[Avent] Mary Sue, OOC et autres "dérives"...

Dec 14, 2013 02:50


J'étais frustrée que mon pairing ne se réalise pas dans ma série préférée du moment, du coup j'ai voulu aller lire quelques fanfic porny sur le sujet.

Je me suis retrouvée à lire de la MAUVAISE fanfiction. Et à ce moment-là, je me suis dis que j'étais vraiment désespérée...

Mais ce n'est pas pour ça que je fais ce post ! Non non non.

Si je fais ce post, c'est pour faire du bon vieux rant.

Quels sont les clichés qui vous horripile en fanfic ? Voici les éléments qui selon moi, font qu'une fanfic a beaucoup de chances d'être une daube (ces critères sont entièrement subjectifs) :


- (on commence par du lourd) la présence d'une Mary-Sue.

Je ne parle pas des Mary-Sue (ou Gary-Stu, d'ailleurs) parodiques, mais des vrais, celles dont l'auteur ne se creuse pas la tête à essayer de lui trouver une personnalité. Ce personnage (qui peut aussi être masculin) est profondément sans intérêt : beau, intelligent, sensible, mais avec du caractère, il représente tout ce que l'auteur aurait voulu être, ou avec quoi il/elle aurait voulu sortir, et tout ce que le lecteur voudrait voir périr, parce que le lecteur est sadique.

Je suis toujours très déçue de tomber sur ce genre de fics quand je souhaite lire une fanfic sur mes personnages préférés. Cela dit, ces fanfictions sont souvent faciles à repérer, car elles sont introduites par un résumé qui commence très souvent comme ceci « Dans la jolie cité de Pétaouchnok-les-oies, Héros 1 et Héros 2 rencontre une jeune fille... » « Des années après la fin du livre, la fille de Héroïne 3... » « La neige est blanche, le sol est gris. Gary Stu cherche son chemin parmi les brumes du souvenir » ; on peut parfois les repérer à leurs titres « Les aventures mirifiques de Gary Stu », « à la recherche du temps perdu avec Gary Stu ». En général, quand il y a un nom que vous ne connaissez pas dans le titre, c'est bon, vous pouvez être sûr que c'est une fic à Original Character.

Attention, je ne suis pas en train de dire que les OC, dans une fanfiction, ce n'est pas utile ! Il en faut parfois pour jouer les personnages secondaires, pour faire avancer l'intrigue...

Mais je déteste quand l'intrigue repose entièrement dessus, c'est un fait que je ne peux pas nier.


- Les personnages rendus Out Of Character.

Par exemple, dans l'univers de la fic que je viens de lire, il y a un personnage de playboy, séduisant une nouvelle nana à chaque épisode. Dans la fanfic en question, ce personnage déteste les femmes, parce qu'en fait, il est gay (mais c'est con, dans la série, ils ne s'en étaient pas aperçu. Sacrés scénaristes ! Hohoho.).

Rendez-moi mon personnage adoré ! Quel est donc cet ersatz à deux francs six sous ?!

Mais je comprend l'auteur. C'est vrai, pourquoi se creuser les méninges à essayer de correspondre à un personnage pré-existant, alors qu'on peut inventer ce que l'on veut et ainsi écrire l'histoire comme on veut ?

J'ai envie de répondre : c'est le principe de la fanfiction !

Après, j'apporte tout de même une nuance : parfois, la conception de « caractère » du personnage dépend d'une interprétation, et chacun peut avoir la sienne. Cependant, on part toujours du principe, en fanfiction, qu'à moins d'écrire du crack, le personnage doit suivre son modèle originale, sinon ça n'a plus aucun sens ! Autant écrire des originales.


- Le bashing féminin

Encore quelque chose issu de la fic que je viens de lire (quand je vous disais qu'elle était mauvaise !)

Le pire, c'est que la plupart du temps, l'auteur est également féminine. On retrouve souvent ce cas dans les fanfics slash et/ou ayant un casting majoritairement masculin et/ou dont la fiction originale a tendance à sous-exploiter ses personnages féminins (je pense tout particulièrement au manga Bleach)

C'est vraiment grave, quelque part, parce que ça dénote d'un conformisme discriminatoire dans la fiction d'aujourd'hui ; c'est trop fatiguant de montrer des modèles féminins valides, les auteurs ne font même plus l'effort de créer ou d'exploiter des personnages de femmes intéressants. C'est devenu tellement nécessaire, à l'heure actuelle, de s'identifier aux personnages masculins (parce que bon, les filles dans Bleach, voilà quoi), que certaines auteures réduisent carrément leur créativité en se cantonnant aux perso masculins.

C'est horrible, comment certaines auteurs de fanfic slash peuvent être misogynes dans leurs descriptions : les femmes sont des putes cherchant à dévier le personnage principal de son véritable amour (masculin). Mais dans quel genre de monde on vit pour que les gens soient mesquins au point ? (vous me direz, la troisième roue du carrosse, homme ou femme, a toujours le mauvais rôle. Mais si c'est une femme...c'est encore pire !)

En fait, je crois que je n'aime pas le bashing, de façon générale. C'est un manque évident de travail au niveau de la psychologie. (en plus, taper sur un personnage de fiction qui ne peut pas se défendre, c'est nul :P)


- Les excès de fluff ou de drama.

En fait, j'aime bien le fluff. En général, pas besoin de faire compliqué, le fluff se suffit à lui-même et n'a pas nécessairement besoin d'intrigue dans une fanfiction.

Par contre, il faut choisir attentivement le fandom sur lequel on veut s'exercer, parce qu'il y a certaines situations où le fluff ne passe vraiment pas. A moins d'être un très bon auteur, c'est prendre des risques de virer OOC. A priori, les personnages sont (pour la plupart) des êtres humains. Pas de la guimauve.

Et je voulais aussi parler rapidement du pendant émo de certaines fanfiction. Le personnage principal, il ne lui arrive QUE des tuiles. Abandonné à la naissance, exploité par une famille de Thénardier, battu, violé par des ours, torturé, humilié. On lui aura tout fait, il aura tout subit, et tout est décrit de façon bien pathos pour faire chialer le lecteur avec force larmes, sang, et autres fluides corporels. Plus cliché tu meurs. Oh, et n'oublions pas la bonne vieille introspection déprimante qui tourne en rond, fidèle compagne des fanfictions d'auteurs dépressives, pleines d'un lyrisme grandiloquent qui se veut « noir comme les plumes ébènes du corbeau » et « plus profond que la tristesse d'un trou noir ». Vous voyez ce que je veux dire...


- Le self insert.

Uniquement destiné aux crack-fic et aux fic sur Deadpool (rupture du 4ème mur oblige). Pour le reste, c'est un trait d'humour auquel je reste fermement hermétique car se limitant souvent à la private joke inutile et sans justification.


- Les fautes, le langage sms, le style théâtre/Roleplay.

Là, on est plus sur quelque chose relevant de la forme. Mais j'ai une certaine estime pour la publication de texte sur internet, particulièrement sur des sites spécialisés, car là, on considère que c'est une place publique, exposée. Donc quand je vois certains « textes » (si ce n'est pas insulter la notion de texte que d'appeler ça ainsi)...

Les fautes : j'en fais aussi. Mais j'ai horreur que les phrases soient incorrectes grammaticalement. On dirait que les personnages sont tous des ado de 12 ans (j'oublie de préciser que j'ai horreur des niveaux de langage mal utilisés aussi) qui se foutent de la façon dont ils parlent. Il y a même des gens qui publient des fanfictions, qui se moquent COMPLETEMENT de l'orthographe, et c'est comme si on me crachait dans la figure en me disant que je ne sers à rien...et je ne suis même pas un correcteur orthographique microsoft XD

Les textes théâtre/RP : souvent symptômes d'un auteur feignant qui ne veut pas s'ennuyer à écrire un contexte à son histoire, à faire des phrases complètes (les didascalies servent vaguement à préciser les actions des personnages), et à essayer de rendre son œuvre compréhensible et intéressante. En général, il n'y a aucune qualité artistique derrière ce genre de travail, selon mon expérience, et c'est une insulte au théâtre que de comparer ces trucs à l'art dramatique. Enfin j'dis ça, j'dis rien.


- Le cliché du syndrome de Stockholm.

Élément clef de nombreuses fanfictions, le syndrome de Stockholm demeure pourtant un phénomène méconnu des auteurs de fanfic, qui l'utilisent à leur insu. Il s'a git d'un personnage qui tombe amoureux d'un autre, après que celui-ci se soit comporté de la plus vilaine des façons.

Allez savoir pourquoi, le personnage principal de ce genre de fiction est toujours un peu masochiste, comme si ça faisait en quelque sorte parti de la nature humaine.

J'explique cela par une psychologisation à l'extrême. Mais en réalité, ça dénature complètement les relations ; en cherchant à forcer les personnages à coïncider avec un idéal, l'auteur appuie son raisonnement sur une fausse justification, digne d'un feuilleton.

Je le répète : la psychopathologie n'est pas là pour servir à tout expliquer, à donner un sens à chaque comportement et événement. On ne peut pas juste simplifier l'être humain à une maladie ou à un symptôme. Et la personne victime d'un syndrome de Stockholm ne répond pas forcément au cliché que l'on s'en fait, par vulgarisation dans les médias de ce syndrome (qui s'en trouve alors déformé).


- La culture du viol.

Un petit mot bref là-dessus. Pas la peine que je rant des heures. Mais puisque je parlais du syndrome de Stockholm juste avant, il fallait un petit quelque chose sur le viol.

Je ne suis pas contre du non-con ou dub-con. Par contre, je suis contre certaines façons de traiter la chose.

Aujourd'hui, j'ai eu une petite discussion avec quelqu'un, durant laquelle j'ai été obligée de donner ma définition du viol. Elle est peut-être lacunaire, mais je vais tenter le coup : le viol, donc, c'est quand une personne utilise la contrainte physique ou psychologique pour amener une autre à avoir des rapports sexuels (sans obligation de pénétration) alors que celle-ci a déjà exprimé une volonté contraire à cet acte.

Voilà, ça coule de source, je n'ai pas eu besoin d'un dictionnaire.

Alors je ne comprend pas pourquoi, dans certaines fics, on voit des changements d'avis radicaux en cours de route, comme si la victime de viol finissait par être consentante, sans la moindre explication, juste par « la force du plaisir », ou pire « la force de l'amour ». Oui parce que, parfois, le viol est une preuve d'amour. Pas une agression réifiante de la victime. Ce n'est pas comme si le violeur se passait de l'avis de la victime, et qu'il l'obligeait à quelque chose qu'elle ne veut pas - quelque chose qui peut être perçu comme cruellement avilissant.

Mais je suis sans doute mal placée pour en parler, c'est après tout quelque chose de très théorique, ce que je dis là. Cependant, il me semble que tout auteur devrait avoir ce bagage théorique - le viol est abject - et s'en souvenir, à chaque mot, durant la rédaction d'un non-con ou d'un dub-con, afin de garder sensibilité et subtilité dans l'écriture.

Parce que selon moi, quand tu oublies que le viol est une forme de torture, tu nourris quelque chose de noir et de mauvais dans l'inconscient collectif qui veut que le viol soit le seul crime pour lequel on accuse d'abord la victime. Et quand tu publies sur internet, tu diffuses un message.

Je conclus sur une note un peu grave. La fanfiction, l'écriture, est parfois une matière sérieuse, même si l'on veut l'utiliser à des fins de distraction.

Mais et vous, qu'est-ce qui vous hérisse le poil à la lecture d'une fic ? Et pourquoi ?
Et vous avez le droit de me contredire, ou d'ajouter des choses. Je vous écoute.

disc:fanfiction, avent, méta, fanfiction, féminisme, slash

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