au fond de la tasse. Il le fait tourner doucement, pensif, avant de se secouer et de le terminer d’une gorgée.
« Ce n’est pas facile, n’est-ce pas ? » demande t’il tout bas, en se tournant pour reposer sa tasse vide.
« Quoi donc ? »
« De s’aimer… »
Lou prend son temps pour répondre à ces quelques mots. Non, c’est vrai, voudrait-il dire, ce n’est pas facile… Surtout quand on n’a aucune raison valable, comme moi, de ne pas s’aimer. Surtout quand on sait pertinemment que ce que l’on hait chez nous même n’est rien d’important, que nous pourrions valoir cent fois mieux que ce que nous estimons…
Il relève la tête, et croise le regard de Théodore. Un instant, il lui semble que ce dernier est en train de le tester, quelque part, et cela le rend curieux. Il sourit.
« Je pourrais te citer tout un tas de références, te faire un vrai cours sur l’estime de soi, mais ce n’est pas ce que tu veux entendre… » réplique t’il, malicieux.
« Et qu’est-ce je veux entendre, Docteur Freud ? » rétorque Théodore d’un ton de défi.
Lou hausse les épaules et se redresse pour s’asseoir en tailleur sur le lit, regardant Théodore dans les yeux.
« C’est vrai. Ce n’est pas facile… » répond-il simplement.
Théodore lui sourit, et il sait avoir passé le test, quel qu’il soit. Il regarde l’anglais traverser la pièce et venir s’asseoir à côté de lui sur le lit. Il y a comme une détermination nouvelle dans son regard.
« Je crois que toi et moi pourrions devenir amis, Lou Saint-James, » déclare t’il.
« Je crois qu’on l’est déjà un peu, tu ne crois pas, Théodore Nott ? » répond Lou sur le même ton.
C’est vrai. Ils ont passé plusieurs nuits à parler, à s’apprendre l’un l’autre parce qu’ils n’avaient rien d’autre à faire, pour passer le temps, et parfois, c’était comme si la raison de leurs soirées, la mission de Lou, était secondaire. Théodore hoche la tête.
« Sans doute… »
A nouveau cette mélancolie, cette mince note de tristesse, éphémère, inconstante, mais pourtant parfois présente… Lou dévisage son compagnon, y cherchant la raison de ces humeurs discrètes.
« Pourrais tu… » commence l’anglais. « Pourrais tu me rendre un service, Lou ? »
« Bien sûr… Si c’est dans mes moyens, évidemment. » sourit-il.
Théodore se tourne vers lui, imitant sa position, et leurs regards se croisent, or contre argent.
« Garderais-tu un secret pour moi, Lou ? »
Il y a quelque chose d’intense, dans la question, un sens profond qui semble émerger du regard de Théodore, et il ne faut qu’une seconde à Lou pour comprendre… Un Gardien du Secret, voilà ce qu’il veut faire de lui… Cette réalisation lui fait un instant tourner la tête : il y a une semaine, ils se connaissaient à peine pour s’être croisés une ou deux fois, et voilà que ce soir…
« Suis-je vraiment la personne la plus indiquée ? » demande t’il avec un soupir.
« Tu me ressembles… Je sais que tu ne jugeras pas, et je sais aussi que tu ne diras rien… »
« Tu es bien sûr de toi. »
Théodore secoue la tête et pointe un doigt vers lui.
« Non, Lou… C’est de toi dont je suis sûr. »
Lou sourit et baisse un peu le nez, gêné, déclenchant un petit rire chez Théodore. Il toussote puis relève la tête et croise le regard de l’autre vampire, soudain sérieux.
« Je garderai ton secret, Théodore… » souffle t’il.
Muettement, ils s’installent pour lancer le Fidelius, Théodore posant ses mains sur les poignets de Lou. Vaguement nerveux, avec cette impression fugitive de pouvoir encore entendre son cœur battre, il hoche la tête, indiquant à Théodore de commencer.
« Voici mon secret, » murmure celui-ci. « Le secret que tu garderas pour moi, Théodore Alexander Nott. »
Donner son nom complet est une marque de confiance absolue, surtout de la part d’un voyant comme Théodore, mais c’est nécessaire pour que le Secret soit parfaitement gardé. Il plonge son regard dans celui de son vis-à-vis, et l’écoute parler avec toute l’attention du monde.
« Voici mon secret, » répète t’il. « Quand j’ai quitté Voldemort, quand j’ai choisi de retourner chez les miens, ici, à Prague… »
Il a une pause, un instant d’hésitation, puis le gris nuage dans ses yeux se fait d’acier quand il semble atteindre sa résolution.
« J’ai laissé derrière moi une petite partie de mon cœur, » souffle t’il, étouffant tous les mots dans la gorge de Lou, qui ne s’attendait pas du tout à quelque chose de ce genre.
Il ouvre la bouche sans rien articuler, surpris, et attend la suite. Théodore a une nouvelle fois ce sourire mélancolique, et Lou devine que quand le Secret aura été scellé, il ne le verra plus sourire ainsi, et il ne saurait dire s’il en est soulagé. Théodore inspire, et termine ce qu’il a commencé, lui offrant la charge de ces quelques mots, de cette vérité secrète.
« Cette partie de mon cœur, je l’ai laissée à Johann Mackenzie. »
Il lui semble sentir quelque chose s’ancrer en lui, avec un claquement presque physique, puis plus rien. Il ne lui reste que cette connaissance, que ce nom que Théodore lui a confié. Johann Mackenzie, un Mangemort, un voyant ennemi, un homme des Blackpool, les principaux serviteurs du Seigneur des Ténèbres aux États-unis… Johann Mackenzie, qu’il ne connaît que de nom pour l’avoir entendu mentionner vaguement… Johann Mackenzie…
Lou retient tout commentaire, ne sachant simplement pas quoi dire. Qu’y a-t-il à dire à un homme suffisamment fou pour partager une parcelle de son cœur avec l’ennemi, et suffisamment courageux pour ne pas se laisser en être détruit ?
Il inspire profondément et pose la dernière pierre à l’édifice de ce Secret, de ce qui les liera à jamais.
« Moi, Lou Jonathan Saint-James, je garderai ton secret. »
FIN.