Titre: La chute
Fandom : Mézérhían
Personnage : Maeron - Sei Rhiàn - Aodhaàn
Rating : G
Disclaimer : Tout à moi ^^
Nombre de mots : 1613 mots
Maeron eut l’impression d’avoir été soufflé par une tempête d’une violence inouïe. Le choc des paroles prononcées par Canthaïr Rhiàn fut tellement violent qu’il ne se rendit pas réellement compte qu’il reculait. Il se mit à chanceler alors que sa bouche formait des mots qu’il ne prononçait pas volontairement.
Non, non….non
Il croisa le regard d’Aodhaàn qui s’était tourné vers lui et qui l’acheva. Le visage du chevalier exprimait une infinie tristesse et une compassion qu’il ne voulait même pas voir. Il continua à reculer heurtant finalement le mur opposé de la pièce.
Non, souffla-t-il une dernière fois avant de s’accrocher au chambranle de la porte
Le regard fermé mais également un peu étonné que lui adressa Canthaïr lui fut insupportable et il réalisa alors que sa réaction rendait ses sentiments transparents, il prit donc la fuite et sorti de la pièce. Il se retrouva dans le couloir, chancelant tellement qu’il heurta plusieurs fois les murs. Ces chocs réveillèrent la douleur dans son épaule mais elle était secondaire. Il semblait flotter dans un brouillard qui annihilait ses sens, tous hormis cette douleur intense qui semblait suinter de son cœur. Il distinguait les endroits qu’il traversait, mais les sons et les couleurs semblaient atténués, brouillés. Il arriva dans l’escalier ou il agrippa la rampe pour descendre. Il entrevit une silhouette en bas des marches qui se rapprochait mais il ne la reconnaissait pas.
Lieutenant ! Lieutenant vous allez bien?
Il finit par reconnaître Dalaigh, il cligna des yeux pour tenter de dissiper le brouillard qui l’empêchait de voir correctement et lorsque le fauconnier posa ses mains sur ses avant bras il eut l'impression de ressentir une vive brûlure.
NE ME TOUCHE PAS !
Il s’entendit crier, il se vit repousser violemment le jeune homme sans qu’il ne le décide, comme s’il était simple spectateur de son corps. Autre chose avait prit le contrôle de son esprit et de lui-même, la colère sans doute. Il vit furtivement le désarroi et l’incompréhension dans le regard du fauconnier mais il se détourna et descendit les dernière marches en courant. Il chancelait moins lorsqu’il arriva dans la cour couverte de neige, il se fichait du froid, du vent qui hurlait dans le sommet des montagnes entourant la forteresse de Mauraur. Il voulait juste continuer à courir, s’enfuir, quitter ses émotions qui le brûlaient de l’intérieur. Il observa un instant les portes fermées du rempart avant de se détourner et de courir vers les écuries. Ces dernières étaient logées contre la paroi de la montagne qui recouvrait Mauraur. Maeron tenta de se raccrocher au bruit de la neige sous ses pas, de ses bottes frappant le sol avec force pour se propulser dans la poudreuse vers les bâtiments mais tous ses sons lui parvenaient comme étouffés. Le vent lui fouettait la peau à l'instar d'un millier d’aiguilles mais il serait resté là des heures à supporter cette souffrance bien moins violente que celle qu’il lui meurtrissait le cœur.
Les chevaux renâclèrent lorsqu’il passa les portes des écuries. Le bâtiment était tout en longueur et éclairé par des torches sculptées. A gauche et à droite se trouvaient des stalles aux grilles ouvragées, puis plus loin des emplacements moins spacieux. Maeron traversa les allées en courant jusqu’à se retrouver au fond des écuries ou se stockaient le foin et la paille. Là il se laissa tomber à genoux et se mit à hurler. Ses mains empoignaient ses cheveux, tirant dessus comme pour rester ancré à la réalité alors que des images intolérables s’installaient dans son esprit.
Il revoyait Tea debout sur cette estrade plus belle que jamais au côté de la Reine. Cette Reine contre qui elle les avait mis en garde à plusieurs reprises, cette femme et ce fils qu’elle détestait depuis leur arrivée dans le Romerdhael. Tout cela avait fait partie d’un complot qu’elle seule avait réussi à voir. Elle les avait prévenu, elle s’était défié du Cyriatàn, certes pour des raison qu’il lui avait semblé absurdes à l’époque mais peut-être aurait il dû se fier à l’instinct de la jeune femme.
Il releva les yeux et ces dernier se posèrent sur un râtelier d’arme. Il se redressa et en empoigna une, la plus lourde. La sensation de refermer ses doigts sur la garde d’une épée sembla le soulager mais c’était sans compter la nouvelle vague de douleur qui le frappa alors que l’image de Tea pâle et morte sur le pavé de Mézérhian s’insinuait dans son esprit. Dans un grand cri il arracha le médaillon qu’il portait au cou pour le jeter au sol avant de lever son épée, enfonçant sa lame dans le bois épais d’une grosse poutre soutenant le bâtiment. Cette dernière faisait plusieurs pieds de large, elle serait son exutoire. Il se mit à frapper, de taille, à gauche à droite, enchaînant les passes, la lame vrillant au dessus de sa tête alors que pour une fois il ne retenait pas ses coups. Parfois sa lame, enfoncée trop profondément dans le bois restait coincée, avec un feulement de rage il appuyait alors son pied contre la poutre et tirait de toute ses force pour l’en déloger.
Il avait fait une promesse et avait échoué. Il lui avait juré sur sa vie de prendre soin d’elle et c’était ce qu’il croyait avoir fait. Il était resté lorsque le Roi avait fait appel à tous les hommes du royaume, il avait agit en lâche pour respecter sa promesse de rester avec elle. Lorsqu’il s’était fait attraper il s’était résolu à la quitter, pour son bien, car leur relation ne pouvait être découverte. Il avait prit le chemin du front la conscience tranquille. Il ne trahissait pas sa promesse. Il la laissait dans la forteresse Royale entourée de deux cent soldats qui avaient juré sur leur vie de défendre la sienne. Elle était en sécurité malgré la guerre imminente, elle ne risquait rien enfermée, malgré son déplaisir, dans les murs du château aux cotés de l’épouse du Roi. Et pourtant il s’était fourvoyé. Il l’avait laissé entre les mains de traîtres, d’hommes qui avaient délaissé leur honneur pour se retourner contre ceux à qui ils avaient juré fidélité. Une famille qui par perfidie et avidité avaient renié tout leurs serment. Il s’était moqué d’elle lorsque Tea avait souligné les incohérences de ce mariage. Il avait cru qu’elle n’avait tout simplement pas supporté le remariage de son père et les sentiments difficiles qui en découlaient mais c’était faux. Elle avait vu clair depuis le début, comme avec l’attaque Estienne. Ils l’avaient tous pris pour une enfant traumatisée alors qu’elle avait été la plus éclairée d’entre tous.
Ses violents coups d’épée faisaient paniquer les chevaux dans les boxes. Ces derniers piaffaient et hennissaient avec force, se terrant dans leur stalles alors que Maeron sentait ses muscles se tétaniser. La douleur dans son cœur était insupportable, le sentiment de honte insurmontable. Il avait l’impression d’être prisonnier de son propre corps qui le torturait.
Un craquement sonore le fit sursauter et le sorti quelques seconde de sa douleur. Au fond de l’allée la porte de l'une des stalles ouvragées venait de sauter, propulsée de l’autre côté de l’allée elle se fracassa contre la grille voisine et une bête en sortit. L'immense jument grise prit son élan et sorti d’un bond de son emplacement. Ses sabots crissèrent sur le dallage de pierre alors qu’elle prenait le galop vers lui. En quelques puissantes foulées elle fut sur lui et freina des quatre fers. Maeron redressa la tête alors que la bête se cabrait à quelques pouce de son visage. Elle se hissa sur ses postérieurs avec force en balançant son encolure, faisant voleter autour d’elle sa crinière argentée. Lorsque ses antérieurs retrouvèrent le sol devant lui il croisa son regard. Ses yeux bruns flamboyaient de paillettes d’or. La bête tremblait, ses flancs se soulevaient comme après une course effrénée et de ses naseaux sortaient des volutes de vapeur dans l’air froid des écuries. Maeron sentit son propre corps se mettre à trembler et il laissa ses doigts s’ouvrir. L’épée tomba par terre dans un petit bruit métallique.
Dans le regard de la jument il pouvait lire cette même colère qui s’emparait de lui et cette même douleur qui faisait saigner son cœur. Sans prévenir il se jeta contre l’animal enserrant son encolure de ses bras. Voilà tout ce qui lui restait de Tea. Une jument offerte en cadeau de fiançailles par un autre homme, mort lui aussi. Il sentit les larmes chaudes couler sur ses joues alors qu'il réalisait pleinement qu’il ne la reverrait plus. Que plus jamais elle ne lui sourirait de cet air suffisant et sûr d’elle qu’il la caractérisait, que plus jamais il ne la consolerait lorsqu’elle était prise par le doute, que plus jamais il ne la forcerait à le regarder alors qu'enfouie dans son mutisme elle cherchait à se relever des épreuves difficile que la vie lui infligeait. Plus jamais il ne tiendrait son corps dans ses bras et effleurerait ses lèvres chaudes, plus jamais elle ne lèverait son épée contre lui en se relevant après une énième chute. La jeune femme qu’il avait aimé était morte, la seule personne capable de le comprendre, cette fille qui l’avait sorti de sa forêt et confronté au monde réel alors qu’il s’était refermé sur lui même.
La douleur se fit encore plus brutale alors qu’il avait l’impression que l’un des sommet neigeux les entourant venait de s’écrouler sur lui. Il se laissa tomber à genoux, emporté par sa douleur mais soutenu par la jument qui docilement se couchait à ses côtés dans la paille, acceptant qu’il glisse ses mains dans sa crinière jusqu’à en arracher des crins.