Littérature et populisme

May 21, 2012 23:59

(entre à ne pas watcher, merci beaucoup)

Un article, notifié par la communautée ohnotheydidnt met en exergue cette nouvelle. Le week-end dernie, l'université Saint Andrews, qui est si je ne m'abuse en écosse mène un séminaire où l'on se préoccupe de littérature sur divers aspects en se focalisant sur l'oeuvre de J. K Rowling.

L'article en entier est paru sur le site web du télégraphe


You can’t be serious about Harry Potter!
JK Rowling’s books about the Hogwarts wizard have been the subject of academic debate this week. Why?

n the 600-year-old halls of St Andrews University, a group of leading academics is discussing a piece of literature. Not just any old literature: this, they say, is “the narrative experience of an entire generation”. In a series of 50 lectures, culminating today, the scholars will debate themes of death, empathy and paganism, as well as comparisons with J R R Tolkein and Chaucer. Their subject? The seven Harry Potter books by J K Rowling.

The conference, A Brand of Fictional Magic: Reading Harry Potter as Literature, is the first event in the world to look at the series as a literary text. Sixty academics from the US, South Africa, India and Australia will examine the themes, allegories and narrative structure of the boy wizard’s adventures. Organiser John Patrick Pazdziora, from the university’s School of English, has invited discussion on topics such as British national identity, politics and education.

“As a literary text it’s a fertile area of study,” he tells me. “There are so many allusions and connections to myths in her work. Now that the films are over and Pottermore.com has launched, it’s time to start analysing them.”

Harry Potter is the ultimate story of good versus evil; a young hero who battles demons and vanquishes dragons to save the world. Having read three of the books, I can see why they have sold 300 million copies worldwide and been translated into 50 languages. But does its success really elevate it from teen fantasy to the subject of an academic conference?

“The books themselves don’t merit study because the prose is too basic,” says author and literary critic Philip Womack. “It’s written awkwardly and is clumsy in places - although it does tell the story well. And it lacks subtlety. Even Professor Snape, who is meant to be complex, is so obvious.”

Novelist and children’s critic Amanda Craig describes the conference as “wonderfully eccentric”. “The most important thing Rowling did was to reassert the primacy of storytelling,” she explains. “She may not be a great stylist but she uses myth and fairytale well and writes with brilliant clarity.”

In 2008, a conference at Magdalen College, Oxford, debated the global relevance of Rowling’s fairytale world. There is also a wealth of books on the wizard, including Looking for God in Harry Potter by John Granger, the conference’s keynote speaker. Nine years ago, the word “muggle” - a non-wizard - even earned a place in the Oxford English Dictionary.

And it’s not difficult to apply literary analysis to Rowling’s novels. Hermione makes a nice feminist figure; Ron is the stoical sidekick and Lord Voldemort a Satan-like force of evil. Harry Potter and the Deathly Hallows has foundations in Chaucer’s The Pardoner’s Tale, while Harry’s move from Privet Drive to Hogwarts has been compared to the Dickens classic Oliver Twist.

But, says Professor Greg Currie of Nottingham University: “It’s difficult to sustain creativity over seven novels. As a result, the ideas get stale quickly. Looking at the phenomenal success of Rowling’s creation - rather than its literary merit - would be more fruitful.”

Indeed, studying Harry Potter as a work of literature turns the literary world upside-down. If Dumbledore and Hagrid can be granted the status of Don Quixote and Hamlet, it’s alarming to contemplate what’s next. A dystopian interpretation of A Very Hungry Caterpillar? The Twilight series as an A-level text?

As the first Potter literary conference draws to a close, let’s hope the delegates have learnt something: J K Rowling may be a great storyteller, but she’s no Shakespeare. Her books, though enthralling, weren’t written for academic study. It’s an injustice to Britain’s true literary greats to pretend otherwise.

Ce journal étant consacré à la publication de mes fanfictions et originaux, je ne parle guère ou quasimment jamais de culture, d'actualité. J'ai un autre journal pour cela  un peu à l'abandon, je l'avoue"  mais ayant commencé à écrire par des potterfictions, le sujet m'interpelle.



Je partage les conclusions de l'auteur Sarah Rainey , les romans de J. K Rowling ne peuvent prétendre au statut de littérature. N'en déplaise aux nombreux fans de la lady, son style est agréable à lire, simple mais n'en est aucun cas exceptionnel. Vous avez un personnage préféré, une scène préférée, vous le relisez avec délectation, certes en tant que féru de ce monde (dont je fais partie) ces passages sont de pures merveilles, mais le reste ? Je ne prétends pas qu'une oeuvre doit être parfaite de la première à la dernière page, mais pour qu'une oeuvre puisse prétendre à être littéraire, elle doit être relu avec un plaisir certain. Plaisir de retrouver des personnages, un bon roman de gare ou même votre Harlequin préférée peut vous le procurer.Mais l'alchimie des mots, la poésie qui s'en dégage, l'agencement qui vous extirpe des émotions, vous donne une autre vision du monde, vous interroge sur la nature de l'Homme, sur son Existence sont l'apanage des grands textes, ceux que l'on peut qualifier de littéraire.

Pour qualifier une oeuvre de littéraire, elle doit satisfaire certaines exigences :
- Une durée dans le temps : ce n'est pas encore le cas. Si dans 80 ans, Harry Potter est considéré comme une oeuvre maîtresse des romans fantastiques, elle remplira ce critère.
- Une qualité stylistique : là, c'est une opinion personnelle, mais qualifier les romans de Harry Potter de grands romans en tenant compte de ce critère me semble plus que farfelu. Rowling n'est pas un grand écrivain, c'est une bonne conteuse, s'adressant à un public d'enfants (oui je sais les adultes le lisent aussi) et son style est simple, voire simpliste pour cela.
- Elle doit apporter symboliquement une pierre au courant dont elle est issue. Que ce soit Tolkien avec la création de la Terre du Milieu et le langage Elfe, le monde imaginaire d'Alice. Tous ont crée un univers qui leur était personnel qui a prit une valeur universelle. Le monde d'Harry Potter est merveilleux, une foison de personnages, des idées surprenantes etc pourtant l'impression qui s'en dégage est que vous prenez un petit peu de là, un petit peu d'ici et vous ajoutez une once de magie. Pas de plagiat, mais une remodalisation du monde avec une perspective pottérienne. Certes le travail d'imagination et de coordination est énorme, mais est-ce que cela apporte une pierre à l'édifice ? Pour moi, mon opinion est encore mitigée.
- Elle doit parler à ses lecteurs : sur ce point, je ne peux me ranger qu'à l'avis de la majorité. L'oeuvre de Rowling a du sens, elle émeut, elle questionne mais est-ce suffisant ? Des tonnes de livres répondent à ce critère, certains même sont sur votre table de chevet, relu régulièrement, vous apportant beaucoup de plaisir à sa lecture mais le qualifieriez vous de littéraire ?

J'arrive enfin au dernier point plaisir et littérature. Les deux ne sont ni synonymes, ni antagonistes. De nombreux oeuvres qualifiés de littéraires sont ennuyeuses. Le style, le scénario, tout y est et pourtant on ne prend aucun plaisir à le lire. Par exemple, j'adore le style de Proust, sa description des personnages et pourtant je ne me suis jamais autant ennuyé qu'en lisant sa série de " A la recherche du temps perdu"  et pourtant je savoure chaque page individuellement mais l'ensemble m'est indigeste. L'inverse est aussi vrai. 
La littérature ne doit pas être confondu avec succès de librairie. Dan Brown, Higgins Clark sont des auteurs prolifiques à succès, je peux les lire avec plaisir (vive la bibliothèque) mais je les considères comme des livres de plages, préformaté pour un public etc.

L'oeuvre de Rowling mérite-t-elle de rentrer comme objet d'étude à l'Université ? Pour moi la réponse est définitivement non, à moins de faire un cursus de littérature enfantine, elle n'a pas de raison d'être dans ce temple de savoir.
Mais est-ce que l'oeuvre de Rowling peut prétendre à être un sujet d'étude intéressant ? La réponse est définitivement oui. Que ce soit en sociologie, sur l'impact de ses livres sur la propension à lire, en linguistique sur la création d'un vocable spécifique à son monde ou bien en littérature sur le phénomène économique de la série ; les sujets ne manquant pas et les étudiants auraient torts de se priver de le faire.
Mais il existe une différence notable entre un sujet d'étude et ce qu'il faut considérer comme un sujet à apprendre aux étudiants. Durant mes années universitaire, le thème le plus récurent des mémoires et thèses de mon département en sociologie était le pigeonnier (sous diverses hypothèses) . Imaginer un module, une année consacrée aux pigeons m'aurait paru aussi saugrenu qu'aujourd'hui cet article.

harry potter, original

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