No place for us

Aug 16, 2008 20:53



Partie III

Il y eut un dîner, puis encore un autre et un autre. Lily aurait aimé, comme les douches, les repas infects, comme tout le reste, cesser de compter. Mais elle les comptait toujours, attendant le prochain, avec appréhension, évidemment, mais l’attendant quand même. Une partie de son cerveau lui rappelait de temps à autre que « c’était la cinquième fois » ou « c’était la sixième fois ». De quoi désespérer.

Ils parlaient de l’infirmerie, de son mémoire, d’une idée qui leur était venue, à l’un ou à l’autre. Lily s’était même surprise à y resonger le soir dans le noir, à tenter de résoudre l’équation qui posait problème. C’était la première fois que quelqu’un accordait, ainsi, un réel intérêt à ses recherches. James l’écoutait les yeux dans le vague, sans vraiment comprendre et ses collègues, d’un air condescendant lui avaient fait comprendre qu’elle vivait dans un monde utopique.

Ils parlaient de livres aussi, et la jeune femme ne pouvait qu’admirer la somme de connaissances fabuleuses qui se tapissait dans le crâne de Voldemort. Il n’y avait pas que sa puissance magique qui était redoutable chez cet homme, son esprit acéré l’était tout autant.

Puis il y eut le soir où il lui remit un ouvrage. Elle ne comprenait pas ce qui avait pu le pousser à lui prêter un livre, mais elle l’accepta - ce n’était pas comme si elle avait le choix de toute façon. C’était un essai écrit par Michaelotto Orsini, un sorcier Italien du dix-neuvième siècle qui s’était spécialisé dans la théorisation des sortilèges. Pourtant, c’était la première fois que Lily entendait parler de cet Orsini.

-Ce n’est pas le genre d’auteurs que vous trouverez dans la bibliographie de vos professeurs à Poudlard.

-Il traite de magie Noire ?

Son ton dénotait une certaine touche de dégoût. Ce qui eut l’air d’amuser son interlocuteur. Elle qui ne venait pas de ce monde, qui n’avait pas la moindre idée de ce que pouvait représenter la magie noire comme ils l’appelaient tous, laissait le dégoût recouvrir son intérêt scientifique. La moralité, « l’éthique » (ce mot semblait à la mode chez les Langues de Plomb) n’engendrait que des problèmes.

-Quel terme… réducteur, grinça-t-il, un rien cynique, votre esprit est plus ouvert que cela, n’est-ce pas Lily ? Croyez-vous que la magie noire ne se réduise qu’à trois sorts misérables qui font trembler le ministère ?

-…

-Orsini est un auteur intéressant qui s’est intéressé au fonctionnement des sortilèges. Il évoque des sorts très différents. Appartenant à la magie « blanche » comme à la magie « noire ». Je crois même me souvenir qu’il évoque une ou deux magies non-humaine. Je trouve dommage qu’il soit banni des bibliothèques pour quelques chapitres jugés… « non orthodoxe ». Lisez-le donc… - il n’y a aucun mal à lire un livre, n’est-ce pas ?

Lily hésita, se demandant pour la énième fois qui était cet homme avec lequel elle avait partagé plusieurs repas, qui était cet homme qui allait assassiner des innocents à tour de bras pendant la nuit, et revenait pour partager un repas avec elle et parler de théorisation de la magie.

-Non, il n’y a pas de mal, répondit-elle, en prenant le livre des mains du Mage.

Leurs doigts s’effleurèrent.

-Pourquoi me donnez-vous ce livre ?

Si elle avait posé cette question à quelqu’un d’autre (qui n’était donc pas un tueur psychopathe et sanguinaire), elle aurait presque pu dire que c’était avec un air charmeur qu’il répondit. Si ça avait été quelqu’un d’autre. Mais c’était Lord Voldemort, donc ce n’était pas le cas.

-Je ne veux pas que vous manquiez de distractions, Lily.

La jeune femme déglutit, tentant de soutenir le regard rouge posé sur elle. Tout ce qu’elle parvint à dire fut un « merci » bégayé pitoyablement. C’était incroyable la manière dont elle oubliait les menaces de mort que peu de temps auparavant il avait encore murmuré à son oreille.

Comme une promesse.

oooooooooo

Aaron Skeeter se leva.

-On ne va verser pas trois millions de Gallions à ce criminel ?

-Albus Dumbledore et James Potter sont prêts à payer de leur poche.

-Ont-ils seulement autant d’argent ?

-…

-… Et que se passera-t-il lors du prochain enlèvement ? S’il kidnappe je ne sais quel ministre, faudra-t-il verser dix millions et libérer les criminels les plus dangereux pour sauver une vie. Nous allons tomber dans une spirale qui ne s’arrêtera jamais.

-Vous suggérez d’abandonner cette jeune fille à son sort ?

-Je suggère d’étudier attentivement nos options. Qu’avons-nous fait quand Orson Mansfield, Psyché Pratt ont disparu ?

-Et bien justement ! Cette regrettable inaction doit cesser ! Il est temps d’agir ! Nous ne pouvons rester paralysés par la peur.

-Les trois millions ne suffisent pas à Vous-Savez-Qui. Il veut aussi que James Potter rejoigne ses rangs, rappela Aaron.

Ils tombèrent dans le silence.

-A en voir ses demandes tordues je me demande s’il veut réellement proposer un marché.

-Peut-être attend-il autre chose.

-Que voulez-vous dire ?

-Peut-être proposera-t-il un ultime choix que nous ne pourrons refuser cette fois.

L’autre en doutait.

-Quoiqu’il en soit, je vais mettre le Ministre au courant de cette affaire.

-Il ne l’est pas encore ?

-Il ne lit plus la presse depuis deux mois…

oooooooooo

Lily jeta un énième coup d’œil au livre posé près d’elle. Quelque chose ne tournait vraiment pas rond. Elle était en train de lire un livre - certes intéressant - mais il lui avait été prêté par Lord Voldemort. Et ce détail pouvait faire affirmer n’importe qui, que, en effet, quelque chose ne tournait pas rond. Pas rond du tout : à ce stade là ça devenait même rectangulaire.

Le livre n’était pas neuf. Certaines pages étaient cornées, elle avait déjà noté, à une ou deux reprise, de fins traits noirs, tracés à l’encre dans une marge intérieure du texte. C’était un livre qui avait vécu, avait été lu, étudié. Et cela gênait Lily. D’une certaine manière, c’était intime. Et la dernière chose qu’elle voulait c’était en savoir plus sur Voldemort, sur cet esprit effroyable.

Du moins essayait-elle de s’en convaincre.

oooooooooo

« […] déterminer ce qu’il faut appeler ‘magie blanche’ et ‘magie noire’. En effet, des sorts qui sous l’égide des premiers rois d’Angleterre étaient courants - les mœurs de l’époque ne restreignait en aucune façon l’utilisation de la magie - sont passées à l’époque de la reine Elizabeth comme des pratiques dégradantes pour le Sorcier. Des centaines de sorts, d’invocations se sont perdus avec l’éducation de pensée des sorciers de l’époque. Aujourd’hui, invoquer la moindre créature requiert des sources colossales de pouvoirs et de savoir (l’exemple de l’Inferius est le plus souvent cité) alors qu’il était plutôt courant à cette époque. Au Mexique, il a été longtemps traditionnel de réveiller quelques cadavres pour la fête des morts et de les inviter à danser.

Il n’est guère étonnant de voir que les plus vieilles familles de sorciers s’ancrent dans la tradition, pratiquent la magie de leurs ancêtres, et n’oublient que la magie, qu’elle quelle soit est un acte naturel pour le sorcier. Grâce à ces pratiques souterraines, de nombreux sorts ont pu être sauvés.

Qu’est-ce qu’un sort de Magie noire ? Un sort qui cause du mal ? Cette définition n’est pas satisfaisante : des sorts de guérisons peuvent être considérés comme appartenant à la « branche obscure » de la Magie tandis qu’un sort comme le Tormenta appartient à la magie blanche. De plus, selon les siècles et les gouvernements, des sorts passent d’un côté à l’autre de la barrière de la loi.

Tout ne serait donc qu’une question d’éthique et d’esthétique conditionnée par la société dans laquelle nous vivons. »

Extrait de « Magie Théorique », Michaelotto Orsini, chapitre IV, ‘Esthétique et éthique de la magie noire’

oooooooooo

Croupton faisait des cercles dans son bureau. Il s’essuyait le front à intervalles réguliers. A ce rythme-là, il deviendrait chauve avant l’heure. Il attendait l’apparition de la tête du Ministre dans sa cheminée, d’une minute à l’autre. Encore une conversation déplaisante à venir, merci Albus Dumbledore.

Barty découvrait qu’il était inconfortable de vouloir quelque chose qui n’avait pas de points communs évidents avec la volonté du directeur de Poudlard. Par Merlin, comment un professeur pouvait-il avoir autant d’influence ? Car la dite influence de Dumbledore était immense. Bartemius avait cru comprendre que le vieil homme les menaçait de lancer un scandale par le biais de la presse si la situation devait s’éterniser.

Malheureusement, malgré les apparences, Albus Dumbledore n’était pas un plaisantin, et encore moins un sorcier moyen. On prétendait que Vous-Savez-Qui le craignait.

Croupton continuait à tourner en rond.

-Bartemius !

Il sursauta, se retourna pour faire face au visage de braise - littéralement - du Ministre de la Magie.

-Albus Dumbledore m’inonde de hiboux depuis ce matin. Quelle est donc cette histoire avec le Département des Mystères ? Aractus ne m’a rien dit de précis - comme si ça changeait. Je ne veux pas d’ennuis avec les Langues de Plomb. Que se passe-t-il donc, nom d’un dragon ?

Barty sentait que l’heure suivante allait être longue.

Très longue.

oooooooooo

[…] Le rôle que tiendrait alors la baguette du sorcier lors de la  ‘manipulation’ des sorts est alors source d’interrogation. Sous le coup d’une forte émotion, comme la colère ou la peur, un puissant sortilège peut être lancé, sans baguette ; exploit dû à un contexte particulier, une émotion singulière : dans une situation ‘normale’, le sorcier ne pourra pas accomplir pareil exploit. L’éducation de la magie du sorcier est, à ce stade, primordiale. Discipliner la magie fluctuante peut permettre d’user de magie sans baguette. Comme on le répète depuis des siècles, la baguette n’est que le catalyseur, et il n’est pas inconsidéré de penser que nos ancêtres se passaient de celles-ci. […]

Extrait de « Magie Théorique », Michaelotto Orsini, chapitre VII, ‘Théorisation des sortilèges’

Une note dans la marge : « la baguette a de l’incidence sur la puissance. »

oooooooooo

Lily n’allait plus à l’infirmerie. Le Seigneur avait trouvé un nouveau Médicomage, un expert en Potion, avait-il précisé. Lily était soulagée de quitter l’infirmerie. Mais une part d’elle, lui rappelait, pernicieuse, qu’elle allait repasser des heures et des heures dans sa cellule, à relire des passages d’Orsini et à attendre Ses visites.

Quelque chose lui échappait - ce sentiment durait depuis des jours - des semaines peut-être.

Elle ne comprenait pas. Ses paroles étaient souvent venimeuses, cruelles, mais jamais il ne lui avait lancé de sorts. Les rares colères - titanesques - dans lesquelles elle l’avait vu plonger n’étaient jamais dirigées contre elle. Et malgré les réactions déplacées voire décalées de la jeune femme, il semblait plus amusé qu’autre chose - quoiqu’amusé dans le mauvais sens. On parlait de Lord Voldemort.

Elle avait presque envie de savoir pourquoi. Elle ne tenait absolument pas à connaître de nouveau la morsure de l’Endoloris que lui avait infligé Visage Ravagé, mais elle avait envie de savoir pourquoi. Sans vouloir réellement une réponse, si d’aventure elle existait.

Tu n’as plus qu’à rester dans cette cellule. A penser à Lui. Juste à Lui.

Elle ne pouvait pas tourner son esprit vers autre chose. Elle guettait le bruit de ses pas claquant sur les pierres froides, elle relisait l’essai d’Orsini, les notes prises dans la marge.

Difficile de réfléchir à autre chose.

Cela faisait une éternité ou deux qu’elle n’avait pas songé à James.

oooooooooo

La première fois qu’elle l’entendit rire, son cerveau fut comme court-circuité. Pourtant, le rire de Lord Voldemort n’avait rien d’agréable - loin de là. Il donnait peut-être envie de pleurer, ou de s’enfuir en courant. Ce n’était pourtant pas le son sarcastique et singulièrement aigu qu’elle avait déjà entendu auparavant, à une ou deux reprises. C’était un rire sincère. Et ce simple constat fit émerger quelque chose en elle. Quelque chose qu’elle ne comprenait pas.

Quelque chose d’immense.

Et qui n’était pas spécialement désagréable.

oooooooooo

« […]La déchéance de l’âme causée par la pratique intensive de cette magie peut être retardée, par divers potions et sorts, mais à terme, rien ne peut l’empêcher. Le pouvoir est à ce prix-là et rares sont les téméraires prêts à payer ce prix. »

Extrait de « Magie Théorique », Michaelotto Orsini, chapitre IX, « Effets de la Magie Noire : mythes, légendes et réalités »

Une note dans la marge : « Il n’y a ni bien ni mal, juste le pouvoir et ceux qui sont trop faibles pour le chercher »

oooooooooo

La porte s’ouvrit. Lily releva instinctivement la tête, puis baissa vite les yeux en reconnaissant son visiteur quotidien. Celui-ci ricana en lui jetant son assiette.

-Eh ! Manifestement, c’est pas moi que t’attends, poupée.

Il passa sa langue sur ses lèvres, la détaillant des pieds à la tête, comme il le faisait toujours.

Lily s’enfonça contre le mur, espérant peut-être s’y fondre, se cacher aux regards du Mangemort.

-C’est bien dommage, tout ça, grogna-t-il pour lui-même en fermant la porte.

Il se demandait ce qu’il resterait de la jeune femme quand le Maître aurait fini de s’amuser avec elle. Bien qu’elle fût « un otage » il doutait qu’elle soit rendue aux siens en bon état. Et puis rien que le fait qu’elle semblait attendre les visites du Seigneur des Ténèbres - ce n’était pas de l’anticipation paniquée ou quelque chose du genre ; il n’avait encore jamais vu un prisonnier semblable, de près ou de loin, à cette fille - montrait qu’elle avait déjà un sérieux problème.

Il sortit, décidant d’éviter d’y penser - c’était des choses qui n’appartenaient qu’au Maître, et il était dangereux de se mêler de ces choses.

oooooooooo

Finalement, il vint.

La porte s’ouvrit. Elle ne claqua pas violemment contre le mur de pierre - elle s’ouvrit simplement, et à ce simple détail, Lily pouvait savoir que le Maître des lieux était là. Décider si c’était une bonne chose ou pas était trop ardu pour elle, et elle voulait éviter ces interrogations qui soulevaient trop de choses.

-La force n’amène jamais rien de bon. Les Empires finissent toujours par tomber. La liberté reprend toujours ses droits, parce qu’il y a toujours quelqu’un pour se lever contre l’oppression. C’est la nature humaine.

Il sourit.

-Un Empire peut durer quelques jours, quelques semaines… Quelques années. Mais il en est certains qui ont duré des millénaires.

-Le monde a changé.

-Croyez-moi Lily, le monde ne change pas. Les Moldus envahissent la terre comme une vermine frémissante.

Un silence. Puis…

- Croyez-vous vraiment que ces animaux aient « évolué » ?

-Je le crois sincèrement. Ils… ne sont pas plus mauvais que les sorciers, dit-elle en baissant les yeux. Il faut leur laisser un peu de temps.

-Dans quelques millénaires, qui sait ?

Voldemort ricana.

-Les du Secret Magique lois datent du temps de Merlin. De l’avènement de l’église catholique. Le contexte rendait cette législation nécessaire. L’histoire de cette femme envoyée au bûcher quarante-sept fois est un conte ridicule. Les tortures de l’Inquisition ne se limitaient pas au bûcher ; avant d’y passer, il y avait la prison. (Son regard se fit lointain) Savez-vous ce qu’est une vierge de fer ? (Une pause.) Contre ces fauteuils orientaux bardés de clous et autres écarteurs de chair, vous ne pouviez pas grand-chose. Les sorts de torture les plus divertissants que je connais ont été inventés à cette époque-là. La fameuse loi du Talion.

Il n’ajouta pas que l’ironie voulait qu’il se soit inspiré des méthodes de torture des plus vieux persécuteurs des Sorciers pour ses propres prisonniers. Bien qu’à son avis, la magie rende cela infiniment plus élégant que ces méthodes barbares basées sur l’amputation de membres et la brûlure de la chair.

Un silence les enveloppa tous les deux. Il regardait Lily réfléchir à ses paroles, s’amusait de sa confusion. Il suffisait de quelques mots bien trouvés, quelques arguments convaincants pour que s’effondrent les murs de ses certitudes.

Elle était si jeune.

-Vous croyez que je suis un monstre, Lily ?

Elle croisa son regard alors que le dos de sa main effleurait sa joue.

Cette fois elle ne se déroba pas au contact.

Peut-être par défi ou provocation.

Peut-être parce que ce n’était pas si désagréable.

Peut-être un mélange de ces trois choses à la fois.

-Oui, c’est possible.

-Vous auriez sans doute raison de croire pareille chose.

Elle frissonna sous son regard et ne put que le suivre des yeux comme il tournait les talons et s’éloignait à grands pas, sans que le bruit de ceux-ci ne lui parvienne. Ses pieds semblaient à peine toucher le sol. Peut-être volait-il.

Lily réalisa qu’une larme coulait le long de sa joue. Pour rien au monde, elle n’aurait voulu comprendre pourquoi ses yeux la trahissaient.

Pour rien au monde, elle ne souhaitait savoir ce qu’elle voulait.

oooooooooo

Au Square Grimmaud, dans une maison délabrée sentant la Magie noire à plein nez, se réunissaient les membres de l’Ordre du Phénix. Albus Dumbledore était assis dans un grand fauteuil qu’on avait installé pour lui, une tasse de thé sur les genoux, regardant le jeune Potter faire les cent pas. Maugrey grognait dans un coin, Minerva croquait un biscuit et Black suivait les mouvements de son ami, clairement inquiet pour lui.

-Alors quoi ? On va rester là, à attendre que ce cinglé tue Lily et nous renvoie son corps - si jamais il y pense…

-Vous me connaissez bien mal, James.

Maugrey renifla. C’était triste pour Evans, une chouette fille, qui maniait la baguette avec brio. Elle ne méritait sûrement pas son destin - personne ne l’aurait mérité. Elle alliait puissance avec un esprit remarquable ; l’Auror avait entendu plus d’un commentaire sur ses ASPIC.

Mais on parlait de relâcher des tueurs, des crapules, des raclures comme Rosier et Mulciber qui avait chacun avoué la torture et le meurtre de plus d’une trentaine de Moldus et sorciers.Et qui sait quelles horreurs ils avaient commises encore, et celles qu’ils commettraient encore, une fois dans la nature. Maugrey se sentait mal, mais il suivait Croupton sur ce coup-là, mais il n’avait aucune envie de le dire à l’amoureux éploré. Il souhaita mentalement bonne chance à son vieil ami.

Albus devait se sentir coupable, une fois de plus. Il avait la fâcheuse tendance à toujours vouloir arranger les choses, même quand il n’y avait rien à faire. Parfois, il y parvenait, mais certaines, hélas, il fallait lâcher prise.

Enfer. Qu’est-ce que le vieux renard a encore inventé ?

La lueur familière était revenue dans le regard du sorcier. Pas une lueur métaphorique, non, on aurait dit que des petites bulles bleues pétillaient dans ses yeux. Effrayant. Et cela signifiait très souvent qu’un plan génial - ou dément, tout dépendait du point de vue, mais en général, quand on parlait d’Albus Dumbledore, cela revenait presque à la même chose - avait germé dans son esprit.

-Et bien, à vrai dire, il y a quelques temps que j’y réfléchis.

-…

-…

-Il est peut-être temps pour nous de passer à l’action.

James et Maugrey ne comprenaient pas. Pour une fois, ils étaient d’accord. Ainsi que tous les autres membres de l’Ordre qui écoutaient éberlués, la dernière trouvaille du grand manitou. Minerva sembla comprendre plus vite que tout le monde, car elle lâcha brutalement sa tasse qui s’explosa sur le sol - par bonheur, elle était vide.

-Albus, vous n’y pensez pas ?

Alastor sembla comprendre lui aussi, tandis que les autres se regardaient se demandant à quel événement cosmique ils étaient en train d’assister.

-Bien sûr que si, qu’il y pense ! éructa Maugrey, et je vous dis « non » Albus. Ce n’est même pas du suicide à ce niveau, c’est un meurtre.

-Mais de quoi vous parlez à la fin ? s’énerva Sirius Black.

-Il veut que nous attaquions Voldemort.

Grand silence.

Des rires forcés, qui s’éteignirent vite.

Un silence.

Albus se sentit très seul.

-Il divague, hein professeur ? demanda Sirius à Minerva.

-Avez-vous une autre idée, monsieur Black ? demanda Albus d’une voix douce. Il faut pourtant bien trouver une solution, et je crains qu’il n’existe aucun artifice miracle sur lequel nous puissions compter. Je sais déjà comment obtenir le soutien de Croupton dans cette entreprise - Maugrey s’étouffa - je vous l’ai dit, Alastor, cela fait un petit moment que j’y pense. Evidemment, je ne forcerai aucun d’entre vous à prendre part à cette entreprise…

-Me faites pas rire, Albus, vous savez pertinemment, espèce de vieux renard que nous viendrons. Vous savez. Ces foutues brochettes de Gryffondor.

-Je crois me souvenir que vous étiez à Serpentard, Alastor, dit Albus avec un sourire sincère.

La simple vue de ce sourire paisible leur redonna du courage. L’Auror le foudroya du regard.

-Envoyez-le, ce fichu hibou.

-C’est déjà fait, annonça Albus.

-…

-…

-…

-… ça m’aurait étonné aussi.

Et Maugrey quitta la pièce en claquant la porte, marmonnant quelque chose à mi chemin entre « vieux barbu » et « foutu Gryffondor ».

-

Fin de l’Acte 1

harry potter, fics, no place for us

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