une dissert pinienne

Mar 29, 2010 10:52

Parce qu'un jour lointain je fis cette dissert en l'honneur de Chibi et de son blog (le chibiblog! à visiter d'ugence pour ceux qui connaissent pas ! prévoir les culottes et les bassines, pleurer de rire est mauvais pour son clavier), que je lui en dois d'ailleurs une autre sur la méchette (non moi pas avoir oublié......... huuuuuum), me suis dit que c'était bien le genre de truc que je pourrais balancer par ici.
Les faits ne sont pas à jour parce que ça date (toute la période Loveless passe à la trappe); la fin est un peu du n'importe quoi parce que j'avais une date limite et que je voulais finir.

PI DANS SA PERIODE BANGUEUR, SEXYTEUR ET ENSORCELEUR (= le sujet de Chibi-sensei)



Tomohisa Yamashita, éphèbe au doux visage d’ange, né dans la préfecture de Chiba en 1985, pénétra dans le monde tentaculaire du show-business japonais à peine sorti de ses langes. Surfant sur l’énorme vague de succès des boybands, alors en pleine expansion au pays du soleil levant, ce jeune homme d’aujourd’hui 24 ans intègre la Johnny’s Entertainment à l’âge de 12 ans, et emprunte à partir de là les sentiers sinueux de la gloire que son agence trace pour lui d’un doigt autoritaire, parcours infaillible vers les sommets vertigineux de la célébrité que cette star de la pop asiatique semble gravir avec aisance et maturité. Bien que membre du groupe NEWS, c’est avec le duo « Shuuji to Akira », formé avec Kazuya Kamenashi, membre de la même agence et co-star du drama Nobuta wo Produce, que Yamashita fait sa percée dans l’univers compétitif du divertissement nippon. Percée qui ne fait que se confirmer avec la diffusion de Kurosagi l’année suivante, série qui cette fois semble célébrer tout au long de ses onze épisodes le charisme irrésistible du « golden boy », comme on le surnomme dans le métier, et l’installe définitivement sur son trône d’idole multifonction, du haut duquel il domine désormais le petit écran japonais. Long sera le chemin qui mènera à l’oubli du légendaire « Bang », geste récurrent qui rythme la progression de ce drama, à tel point que celui-ci est maintenant souvent associé au jeune homme comme un de ses attributs principaux, au même titre que « Kon-Kon » ou encore feu la méchette. Ce signe prend donc peu à peu le titre de symbole d’un Yamapi sexyteur et ensorceleur, et devient matériau de l’élaboration de l’individu Pi à travers les âges, dans un contexte de désir sexuel professionnalisant. Il est en effet à la fois instrument et vecteur d’une sexytude au doux parfum de nostalgie, tout en incarnant à lui seul l’essence du Kuropi ; mais restreindre le Pi au bang 2006 ne serait-ce pas, finalement, sous-estimer gravement la portée de son pouvoir, tout en l’enfermant dans une bang-attitude réductrice ?

Ce n’est pas pour rien que le « bang » est devenu l’élément représentatif du drama Kurosagi, faisant au moins une apparition par épisode, pour le plus grand plaisir des fans éblouies. Il se fait en effet témoin et porteur de la sexytude de celui auquel il est réservé - à quelques exceptions près, cependant.
Rien que par sa sonorité, l’onomatopée « bang » est déjà significatrice. Notons que la prononciation japonaise de ce mot tourne plutôt autour de « bèngue », ce qui tout de même en atténue quelque peu la portée agressive (le « bang » claque plus que le « bèngue »), correspondant finalement assez bien à la personnalité dissimulatrice et retirée de son propriétaire (il s’agit ici du personnage du drama), qui préfère opérer par derrière, discrètement et secrètement, et ne parle ouvertement que très rarement. La traduction de cette onomatopée en français se rapprocherait de « boum », ou plutôt « pan », qui reproduit très clairement le claquement d’un coup de feu. C’est en effet ce bruit que le « bang » mime, car Kurosaki l’accompagne toujours d’un geste ne laissant aucune place à l’ambiguïté ; l’index projeté vers l’avant, en parfait angle droit avec le pouce, les autres doigts repliés dans une main qui se déploie à l’horizontale, il tire sans pitié sur quiconque se mettra sur son chemin. La force du « bang » se situe aussi dans le fait que sa syllabe unique, tout d’abord frappe l’esprit et laisse durablement sa marque, mais surtout fait prendre aux lèvres de la personne qui la prononce une moue tout à fait appréciable. Celles-ci se replient tout d’abord l’une sur l’autre, avant de s’écarter avec force pour laisser passer le «bang» ravageur. Toute leur splendeur charnue et moelleuse se révèle alors dans le processus, sans oublier l’intérieur de la bouche (et la langue) que l’interstice créé laisse alors apercevoir. De plus, le Pi a pour habitude de légèrement plisser la paupière droite (celle qui correspond à la main bangueuse), ce qui fait prendre à son visage une expression avantageuse, et accentue le syncrétisme bang/coup de revolver : il se concentre comme s’il visait pour mieux tirer.
C’est là que nous en arrivons à la symbolique du bang, à considérer sous plusieurs aspects. Tout d’abord le premier : celui du coup de feu. La symbolique est claire ; Kurosaki applique explicitement le but que Pi s’est fixé depuis son premier jour dans la JE : tuer ses fans, et les ruiner. Car le « bang » de Kuro correspond au premier degré à l’assassinat pur et dur par arme à feu ; mais c’est surtout, au-delà de ce sens premier, la caractérisation de sa revanche qui consiste à escroquer sa cible (donc la ruiner) en lui extorquant son argent. Quoi de plus en symbiose avec la philosophie du Pi ? Kurosaki apparaît donc ici comme un double fantasmé et assumé de l’idole, tuant ses pauvres fans à coup de regard langoureux pour mieux vider leur porte-monnaie par-derrière. Mais ce n’est pas tout. Le bang cache encore bien des mystères, et s’adresse au cerveau affaibli par une série de messages subliminaux aussi efficaces que dissimulés. Car quelle est la première association d’idée qui vient à l’esprit au mot « bang » ? C’est inévitablement le phénomène dit du « Big Bang » (et on ne saurait nier que les bang piniens ne sont aucunement petits), Big Bang qui correspond à une gigantesque explosion marquant le début de l’expansion de l’univers. Sans vouloir faire des comparaisons déplacées, n’est-ce pas précisément le cas avec Kurosagi ? L’explosion correspondant à celle de l’univers de la fan quand elle rencontre Kuropi pour la première fois, son enthousiasme effréné retombant en confettis de bave, et l’expansion à l’élargissement de son monde qui inclut tout à coup les individus masculins méchetteux au visage androgyne possiblement couverts de paillettes roses et chantant de la pop mielleuse au milieu d’une troupe de non moins scintillants jeunes japonais (ceci dans l’hypothèse où elle n’aurait pas encore pénétré cet univers de perdition).
Les effets concrets du Bang sont par conséquents dévastateurs. Si l’ensorcèlement du mouvement hypnotique de la pointe du doigt ne fonctionne pas, reste toujours la très persuasive menace du revolver. Kurosagi ne fait pas marcher ses fans à la baguette mais au pistolet, les tenant à sa merci sous le feu de son regard appuyé par celui de son doigt, et on ne saurait imaginer les répercussions pour celui qui oserait tenter de lui résister. On peut d’ailleurs penser qu’une telle attitude est purement inconcevable, mais la menace même, bien qu’inutile en soi, fait partie du pouvoir trouble du Pi. Symbole de sa virilité, son revolver imaginaire fascine avec brio autant qu’il inspire la crainte - tel un Dieu révéré, car comme le dit Rabelais dans Pantagruel, dans une lettre de Gargantua à celui-ci : «Il te faut servir, aimer et craindre Dieu, et en Lui mettre toutes tes pensées ». Ce que la fan s’empresse de faire, obéissant au commandements exprimés par ce bang décidément bien puissant : elle sert les repas de son Dieu en se précipitant sur son dernier single, aimant chacun de ses pas, révérant chacun de ses mots, craignant l’obscurité insondable de son regard. Le Bang, plus qu’un simple geste accrocheur et séducteur, se révèle donc être une vraie entreprise commerciale. Il caractérise à la fois la victoire et la toute-puissance d’un Pi tout autant craint qu’adulé et l’explosion du cerveau de la fan qui y est confrontée ; sans oublier la possibilité qu’il rappelle également le bruit du heurt d’un corps féminin sur le sol, annihilé par tant de beauté fatale.

Cependant, par-delà cette analyse du bang en lui-même, c’est en fait surtout comme emblème de Kurosagi - et par là de Kuropi - que ce geste se définit ; et le rayonnement séducteur que celui-ci dégage lui donne d’autant plus de force.
Il est d’un commun accord qu’une des périodes reconnues universellement comme l’un des meilleurs crus du Pi - si ce n’est le meilleur - est celle de Kurosagi, ou, comme nous l’avons déjà vu plus haut, de Kuropi. Le temps est sûrement venu d’expliciter ce surnom inhabituel, qui englobe plus que le seul Kurosaki, s’étendant même jusqu’à Byakkotai (époque bénie entre toutes). Il désigne de fait le laps de temps, hélas Ô combien trop court, durant lequel Yamashita fut du brun ébène le plus sombre. Ce nom utilise donc habilement le « Kuro » de Kurosagi, en l’accolant au Pi de rigueur, mais en s’en servant dans son sens japonais premier (kuro signifiant la couleur noire - on admirera au passage le génie onomastique d’une telle trouvaille). L’apparition de Kuropi se fit donc un beau jour d’avril 2006, alors que les oiseaux chantaient, les cerisiers fleurissaient et les NEWS déprimaient. Mais revenons aux sources de cette naissance légendaire. Le jeune Tomohisa Yamashita sortait donc d’un immense succès commercial et médiatique, ayant atteint avec son single Seishun Amigo le million d’exemplaires écoulés, pulvérisant l’Oricon en arrivant premier de l’année 2005 malgré une parution à l’automne, révélant ainsi en fin son talent - et son visage ensorceleur - au grand public nippon. La mise au banc de son groupe NEWS pour d’éthyliques raisons lui laissa visiblement trop de temps libre, car il investit soudain les salles de musculation, transformant l’excentrique Akira à la bouille ronde de clown triste en un délicieusement musclé et ténébreux jeune homme : la renaissance du Pi avait débuté. On ne peut qu’imaginer la réaction que le tout-puissant et diabolique Johnny du haut de sa tour d’ivoire d’or massif put avoir, et le sourire machiavélique que son visage ridé dut arborer devant ces abdominaux parfaitement sculptés : il n’avait plus qu’à s’appuyer sur la célébrité toute fraîche de l’innocent Yamapi pour le jeter en pâture aux désirs hystériques de toute une génération de jeunes filles, le hissant vers de nouvelles hauteurs d’où tomberait sans tarder (et avec fracas) une cascade de yens.
C’est alors que notre idole se vit offrir son premier rôle principal dans un drama, et pas n’importe lequel : il incarnerait un mystérieux, charismatique et torturé héros assoiffé de vengeance, sa sensibilité et fragilité affleurant cependant toujours pour ne pas laisser les petits cœurs fleur bleue en reste. Sitôt dit, sitôt fait ; et Tomohisa revisite rapidement son thème de l’année, passant de « briller et éclairer ceux qui l’entourent » (cérémonie de passage à l’âge adulte, printemps 2006), à un tout simple mais non moins explicite « érotique » (making of du CM TBC). Et érotique il le fut : tout le drama tourne autour de sa personne, multipliant les plans rapprochés sur ses grands yeux noirs hypnotiques, capturant le dessin longiligne de son corps alors qu’il erre dans les rues de Tokyo, fantôme froid et désespéré prisonnier de la dualité de son existence : il escroque comme il a été escroqué, instrument d’une vengeance qui détruit sa vie quand il voudrait justement surmonter son passé, manipulé et dépendant de l’être même qui est à l’origine du mal. Le jeu sur les contrastes, qui reflète bien cette dimension, est particulièrement flagrant : Kurosaki est un être de ténèbres, entièrement vêtu de noir lorsqu’il est lui-même (un des intérêts du drama repose malgré cela sur ses nombreux déguisements successifs, qui permettent à l’acteur de nous faire découvrir ses multiples facettes), à la chevelure ébène et aux yeux liquides et profonds. Mais les meilleurs effets sont obtenus quand il se tient justement dans cette pénombre indistincte, ses cheveux se fondant avec elle, son regard ayant comme emprunté deux morceaux de l’obscurité qui l’entoure, les invitant à venir habiter ses yeux qui se font ainsi témoins d’un monde mystérieux pleins de promesses troubles et fascinantes dans leur inconnu menaçant ; les remous d’un univers parallèle peuplé de monstres et de solitude glaciale apparaissent à la surface de leur miroir d’une noirceur effrayante… et dans l’obscurité généralisée, son fin visage à la peau claire luit d’une lueur tamisée, presque nacrée, reflétant une lune invisible, ses courbes harmonieuses brillant dans la nuit. C’est dans cette dualité désespérément humaine, déchirure éternelle entre lumières et ténèbres, que gisent tout le mystère et la sexytude du Kuropi.
Mais, et le Bang dans tout ça, rappellent déjà à l’ordre vos voix attentives. Et bien, n’avons-nous pas déjà démontré qu’il était l’un des acteurs majeurs du phénomène érotique ? Il est l’un des meilleurs alliés du Kuropi sur sa route vers la gloire de la sexytude, incarnant l’essence de l’indifférence du beau gosse nonchalant conscient de son pouvoir sur toute fashion-victime, tout en lui ménageant un côté vulnérable attendrissant dans sa recherche d’attention. Les principales caractéristiques de ce personnage sont, si on en fait une liste factuelle, les cheveux bruns, la méchette, la nonchalance étudiée, les yeux torturés et l’aura de sexytude. Si on prend en considération le fait que le mot « bang », en anglais (langue qui est, avec le chinois, le principal réservoir sémantique de japonais), signifie…frange, la boucle est bouclée. Le bang, dans sa séduction rebelle et virile, paraît bien incarner tous les principaux aspects du Kuropi. C’est d’ailleurs cette dimension que va exploiter le nouveau disque de Yamashita, trait de génie de la J.E., qui profite de la suspension de son groupe pour le lancer en solo parallèlement à son rôle dans le drama, et s’assure ainsi un succès plus grand que celui qu’aucun des singles des NEWS n’a jamais remporté (et ce jusqu’à aujourd’hui), Daite Señorita vendant plus du double de leur moyenne habituelle. La chanson et le clip reposent sur la recette déjà précédemment examinée : bien qu’il ne s’y trouve aucun Bang, on peut affirmer sans aucun scrupule que le jeune chanteur y a indubitablement la « bang attitude ». Le regard langoureux, il joue avec son public, maniant avec agileté le coup d’œil furtif qui sait s’attarder quand il le faut, les attouchements ensorceleurs du pouce sur la lèvre, l’exposition de gorge avec soupirs sensuels, les exhalations provocatrices, les déhanchés ondoyants. Le scénario réussit à la fois à intégrer amour possessif et suppliant, tout en restant viril (paroles de la chanson), au récit plus ou moins vraisemblable d’un combat des rues (PV) - et c’est là que s’exprime tout le pouvoir de la bang attitude. La force fragile du héros blessé qui vole au secours du faible dans toute sa splendeur rebelle, provocatrice et sensuelle, voilà le bing, voilà le bèngue, voilà le bang enfin, implicite et sous-jacent mais néanmoins bien vivant.

Le « bang » est donc le symbole d’une période révolue, d’un « âge d’or » du Pi que les réactionnaires de sa communauté de fans ont bien du mal à oublier… Mais peut-on vraiment circonscrire le phénomène du « bang » à cette seule année 2006 ? Son influence ne s’étend-elle pas sur un laps de temps bien plus long ? Au-delà la méchette, au-delà de Kurosagi, au-delà du brun raide, Pi nous prouve sans relâche sa totale maîtrise de la bang attitude, et ne cesse de réaffirmer son statut de Bangueur au-delà du Bang.
Tout d’abord, le geste bangueur en lui-même n’est pas réservé à la seule année 2006, ni à l’exercice du Pi dans ses fonctions kurosagiennes. L’exemple le plus flagrant en est le film Kurosagi, qui lui est ancré dans la fin de l’année 2007 (pour le tournage) et le début de l’année 2008 (pour la sortie et les apparitions promotionnelles). Ce film ressuscite un Kuropi transformé, moins sombre et plus concentré, qui avance vers la vengeance sans pour autant arriver au bout - car que serait un Kurosagi vengé ? Une enveloppe vide, parfaite incarnation de la « walking shadow » shakespearienne, qui sert d’ailleurs de refrain au film. La citation peut se comprendre de deux façons : le « poor player that struts and frets upon the stage* » est bien évidemment Kurosaki, qui n’est en effet qu’un « tale told by an idiot » : il est enfermé dans un rôle, celui qu’il s’est lui-même assigné, celui que lui attribue Katsuragi, tirant les ficelles de cette poupée aveuglée par la haine ; a-t-il vraiment un semblant d’autonomie, sans même se pencher sur la question de la liberté ? A un deuxième niveau, Kurosagi ne prend vie qu’à travers l’acteur Yamashita Tomohisa, et il disparaît pour toujours à la fin du film - pour lui, parler est exister, et on ne l’entendra plus jamais. Sa vie est effectivement faite de « son et de fureur, ne signifiant rien », il ne s’incarne que pour quelques heures avant de retourner dans l’abîme de la pensée de son créateur. Le « bang » de Kurosaki finit par représenter le vide de son existence, un geste qui prend vie avant de s’évanouir aussi rapidement qu’il était arrivé, explose et retourne au non-être. Cependant le « bang », qui reprend du service dans le film, n’avait pas disparu entre temps. Il réapparaît de ci de là, dans les émissions, bien sûr plus souvent dans celles consacrées au drama, mais déteignant du personnage à l’acteur qui se l’approprie. Il devient parodie de lui-même, reliquat des temps anciens, mais toujours aussi efficace - il n’a donc pas disparu.
Mais plutôt que le geste lui-même, c’est la « bang attitude » que Pi a conservée, car comme le dit le proverbe, « bang un jour, bang toujours »... Se conformant aux principes d’Hegel, il va nier le bang pour mieux le conserver, afin de finalement le dépasser. Ni la disparition du brun, ni l’abandon du raide, ni l’annihilation de la méchette (ce qu’on peut voir sans sur-interpréter comme de la négation) n’auront raison du vrai pouvoir bangueur. Pi bangue le bang, et en ressort vainqueur, car grandi. Si le geste a disparu, la politique, la symbolique et l’impact qui se cachaient derrière sont conservés dans toute leur force. Une bang attitude qui parsème les événements récents de l’histoire pinienne : à la fois le dézippage de Gomen ne Juliet, les mouvements suintants de maîtrise sensuelle de Shock me vs Devil or Angel, les regards langoureux de Taiyou no Namida, l’air détaché et séducteur de Koi no ABO, le plan à contre-jour de torse dénudé de Code Blue, pour culminer avec la performance de Mola, qui remporte sans trop de tergiversations la palme. Cette indifférence étudiée, cette virilité assumée, cet étincellement de sexytude qui submerge… L’esprit du bang n’est pas mort. Sans parler des danses aussi impromptues que sexy au milieu d’un stade de basket-ball. Alors que ni le contexte, ni la situation ne l’exigeaient ni même ne s’y prêtaient, le Pi, insouciant et oublieux de l’état de faiblesse du public, déjà soumis à de longues heures de sa présence (donc intellectuellement parlant assez diminué), se met soudain à danser au centre du terrain. Ce Pi enfermé dans son propre monde mais cible du regard de chacun - et s’y offrant consciemment, explicite dans sa séduction tout en paraissant ne pas s’en soucier, n’est-ce pas l’essence même du bang ?
Essence dans laquelle il faut veiller à ne pas l’enfermer. Car, s’il conserve le bang à travers la bang attitude, c’est pour mieux le dépasser : le sex-appeal du Pi le transcende. D’une côté, il en détourne de temps autre la signification, le projetant parfois avec un sourire lumineux, ou ne l’assumant pas parfaitement, adorable dans sa gêne catastrophée ; de l’autre, sa séduction multiple ne saurait se restreindre à cette simple et primaire bang attitude. Le Pi a en effet le bon sens de jouer sur d’autres tableaux - dans l’hypothèse ou la bang attitude ne serait pas la seule qu’il souhaiterait afficher, tout en se trahissant plus que souvent dans des accès piniens de mignon. Cependant le délire et l’adorable du Yamapi, qui ne peuvent rentrer dans l’appellation bangueuse, mais font indubitablement partie de son charisme irrésistible et changeant, font des apparitions trop nombreuses pour qu’on puisse donner foi à cette interprétation. La force de son sourire dépasse tout ce que le plus fatal des bangs aurait jamais à offrir, et la profondeur de son regard à la séduction pure l’écrabouillerait en le laissant misérablement pleurer au bord de la route. Pi restera toujours aussi sexy, au-delà du bang ; car, en vérité, il n’en a pas réellement besoin. Celui-ci n’est qu’un instrument sur lequel il s’appuie, mais qui n’aurait absolument aucun effet sans son charisme naturel, qui pourtant lui fonctionne parfaitement sans lui. Ni les bouclettes de caniche à sa mémé, ni le blond platine agressif, ni les chutes malencontreuses de micro, ni les costumes roses à fanfreluches n’auront jamais raison d’une des plus grandes réussites du japonaises du XXIème siècle : Tomohisa Yamashita, 24 ans, basketteur, sexyteur et ensorceleur.

Ainsi, on a vu que le bang, geste qui suit le Pi dans son parcours sans fautes à l’intérieur de l’ingrat système nippon du showbiz, est tout autant un instrument de sa sexytude que le témoin éprouvé d’une période révolue. Il est le symbole immortel d’un Kuropi regretté, tout en continuant de soutenir celui qui l’a abandonné avec une constance qui ne faiblit pas avec le temps. Elevé au rang de concept, il est aux sources de la « bang attitude », qui guide la star depuis de longues années. Ce qui n’empêche cependant pas le jeune Yamashita de faire parfois fi de la tentante séduction de cette technique à l’efficacité prouvée pour exercer la sienne propre, délivré de toutes les contraintes que ce bang implique, loin de ses implications clichés et commerciales. Il sait s’abandonner, se délestant de toute arme pour s’offrir dans son entier au public. Ou, plus qu’un calcul prémédité d’un Tomohisa manipulateur, serait-ce simplement son honnêteté discrète, son charisme sans affectation et sa sensualité naturelle qui construiraient en toute circonstance autour de sa personne une aura de mystère et de fascination, presque malgré lui? Quelle que soit la réponse, le jeune japonais est loin d’avoir exploré toutes les ressources qu’une nature bien inspirée a mises à sa disposition, et la terre n’a qu’à bien se préparer devant la lente ascension de ce Soleil Levant qui ne tardera pas à réchauffer le monde entier de ses doux rayons, au-delà de toutes les frontières.

...moi tarée? pas du tout

*joker*

pour ceux que ça intéresse, le plan :

Problématique : Comment le BANG construit-il l’individu Pi à travers les âges, dans un contexte de désir sexuel professionnalisant ?

PLAN

I. Le bang, instrument de sexytude

1)Phonétique
2)Symbolique
3)Effets

II. Un élément caractéristique du Kuropi

1)le drama et son contexte, étude de marché
2)Kuropi, ténèbres et mystère, les clefs du succès
3)Daite Señorita, un complot monté par « Kitagawa & Cie », fabricants de bassines depuis 1970

III. Bangueur au-delà du Bang

1)Un geste daté mais à la réapparition sporadique
2)Bang un jour, Bang toujours
3)Comment le sex-appeal du Pi transcende le Bang

La fanvid de Chibi qui va avec

image Click to view



made in andros

Previous post Next post
Up