"Sans titre" pour Master_of_mad

Aug 01, 2010 23:36

Auteur : lecteurs_de_cv 
Titre : Sans titre
Prompt : Lucius, Lucius/Narcissa ou Lucius, Severus (pas forcément en couple mais si vous voulez les caser, pourquoi pas!)
Votre invité(e) : master_of_mad 
Rating : PG

Tandis qu’elle avançait dans la pénombre du long couloir, Narcissa pensait à son petit-fils, Scorpius. Quelques jours auparavant, il s’était arrêté, avait regardé le tapis, et lui avait demandé pourquoi il était plus confortable que le sol marbré de la salle à manger. Elle avait été totalement incapable de répondre. Les deux étaient là pour faire joli, pour le plaisir des yeux.
Narcissa portait toujours des souliers, et ne reconnaissait la texture qu’elle foulait qu’au son de ses talons.

Elle n’avait pas répondu, troublée. Une ombre volait sur ce couloir, que perturbait la voix claire de Scorpius. En fermant les yeux, emportée par l’odeur unique des boiseries, elle pouvait encore voir les silhouettes de Severus et Lucius, à peine séparées par un rai de lumière, susurrant des secrets dont eux seuls imaginaient l’importance. Et devant elle, la porte du petit salon se fermait.
Mais les murs se souviennent, et par eux, Narcissa savait ce qu’ils faisaient. Ils étaient si terriblement proches.
Elle restait seule, alors, dans le petit salon de la grande maison, avec, à sa portée, la bibliothèque et son isolement pour seule consolation. Un miroir, en face de son fauteuil, lui renvoyait l’image pâle d’une reine en digne décadence, qui meurt pour masquer ce que vivent ses sujets. Elle attendait, et à côté d’elle, le thé refroidissait.

Severus avait été son ami bien avant de rencontrer Lucius. A peine plus âgée que lui, elle lui avait proposé une aide qu’il avait dédaigneusement refusée. Fascinée par ce comportement si proche de celui de sa grande sœur, elle avait tenté de se rapprocher de lui.
Ca avait d’abord été un regard sombre à qui riait de son nez, certes inélégant, mais qui n’était que la face criarde de la mandragore. Puis, doucement, elle se l’était appropriée. Plus personne ne pouvait rien dire de lui, si il gardait loin d’elle sa fierté. Avoir dominé Severus, c’était comme maîtriser Bellatrix. Quand elle lui parlait, elle se sentait forte, victorieuse.

Petit à petit, il avait compris qu’elle serait son échelle sociale, elle savait que sa complaisance nouvelle venait de là. Peu lui importait ; pour elle, l’essentiel était d’avoir gagné. Devant elle, il ravalait son sourire sarcastique, et il le ravalerait toujours, parce qu’en le protégeant, elle avait appris à formuler sèchement ces phrases qui déstabilisent, et son emprise sur lui leur donnait encore plus de force.
Elle savait que Severus avait appris à la respecter.

Quand elle avait été sûre de son autorité sur lui, elle avait commencé à l’inviter, à le promener. Il était son brillant petit protégé, qu’elle pouvait enfin se permettre d’exhiber.

Assise sur sa jeunesse épuisée, Narcissa sourit de cet entrain qu’elle avait eu à former autour d’elle une troupe qui aurait été plus impressionnante qu’aucune autre. Il s’agissait de briller aux yeux de tous, aux yeux des Black, et pour cela, elle usait de son ardeur et de celle que ses sourires pouvaient éveiller.
Ses manigances enfantines étaient presque mignonnes, peu subtiles, et elle y pensait maintenant avec tendresse, mais elles avaient porté leurs fruits. Narcissa avait accédé à ce qu’elle voyait comme le monde d’en haut, à l’époque, en faisant ses preuves. Elle avait mérité les sourires de Bella et les attentions des grands.
Comme Drago l’avait fait après elle. De l’extérieur, les gens avaient beau croire que la réussite sociale était quelque chose d’acquis dans leur milieu, rien n’était moins faux. Dès leur plus jeune âge, chacun devait lutter pour son statut.

Aujourd’hui, Scorpius se battait pour le conserver, et se battait d’autant plus que ses rivaux ne l’estimaient pas, et refuseraient sans doute de s’abaisser à jamais le saluer.

Pourtant, elle savait qu’il ferait tout pour être admis par les meilleurs, car la classe à laquelle il avait été éduqué ne seyait qu’à eux, et il y tenait trop pour s’en départir. Au fond, Narcissa savait que son fils aurait dû l’élever différemment, lui inculquer le naturel, qui était un atout dans la société qui s’augurait, mais le goût distant de la froideur était bien trop entêtant pour qu’un Malefoy l’abandonnât.
Scorpius plus qu’aucun autre mériterait sa place, et pour cela, il serait un grand homme, promis à un avenir glorieux.

Les doux rêves de Narcissa éclipsaient doucement l’amertume que lui laissaient ses pensées pour Severus, qu’elle regrettait d’autant plus que Lucius sans lui était lugubre. Elle sourit, rassurée, en se disant que là où, jadis, elle le voyait dans chaque pierre, elle songeait maintenant à son petit-fils.

cadeau, round_3

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