Titre : Le Coeur à Camelot
Auteur/Artiste :
babydrackyFandom : Légendes Arthuriennes
Personnage : Guenièvre & Nessa
Rating : G
Thème : 01 - Mort naturelle
Disclaimer : Inspirée par le vaste et riche mythe arthurien.
Nessa brossait la longue chevelure de sa maîtresse.
Sa chevelure avait été tissée d’or dans sa jeunesse, plus lumineuse encore que les pétales des Impatientes; elle était aujourd’hui aussi pâle que la neige. Cela faisait des années que les longues mèches ne faisaient plus pâlir le soleil, des années qu’en une nuit à peine la douceur du miel s’était tarie.
Elle glissait gentiment ses doigts entre les cascades de boucles enneigées.
L’été touchait à sa fin. La déesse de la nuit s’éveillait plus tôt et les nuits se faisaient plus fraîches. Pourtant, pour le moment, une brise encore chaude caressait les murs nus du monastère. Au coucher du soleil, il faisait bon être face à la fenêtre, le regard tourné vers Camelot.
C’était par une nuit d’été aussi que sa maîtresse avait fui son royaume, à dos de cheval, chevauchant un puissant destrier blanc, noyée dans les larmes et les bras de son amant.
Soigneusement, elle arrangeait ces mèches depuis longtemps fatiguées.
Fatiguée de se cacher de son peuple qu’elle avait trahi, de la justice qu’elle avait fuie, qui se serait repue de la voir en bouton d’or sur un bûcher.
L’esprit libre, elle tissait de longues tresses complexes.
Il y a de cela de longues années, son juge s’était présenté à elle, son roi face auquel elle avait mis genou à terre, son époux qu’il l’avait relevée.
Il n’avait eu qu’un mot pour elle, le pardon.
Il ne lui avait laissé que ses yeux, deux opales pâles et fatiguées, pour pleurer.
Doucement, de ses mains encore expertes, elle nouait un chignon bas, sobre, monastique.
Arthur l’avait aimée.
L’homme lui avait pardonné.
Elle avait tué le roi.
Doucement, elle plaçait sur sa petite tête la coiffe sombre et lourde du poids des remords.
L’amant était revenu à elle, après la bataille, après la chute de Camelot.
Elle l’avait chassée, coupable pécheresse, corps encore désireux, coeur toujours en fleur.
Elle avait refusé, jour après jour, de céder, de glisser cette épée, Excalibur, que le roi lui avait confiée, au creux de son ventre qui n’avait toujours été qu’abysse. Elle avait refusé de
s’offrir au néant de l’oubli, aux flammes affamées.
Elle avait fermé ses grands yeux, la plus illustre reine de Bretagne.
Nessa la recouvrit de sa légère cape de céladon, caressant sa joue flétrie, elle, celle qui avait toujours servi loyalement son roi, suivi ses dernières volontés malgré son coeur.
- C’est une mort encore trop douce, câtin.