[Avent] Carry On

Dec 11, 2015 14:43




Le bouquin dont je vais vous parler pourrait être abordé comme une nouvelle variation (très cool et très réussie !) sur le thème de l’Elu et de l’école de magie… mais aussi comme un exemple impressionnant de littérature transformative. Du coup je vais commencer par vous donner le contexte de création de Carry On, qui une fois qu’on le connait le rend incomparablement plus cool à mon goût. Si l’aspect meta ne vous branche pas, vous pouvez directement passer à la case de la critique.

Fangirl et la genèse de Simon Snow

Il était une fois Rainbow Rowell.
Rainbow est une auteur de littérature pour jeune adultes qui a déjà plusieurs best-seller a son actif et décide d’écrire un nouveau roman : Fangirl.
Dans Fangirl (sorti en 2013 et que j’ai dont j’ai d’ailleurs écrit une petite critique ici), on suit Cath, dont le fandom est Simon Snow, série de romans jeunesse au succès planétaire, écrit par la célèbre Gemma T. Leslie et qui raconte les aventures du héros éponyme, élu magique de son état, lors de ses années d’étude à l’école de magie Watford. Non seulement Cath écrit des fanfics sur Simon Snow, mais elle le slash avec son rival de toujours, Tyrannus Basilton Pitch, dit Baz. Sa fanfic fleuve intitulée Carry On est sa version du 8ème et dernier opus de la saga, qu’elle veut absolument finir avant la sortie de ce dernier tome et des petits extraits en parsèment le roman, familiarisant les lecteurs avec les personnages et les rendant attachant… et les laissant sur leur faim quand à la chute de Carry On !



Rainbow Rowell aurait pu s’arrêter là, mais elle a décidé de pousser la transformation plus loin et d’écrire un roman intitulé Carry On, se situant dans l’univers de Simon Snow. Le 8ème et dernier, pour être exact. Pas la version de Cath que l’on entrevoit dans Fangirl, pas la version -fictive- de Gemma T. Leslie non plus, mais la sienne.
Pour récapituler, Carry On est donc un roman inspiré par une fanfic slash épique jamais écrite, sur les personnages d'une oeuvre qui n’existe pas : c'est à la fois fantastique et incroyablement meta. <3 Je ne sais pas vous, mais moi, ça me fait tripper.

Le pitch

Simon Snow is the worst Chosen One who's ever been chosen.
That's what his roommate, Baz, says. And Baz might be evil and a vampire and a complete git, but he's probably right.
Half the time, Simon can't even make his wand work, and the other half, he starts something on fire. His mentor's avoiding him, his girlfriend broke up with him, and there's a magic-eating monster running around, wearing Simon's face. Baz would be having a field day with all this, if he were here--it's their last year at the Watford School of Magicks, and Simon's infuriating nemesis didn't even bother to show up.



Carry On Simon!

Nul besoin d’être une fangirl pour se rendre compte que Simon Snow est fortement inspiré de Harry Potter, que son meilleur ennemi (et peut-être plus si affinité) Baz est donc très logiquement Draco Malfoy et qu’à l’avenant, d’autres personnages et lieux trouvent une source plus ou moins flagrante dans la saga de JK Rowling. Penny pourrait être Hermione, le Mage Dumbledore, Agatha Ginny… Et Watford est bien évidemment Poudlard.
Sauf que non ! La fonction tenue dans le récit (mentor, meilleure amie, etc) peut sembler globalement la même, mais pour autant les personnages comme l’histoire sont bien loin d’être un simple copié-collé de l’univers Harry Potter. Rowell écrit des personnages bien distincts de leurs alter ego, ayant leurs personnalités et leurs défauts... ainsi que leurs problèmes bien à eux.
Carry on est drôle, bien pensé, plein d’aventures et d’un peu de romance, et apporte plein de twists très ingénieux à de nombreux éléments de l’univers Potterien.

Car Carry On a plein de point très réussit :
  • le système de magie
La magie dans l’univers de Simon Snow est basé sur la parole, qui permet de façonner le pouvoir. Et plus les mots ont été répétés, plus ils sont chargés, efficaces. Les sortilèges dans le Simonverse sont donc des expressions, des paroles de chansons, des vers de Shakespeare ou des dialogues de films devenue cultes… C’est super ingénieux et ça donne quelques moments très drôles.
  • l'exposition et l'univers
Le choix de situer le roman lors de la 8ème année de Sinon est plutôt culotté : pour faire la comparaison qui s’impose c’est un peu comme si quelqu’un n’ayant jamais lu Harry Potter attaquait la saga par les Reliques de la Mort ! Et pourtant cette entrée de plein pied dans l'univers marche. En partie parce que les archétypes sont déjà connus et que l’on n’a pas besoin de beaucoup pour accepter que Simon a été durant toute sa scolarité magique la cible d’attaques du mystérieux et maléfique Insidious Humdum. Mais surtout parce que c’est bien écrit, que le point de vue de Simon est tout de suite prenant et qu’il n’y a guère besoin de se faire prier pour se laisser entrainer dans son univers, à la rencontre de ses amis comme de ses ennemis.
On découvre progressivement l’univers, et si on a parfois des échos de lecture de fanfic au fil du roman je n’ai jamais trouvé cela vraiment génant et l’univers de Sinon est suffisament fort et singulier pour se détacher de sa source.
  • les personnages
Parlons en, justement, des persos.
Sans entrer dans les spoilers, j’ai adoré ce qu’a fait Rowell de certains personnages, c’est une auteur qui a le chic pour construire et caractériser des personnages qui semblent presques réels, dont les motivations et les actions ont un sens interne : Penelope, indienne rondouillarde et talentueuse et ses parents qui sont top (je suis fan de Penny) ; Baz, beaucoup moins arrogant qu’il n’y parait et vampire présumé aussi obsédé par Simon que Simon l’est par lui ; le Mage (laissez-moi vous dire que Dumbledore s’en prend plein la tronche par procuration) ; Ebb la gardienne de chèvres de Watford ; Agatha, la petite amie de Simon… Et bien sûr Simon lui-même, sa magie explosive et le poids qui pèse sur lui, sa relation avec le Mage et celle avec Baz…

Carry On n’est pas le premier roman à puiser dans ce que j’ai envie d’appeler la Matière Potterienne (on peut noter A hero at the End of The World et sans doute d’autres qui ne me viennent pas en tête)... mais ce n’est probablement pas le dernier, et je trouve qu’il accomplie l’exercice avec beaucoup de créativité. Il n'est pas parfait évidemment, mais je lui pardonne bien volontiers ses défauts pour le grand plaisir de lecture que j'en ai tiré.

TL;DR : A lire si vous aimez l’une des choses suivantes :
- Harry Potter,
- la littérature YA avec de la magie et de l’aventure
- le meta et/ou les fanfics
- les bonnes histoires
- les romances gay

Et en prime :

- Why Is Fan Fiction So Powerful?
Cette interview très intéressante avec Rainbow Rowell sur les fandom et l'écriture tranformative, écrit avant la sortie de Carry On

Fanarts
- Un superbe fanart de Simon et Baz dans la tête de Cath

- Une version BD d'une scène de Carry On racontée par Cath à Levi

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