Lecture : Quand sort la recluse - Fred Vargas

Jun 29, 2017 16:02


"Quand sort la recluse" de Fred Vargas
roman policier - 496 pages
♥ ♥ ♥ ♥ 4/5



Après les loups-garous, les vampires, la peste et la Terreur, quel mythe Fred Vargas va-t-elle extirper de la nuit des temps pour notre plus grand délice ? Eh bien, ce sera la recluse ! Et qu'est-ce que la recluse, me demanderez-vous ? Deux choses dans l'une : d'une part une malheureuse femme emmurée vivante volontaire pour la plus grande gloire de Dieu - pratique courante au Moyen-Âge mais beaucoup moins de nos jours - d'autre part une petite araignée. Petite, toute petite araignée mais dont le venin nécrose les chairs et peut parfois entraîner la perte d'un membre, voire pire. Et voici justement qu'en France, les décès dus aux morsures de recluses se multiplient. Trois morts en trois mois ! C'est beaucoup, même en prenant en compte l'âge avancé des victimes. du fond des marais brumeux de sa célèbre nonchalance, le commissaire Jean-Baptiste Adamsberg s'interroge : peut-on tuer par araignées interposées ? « Non ! » disent les spécialistes. « Non ! » dit le commandant Danglars, affolé de voir son supérieur s'aventurer sur un terrain aussi mouvant. « Non ! » dit à l'unisson toute la brigade d'Adamsberg. Mais derrière la nonchalance du commissaire se cache une ténacité de bull dog et quand Jean-Baptiste tombe sur un os, il ne le lâche pas de sitôt. Ou comme le dit son vieux voisin Lucio « Quand tu dois gratter quelque chose, gratte le jusqu'au sang. »

Rolala, ce qu'il était glauque, ce Vargas là… Poétique aussi - quoique d'une poésie assez sombre et morbide - charmant aussi, imaginatif toujours, mais très glauque tout de même. Les meurtres eux-mêmes sont particulièrement sordides mais les victimes sont encore pires, des salopards de la pire espèce que l'on se réjouirait de voir crever si leurs morts n'étaient pas si épouvantables. L'atmosphère est si lourde, si poisseuse que même le calme proverbial d'Adamsberg n'y résiste pas et c'est avec surprise que l'on voit notre cher commissaire s'inquiéter, s'énerver et même - ô stupeur - mettre un pain dans la gueule d'un collègue. Il traîne les pieds, hésite, tergiverse et semble particulièrement peut pressé de finir cette nouvelle enquête, mal à l'aise face à un meurtrier pour qui il éprouve une embarrassante sympathie. Difficile d'en dire plus sans trop dévoiler l'intrigue mais sachez que le talent de Mme Vargas est toujours aussi vivace et son récit toujours aussi délicieusement sinueux. Si cette chasse à la recluse a éveillé moins d'excitation chez moi que la plongée dans la Terreur du tome précédent, il ne faut y voir qu'un penchant tout personnel. Un bon cru à conseiller sans modération pendant ces rudes journées de canicule !

rec : roman policier, auteur : fred vargas

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