Jul 05, 2008 00:01
D'Erwan Baron
A Alexandre Lesservi-Caballière
Chère et cendreuse Marquise...
Pardonnez-moi le temps qu'il m'a fallu pour vous répondre, mais la baronnie vit des temps troublés qui ne facilitent pas les communications avec vos marches lointaines. Mon étude, mes écrits m'accaparent, mais pas comme il le faudrait, et les ténèbres de votre pâle ami, quoique toujours bien douces, prennent un goût de vide.
Aussi, je préfère ne pas vous infliger un rigide Traité de littérature qui sonnerait bien creux, et attendre, pour évoquer avec vous le livre dont vous me parlez, de retrouver votre ottomane.
L'enfance vous va si bien, Marquise. Gardez-vous de la nauséabonde adolescence, âge de toutes les résurgences, et des adolescents-nourrissons tels que votre Richard. Espériez-vous couper à "je vous l'avais bien dit" ? Sa fascination horrifiée pour le fécal est tellement grossière qu'elle a bien pu vous échapper, marivaldienne créature que vous êtes et qui pesez... Comment était-ce ? "Des sentiments de mouche dans des balances en toile d'araignée" ?
Ma lassitude me rend amnésique. Avant d'oublier mon nom et de ne plus pouvoir signer,
je vous prie d'agréer, Marquise, l'expression de mon gentlemaniaque dévouement et de ma sincère amitié.
Charlus.
Post-scriptum : En lisant Villiers, j'ai trouvé ceci : "Quoniam non cognovi litteraturam, introïbo in potentias Dei." C'est beau, n'est-ce pas ? Qu'en pensez-vous ?
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correspondance