mezerhian - Affirmer ses droits

Jun 18, 2020 21:57

Titre: Affirmer ses droits
Fandom : Mézérhían
Personnage : Teagan - Sei Cahivocus - Sei Rovenàl - Kieràn
Rating : G
Disclaimer : Tout à moi ^^
Nombre de mots : 4394 mots

La Princesse marchait d'un pas vif, ses bottes claquant sur les dalles de pierre. Derrière elle se tenait le Lieutenant qui n'avait toujours pas desserré les dents. Elle respectait son silence. Elle était la mieux placée pour comprendre que parfois dans une situation difficile il était compliqué de s'exprimer. Elle qui était restée des années prisonnière de son mutisme n'allait pas lui reprocher une journée sans prononcer un mot. Les obsèques étaient terminées et elle avait fait un bref passage dans les écuries pour voir si tout se passait bien et surtout pouvoir enfouir ses mains dans la crinière moelleuse de son cheval. Là aussi le Lieutenant l'avait suivi en silence, le regard perdu. Sa présence ne le gênait pas et elle se sentait même soutenue après ces obsèques qui elle aussi l'avaient éprouvée.

Elle fut surprise de voir la petite suivante venir la trouver dans les écuries. Elle se rapprochait avec hésitation des stalles tout en sursautant au moindre bruit. Il fallait dire que les différents Eiwoarns enfermés dans les stalles la dominaient de toute leur hauteur. Elle vit ses yeux terrifiés passer de l'un à l'autre et c'est pourquoi elle s'éclaircit la voix ce qui fit reprendre conscience à la jeune fille.

Le Seigneur Rovenàl veut vous voir, dit elle en s'inclinant. Il me fait vous dire que c'est urgent et qu'il vous attends dans la grande salle.
Je m'y rend aussitôt, répondit Teagan en lui offrant un sourire.

Elle fit une dernière caresse à Adrahil avant de tourner les talons et de pénétrer dans le château. Elle avait échangé un regard surpris avec le Lieutenant qui semblait aussi intrigué qu'elle par cette demande incongrue. Lorsqu'elle poussa les portes de la grande salle dans laquelle elle n'était jamais entrée le Lieutenant s'immobilisa.

Suivez moi, lui ordonna-t-elle.

Elle ne savait pas vraiment pourquoi mais sa présence l'apaisait et face au Seigneur Rovenàl elle allait avoir besoin de se calmer. Il lui obéit et Teagan resta un instant stupéfaite devant les dimensions de la pièce. La grande salle était immense et Teagan en s’avançant y dénombra pas moins de huit imposantes cheminées qui se suivaient le long des murs. Des bannières de l'Heiroken reposaient sur chacun des tabliers des cheminées arborant fièrement leurs armoiries. La salle était longue mais basse de plafond donnant une sensation étouffante qui oppressa la Princesse, néanmoins elle s'avança vers le fond de la pièce. Là se trouvait un immense trône. Elle le cru d'abord en bois sculpté comme celui de son père mais il en était rien, il était fait de métal, un métal aussi noir qu'une pierre d'obsidienne et se trouvait sur une estrade  d'au moins quatre pieds. Teagan resta interdite en réalisant que le trône du Seigneur de l'Heiroken était bien plus imposant que celui de son père ce qu'elle ne comprenait pas. Comment un simple Seigneur de province pouvait-il siéger sur un trône plus imposant que celui de son Roi ?

Elle s’avança tout de même son regard rivé à celui de l'homme qui occupait ce trône. Le regard glacial que lui jetait le Seigneur Rovenàl laissait deviner l’issue de la conversation à venir. Elle n'était pas la pour discuter mais pour se faire sermonner. Elle sentit ses doigts la picoter rien qu'à l'idée que le Seigneur Rovenàl, du haut de son formidable siège de métal, ne la gronde comme une enfant. Elle entendit la porte s'ouvrir et tourna fugacement la tête pour voir arriver le Seigneur Cahivocus. Elle retint un sourire alors que l'imposant Seigneur venait se placer à ses cotés et dévisageait son semblable l'air agacé.

Vous m'avez faite demander Seigneur ? commença la Princesse en insistant sur les deux derniers mots.

Elle obtint l'effet escompté puisque le Seigneur Cahivocus laissa échapper un grognement qui signifiait qu'il n'appréciait pas qu'un simple dirigeant de province fasse mander ainsi leur Princesse. Le seigneur Rovenàl quant à lui cessa de la dévisager et laissa glisser son regard furieux sur son étrange garde du corps.

Oui, répondit-il d'un ton sec. Mais la présence du Lieutenant Kieràn n'était pas requise.
Le Lieutenant est là à ma demande, riposta la Princesse en relevant le menton

Elle n'était pas la pour se faire juger, elle avait demandé l'asile au Seigneur Rovenàl et s'il ne comptait pas le lui accorder avec plus de politesse elle irait voir ailleurs.

Et bien et bien Lieutenant ! grogna le Seigneur Rovenàl. A ce que je vois vous vous êtes accorder une promotion.

Teagan fit un pas de côté et pivota pour dévisager Kieràn qui se tenait à deux pas d'elle en position de garde. Elle cru un instant qu'il allait ployer le genou en s'excusant mais ce ne fut pas le cas. Sa mâchoire était serrée et ses yeux noirs flamboyaient.

Ma loyauté est votre Monseigneur, déclara-t-il d'une voix rendue encore plus rauque que d'ordinaire par son silence de la journée. Mais lorsque la couronne parle, j'obéis.

La Princesse lui offrit un sourire, sa loyauté était sans faille et pourtant elle lui semblait encore étrange. Quelques heures auparavant, durant les obsèques d'Aranrhod Rovenàl, les soldats lui avaient prouvés qu'ils avaient confiance en elle et qu'il la suivraient et la respectaient et pourtant elle n’avait toujours pas l'impression d'être à sa place. Elle avait tellement refoulé sa condition de Princesse héritière qu'en faire usage lui semblait... étrange. Et pourtant elle y avait droit et si elle voulait mettre ses plans à exécution elle allait devoir assumer sa fonction et ne pas se laisser marcher sur les pieds par un Seigneur de Province alors qu'elle était la fille de son Roi.

Le Lieutenant est là à ma demande, dit elle. Je ne vois pas où est le problème.
Le problème ! s'écria soudain le Seigneur Rovenàl en s'agrippant aux accoudoirs sculptés de son trône de métal. C'est que vous avez fait passer les funérailles de mon fils pour une comédie !

La haine qui résonnait dans ses paroles prit la Princesse au dépourvu. Elle était consciente que le Seigneur Rovenàl ne l'appréciait pas et c'était réciproque mais elle n'aurait jamais cru qu'il l’exécrait à ce point et surtout qu'il ose prononcer de tels mots. N'avait-il pas vu à quel point ces funérailles avaient été difficiles pour elle ? N'avait-il pas compris qu'elle partageait son deuil ? Qu'elle aussi avait perdu des êtres chers et qu'elle avait fait de son mieux pour protéger ces terres et défendre son honneur ?

Je vous demande pardon ? s'étouffa-t-elle
Arghàn voyons ! gronda le Seigneur Cahivocus

Les protestations du sire du Daunlhiran n’arrêtèrent pas celui de l'Heiroken

Vous avez profité des obsèques de mon garçon pour rallier vos hommes ! gronda-t-il en se levant à moitié. Pour décider de partir à la guerre sans même nous avoir consulté.

Cette fois le Seigneur Cahivocus s'outragea.

Ca suffit ! Ordonna-t-il. Vous devriez tenir votre langue devant votre Princesse.

Teagan continuait de fixer Arghàn Rovenàl, sa face rougeoyait de colère et ses yeux sombres reflétaient la haine qu'il éprouvait à son égard. Elle était néanmoins heureuse que le Seigneur Cahivocus prenne sa défense. Certes elle pouvait le faire elle même mais voir qu'au moins l'un des deux Seigneur de province présent la soutenait lui faisait chaud au cœur.

C'est hors de question ! protesta l'Heiroken'en en tapant du poing sur son accoudoir. Nous devions nous réunir pour prendre une décision faces aux jours à venir et elle a décidée toute seule.

Cette fois Teagan ne pu tenir sa langue plus longtemps.

Vous aviez été très clair sur ce point il me semble ! lâcha-t-elle d'un ton amer. Vous vouliez rester enfermé dans votre château et laisser les Estiens brûler et détruire vos terres.

Elle le vit se redresser prêt à frapper une nouvelle fois mais elle reprit la parole. Plus personne n'était là pour lui dicter sa conduite et si elle voulait assumer ses décisions il fallait qu'elle ne se laisse pas piétiner.

C'est votre choix et je le respecte, grogna-t-elle alors que ce n'était pas le cas. J'ai choisis d'agir de manière différente. Vous avez même refusé d'ouvrir vos portes au Seigneur Cahivocus, vous vouliez le laisser dehors avec ses troupes et ses blessés.

La face rougeaude du Seigneur Rovenàl vira à l'écarlate ce qui procura un sentiment de satisfaction à la Princesse. Elle entendit grogner à nouveau le massif seigneur du Daunlhiran à ses cotés.

Vous n'êtes qu'une enfant ! cracha l'Heiroken'en avec dédain.
IL SUFFIT ! Gronda le Seigneur Cahivocus en faisant deux pas vers son homologue et en empoignant la garde impressionnante de son épée. Arghàn vous dépassez les bornes ! Vous vous adressez à la fille d'Aelred Mézérhian, elle est le dernier sang royal et l'Héritière légitime du trône !

Une bouffée de reconnaissance envahit Teagan. Ce qu'il venait de dire était totalement vrai et elle avait encore elle même du mal à l’intégrer. Comment pouvait elle se retrouver à la tête d'un royaume alors qu'elle n'avait que dix huit ans et que surtout elle avait toujours refuseé sa condition d'héritière ? Son père, elle le savait, avait peur que le jour ou elle doive prendre les rênes du royaume les Seigneurs de province ne s'y opposent.

Elle ne sera jamais ma Reine ! cracha le Seigneur Rovenàl. C'est une femme et seul un homme est capable de gouverner.

La colère empli les veines de la Princesse. Elle se sentit trembler en tenant de la contenir. Voilà où ils en étaient. Voilà ce que son père avait redouté : cette misogynie dont allait faire preuves certains Seigneurs. Pour eux c'était Carantec Malnauren, son cousin qui aurait dû monter sur le trône et non elle.

Elle a beau s'habiller comme un homme, s'accoutrer de chausses et porter les armes, continua le Seigneur Rovenàl qui n'avait pas finit sa diatribe misogyne. Elle n'en reste pas moins une femelle qui n'arrivera jamais à diriger le royaume !
Une femelle... répéta le Seigneur Cahivocus abasourdi. Vous deviez avoir honte de proférer de tels propos. Vous ne devriez même pas être assis là sur ce trône en vous montrant supérieur au sang du Roi ! Vous devriez vous agenouiller et je devrais vous trancher les doigts pour avoir osé traiter votre Princesse de... femelle.

La rage emportait le massif seigneur du Daunlhiran et Teagan avança de quelques pas pour poser son avant bras sur celui de … Cahivocus. Elle ne voulait pas que cela dégénère même si elle était horriblement vexée par le terme que venait d'employé l'Heiroken'en. Il était hors que question de le lui montrer.

Je n'ai pas dit que je dirigerais le Royaume, se contenta-t-elle de répondre en plantant son regard dans celui de son interlocuteur. J'ai dit que je vengerais nos morts et que je ne laisserai pas les Estiens prendre des terres que vous ne méritez pas.

Ses paroles firent mouches car le Seigneur Rovenàl se courrouça sur son trône.

Vous ne savez rien de la guerre, vous êtes une fillette, une enfant traumatisé à l'enfance !

La colère du Seigneur de l'Heiroken faisait trembler sa voix et Teagan ravala avec difficulté les remarques acerbes qu'elle aurait aimé lui lancer. Si elle voulait diriger ces deux hommes et leurs soldats il allait falloir qu'elle reconnaisse ses tords.

Vous avez en partie raison Seigneur, finit-elle par admettre. Mais ces derniers mois ont été éprouvants et m'ont appris certaines choses. J'ai été capturée, j'ai été mis en geôle, j'ai tué pour m'échapper, alors oui je n'ai jamais fais la guerre mais je ne vais pas me recroqueviller dans mon château en me cachant tout en laissant vos terres se faire dévastée et votre peuple tuer.
Ce sont vos terres, la reprit le Seigneur Cahivocus sans lâcher l'Heirok'en'en des yeux. Et votre peuple.

Elle lui offrit un sourire, de toute évidence elle avait gagné la loyauté de deux des trois hommes présents dans cette pièce. Le Seigneur Rovenàl descendit de son trône, son visage rougeaud fulminait et son corps était tellement tendu qu'elle cru qu'il allait la frapper.

J'ai perdu mon fils ! répéta-t-il à nouveau le visage déformé par la tristesse. Il s'est battu pour votre père dans une guerre qui était perdue d'avance.

Il s'avançait d'un pas rageur vers elle mais le Seigneur Cahivocus s'interposa, la main serrée sur son épée.
Arrêtez vos simagrée ! gronda-t-il de toute sa hauteur. J'ai perdu deux de mes fils dans cette bataille et si mon cœur est brisé je ne le reprocherais jamais à sa Majesté !

Teagan sentit son cœur se serrer. Perdre un parent était une chose affreuse, perdre un frère était comme perdre une moitié de soi-même mais perdre un enfant devait être la pire des souffrances.

Ils ont fait leurs devoirs, reprit le Daunlhiràn'en avec douleur. Ils sont morts avec honneur et cette bataille nous l'avons perdu parce que des lâches nous ont trahis.

La colère était aussi palpable que la douleurs dans sa voix et Teagan su qu'il fallait calmer le jeu pour éviter que les deux Seigneurs ne s'entre-tuent. Ils avaient plus de point commun qu'ils ne le croyaient et lorsque le seigneur Rovenàl aurait réussi à avancer dans son deuil elle savait qu'il retrouverait la raison.

Voulez-vous rejoindre les Cyriatan'ens ? lança alors le Seigneur Cahivocus dans un ultimatum. Car dans ce cas je vous laisse choisir votre camps.

Cette fois il avait sorti son épée de son fourreau et attendait la réponse de son homologue avec insistance. Le regard gris du seigneur Rovenàl était posé sur le formidable estramaçon d'acier et il blêmit. Teagan se demanda un instant s'il n'allait pas répondre positivement et rejoindre le Seigneur Peràn et son armée de traîtres. Dans ce cas elle n'aurait aucuns remords à laisser le Seigneur Cahivocus lui régler son compte mais le Seigneur Rovenàl ferma les yeux et hocha la tête négativement.

Teagan s’avança doucement posant ses doigts fins sur le bras armé du Daunlhiràn'en tout en regardant dans les yeux Arghàn Rovenàl.

Je comprend votre deuil mieux que quiconque, souffla-t-elle avec une douceur qui l'étonna elle-même. N'oubliez pas que j'ai perdu ma mère et mon frère et je ne sais même pas si mon père et mon parrain sont encore en vie !

Elle fut étonnamment surprise de ne pas sentir arriver la douleur familière qui s'installait généralement dans son cœur à la pensée de ses défunts proches, au lieu de ça elle ne ressentait rien, un grand vide. C'était tout aussi étrange mais ça lui permettait de garder les idées claires.

Majesté, souffla le Seigneur Cahivocus sans rengainer son épée. J'ai le regret de vous dire …
Quoi ? l'interrompit elle avec plus de hargne qu'elle ne l'aurait souhaité. Avez vous vu mourir mon père ou Rhufawl de vos propres yeux, Seigneur ?

Sa colère prit au dépourvu le Daunlhiràn'en qui recula d'un pas et remis son épée au fourreau avant de répondre.

Non, souffla-t-il

Elle pris de longues inspirations pour se calmer. Il allait falloir qu'elle explique son point de vue et pour cela devait dissiper sa colère.

Alors nous n'avons aucune certitude, reprit-elle plus calmement. Je pars du principe que mon père est vivant.

Un long silence s'installa dans la grande salle seulement rompu par le bruit des flammes léchant la pierre des âtre des huit cheminées. Ce fut le Seigneur du Daunlhiràn qui reprit la parole le premier.

Puis-je vous demander ce qui motive cet espoir ? demanda-t-il avec la douceur d'un père parlant à son enfant.

La Princesse jeta un bref regard au Seigneur Rovenàl qui les yeux rivés au sol ne prononçait pas un mot.

Torged Manahaxar est un sadique, expliqua-t-elle en tentant de garder son calme. Il veut la mort de ma famille depuis...

Teagan chercha la réponse avant de vite se rendre compte qu'elle ne la connaissait même pas.

Que votre père a demandé la main de votre mère, répondit à son grand étonnement l'Heiroken'en.

Teagan se promit de demander plus d'explication à ce sujet et se racla la gorge dans l'espoir de raffermir sa voix. Aborder ce sujet était difficile mais elle voulait se faire entendre.

Il a égorgé ma mère, reprit-elle avec hargne, mutilé mon frère et renvoyé leurs corps au château pour qu'on les voit. Il m'a fait faire prisonnière par l'intermédiaire de Bédélia Peràn qui m'a enfermée dans une cage durant des semaines...

Elle parlait de plus en plus vite, sa colère coulant dans ses veines sans qu'elle ne la contrôle.

Ils ont eut le loisir de me tuer durant des jours que ce soit par le fil de l'épée ou par la faim mais ils ne l'ont pas fait, continua-t-elle. La Reine avait reçu des ordres. Manahaxar voulait me tuer de ses propres mains et exhiber mon cadavre à mon père. Voilà ce qui me fait penser qu'ils n'ont pas tué le Roi. Il sait que je me suis échappée et que je suis toujours en vie et il voudra tuer mon père devant mes yeux … ou inversement.

Un nouveau silence s’abattit sur la pièce et la Princesse en profita pour reprendre son souffle.

Ce raisonnement ne manque pas de justesse Majesté, admis le Seigneur Cahivocus de sa voix portante.

L'entendre prononcer de telles paroles était un véritable soulagement. Elle n'était pas idiote, elle ne voulait pas emplir son cœur d'espoir pour nier la réalité mais elle était certaines de ce qu'elle avançait.

Je ne me fais pas des histoires de petites filles, reprit-elle en insistant sur les deux derniers mots avec un regard pour le seigneur Rovenàl. La mort je l'ai vue bien trop souvent à mon goût mais je connais la perversité de notre ennemi et c'est ce qui me fait penser que mon père est toujours vivant.
Et que comptez-vous faire ? demanda Arghàn Rovenàl d'une voix éteinte.

Teagan se demanda comment cette conversation qui avait tourné en pugilat se transformait maintenant en projet de guerre. Elle avait espéré avoir un peu plus de temps pour réfléchir mais au final son plan était prêt au fond de son esprit depuis des jours sans qu'elle n'ose y penser. L'arrivée du seigneur Cahivocus avait juste précipité les choses.

Je vous l'ai dit, pour l'instant je compte juste défendre mes terres, expliqua-t-elle alors que l'idée de laisser son père entre les mains de leurs ennemis lui laissait un goût amer dans la bouche. Nous ne pouvons laisser les Estiens pénétrer plus avant dans le Royaume. Si nous n'agissons pas pour nous agissons pour les provinces qui ont encore une chance. Le Snaelhor, le Maelgyn et même le Daunlhiran sont trop loin pour qu'il ne les aies déjà atteintes.

Le Seigneur Cahivocus hocha la tête et un sourire s'afficha sur son visage épais.

Et Mézérhian Majesté? demanda-t-il

Le château de sa famille était un autre problème et elle devait avouer que pour l'instant elle n'avait pas vraiment envie de s'y pencher.

Après m'être échappée j'ai envoyé un émissaire dans le Maelgyn, expliqua-t-elle en songeant à Bearach et Maelrhys. Mon grand-père doit encore avoir des hommes armés, peut-être les enverra-t-il au château.

Elle espérait de tout cœur que son amie et son compagnon de voyage aient réussi à atteindre leur but et elle priait également pour que son grand-père au caractère difficile, elle le savait, accorderait une audience à Bearach.

La forteresses de Mézérhian ..., commença le Seigneur Rovenàl d'un ton réprobateur
Sera difficile à prendre, oui, concéda-t-elle. Mais si mon grand-père élabore un siège les Cyriatan'ens seront piégés a l'intérieur.

Elle vit les deux seigneurs hocher la tête et un sentiment de fierté l'envahit. De toute évidence ils n'avaient rien à redire à son plan. Elle jeta un rapide regard au Lieutenant Kieràn qui se tenait toujours dans la pièce bien que quelque peu en retrait. Il n'avait pas prononcé un mot et elle plongea dans son regard d'un noir de jais. En cet instant ils se comprenaient et un léger sourire apparut sur ses lèvres fines.

Je suis vraiment navrée pour votre fils Seigneur , reprit-elle avec plus de douceur qu'elle ne s'en serait cru capable. J'ai fait ce que j'ai pu lors de notre voyage pour panser ses plaies et sa mort m'attriste réellement.

Elle le vit se tendre alors qu'elle s'approchait de lui et se demanda si elle allait raviver sa colère, mais elle tenait à ce que certaines paroles soient prononcées et elle espérait qu'il serait capable d'entendre.

Je connais le deuil, insista-t-elle en restant la plus délicate possible. Je m'y suis moi-même enfoncée jusqu'à un point de non retour et ça ne sert à rien, s'empêcher de vivre ne fait pas revenir les mots.

Le Seigneur Rovenàl hocha péniblement la tête.

Ma lignée s'est éteinte, gémit-il comme un anima blessé.

La Princesse se redressa, outragée par ces propos.

C'est faux ! Vous avez une fille !
Une femme... commença-t-il avec hargne avant de se reprendre. Une simple femme...

Ces nouveaux propos misogynes déplurent au seigneur Cahivocus qui s’avança vivement, la main sur la garde de son épée. Teagan se contenta de lever la main et l'immense seigneur du Daunlhiran se figea. Elle resta un bref instant interdite en prenant conscience qu'un seul geste de sa part pouvait retenir l'un des combattants des plus sanguins du Royaume. Il lui faudrait du temps et de la patience pour ce faire à cette idée

Votre fille est votre sang, continua Teagan en prenant sur elle pour ne pas gifler de sa propre main le seigneur de l'Heiroken. Elle vous donneras des petits fils et votre lignée continueras de vivre.

La colère et la peine se mélangeaient dans le regard gris du Seigneur Rovenàl. Teagan elle s'exhortait au calme.

Mais ils ne porterons plus mon nom, souligna Arghàn Rovenàl. Halfàn à toujours abrité des Rovenàl et ce ne sera plus le cas désormais.

Teagan pour qui la solution coulait de source se planta devant l'Heiroken'en. Il n'était pas plus grand qu'elle et leurs regards s'affrontèrent.

Mariez votre fille à un homme du peuple, proposa-t-elle avec sérieux. Quelqu'un de bon qui saura s'en occuper et l'épauler, qui l'aideras à diriger Halfàn. Leurs enfants porterons le nom de leur mère et votre lignée perdurera.

Elle vit du coin de l’œil le seigneur Cahivocus se dandiner sur place alors que son homologue restait stupéfait.

Marier ma fille à un gueu ? gronda-t-il avec fureur.

Le dégoûts qui coulait dans le regard du seigneur Rovenàl enflamma la colère de Teagan qui cette fois céda à l'exaspération.

Si c'est là toutes la considérations que vous portez à vos sujet c'est votre droit, cracha-t-elle. Mais je ne crois pas que les loyaux soldats qui ont risqués leurs vies pour vous rapporter votre fils soient des gueux !

Elle vit qu'il allait objecter mais leva sa main droite le réduisant au silence de ce simple geste désinvolte.

Ce n'est pas parce qu'on est fils de Seigneur ou Chevalier du Royaume que l'on est plus noble qu'un autre soldat, reprit-elle. J'ai fais la connaissance d'hommes bien plus courageux que certains chevaliers et qui pourtant ne portent aucun titres. Vous ne déshonorerez ni votre fille ni votre famille si vous lui trouvez un époux de cette trempe et votre nom ne s'éteindra pas avec vous.

Et sur ces mots elle tourna les talons et longea les huit cheminées pour sortir de la salle. Une vive douleur lui vrillait le cœur alors qu'elle prenait réellement comptes de la portée de ses paroles. Certes ces mots pouvaient aussi bien s'appliquer à Kieràn qui lui avait emboîté le pas ou aux nombreux soldats qu'elle avait soigné en revenant vers Halfàn mais elle avait surtout pensé à Maeron et cette douleur là était encore trop vive pour en faire abstraction. Elle accéléra le pas, prenant enfin la direction de ces appartements ou elle pourrait se changer et se laisser aller à sa peine lorsque la voix puissante du Seigneur Cahivocus l'interpella.

Majesté !

Elle s'arrêta et prit un instant pour se recomposer un masque de neutralité avant de se retourner. Le Daunlhiràn'en stoppa sa grande carcasse à quelques mètres d'elle et Kieràn vint la flanquer. Il n'avait beau ne pas avoir décrocher un mot depuis son altercation avec le Seigneur Rovenàl sa présence et son soutient l'aidait à tenir.

Permettez moi de vous dire Majesté que je suis fier de vous, souffla-t-il, sa grande barbe chatouillant son torse lorsqu'il parlait. Et votre père, les dieux puissent nous accorder le fait qu'il soit encore en vie, le serait également.

Ces paroles la frappèrent en plein cœur et elle se sentit vaciller. Elle n'avait plus de parents pour la guider, elle était seule, et voilà que l'immense Seigneur trop bourru qui dirigeait l'une des plus grandes provinces du Sud lui offrait son soutient.

Merci Seigneur Cahivocus, répondit-elle d'une voix pas assez assurée.

Elle recherchait une phrase adéquate à prononcer lorsque le Seigneur Cahivocus mis un genou àterre devant elle. Elle le regarda avec effarement alors qu'il sortait son épée pour en poser la pointe sur le sol dallé tout en relevant les yeux vers elle

Mon épée et mes hommes sont vôtres et ce jusqu'à ce que je périsse à la bataille sous vos ordres, déclama-t-il avec solennité.

Un frisson parcourut le corps de la Princesse et elle dû puiser au plus profond d'elle même pour ne pas s'écrouler sous l'effet de ses émotions. Le seigneur Cahivocus lui faisait l'honneur de lui vouer sa vie alors qu'il aurait très bien pu renier le sang royal et prendre lui-même la tête de ce qu'il restait de l'armée de Mézérhian. Au lieu de cela il reconnaissait par ce serment son rang, son sang et lui promettait obéissance et allégeance.

Je ne vous demande pas de mourir, Seigneur, dit elle avec douceur en posant ses doigts sur ses mains jointes sur la garde de son épée. Je vous demande juste de m'épauler.

Le Daunlhiràn'en se releva avec une souplesse étonnante pour sa taille et la fixa dans les yeux.

Je serai là pour vous, Majesté.

Teagan lui adressa un sourire sincère. Elle était déboussolée par les événements mais avec le Lieutenant Kieràn et le seigneur Cahivocus a ces côtés elle reprenait espoir.

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