Originale

Apr 05, 2009 21:17

Titre : Effraction
Auteur : Bostaf
Thème : Complice
Genre : mystère pour l'instant
Nombre de mots : 557
Note : Ce n’est que le début et la suite devrait, en principe, arriver dans pas longtemps.

Il lui fit la courte échelle et elle sauta par-dessus la vielle palissade en bois, atterrissant souplement sur la pelouse qui n’avait pas été tondue depuis longtemps. Elle s’écarta sans un bruit, de la barrière en bois abandonnée aux termites et un instant plus tard, il atterrissait à côté d’elle dans les herbes folles qui, doucement, se balançaient sous la brise, leur chatouillant les jambes. Elle chercha un moment son regard et silencieusement, il lui fit signe de le suivre.

Excepté peut-être le craquement du bois lorsqu’elle avait pris appui dessus, aucun son n’avait été produit au moment de l’effraction et bien que la nuit fût claire, les étoiles et la lune, presque pleine, brillant au dessus de leurs têtes, tous deux se savaient invisibles ou presque. Personne ne les avait vus, entendus, et combien même ils auraient été pris, rien ne leur arriverait, elle le savait : cette maison avait été désertée depuis bien longtemps déjà. Il n’y avait personne ici, susceptible de se réveiller, et les guetter, personne pour les voir et donner l’alerte. Pourtant, sans savoir pourquoi, elle se sentait nerveuse.
Son cœur battait plus vite qu’il n’aurait dû et ses mouvements se faisaient fébriles. Elle pensait que ce devait être la même chose pour lui. Ou peut-être pas : il avait l’habitude de ce genre de chose.

Partout autour d’eux, des insectes bruissaient et bourdonnaient. Il faisait chaud et la petite brise qui soufflait n’était pas suffisamment forte pour les rafraichir. La main tremblante, elle ramena une mèche de ses cheveux derrière son oreille. Malgré les quelques vingt degrés et son sweat à manches longues, elle frissonna.

Il sentait son appréhension, son angoisse. Elle avait beau faire comme si de rien n’était, son malaise semblait suinter de sa peau pour venir saturer l’air. Pour quiconque la connaissant un minimum, il n’était pas difficile de le deviner. Après tout, elle n’était pas le genre à se mettre volontairement dans ce genre de situation. Lui la connaissait depuis longtemps. Très longtemps. La maternelle, peut-être ? Non. Encore avant. Il n’arrivait même pas à se souvenir d’un temps où il aurait été seul, sans elle. Pour lui, elle avait toujours été là. Ils avaient joué, ri, pleuré, grandi ensemble et ne se quittaient jamais. Comme deux moitiés d’une paire indissociable ou comme celles d’un même tout. Il la connaissait par cœur et sans doute était-ce la même chose pour elle. Alors cette appréhension qui émanait d’elle, lui la sentait de manière physique.

Arrivé devant la façade, il lui prit la main -moite mais froide, comme il s’en doutait - et l’entraîna vers l’arrière du jardin - n’avait-on pas idée d’en avoir un aussi grand ! Il contourna le massif de rosiers revenu à l’état sauvage et s’assura qu’elle aussi le franchissait sans dégâts notables. Derrière la maison, l’odeur des fleurs, toujours la même espèce, devenaient plus entêtante. Il supposait qu’il y avait dû y avoir un grand jardin autrefois. Il imaginait des rangées entières de fleurs multicolores au printemps, des bacs en céramique ou en plastique bien alignés et pourquoi pas quelque arbustes qui eux aussi seraient retournés à l’état sauvage. Mais la vue du soupirail ouvert le tira de ses pensées.

La fenêtre était suffisamment large pour que tous deux s’y faufilent. Il lui fit signe d’attendre et s’y glissa. A l’intérieur, la poussière amortit sa chute.

originale

Previous post Next post
Up