Titre: Elle
Fandom : Mézérhían
Personnage : Maeron - Aodhaàn
Rating : G
Disclaimer : Tout à moi ^^
Nombre de mots : 6182 mots
Maeron leva les yeux vers le ciel et contempla les astres. Le ciel était totalement dégagé et d'un bleu sombre tirant sur le noir. Les étoiles s'étalaient par milliers au dessus de sa tête plus brillantes les unes que les autres. Cette vue l'apaisait et après ce repas mouvementé émotionnellement il avait eut besoin de calme. Il s'était éclipsé dès qu'il l'avait pu et était monté dans ses appartements. La pièce était splendide, le plafond similaires aux autres pièces du château était plus bas et les arches tellement serrées qu'elles semblaient s’entremêlées au dessus de sa tête. Une immenses cheminée occupait presque un pan de mur entier et un feu réconfortant ronflait dans son âtre. Mais c'était sur le balcon attenant à ses appartements qu'il avait trouvé ce qu'il souhaitait. La vue était à couper le souffle. Les nombreux pics s'élevaient tout autour de lui et leurs mont enneigés étaient éclairés par la lune pleine brillant dans le ciel. Lorsqu'il avait baissé les yeux Maeron était resté hypnotisé par la rivière coulant au pied de la citadelle de Lijar. Le courant à cet endroit n'était pas tumultueux mais l'eau formait de fine vaguelette qui renvoyait le reflet de la lune et semblait donner vie à la rivière.
Le froid mordait sa peau mais Maeron ne souhaitait pas bouger, le froid, la vue, tout cela étaient des détails qu'il pouvait gérer plus facilement que les sentiments qui l'avaient bouleversé durant le repas. Malgré son envie de se vider l'esprit il ne pouvait s’empêcher de se demander ce que Tea dirait devant ce sublime paysage. Il savait qu'elle rêvait de voir la mer mais les montagnes étaient apaisantes. Au milieu de ces pics recouverts de neige il se sentait en sécurité ce qui n'était qu'une utopie. Les montagnes semblaient étouffer les sons et la neige adoucissait leurs pointes acérées. Il aurait pu rester des heures à contempler cette vue mais il aurait préféré le faire en sa présence. Il ne pouvait s'empêcher de penser que si elle avait épousé le Cewydd Rhiàn elle aurait pu admirer cette vue à foison depuis les appartements de ce dernier et cette idée lui laissait un goût amer dans la bouche. Ce ne fut que lorsque quelqu'un frappa à la porte qu'il s'arracha péniblement à la vue.
- Entrer, grogna-t-il avec humeur.
Il se demandait qui pouvait bien prendre la peine de frapper et mais il devinait l'intendant capable de lui envoyer un nouveau « cadeau » et pour l’instant il ne voulait voir personne. C'est pourquoi il fut surprit d'entendre la voix grave d'Aodhaàn.
- Tu vas attraper froid sur ce balcon, lui fit remarquer le chevalier en refermant la porte derrière lui.
Maeron se décida enfin à quitter son lieu d'observation et referma l'immense fenêtre menant à la terrasse avec un claquement sec.
- La vue est captivante, répondit finalement le chasseur.
Aodhaàn lui adressa un signe de tête avant d'observer les lieux. Maeron avait attiser le feu dans la cheminée en y remettant des bûches et la température dans la pièce était des plus agréable. Il avait enfin pu enlever sa broigne de cuir qu'il avait posé sur une chaise devant le bureau qui ornait l'un des coins de l'immense chambre. Il avait également ôter ses bottes et ses orteils nus savouraient le moelleux des tapis. Il portait encore ses chausses et une chemise de lin noire qui se laçait à l'avant.
- Es-tu bien installé ? lui demanda le chevalier après un long moment de silence
Maeron jeta un coup d’œil au lit en bois foncé qui ornait la pièce. Les pieds du lits étaient sculptés , représentant des pattes de panthères aux griffes acérées, et sur la tête de lit étaient gravées deux panthères des neiges en plein combat. Le dais du baldaquin était en velours marron et les armoiries de la famille Rhiàn y était aussi présente. Le matelas moelleux et les oreillers semblaient l'appelé quand aux couvertures et aux fourrures qui recouvraient le tout il avait hâte de s'y enfuir pour dormir.
- Mieux que je ne l'ai jamais été, répondit le chasseur. Je ne suis pas un habitué du luxe et je n'ai jamais eut mes propres appartements. J'ai plus souvent dormi à la belle étoile que sous un toit de pierre.
Tout cela était très éloigné de sa couche rigide dans sa cabane et même s'il appréciait certains éléments de ce luxe, et particulièrement le lit et la cheminée, il avait beaucoup de mal à accepter que tout cela soit mis à sa disposition.
- Moi-même j'avoue avoir du mal à m'y faire, déclara Aodhaàn.
- Pourtant tu logeais à Mézérhían, lui rappela le chasseur.
Enfant il avait ouï dire que les chevaliers étaient logés au château et même s'il ne devait pas avoir droit au même luxe que dans cette pièce il devait tout de même être coutumier d'un certain confort.
- En temps que Eirs nous dormons dans la caserne, un bâtiment en bois près des écuries ou nous partageons des dortoirs, lui apprit Aodhaàn. Quand j'ai été élevé au rang de chevalier j'ai reçut des appartements au rez de chaussée de la forteresse. Mais je n'en ai que très peu profité et ils étaient bien moins confortables que ceux ci.
Maeron jeta un regard aux panthères rugissantes qui ornaient le dais du baldaquin.
- C'est trop chargé pour moi, admit Maeron. Mais je vais tout de même apprécier ce lit de plume.
Malgré son besoin de méditer sur le balcon il se sentait épuisé et rien ne lui ferait plus plaisir qu'une bonne nuit de sommeil, cependant la présence d'Aodhaàn dans cette chambre le laissait deviner qu'il n'était pas prêt d'aller se coucher.
- Néanmoins je ne crois pas que tu sois venu me trouver pour vérifier que je sois bien installé.
Il savait qu'Aodhaàn pouvait se montrer prévenant mais pas à ce point, de plus son attitude envers lui était toujours étrange et il n'avait pas oublier son air de franche réprobation au dîner. Il allait certainement se faire réprimander pour son attitude et il n'avait pas l'intention de se laisser gronder comme un enfant. Il avait été clair sur ce point, il était un chasseur exilé et pas un soldat. Il connaissait le maniement des armes mais pas du tout le protocole ou les coutumes a respecter lors d'un dîner mondain.
- Non en effet, admit le chevalier en croisant les bras sur sa poitrine. Je me demandais... sais tu qui m'a adoubé chevalier ?
Maeron laissa son regard glisser sur la broigne de cuir que le chevalier n'avait pas ôter. Bien qu'il aie enfilé des vêtements propre à la sortie des thermes Aodhaàn ne s'était pas séparé du symbole de sa chevalerie. L’emblème doré de la famille Mézérhían semblait briller en reflétant la lumière des flammes et il se mordit l’intérieur de la joue pour ne pas laisser échapper une réflexion amère.
- Il n'y à que le Roi qui aie l'autorité pour cela, répondit-il d'un ton monocorde.
Un souvenir le transperça. Il se tenait enfant devant l’âtre de la cheminée alors que son père tournait autour de lui un martinet à la main, lui posant la même question. Il avait eut le malheur de répondre faux la première fois et lorsqu'il y repensait son dos le brûlait à nouveau lui rappelant la morsure du cuir. Cette cérémonie de l'adoubement avait été un rêve pour lui, un espoir lorsqu'il était enfant, avant que son père ne commence son entraînement. Il se l'était imaginé milles fois dans sa tête avant que tout ne s'écroule suite aux abus de son géniteur.
- Et bien cette année en tant que premier de la promotion j'ai eut l'honneur d'être adoubé de la main de la Princesse Teagan Mézérhian, lui apprit Aodhaàn.
Maeron serra les dents alors que la fierté transperçait dans la voix du soldat. Les dieux devaient le maudire, c'était la seule option. Il n'arrivait déjà pas à chasser Tea de son esprit et voilà qu'Aodhaàn semblait bien décidé à le torturer un peu plus.
- C'est une première dans l'histoire, continua le chevalier. Elle sera la première femme à monter sur le trône et je suis le premier chevalier adoubé de sa main.
Maeron serra les poings tout en tentant de chasser les images qui naissaient dans son esprit. Tea superbe dans une robe d'apparat juchée sur une estrade ses cheveux de jais coiffé avec élégance, adoubant Aodhaàn avec des gestes solennels.
- Cela à du être un grand moment, grommela-t-il en tenant de ne pas laisser transparaître sa douleur.
- C'est un honneur dont je n'aurais jamais osé rêver, consentit Aodhaàn. Et de ce fait je me sens comme … lié à elle. Bien sur je suis sous les ordres du Roi mais mon serment de chevalerie ce n'est pas à Aelred Mézérhian que je l'ai prêté mais à Teagan Mézérhian.
Maeron sentit la morsure de la jalousie pointer dans son cœur alors qu'un autre souvenir remontait à la surface. Lui aussi s'était agenouillé, lui aussi avait prêter serment à Tea et il aurait donné sa vie pour elle mais il n'avait pas le bon rang. Si son père ne lui avait pas arraché ses rêves d'avenir peut être aurait il pu se tenir à la place d'Aodhaàn, mais la vie en avait décidé autrement.
Un silence s'installa dans la pièce seulement brisé par les crépitements des bûches dans le feu. Maeron ne savait pas quoi dire, il avait du mal à encaisser le fait que malgré la distance Tea soit encore omniprésente dans sa vie. Il aurait voulu pouvoir faire taire les gens qui abordait ce sujet et ravivait la douleur dans sa poitrine mais il ne pouvait s'y résoudre car cela revenait à avouer qu'il la connaissait.
- Rappelle-moi pourquoi tu n'as pas répondu à l'appel de ton roi, reprit soudain Aodhaàn
La brutalité de la question prit Maeron au dépourvu et il serra les mâchoires se forçant à ne pas jeter un regard noir à son interlocuteur
- Je ne vois pas pourquoi, grogna-t-il sur la défensive. Ta mémoire n'est pas défaillante et je me suis déjà expliqué à ce propos. J'avais fait une promesse et je l'ai tenue.
Il ne put s’empêcher de faire les cents pas sur le riche tapis devant la cheminée. Il savait que ce comportement trahissait sa nervosité mais il ne pouvait refréner l'amertume qui l'avait saisi. Il n'aimait pas le tour que prenait cette conversation et devait trouver un moyen pour s'éloigner des ce sujets délicats.
- Tu as dérogé à un ordre royal parce que tu était amoureux, l'accusa Aodhaàn qui restait toujours immobile et se contentait de le scruter.
Cette fois ce fut la colère qui s'insinua au fond du cœur de Maeron et il se retourna vivement vers le chevalier.
- J'avais donné ma parole, lui rappela Maeron. J'ai peut être tout les défauts du monde mais lorsque je fais une promesse je la tiens.
Il fusilla son supérieur du regard se fichant cette fois de laisser paraître sa mauvaise humeur.
- Une promesse faite à une femme, insista le chevalier.
- Oui
la réponse tenait plus du grognement animal qu'à de véritable mots alors que Maeron serrait les dents pour ne pas prononcer des paroles qu'il regretterait. Ils avaient déjà parlé de tout cela et il était furieux que son compagnon de route remette ce sujet en jeux.
Il vit le chevalier se redresser, croiser ses bras musculeux sur son torse épais et prendre une grande inspiration.
- Un promesse faîte à Teagan Mézérhian, lâcha ce dernier avec force.
Maeron se figea alors qu'un silence angoissant s’abattait sur la pièce. En face de lui Aodhaàn le fixait d'un air neutre, ses bras recouvrant l’emblème doré ornant sa poitrine. Il n'avait pas bougé d'un pouce depuis le début de cette conversation et Maeron prit soudain conscience qu'Aodhaàn c'était placé de façon stratégique. Il lui barrait le chemin menant vers la porte, son seul échappatoire. De toute évidence Aodhaàn était venu pour obtenir des réponses, des réponses que Maeron ne pouvait décemment pas lui donner.
Les mots du chevalier tourbillonnaient dans son esprit et Maeron savait qu'il aurait du protester cependant il n'arrivait pas à ouvrir la bouche trop préoccuper à tenter de deviner comment Aodhaàn pouvait emmètre une telle hypothèse. Il n'avait pas parlé de Tea, il n'avait pas abordé le moindre sujet en rapport avec elle. Il n'avait fait qu'encaisser les souvenirs et les allusions douloureuses sans broncher et il était impossible que le chevalier aie simplement « deviné ». il aborhait le mensonge mais cette fois il n'allait pas avoir le choix.
- Je n'ai pas...., commença-t-il, bien décidé à contrer les propos du chevaliers
- NE ME MENS PAS ! S'insurgea soudain Aodhaàn furieux. L'autre soir tu t'es penché pour ramasser l'un de tes couteaux et ton médaillon est sortit de ta chemise.
Maeron senti son souffle se couper alors que sa poitrine semblait se compresser. Il porta instinctivement sa main à son torse et sous la fine chemise de lin il pu sentir les contours du médaillon. Il se maudit presque aussitôt pour cette réaction qui plus encore que ces propos le trahissait et laissa retomber son bras.
- Il n'existe que deux médaillons semblables, reprit Aodhaàn d'un ton sec. Le premier est en or et est enterré avec Cairistoria Mézérhian dans le patio de la forteresse. Le second est en argent et ornait le cou de la Princesse.
Cette fois Maeron ferma les yeux encaissant cette nouvelle sans broncher. Il ne savait pas que ce médaillon était unique. Pour lui il était le symbole de la famille de Tea et surtout son dernier présent qu'il chérissait particulièrement. Mais si Aodhaàn avait raison et que ce dernier avait reconnu le bijoux il n'était plus question de mentir.
- Il y à deux solutions, continua le chevalier en faisant un pas vers lui et en brisant le silence que Maeron n'arrivait pas à combler. Soit tu t'en es prit à elle et tu as arraché cette breloque de son cou et dans ce cas je serai obligé de te condamner à mort. …
Cette tirade déclencha un ricanement de la part de Maeron. C'était totalement invraisemblable quand on connaissait ses sentiments envers Tea néanmoins cela prouvait l'intelligence d'Aodhaàn. Il avait de toute évidence réfléchi à la situation et aux différentes options qui s'offraient à lui.
- C'est ce que tu crois ? cracha Maeron avec hargne.
Il ne savait pas vraiment pourquoi mais maintenant que le choc était passé il sentait renaître en lui ce sentiment de colère qu'il avait du mal à refréner. Il était en colère contre lui même pour ses réaction et ses erreurs, il était en colère contre Aodhaàn qui l'obligeait à avouer ses secrets les plus chers et il était en colère contre Tea qui avait insisté pour lui offrir ce médaillon.
- Non, répondit Aodhaàn plus posément. Je crois qu'elle te l'a donné car tu étais son maître d'arme.
Cette fois encore Maeron en resta coït. En repérant le médaillon il était peut être facile pour Aodhaàn d'identifier à qui il avait appartenu surtout s'il avait eut l'occasion de le voir au cou de Tea mais rien dans tout cela ne pouvait trahir le fait qu'il l'avait entraîné au combat.
Un instant il fut prêt à nier avant d'y renoncer. Le médaillon semblait brûler sa peau non loin de son cœur et il pouvait se souvenir avec douleur du moment ou elle le lui avait offert. Les larmes roulant sur ses joues, son air défait et sa propre douleur alors qu'il prenait conscience de la voir pour la dernière fois. Il ne servait plus à rien de nier de toute façon.
- Qu'est ce qui te fais croire ça ? demanda-t-il tout de même pour ne pas trop faciliter les choses au chevalier.
Il n'avait jamais été à l'aise avec les mensonges qu'il abhorrait. Son père l'avait assez châtié enfant lorsqu'il avait le malheur de déformé la vérité et il avait gardé de ses maltraitance un goût prononcé pour la vérité. Il fut néanmoins surprit de voir un sourire naître doucement sur le visage de son interlocuteur
- Je n'ai reçut qu'une seule déculottée durant mes deux années dans l'Eirehaàn et c'est elle qui me l'a mise, répondit Aodhaàn en ricanant. J'ai toujours dominé mes adversaires et elle à réussi à m'envoyer au sol alors que je ne la soupçonnais même pas de savoir tenir une lame.
Un sentiment de fierté prit naissance dans la poitrine de Maeron et il se redressa. Il savait que Tea avait mis l'un des apprentis de l'Eirehaàn à terre, elle s'en était assez ventée devant lui mais il n'avait jamais imaginé qu'il s'agissait d'un homme de la trempe et de la corpulence d'Aodhaàn.
- Je l'ai entraînée durant deux ans, répondit il la voix cette fois emplie d'orgueil.
Nombre d'homme se seraient courroucés en apprenant une telle chose et il se doutait qu'Aodhaàn agirait de même. Il ne fut donc pas étonné de le voir afficher un air stupéfait
- Tu as bien fait, finit par répondre le guerrier
Ce fut au tour de Maeron d'observer le chevalier avec stupeur.
- Ma réaction à l'air de t'étonnée, lui fit remarquer Aodhaàn.
Maeron se détendit tout en se rapprochant des flammes. Il frissonnait malgré la température agréable de la pièce et profita de la chaleur du feu pour trouver les bon mots.
- Certains... certains hommes n'apprécient pas le fait d'armer des femmes.
Cette fois ce fut un rire franc qui échappa au chevalier alors que lui aussi se rapprochait du tablier sculpté de la cheminée. Voilà pourquoi il appréciait Aodhaàn. Ce dernier aurait bien pu le rabrouer ou le traiter d’inconscient pour avoir apprit à une femme à manier les armes mais il était bien plus réfléchit que va. Et surtout il n'avait pas à prouver sa virilité en portant une lame.
- J’admets ne jamais avoir réfléchis à cette possibilité, répondit-il avec sincérité. Mais l'idée que la Princesse soit à même de défendre sa vie me soulage.
Maeron hocha la tête. Il avait au moins réussi cela. Même s'il n'était plus à ses cotés il savait que Tea était capable de sauver sa vie.
- Pourquoi t'as t-elle donné ce médaillon ? reprit le chevalier avec plus de sérieux.
Encore une fois le chasseur se rembrunit.
- Ce sont des affaires privées, grommela-t-il avec humeur. Çà ne te regarde pas
- Si, insista Aodhaàn. Comme je te l'ai dit je suis le premier chevalier adoubé de sa main et je suis donc liée à elle. J'ai fait le serment de la protéger, j'ai...
- TOUT COMME MOI ! s'emporta Maeron en frappant le tablier de la cheminée du plat de la main.
Il en avait assez d'entendre le chevalier venter ce lien qui le «rattachait» à la Princesse. Il ne supportait pas qu'Aodhaàn puisse penser être plus proche de Tea qu'il ne l'avait été. C'était de la jalousie pure et simple qui lui faisait perdre ainsi son sang froid et elle était risible néanmoins elle lui rongeait le cœur.
- Je ne suis pas chevalier, loin de là, gronda-t-il en s'avançant pour toiser son supérieur. Mais j'ai ployé le genoux à ses pieds et mon serment fut le même que le tien et bien qu'il ne soit pas légalement reconnu il n'en était pas moins sérieux !
Aodhaàn ne bougea pas d'un pouce mais son visage perdit quelque peu de ses couleurs. Maeron se surprit à prendre plaisir de voir le chevalier ainsi déstabilisé. De toute évidence il ne s'était pas attendu à cela. Le chasseur n'en était pas moins furieux contre lui même. Cette jalousie n'aurait pas du le ronger autant et surtout il aurait du dissimuler ses émotions comme il le faisait d'ordinaire mais il n'y arrivait plus. Entendre Aodhaàn déclarer qu'il était l'homme le plus proche de Tea n'avait aucun sens. Il pouvait se rappeler de la forme de son cors dans ses bras, de la régularité de sa respiration alors qu'il était blotti dans son lit pour la rassurer, de la sueur qui perlait sur son front et de la rage couvant dans ses yeux lorsqu'elle s’entraînait à l'épée, mais surtout de la douceur de ses lèvres sur les siennes et de l'empressement de ses baisers.
- Tu... tu as prêté serment, bredouilla le chevalier
Il semblait déboussolé mais également sceptique et la colère empli encore plus le cœur de Maeron. Le prenait il pour un menteur ? Il s’avança et plantant son regard dans celui d'un noir de jais du chevalier.
- Je jure d'aimer et de défendre les terres du Royaume de Mézérhian, de protéger les faibles et de ne jamais fuir devant l'adversaire, récita-t-il avec hargne. Je jure de combattre l'ennemi avec acharnement, Je promet d'être loyal et généreux, de ne jamais mentir et d'être fidèle à ma parole. Je remplirai mes devoirs et respecterai les traditions. Teagan Mézérhian, héritière du trône du Royaume de Mézérhian je voue ma vie à la votre et promet de vous suivre, de vous défendre et de donner ma vie pour vous. Je fait cette promesse sur mon honneur et sur ma vie.
Cette fois ce fut un véritable état de choc que refléta le visage du chevalier mais Maeron n'y prit plus aucun plaisir il comprenait la détresse du guerrier. Il venait de comprendre qu'il n'avait pas été le premier homme à prêter serment à Teagan Mézérhian et ça ne devait pas être facile à digérer. Pendant tout un temps il avait cru avoir un lien spécial avec la Princesse hors il avait été coiffé au poteau par un autre homme, un homme qui de plus n'était même pas membre de l'Eirhéaàn.
Maeron laissa le chevalier se reprendre en silence et posa ses yeux sur l’immense tablier de la cheminée, gravée dans la pierre calcaire se trouvait une nouvelle fois l’Emblème du Reyr, le léopard des neige rugissant se dressait sur ses pattes arrière livrant de toute évidence combat contre un adversaire imaginaire. Maeron se surprit à se comparer à cet animal. Sauvage, taciturne, il sortait les griffes à la moindre occasion au lieu d'agir avec calme et réflexion.
- Nous avons tout deux jurés de la protéger et nous avons échoués, souffla finalement Maeron.
Il se retourna vers le chevalier qui s'était reprit et poussa un grognement mécontent.
- Elle est dans la forteresse royale, protesta-t-il se sentant sans nul doute insulté par ses propos. Elle est entourée de deux cents gardes Cyriatan'ens qui veillent sur la Reine.
- Et c'est la seule raison qui m’a poussé à partir.
La douleur se réveilla aussitôt dans sa poitrine en souvenir des adieux déchirants qu'ils avaient échangés et qui resteraient, il le savait, à jamais gravés dans sa mémoire comme une torture se rappelant sans cesse à lui.
- Tu m'as avoué lui avoir promis de rester, lui rappela Aodhaàn en sautant sur l'occasion pour aborder le sujet. Et pourtant tu es parti.
- J'ai été capturé, cracha Maeron toujours furieux à l'évocation de cet épisode.
Le regard à nouveau sceptique du chevalier l’agaça au plus haut point et il cru bon de se justifier.
- Je ne t'ai pas menti, insista-t-il encore. Je vivais dans la foret de Dunvel et la Reine à envoyer des soldats battre la campagne à la recherche des « déserteurs » Je n'étais pas prêt, j'ai... j'ai manqué d'attention et j'ai été pris. Deux choix s'offraient à moi, soit je partais pour le front soit j'étais condamné à mort.
Maeron nota l'éclat de surprise qui alluma les prunelle du chevalier. De toute évidence cette information le perturbait mais il décida de passer outre.
- Tu m'as avoué être fou amoureux de cette femme, reprit Aodhaàn de toute évidence décidé à le torturer un peu plus. Tu es donc tombé amoureux de Teagan Mézérhian.
Maeron lâcha un feulement presque animal.
- Tu as tendance à me faire trop parler ! gronda-t-il en posant violent sa main sur la pierre du tablier de la cheminée. J'aurais du fermer ma grande gueule
- Réponds à ma question !
Le chasseur n’arrivait pas à croire qu'ils en soient là. Il avait révélé un peu de son existence à cet homme dans le but de s’intégrer à cette escouade mais jamais il n'avait eut l'intention de parler de Tea ni de ses sentiments qu'il avait tout fait pour cacher. D'un autre coté malgré sa colère et sa mauvaise humeur il n'arrivait pas à en vouloir à Aodhaàn de chercher la vérité. S'il était comme il le prétendait vraiment « lié » à Tea il était des plus compréhensible qu'il tente de démêler toute cette histoire et d'aller au fond des choses, meurtrissant son cœur au passage.
- Que veux tu savoir ? Répondit enfin Maeron avec fureur. Que j'ai apprit à la connaître ? que j'en suis effectivement tombé amoureux ?
Il vit le chevalier se redresser vivement et un éclat de colère éclata dans son regard. Maeron su tout de suite à quoi il pensait et s'empressa de le rassurer sur ce point
- Je ne l'ai pas touché, le tranquillisa-t-il tout en sachant que tout les sens de ce terme n’avait pas été respecté. Mon but à toujours été de la protéger, des autres comme d'elle même.
Il avait prononcé ces derniers mots à voix basse ne se rappelant que trop bien la douceur de ses mains glissant dans ses cheveux.
- C'est pour cette raison que tu n'as pas couché avec cette filles dans les thermes ? demanda le chevalier en faisant à son tour les cents pas sur le tapis richement décoré.
Le chasseur serra les poings conscient que l’interrogatoire n'était pas prêt de s'achever. Pour le moins cette fois il n'avait pas à redouté la vérité. Il pouvait en dissimuler une partie à son supérieur en s'appuyant sur un autre raisonnement non moins important.
- Une femme n'est pas un cadeau de bienvenue ! grogna-t-il. Tu as le droit d’apprécier cette pratique mais pour ma part elle me fait horreur.
Aodhaàn resta froid, les lèvres serrées, il dévisageait Maeron comme pour le percer à jour.
- Ce n'est pas la seule raison, devina-t-il.
Maeron soupira, agacé
- Tout ce que tu as le droit de savoir c'est que oui j'ai connu T..., commença-t-il avant de se reprendre. ...La Princesse. Je lui ai sauvé la vie, je l'ai entraînée et en échange elle m’a apprit à lire et à perfectionner mon Andaar.
Le chevalier lui lança un regard de franche réprobation et Maeron se planta devant lui.
- Ne fais pas cette tête, lui lança-t-il
- Tu n'avais pas le droit, gronda le chevalier. C'est la fille du Roi et tu n'es que...
- un exilé ! cracha amèrement Maeron. J'en suis bien conscient
La colère et la douleur le submergeait à ses paroles. Il avait déjà eut plus qu'il n'aurait osé l’espérer. Côtoyer Tea avait été une chance et un honneur, l'aimer une erreur mais qui au final avait donné un but à son existence massacrée.
Le regard accusateur du chevalier se fit plus intense et encore une fois Maeron râla d'avoir à se justifier.
- Crois tu qu'elle s'est présentée à moi comme la fille du Roi ? lui demanda le chasseur. Elle est maligne elle m'a dit travailler au château comme suivante de la Princesse. Je n'ai apprit son identité que bien plus tard et par hasard. Je... j'ai même tenté de couper les pont quand - j'ai apprit qui elle était mais … c'était trop tard.
Il eut du mal à finir sa phrase sa voix disparaissant soudainement alors que sa gorge le brûlait. Il se tourna un instant vers les flammes pour se ressaisir. Tea était sa faiblesse et remuer tout ça était trop douloureux. Il surprit le regard d'Aodhaàn qui se posa sur la chaîne d'argent qu'il avait autour du cou. Maeron tira le pendentif de sous sa chemise et la lumière du feu fit briller les deux saphirs qui ornaient les yeux des Eiwoarns
- Ne croit pas que je le lui ai prit de force, grommela le chasseur. Elle me l'à donné alors que j'étais enchaîné.
Il pouvait presque sentir les doigts tremblants de la Princesse glissant la chaîne autour de son cou et dissimulant le pendentif contre la peau humide de son torse.
- Je le lui rendrai si je la revois, continua-t-il. Ou je te le confierai.
Et encore une fois Maeron ne mentait pas. Ce médaillon était une part de Tea qui voyageait avec lui et une chose était claire dans son esprit, s'il survivait à cette guerre il le confierait à Aodhaàn pour qu'il le lui rapporte. Chaque particule de son être souhaitait revoir Tea mais il était conscient que c'était une mauvaise idée. Il lui avait fait ses adieux et la retrouver pour repartir aurait été comme jeter du sel sur une plaie à vif, une douleur inutile qu'il leur épargnerait à tout les deux
- Bien, finit par souffler Aodhaàn en décroisant ses bras musculeux pour adopter une position plus décontractée.
Maeron passa une main dans sa nuque massant doucement sa peau pour délier ses muscles. Il n'avait pas prit conscience d'être aussi tendu lors de cette conversation et visiblement Aodhaàn avait décidé de le laisser vivre.
- L'interrogatoire est terminé ? railla Maeron plus chamboulé par cette discussion qu'il ne souhaitait le montrer.
- J'avais besoin de réponse à mes questions, répondit Aodhaàn avec sérieux.
Ça Maeron pouvait le comprendre mais il savait que remuer tout cela ne l'aiderait pas à trouver le sommeil. Le chevalier hocha la tête, comprenant qu'il était fatigué et se dirigea vers la porte. Maeron l'arrêta alors qu'il avait la main sur la poignée.
- N'en parle pas aux autres, lui demanda-t-il d'une voix rauque. C'est un sujet qui est plutôt douloureux
Il n'avait aucune envie que Daleròn ou Rodàan ne le charrie sur ce sujet. Bien trop de chose lui rappelaient déjà Tea sans que quelqu'un ne vienne lui poignarder le cœur comme venait de le faire Aodhaàn. Peut être se confierait il à Sellod un jours mais pour l'instant il voulait enterrer tout cela au fond de son cœur pour apaiser la douleur.
- Je peux comprendre, lui assura Aodhaàn avec un signe de tête.
Le chevalier allait sortir mais cette fois encore Maeron l'arrêta. Il ne savait pas très bien pourquoi alors qu'il n'aspirait qu'à être seul et à s'enfoncer dans les épais édredons de plumes mais ils venaient d'aller au bout des choses et lui aussi avait des interrogations à combler.
- C'est à mon tour de poser les questions, l'arrêta Maeron.
Le chevalier se retourna lentement, un petit sourire amusé aux lèvres et s’appuya contre la porte.
- Je t'écoute.
- Pourquoi avoir fait de moi ton lieutenant ? s'enquit Maeron.
Cette question le taraudait depuis le début de la journée qui semblait ne pas avoir de fin et maintenant qu'il avait apporté toutes ces réponses à Aodhaàn il exigeait les siennes. Le chevalier sembla réfléchir à sa réponse alors que Maeron malgré son habituelle impassibilité piaffait presque d'impatience devant le feu.
- Parce que tu es réfléchi et mieux entraîné que quiconque, finit par répondre le chevalier.
Maeron lâcha un ricanement amer.
- Tu ne m'as jamais vu me battre, lui rappela-t-il.
Il ne s'était d'ailleurs plus réellement battu depuis qu'il avait tué ce soldat Cyriatàn'en et été capturé. Et ce combat il l'avait perdu.
- Je t'ai vu mettre une raclée à Daleròn, le contredit Aodhaàn.
- Ce n'était qu'un jeu.
Il avait certes remit l'archer à sa place mais ça ne lui avait demandé aucun effort.
- Justement.
Aodhaàn soupira et reprit appuis sur ses pieds pour s'avancer de quelques pas. Il se dirigea vers un guéridon de bois sculpté et attrapa la carafe qui y était posée. Il se servir un gobelet d'eau fraîche et but de longues gorgée avant de reprendre.
- Tu analyses chaque situation Maeron, expliqua-t-il. Tu es réfléchis, méfiant et je pense que tu pourrais être utile au sein du commandement.
Le chasseur hocha la tête, content d'apprendre que c'était ces raisons qui avaient décidé Aodhaàn.
- A ce propos ? dit il rebondissant sur un sujet autrement moins douloureux. Qu'allons nous faire ?
Le chevalier grimaça et s'approcha du lit pour s'asseoir en son bout. Maeron le vit fixer les flammes quelques instant avant de relever les yeux.
- Quel est ton avis sur cette question ? lui demanda-t-il très calmement.
Maeron qui avait longuement méditer sur son balcon glacé était prêt à répondre, ce qu'il ne savait pas s'était la réaction qu'aurait son supérieur suite à ses paroles.
- Deux solutions s’offrent à nous, commença-t-il en s'accoudant à la cheminée. La première est de retourner sur le front pour dire au Roi que le Seigneur Rhiàn est porté disparu, mais cela reviendrait à avouer notre échec car ce n'est qu'un début de réponse. La seconde est de se diriger vers l'Handor pour voir si les rumeurs d’emprisonnement son vraies.
Il vit le chevalier hocher lentement la tête alors que ses phalanges blanchissaient autour du gobelet de métal ouvragé qu'il tenait.
- Dans tout les cas, reprit Maeron les deux hypothèses se basent sur le fait de croire les dires de l'intendant. Il reste également la possibilité que le seigneur Rhiàn soit planqué quelques part sur ses terres et se cache en attendant la fin du conflit.
Le chevalier releva vivement la tête et le fusilla du regard. Maeron s'attendait à se qu'il l'invectives de compliment sur la loyauté du Seigneur du Reyr mais il n'en fit rien.
- Et que penses tu de l'intendant ? demanda-t-il.
Maeron lâcha un ricanement avant de se diriger lui aussi vers le guéridon pour se servir à boire.
- Il est bien trop heureux de se retrouver en haut de l'échelle, dit il avec sincérité. Et il savoure son nouveau statut mais pour autant je pense qu'il est sincère.
Sa réponse sembla surprendre le chevalier qui le dévisagea.
- C'est ton instinct qui te le souffle ?
- Non, s'amusa Maeron. L'ensemble de ses réactions. Sa colère et sa tristesse n'ont par l'air feinte et ce sont des sentiments difficiles à masquer. Il à l'air profondément affecté par les disparitions des Seigneurs du Reyr.
Aodhaàn étira ses jambes avant de boire une nouvelle gorgée d'eau.
- Et que ferais tu dans mon cas ?
Maeron comprenait que sa manière de faire consistait à attendre des réponses sans jamais révéler ses intentions. Il était entrain de passer une sorte de test mais ça ne l'effrayait pas. Comme il ne cessait de le répéter il était franc et si ce qu'il avait à dire ne plaisait pas à Aodhaàn il le lui ferait savoir.
- La même chose que toi, assura le chasseur avec un sourire narquois. Tu as donné ta parole au Roi et u ne te contenteras pas d'une explication évasive. Nous allons en Handor.
Cette fois ce fut au tour d'Aodhaàn de rire.
- Et tu oses me demander pourquoi je t'ai promu lieutenant ? s'amusa le chevalier. Nous partirons dans deux jours. Profitons encore d'une journée pour reposer nos montures et nous équiper en conséquence. L'Handor est un lieu hostile.
Le chasseur acquiesça d'un signe de tête. Il avait lui aussi déjà songé à un équipement adéquat. Il avait vaguement discuté avec l'un des gardes et ils avaient encore un maréchal ferrant âgé qui avait reprit du service depuis le départ des soldats. Il avait bien l'intention d'aller le voir pour s'équiper lui et sa monture.
Aodhaàn se releva et se dirigea vers la porte.
- Profite de quelques nuits dans le luxe et le confort, lui conseilla-t-il.
Maeron en avait bien l'intention mais une dernière chose le tracassait.
- Encore une chose, le retint-il en ce souvenant d'un détail. Tu doutais déjà de moi quand tu m'as promu lieutenant, tu avais vu le médaillon alors pourquoi l'avoir fait ?
Cette évidence venait de s'imposer à lui. S'il avait vu le médaillon le soir ou Daleròn l'avait fait sortir de ses gonds cela expliquait son comportement étrange de ces derniers jours et pourtant il l'avait promu le matin même.
- En effet, admit le chevalier sans lâcher la poignée de la porte. J 'espérais réellement que tes justifications seraient suffisantes.
La réponse amusa Maeron.
- L'on elles étés ?
Car c'était cela le fond des choses. Ils avaient crevé l’abcès et s'il voulaient baser leur relation sur la confiance il fallait qu'il sache.
- Je m'en contenterai, souffla Aodhaàn et lorsque je verrai la Princesse je lui poserai les même questions.
Cette fois Maeron éclata réellement de rire malgré le pincement dans sa poitrine. Il imaginait déjà la tête que ferait Tea si Aodhaàn avait l'audace de lui poser une telle question.
- Elle te rembarreras avec force, affirma-t-il, sur de lui.
Le chevalier ouvrit la porte et sorti sur le palier.
- Tu vois, ajouta-t-il avant de sortit. C'est ce genre de vérité que tu énonces qui me pousse à croire que tu dis vrai.