Auteur : Berylia
Titre : Garden Party
Type : Originale
Rating : NC-17
Nombre de mots : 12000
Résumé : Lance n'est pas beaucoup de choses. Il n'est pas nerd même s'il bosse dans le jeu-vidéo, il n'est pas gay même s'il prend soin de sa peau, et il n'est pas attiré par Steve Perfection Laverty même s'il est en train de l'embrasser.
Notes : Physique et autres désagréments était à la base une simple fic spin-off de l'Ombre du dragon, mais peu à peu ça a grandi jusqu'à devenir une véritable histoire qui promet de me faire suer longtemps.
Pour pimenter les choses j'ai décidé de me faire une grille de bingo kink que je remplirai au fur et à mesure des différents chapitres.
Kink : n°7 Barebacking
Dans les épisodes précédents de Physique et autres désagréments :
Dans une relation sérieuse pour la première fois de sa vie de playboy charmant et sans attaches, Lance a surmonté bien des épreuves dans le but de continuer à pouvoir profiter du corps de Steve et avoir beaucoup beaucoup de sexe gay. Il a rencontré ses enfants, ses ex, son père, il y a eu le moment honteux où sa mère est passée à la maison sans s’annoncer… Bref, maintenant tout devrait aller comme sur des roulettes, non ?
Le soleil commençait à atteindre le lit. Lance bavait légèrement sur sa cuisse et le bras qu’il avait passé sur lui commençait à être trop chaud. Steve reposa la tablette ouverte sur le dernier numéro de Physics Letter B sur la table de nuit.
Il passa les doigts dans les cheveux blonds et toujours soyeux grâce aux nombreux produits que Lance amassait maintenant aussi dans la salle de bain de son appart. Il glissa ensuite le bout de l’index le long de sa colonne, élicitant de petits mouvements et des grognements ronchons. Lance avait travaillé tard toute la semaine et s’était écroulé hier dès qu’ils étaient arrivés.
Il se pencha pour lécher sa nuque et mordre juste légèrement la peau. Les ronchonnements se firent plus sonores et il sentit son amant commencer à bouger et à émerger. Il laissa ses mains continuer à le caresser jusqu’à sentir son visage frotter contre sa peau et voir les deux yeux bleus s’ouvrir.
- Salut toi.
Il eut droit pour toute réponse à une très désirable vue sur ses amygdales alors qu’il bâillait copieusement avant de se laisser à nouveau aplatir comme une limande contre lui.
- Trop tôt, grogna-t-il avant de cacher son visage entre sa hanche et le matelas.
- Il est neuf heures et Theodore et Katrina doivent nous attendre pour prendre un rapide petit déjeuner et partir à temps.
Lance releva la tête avec l’air d’un chien à qui on venait de refuser le dernier steak bien juteux.
- Rappelle-moi pourquoi on est là déjà ?
- Aucune idée, moi j’ai juste suivi ton joli cul.
Il frappa ses fesses d’un coup sec ce qui fit pousser un cri outré à Lance. Et bouder. Il aimait quand il boudait, ses lèvres pleines mises en avant, ses yeux fixés sur lui.
Il attrapa Lance et le souleva pour l’amener à sa hauteur et l’embrasser. Il était chaud et encore un peu ralenti par le sommeil, le baiser paresseux, familier.
- Bonjour, dit Lance, la voix encore un peu rauque en posant la tête sur son épaule, les yeux déjà plus alertes.
- Bonjour.
Il avait toujours cette impression irréelle quand il se réveillait à ses côtés, quand il le regardait dormir de son côté du lit, quand il se rendait compte qu’il n’était pas encore parti.
- Prêt à rencontrer une blinde d’américains snobinards ? Je préviens, plus leur fortune est récente plus ils sont exécrables.
- Tu me vends du rêve.
- Bienvenue dans le Meilleur des Mondes, il y aura peut-être même des voitures de collection.
- Je crois me rappeler que je ne suis pas celui qui les apprécie le plus.
Lance lui dédia un sourire tout simplement débauché.
- Il y a des coins plutôt sympas un peu plus loin le long du lac et c’est l’été indien…
- Tu veux juste rendre la mère de Théodore folle de rage.
- Moi, vouloir faire avoir une crise cardiaque à cette vieille bique ? Jamais !
Il l’embrassa à nouveau, dernier moment de paresse avant qu’ils ne se lèvent et ne partent pour une journée qui promettait d’être remplie de sourires faux et de politesses hypocrites.
Il les fit rouler, en profitant pour glisser ses lèvres vers le cou de Lance et le mordre doucement.
- Il est l’heure de se lever.
Et il sortit du lit.
Lance laissa sa tête retomber sur l’oreiller.
- La prochaine fois que j’ai la bonne idée de vouloir passer le week-end hors du lit, le tien ou le mien, tu as le droit de m’attacher aux montants.
Il se retourna pour lui sourire.
- Attention, je pourrais ne pas te prendre au mot…
Lance releva la jambe, laissant le drap tomber artistiquement en drapé sur ses hanches, cachant et révélant à la fois tandis qu’il s’étirait, posant comme la plus langoureuse et consommée des pin-up avec son sourire assuré, ses cheveux ébouriffés et ses yeux mi-clos.
- Au lieu de paresser au lit si tu venais à la douche avec moi ?
- Mmm…
Lance passa l’index sur ses lèvres, faisant semblant de réfléchir.
- Non, je vais rester au lit.
Il écarquilla légèrement les yeux, surpris. Lance laissait très rarement passer les occasions comme celles-ci…
Il revint vers lui, posant ses mains de chaque côté de son corps, le maintenant emprisonné, baissant la tête, avançant légèrement le torse, faisant bouger les muscles de ses bras.
- Vraiment ?
Il regarda ses yeux s’assombrir, le bout de sa langue passer juste un instant sur ses lèvres.
- Qui allume qui maintenant ?
Il se pencha, ses lèvres frôlant les siennes.
- Viens à la douche…
Il le regarda déglutir, il posa la main sur sa cuisse, commençant à caresser la peau, voyant les frissons devenir de tous petits halètements.
Il passa les lèvres contre son cou, à la limite de son oreille, la léchant lentement. Lance gémit.
- Viens…
Les mains de Lance se posèrent sur son torse, brûlantes, glissant sur ses muscles jusqu’à son aine. Les jointures de ses mains effleurant la peau sensible, légères, joueuses, le titillant.
- Et si j’ai envie de plus que de t’aider à tirer ton coup vite fait bien fait dans la salle de bain ?
Et ses doigts étaient noués autour de son sexe, caressant et accompagnant l’érection grandissante.
- Alors ça devra attendre…
Sa voix avait baissé d’une octave, le jeu entre eux prenant un tour bien plus sérieux.
Lance pencha la tête légèrement, sans que sa main cesse de le caresser alors qu’il réfléchissait.
- J’avais vraiment pensé refuser…
L’ongle de son pouce remonta contre la veine, sillon de feu et de glace.
- Et maintenant…
Ses mains se crispèrent, l’une sur les draps, l’autre sur la cuisse de Lance.
Le pouce passa contre le gland en petits cercles, glissant sur la fente. Il grogna contre l’épaule de l’américain.
- Maintenant ? demanda-t-il, son corps se tendant sous le désir, ses dents s’enfonçant dans la peau de son amant.
- Mmmm…
Le corps sous lui s’arqua, Lance prolongeant le contact de leurs bassins l’un contre l’autre et s’ils se dépêchaient un peu ils auraient le temps de…
- Non.
Tout le corps de son amant retomba sur le lit, sa main le quittant et malgré son souffle court, ses joues rougies et son érection l’ancien playboy lui souriait.
- J’ai autre chose en tête donc ça devra attendre.
Et il roula de l’autre côté du lit avant de se relever et d’aller vers la valise sans aucune autre préoccupation.
Steve laissa sa tête s’enfoncer dans l’oreiller et grogna en ce demandant d’où lui venait ce côté masochiste qui le faisait rester avec un mec pareil.
xxx
Lorsqu’il sortit de la douche, froide mais absolument pas à cause de problèmes de canalisations, Lance avait disparu de la chambre. Tout comme son pantalon, sa chemise et son veston. Par contre une feuille avait été posée sur le lit.
Ce fut sa première réflexion. Il s’obligea à penser à autre chose, Lance ne l’avait pas amené jusque chez son demi-frère pour rompre avec lui le matin même. C’était illogique. Mais il y avait pensé quand même. Il y pensait toujours d’une certaine façon, incapable de chasser l’idée que le compte à rebours arrivait à son terme.
Il attrapa le papier, fronçant des sourcils en voyant l’en-tête au caducée. Il parcourut très rapidement le courrier venant d’un laboratoire d’analyses à Seattle et à dire vrai il lui fallut un moment avant de comprendre. C’étaient les résultats de Lance... Il jeta un œil à la date de la prise de sang. Trois mois après le début de leur relation.
Il cligna des yeux.
Il ne savait pas vraiment quoi faire de ça. Enfin si… C’était juste le geste qu’il avait du mal à comprendre. Il n’avait pas vraiment cru qu’ils en arriveraient là. C’était une déclaration et il se sentait étrangement mal à l’aise. Parce qu’il avait douté de Lance, parce qu’il ne savait pas ce qu’il attendait de lui, ce qu’il devait lui dire. Parce qu’il l’avait laissé là, sans rien de plus, comme un étrange cadeau. Parce qu’il avait un serrement bizarre au cœur et que c’était quelque chose qu’il ne voulait pas, qu’il n’était pas sensé ressentir avec l’ex-playboy…
Lance était simple et sans complication, une histoire qui finirait par capoter mais il le savait à l’avance alors il n’était pas sensé s’attacher beaucoup, il n’était pas sensé tomber amoureux…
Des mains caressèrent sa nuque, le surprenant tellement qu’il en lâcha le papier.
- Surprise… souffla la voix taquine de Lance à son oreille.
Il se laissa enlacer, le visage de son amant contre son cou.
- Devine ce que j’ai oublié de mettre dans la valise…
Cette fois-ci ce fut son entrejambe que les doigts caressèrent rapidement, glissant sur le coton léger, réveillant le désir qu’il avait dompté sous l’eau froide.
Ça il savait le faire, comment répondre, ce qu’il attendait de lui.
Il se tourna et les mains de son amant finirent sur ses fesses tandis qu’il caressait le cou fin de Lance.
- Je n’ai pas fait les tests.
L’américain leva les yeux au ciel.
- J’ai confiance en toi, tu es monsieur Parfait.
C’était étrange, cette confiance totale qu’il avait en lui. Il n’arrivait toujours pas à savoir d’où pouvait lui venir cette idée, il était loin d’être parfait il lui arrivait de faire des erreurs. Mais Lance avait dans l’idée qu’il était le seul à devoir faire ses preuves, le seul qui avançait à l’aveugle dans cette relation en craignant à tout moment de trébucher et de briser le lien fragile qui les reliait.
Les lèvres fraiches et rieuses sur sa bouche le tirèrent de ses réflexions et il s’empressa de les suivre dans leur ballet de baisers légers.
Bien sûr Lance le coupa quand les choses commençaient à devenir plus sérieuses.
- Temps de descendre déjeuner.
- Tu ne perds rien pour attendre, lui glissa-t-il à l’oreille.
-J’espère bien, avoua Lance en souriant avant de prendre sa veste et d’ouvrir la porte.
Ils descendirent par l’escalier de la confortable demeure et entrèrent dans la salle à manger illuminée par les grandes fenêtres donnant sur le jardin fleuri.
- Bonjour.
La famille Belfort-Cook était déjà attablée devant le petit-déjeuner, un photographe n’aurait pas eu honte du cliché obtenu, chacun déjà parfaitement coiffé et presque sur son trente et un.
- Vous avez bien fait de descendre, maman était en train de freak-out en pensant à la réaction de grand-mère si on arrivait en retard, dit un jeune homme dans ses dernières années d’adolescence en train de noyer son lait dans des céréales.
- Ted !
Katrina réprimanda son fils d’un regard que l’étudiant ne vit pas à cause de la mèche qui lui tombait dans les yeux.
- Je m’excuse Trina, c’est moi qui nous ai mis en retard, beaucoup trop de boulot cette semaine, dit Lance avec un sourire charmeur avant de venir jusqu’à sa belle-sœur pour l’embrasser sur la joue.
Bien sûr, comme toutes les femmes Katrina succomba, souriante.
- Ce n’est pas grave, asseyez-vous. Au moins vous avez bien dormi.
- Comme sur un nuage.
Lance s’installa à côté de Katrina et il prit place en face de lui, aux côtés de Ted.
- Thé ou café, Steve ? demanda la maîtresse de maison, sa main manucurée et aux ongles discrètement peints désignant le mug assorti au reste de la vaisselle.
- Café.
Il préférait le thé le matin mais il ne voulait pas offenser son hôtesse quand elle lui présenterait un jus de fleurs vaguement chaud qu’elle appellerait thé. Au moins on pouvait compter sur les américains pour ne pas trop rater le café.
- Alors, Lance, comment est la vie à Seattle ?
Chef de famille, Théodore présidait la table en buvant dans un mug le proclamant en lettres colorées et tremblantes le meilleur père du monde. Objectivement, celui que William et Diana lui avaient offert était bien plus réussi, ne serait-ce que parce que les lettres ne bavaient pas, et les couleurs étaient plus harmonieuses.
- Bien trop humide et froide, mais il y a heureusement d’autres avantages, répondit-il en lançant un regard cabotin en sa direction.
Théodore, sobre et stricte dans son costume de bon goût sourit, tout comme Katrina alors que Ted levait les yeux au ciel.
- Et puis au moins comme ça j’ai une bonne excuse pour refuser d’aller espionner Ted à l’université sans froisser la plus merveilleuse des belles-sœurs.
- Et comment va Allison ?
- Etrangement toujours pas divorcée, pourtant sa pire rivale et meilleure amie Heather Locklear vient encore de passer devant les tribunaux. Mais bon, j’imagine que c’est parce qu’elle est tous les jours sur le plateau de Bombshell et qu’elle n’a pas le temps de remplir les papiers.
- Je serais tentée de dire que c’est regrettable qu’elle ne puisse pas être là ce week-end mais je ne suis pas suicidaire.
Katrina se tourna vers lui.
- Si ma belle-mère se montre charmante avec vous en public et ensuite vous insulte quand vous êtes seuls ce n’est pas parce qu’elle est bipolaire, elle est juste naturellement charmante et hypocrite.
- Grand-mère est furieuse que Lance vienne et apparaisse sur les photos de famille, surtout celles qui seront dans les journaux. Mais maman est la seule à lui faire face et à inviter Lance.
- Elle avait prévu que Théodore épouse quelqu’un d’autre et elle ne m’a jamais vraiment pardonné. Hélas on ne peut pas tous s’appeler Vanderbilt ou Roosevelt.
- Alors je sers de bouc-émissaire à sa rage ? Moi qui croyais que mon allure et mon sex-appeal étaient ce qui te motivait, je me sens trahi, Trina.
- N’aie pas peur, elle aura une autre raison d’être mécontente ce week-end, Leslie vient avec sa femme. Ma nièce, Leslie, doit être la première Belfort à jamais avoir le courage de défier la famille et à sortir du placard.
- Et pourtant la dernière biographie de Robert Belfort laisse entendre que sa femme n’avait pas grand-chose à craindre des starlettes qui l’entouraient toute la journée…
- Enfin, j’imagine que chaque famille a son lot de scandales, de secrets et de haines, déclara Théodore en reposant sa tasse vide.
- En Angleterre nous avons tendance à étaler notre linge sale au grand jour, après tout, il y a plus de dignité à le faire soi-même qu’à attendre que les tabloïds s’en chargent.
Lance le regarda, sceptique.
- Et puis c’est la meilleure façon de détourner l’attention d’histoires pires encore. Après tout, nous préférerions tous croire qu’Harry est un imbécile à qui on fait porter des costumes nazis plutôt qu’un homosexuel…
Il mordit dans sa tartine et laissa le silence planer le temps de mâcher et d’avaler.
- Mais bien sûr tout ça n’est qu’une hypothèse sans aucun fondement…
Ted secoua la tête.
- Je comprends pas pourquoi il y a ce besoin de cacher que nos dirigeants aussi sont humains et font des erreurs ? N’est-ce pas pire de finir par savoir que ce sont des menteurs ?
- Mon chéri, comment veux-tu que Rossum face le poids contre ton père s’il ne camouffle pas qu’il a touché des pots de vin et qu’il préfère la compagnie des call-girls de luxe à celle de ses deux épouses successives ? Les gens qui veulent le pouvoir sont prêts à tout pour l’obtenir.
- Et sur ce rappel que je vais annoncer ma candidature dans deux heures, il va falloir nous mettre en route. Pire que les journalistes, ou Gatesworth, nous ne voudrions pas faire attendre la Reine Mère après tout…
xxx
Il n’était pas vraiment intéressé par la politique américaine. Heureusement grâce à la loi de 1999 il n’aurait jamais à siéger à la Chambre des Lords le jour lointain où père déciderait de cesser de tout contrôler sans partage, il n’était donc que relativement investi dans la politique de son propre pays, se contentant de râler après les stupidités habituelles des politiciens et de se féliciter de ne pas faire partie de la zone Euro. L’étrange système politique américain ne cessait de le surprendre par sa complexité totalement superflue (et pourtant le système anglais plein de vieilleries jamais remises en cause totalement (la Chambre des Lords existait encore après tout) était déjà tout un poème) et la violence de ses campagnes.
Il n’aurait jamais imaginé se retrouver à mettre les pieds dans le Capitole de l’Etat de Pennsylvanie et à devoir attendre dans un couloir rempli de fresques à la gloire de la glorieuse Indépendance pendant que le Secrétaire d’Etat de l’actuel gouverneur annonçait sa candidature aux prochaines élections.
Mais le pire restait encore la version desséchée de Jackie Kennedy qui le fixait d’un regard méchant avant de passer sur Lance. Ah et sur le jeune assistant latino qui lui avait interdit l’accès à l’estrade où Théodore prononçait son discours alors que sa femme et son fils souriaient pour la galerie.
- Jorge dit que le discours va encore durer dix bonnes minutes puis il y aura les questions, puis tout le monde voudra serrer la main au candidat et d’après lui si on réussit à partir dans une heure on aura eu une chance folle.
Steve soupira. D’abord il y avait eu l’attente pendant que la famille du candidat et ce dernier passaient au maquillage, mais là encore ils étaient ensemble et surtout unis face à Susanne Belfort-Fitzgerald, mais maintenant, coincés dans le couloir en face du regard furieux, au milieu des assistants, chargés de discours, conseillers en image, organisateurs de campagne, stagiaires, bénévoles, badauds et autres trop nombreuses personnes tout ceci était d’un ennui fou.
Sauf qu’ils étaient venus du riche quartier de Bellevue Park à Harrisburg avec eux et qu’ils devaient ensuite partir pour la garden-party dans la maison de Susanne avec eux… Et elle bien sûr…
Il sentit Lance tirer sur sa main et le suivit dans le couloir, loin du discours dont les bribes lui parvenaient encore. La plupart des présents étaient soient scotchés à leur téléphone, soit en train de courir de droite à gauche. Personne ne leur prêta attention. Sauf Susanne qui les foudroya bien sûr du regard. Il se retint de tirer la langue et espéra qu’il pourrait en griller une d’ici peu.
Lance les fit tourner plusieurs fois jusqu’à ce qu’ils arrivent dans un couloir encore emplis de chaises sur lesquelles s’étalait un petit écriteau « Ne pas s’asseoir » mais enfin désert. Il se doutait bien de ce que voulait l’américain et lorsqu’il ouvrit la porte d’une salle avec une petite pancarte l’annonçant comme « Salle McFarland » il se permit de sourire.
Lance referma la porte.
-Dommage qu’il n’y ait pas de moyen de verrouiller… Tant pis…
Les yeux bleus étaient déjà assombris par le désir alors qu’il se laissait aller contre la porte.
- Enlève ta veste, on ne voudrait pas que la vieille bique devine d’un seul coup d’œil ce qui s’est passé. Rien ne vaut l’incertitude.
Il obéit, laissant sa veste sur le dossier d’une des chaises autour de la grande table sous le plafond peint. Lance lécha ses lèvres et il vint vers lui, prenant son visage en coupe dans ses mains, respirant l’odeur de ses cheveux et de son after-shave, une odeur qui aurait dû être trop lourde, trop riche, trop vulgaire et pourtant qui ne l’était pas, le parfum des produits complétant celui de sa peau et créant une fragrance unique. Il l’embrassa lentement, se laissant porter par la douceur de ses pouces caressant ses mains, par son corps qui se détendait contre le sien. Il prit son temps, savourant le frottement de leurs lèvres, les petits baisers, la forme de son sourire, la chaleur de sa bouche.
Puis Lance approfondit le baiser et commença à gémir et à sucer lentement, malaxant sa langue de la sienne avant de le repousser et de le pénétrer à son tour. Il répondit, sentant le poids de la langue qui glissait contre la sienne, qui caressait ses lèvres, agile et rapide.
Il le laissa le pousser contre la porte et poser ses mains sur les boutons de son veston.
- A moins que tu n’aies d’objection je serais la stagiaire et tu seras l’homme marié et qui ne savait pas résister, tu fais ça très bien.
Et il glissa à genoux sur la moquette beige ses mains occupées à défaire la ceinture pour accéder à son pantalon.
Il se laissa aller contre la porte, à la fois submergé par le désir et pris par l’impression de déjà-vu. Mais contrairement à Montecarlo, il était assez calme encore pour savourer chacun des moments, les cheveux de Lance qui caressaient son cou, la façon dont il se léchait les lèvres alors qu’il descendait la fermeture éclair, le souffle chaud qu’il sentait même à travers son boxer, la caresse lente de sa bouche glissant juste sur le tissu, les yeux mi-clos et l’expression de plaisir sur son visage alors qu’il l’embrassait la soie d’un baiser mouillé et indécent.
Mais ce n’était rien comparé à l’attente, au moment où après l’avoir libéré, sa langue humide passa contre sa tête, caressant la base de son gland. Il n’avait rien eu contre les préservatifs, il avait toujours été prudent et responsable, mais la sensation de ces lèvres contre sa peau nue, chaque sensation tellement plus forte, plus précise, chaque caresse plus excitante encore que la précédente.
Et Lance semblait penser la même chose qui gémissait contre lui, sa poitrine se soulevant plus vite, ses yeux à présent totalement clos, perdu dans ce qu’il faisait et…
Il n’avait pas oublié cette sensation mais la bouche brûlante, chaude, humide et étroite de Lance se refermant autour de lui le fit grogner et serrer les poings contre cette envie de l’attraper par les cheveux et de sentir cette friction tout le long.
Heureusement Lance semblait avoir lu dans ses pensées car il commença à bouger, l’entrainant toujours plus profond, laissant sa langue glisser contre la veine, tourner autour de son gland avant de reprendre le mouvement de va-et-vient.
Ses doigts étaient emmêlés dans les cheveux blonds, ses ongles griffant la peau à la base de sa nuque, son pouce caressant sa gorge, et il sentait doublement les vibrations de ses gémissements.
Il n’avait plus vingt ans et Lance était toujours plus qu’heureux de lui sauter dessus, il n’aurait pas dû se trouver si vite au bord de l’orgasme, juste parce que soudainement il ressentait le moindre mouvement de sa langue qui tentait de le caresser malgré le poids de son sexe, la moindre contraction de sa gorge et les longs gémissements qui faisaient trembler ses cils et ses hanches qu’il sentait bouger contre ses jambes.
L’air froid ne le rendit que plus sensible encore lorsque les lèvres de son amant le reprirent en un long mouvement qui semblait sans fin. Les doigts de Lance qui caressaient ses bourses se crispèrent alors que son petit ami arrivait à la limite et se remettait à gémir, enfonçant les ongles de son autre main dans sa hanche.
Il ne se contint plus et se mit à bouger, reculant légèrement pour mieux se renfoncer, tentant de se retenir mais n’arrivant pas à calmer l’urgence de ses mouvements alors que le plaisir menaçait de le déborder.
Il sentit l’orgasme arriver et il tenta de se retirer mais Lance le maintint, aspirant, faisant bouger sa langue du mieux qu’il pouvait, accompagnant les mouvements de va-et-vient, avalant alors qu’il éjaculait, les contractions contre la peau sensible presque insupportables.
Lorsqu’il reprit son souffle et rouvrit les yeux il vit la bouche rouge et luisante se retirer et les caresses des doigts sur sa peau furent presque douloureuses.
Lance se releva difficilement, mais son sourire était éclatant, malicieux et fier de lui, alors même que ses joues étaient rougies par le manque d’oxygène, que ses cheveux étaient emmêlés et que son pantalon était tendu à craquer.
Il repassa la main dans les cheveux blonds et l’attira vers lui, écrasant sa bouche contre la sienne, l’embrassant pendant que sa main cherchait les derniers boutons du veston et la boucle de sa ceinture.
- Il y a… des mouchoirs… poche… dit Lance lorsqu’il réussissait à s’arracher à leur baiser avant de se laisser à nouveau entraîner.
Il passa la main dans son boxer alors que l’autre cherchait un mouchoir et commença à le branler. Lance ne durerait pas longtemps. La fellation attendrait qu’ils aient plus de temps, il voulait le torturer longtemps et profiter de chacun de ses cris. Mais là tout de suite il le voulait le sentir s’écraser contre lui et trembler de plaisir.
Il continua à l’embrasser, étouffant les grognements de plaisir, sentant les frissons contre ses mains. Et lorsqu’il jouit et que les frissons secouèrent son corps et le firent gémir plus fort il était là pour le retenir.
xxx
- Félicitations, Théodore.
Comme tout le monde il serra la main du candidat.
- Je voterais pour toi si je le pouvais, ajouta Lance.
Le futur gouverneur leur sourit d’un très professionnel sourire qu’il avait multiplié depuis l’arrivée au Capitole de l’Etat.
- Merci.
-Vous tombez bien, Susanne me disait qu’il était l’heure de partir, dit Katrina avec une expression figée qui aurait peut-être pu passer pour un sourire.
A ses côtés Lance sourit comme un chat repu, parce qu’il ne manquait jamais l’occasion d’être un peu un connard.
- Nous nous étions éloignés pour laisser à notre candidat préféré le temps de se faire assaillir par ses fans, j’avoue que trop de promenades avec ma mère m’ont appris quand il fallait que je m’éloigne des foules pour éviter d’être piétiné.
A la gauche de sa belle-fille les yeux gris de Susanne devinrent brûlants de haine et tout son visage eut un rictus haineux qui disparut en un instant.
- Théodore, tu montes en voiture avec moi. Ted tu iras devant. Katrina, tu connais le chemin.
Ted roula des yeux.
- Super ! Merci Lance, maintenant elle est furax.
- Imagine quand il y aura les photos de famille…
- Oui mais après au moins je pourrais aller me planquer dans le jardin, là c’est une heure dans la voiture avec elle…
- Arrête de te plaindre Ted et va rejoindre ton père et ta grand-mère, tu sais qu’elle sera encore plus insupportable si tu la fais attendre.
Ils suivirent Katrina jusqu’au parking.
- Springton Reservoir est à moins d’une heure de route mais sortir de la ville va être un peu difficile, leur annonça-t-elle en mettant le contact.
La voiture aux vitres teintées, une hybride, pour réduire l’empreinte écologique autant que pour économiser sur le prix du pétrole, s’inséra sans problème dans la dense circulation de ce samedi matin.
-Ce n’est pas là peine d’essayer de suivre Susanne, elle paie Toledo pour prendre des risques insensés de façon à arriver avant tout le monde à destination et pouvoir tous les regarder avec hauteur et mépris.
- Je n’aimerais pas être un policier l’arrêtant pour excès de vitesse.
Lance était assis devant aux côtés de sa belle-sœur.
- Soit ils ont tous trop peur d’elle, soit elle les fait sauter en faisant intervenir la femme du commissaire mais je ne crois pas qu’elle en ait jamais eu.
Ils ne risquaient pas de faire d’excès de vitesse au vu du bouchon qui s’était formé pendant que deux conducteurs s’insultaient plus loin en tentant de passer tous deux en même temps dans la même ruelle.
- Alors Steve que faites vous dans la vie ? Parce que Lance s’est montré très avare de renseignements. C’est à peine si Ted nous a dit que son oncle serait accompagné.
- Je suis physicien et je travaille dans une compagnie d’aéronautique.
- Boeing ?
- Non, Eris Microtechnology, la mal nommée puisque maintenant ils font aussi et surtout dans la macro…
- Eris ? Ils n’ont pas des bureaux à New-York ?
- Sûrement.
- Parce que Caroline, l’ex de Théodore, avec qui bien sûr Susanne est restée en contact et qu’elle tient absolument à inviter dès que possible pour que je me sente toujours sur siège éjectable vingt ans plus tard, en est la PDG.
- Celle au gigolo ? demanda Lance, un sourire méchant sur les lèvres.
- Ah non, c’est son assistant personnel. Il danse avec elle aux soirées, il l’accompagne en week-end et en vacances à Aspen, il vient quand elle est invitée aux repas de Thanksgiving de Susanne, mais ce n’est que son assistant personnel de quinze ans au moins son cadet…
- Celle-là je m’en souviens.
- Ou alors tu te souviens de son gigolo, commenta Katrina en riant.
Lance eut une expression songeuse.
- Non, conclut-il au bout d’un temps, aucun souvenir.
La conductrice eut un rire incrédule.
- A d’autres, monsieur le cachottier, le mec à une tête et un corps de mannequin pour sous-vêtements.
- Oui mais il n’y a qu’un seul mannequin pour slip qui attire mon attention.
Lance lui tournait le dos mais il entendait le sourire dans sa voix.
- D’ailleurs, depuis quand êtes-vous ensemble ?
- Un peu plus de trois mois maintenant, répondit son petit-ami.
- Si peu et déjà invité à séjourner sous le toit de Susanne. Je ne sais pas si c’est une façon subtile de tenter de rompre, une déclaration, un suicide, ou tout simplement le goût de casser les pieds à sa belle-mère qui a poussé Lance mais si j’étais vous Steve je me poserais des questions.
- Lance a dû venir en Angleterre rencontrer mon père, je crois que c’est sa façon de se venger. A moins que ce ne soit pour les week-ends passés avec les enfants, ou l’anniversaire chez mon ex… Mais j’ai rencontré sa mère donc j’estime que ça compense.
- Allison est particulière mais au moins elle n’est pas profondément méchante, je comprends sans peine que son père ait quitté sa femme. Quand je me suis rendu compte que Susanne allait devenir ma belle-mère j’ai failli annuler le mariage et fuir en Alaska. Ce fut pire quand j’ai su que j’étais enceinte de Ted.
Elle négocia un virage.
- Non, parce qu’on dit souvent que les mères changent quand elles deviennent grand-mère… Pas Susanne, ni pour ceux de Bill et Tom, ni pour ceux de ses filles ni pour Ted, elle est toujours aussi froide et obsédée par les apparences.
- Je crois que son chat, qui est sûrement aussi vieux qu’elle, est le seul à qui elle ait jamais montré de l’affection.
- Je sais pas, on dit qu’elle était amoureuse de William, que la très sérieuse famille Fitzgerald n’était pas emballée par une union avec un fils de producteur, eux qui avaient produit inlassablement des sénateurs, des ambassadeurs, des députés…
- Et mon père lui a brisé le cœur.
- C’est ce que disent Vivian et Lorraine en tous cas. Mes belles-sœurs, ajouta-t-elle à son intention.
Le silence s’installa dans la voiture tandis qu’ils arrivaient enfin à l’entrée de l’autoroute permettant de sortir de la ville.
- Et donc, comment vous êtes-vous rencontrés ?
- On s’est connus à l’université.
- Comme quoi ce n’était pas qu’une phase il faut croire.
- Oh la ferme, Trina. On s’est perdus de vue. Il est rentré en Angleterre et s’est marié.
- Je me suis séparé de ma femme il y a plus d’un an et j’ai pris un nouveau départ à Seattle.
- Et on s’est revus à un vernissage.
- Vous devriez essayer de vendre l’idée à Bill, je suis sûre qu’il y a moyen de faire un film avec : le nouveau Brokeback Moutain, et puis bon, c’est dans l’air du temps.
- Je sais pas, il faudrait peut-être rajouter plus d’action pour en faire un blockbuster… Une course-poursuite à Dubai avec des mafieux russes, tiens, qu’en penses-tu, Steve ?
- Non, ça dénaturerai le film qui doit être contemplatif et axé sur des sentiments passionnés réprimés par une société incapable de se montrer tolérante.
- Ouais donc un film chiant. Alors que moi je vois quelque chose plus James Bond.
- Ou alors vous pourriez aller sur la comédie romantique avec quiproquos, rendez-vous ratés et tempête de neige qui permet aux deux protagonistes de se retrouver enfin.
- J’ai comme un doute sur le fait que ce film réussisse à trouver un financement, c’est peut-être dans l’air du temps mais je doute qu’il rapporte beaucoup étant donné tous ceux qui restent mal à l’aise avec leur sexualité.
- Côté financement je pense que Bill saurait trouver, depuis que Leslie a fait son coming-out et s’est mariée à New-York, les choses ont commencé à changer dans la famille Belfort et je pense qu’il pourrait appuyer un tel projet. Au fait, tu as reçu les photos du mariage ?
- Oui, Susanne a l’air d’avoir un citron dans la bouche et un pied dans la tombe mais les mariées sont ravissantes.
- Billa a pleuré et c’est Rosemary qui l’a consolé, c’était hilarant. Vous verrez Steve, mon beau-frère est un géant, il a fait du football américain à l’université, il a même fait son service et sa femme est minuscule et toute frêle. Et généralement c’est un requin, de ce côté-là il tient clairement de sa mère. Mais quand il s’agit de sa petite princesse tout de suite il perd tous ses moyens.
- Je me souviens de la période grunge de Leslie… Elle ne se lavait pas les cheveux et il n’osait rien lui dire. La vieille l’a attrapée un après-midi par la tignasse et l’a amenée jusqu’au jet d’eau et l’a lavée comme on lavait les chiens de Granny. Leslie hurlait et hurlait et la vieille hurlait aussi et Bill ne savait pas quoi faire, s’il devait les arrêter…
- Nous n’étions pas là, mais je l’ai entendu répéter aux réunions de familles tellement de fois que j’ai l’impression d’y avoir assisté.
Ils avaient enfin réussi à sortir de Harrisburg et filaient à présent sur l’autoroute.
- J’espère que Lance vous a prévenu sur ce qui vous attendait en arrivant. Non parce que les Belfort peuvent être impressionnants, surtout au milieu d’une des garden party de la Reine Mère…
Il sourit.
- Je pense que j’arriverai à gérer.
- Tant mieux. La première fois que Theodore m’a présentée à sa famille c’était à Springton pendant les vacances d’été, on s’était rencontrée sur le campus et je n’étais totalement pas préparée…
Elle prit une bretelle sortant de l’autoroute.
- Je viens d’une famille tout ce qu’il y a de plus normale et me retrouver soudain au milieu de ces membres de country club, à faire la bise à des femmes de sénateur dans une maison qui avait sa place dans un magasine de déco… Et ça c’était juste à un déjeuner de famille.
Il repensa à Bethany tétanisée par la peur devant son père, lui demandant si elle devait faire la révérence devant une comtesse et pleurant dans un des placards à linge deux jours avant le mariage.
- J’imagine, oui.
- Steve se débrouillera très bien. Pour un énorme nerd il est le plus social et le plus adapté de tous. Moi par contre je promets d’embarrasser la vieille bique de toutes les manières possibles en me contentant d’exister, de porter le même nom et de respirer le même air que ses enfants légitimes.
- Heureusement les cent cinquante invités triés sur le volet devraient suffire à l’occuper assez pour que nous puissions l’éviter le plus possible.
La voiture passa un portail ouvragé et suivit une large allée au milieu des arbres menant sur une petite colline au sommet de laquelle se trouvait la villa à trois étages.
- Oui, ça fait très hollywoodien, c’est Robert Belfort qui l’a faite construire dans les années 40.
Elle mena la voiture jusqu’au grand garage où se trouvaient déjà nombre de véhicules.
- Pour l’honneur et pour la gloire, dit-elle en coupant le contact.
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Chapitre 8 Partie 2