Titre : Effeuillage
Auteur : Lilou Black
Fandom : D.Gray-Man
Pairing : Kanda/Allen
Nombre de mots : 1288
Rating : PG-13
Disclaimer : Propriété de Hoshino Katsura
Note : Dédié à
piwi_chan, en remerciement d’un petit colis qui protège des averses ♥♡♥
Un peu…
- Qu’est-ce que c’est que cette marque sur ton torse ? Je ne savais pas que tu avais un tatouage ?
- Tss… peu importe.
La discussion en était restée là. Allen avait fanfaronné et lancé des piques puisque de toute façon, la situation était trop particulière pour se poser des questions. L’Arche était sauvée, leurs vies aussi, il ne restait plus qu’à se réjouir.
Cependant, cette fleur de lotus tatouée sur la poitrine de Kanda, juste à la place du cœur, avait marqué le jeune Exorciste. Lorsque l’affaire de l’Arche fut terminée, il ne put plus croiser son camarade sans y repenser. La réponse qu’il avait obtenue quand il l’avait interrogé sur le sujet, ce « tss… peu importe » avait beau être typiquement « Kandesque », Allen avait l’impression que cela cachait quelque chose. Cela ne pouvait pas être une simple fantaisie esthétique. Ce n’était pas le genre du Japonais.
Il n’essaya plus de lui poser des questions. Quoiqu’il dise, il se ferait envoyer sur les roses. La curiosité à propos de cette marque était pourtant si forte qu’il alla voir le chef de la section scientifique, qui était sensé tout savoir des petits secrets des Exorcistes. Komui, cependant, refusa de lui apporter les renseignements qu’il souhaitait. Un secret est un secret, expliqua-t-il doctement. Il refusait de divulguer cette information sans avoir obtenu l’accord de Kanda. Allen fut déçu. Son supérieur lui lança alors un regard aigu :
- Pourquoi tu me poses ces questions ? Tu t’inquiètes pour Kanda ?
- Bien sûr que non, répliqua Allen, piqué au vif.
Bien sûr que non…
Beaucoup…
Kanda ne cherchait plus à comprendre pourquoi la Pousse de soja persistait à vouloir se rapprocher de lui. Dès le début, leurs rapports avaient été conflictuels. Il trouvait ce gamin affreusement sentimental et ce dernier ne manquait pas de lui reprocher sa froideur et son caractère désagréable. Tout avait changé depuis l’histoire de l’Arche. Kanda savait que la Pousse de soja avait pleurniché à l’idée de perdre ses compagnons qu’il considérait comme ses « amis » (tss…), mais à présent qu’ils étaient tous sains et saufs, il ne voyait pas pourquoi il continuait à jouer les crampons.
Ça l’agaçait.
Il dut finir par admettre que la présence d’Allen à côté de lui quand il méditait n’était pas désagréable. Il restait silencieux, concentré sur ses pensées, et il se montrait aussi discret que possible. Comme dans tout ce qu’il faisait, il mettait beaucoup de cœur dans la méditation et Kanda, bien malgré lui, trouvait cela à la fois appréciable et reposant. À croire que cette satanée Pousse de soja était capable de faire autre chose que de jouer les héros ou les écorchés vifs.
Ce furent, au bout d’un certain temps, ces séances de méditation communes qui changèrent la nature de leurs relations. Ils se retrouvaient tous les soirs, n’échangeaient pas un mot, s’asseyaient l’un à côté de l’autre et se concentraient ensemble. Au dehors, leurs disputes avaient cessé. Ils se toléraient.
Kanda prit conscience de la place qu’Allen avait prise dans son esprit lorsque ce dernier partit en mission. Il se retrouva seul pour méditer, et il eut plus de mal que d’habitude. L’absence de la Pousse de soja le désorientait.
Il lui manquait.
Sa présence lui manquait, ainsi que le son de sa respiration et le regard curieux qu’il lui lançait tous les soirs. Comme s’il essayait de voir à travers sa chemise.
Passionnément…
Sa mission achevée, Allen n’avait qu’une envie : aller méditer avec Kanda. En voulant se rapprocher du kendôka afin d’en savoir plus sur son mystérieux tatouage, il avait découvert cette activité qu’il trouvait extrêmement reposante. Il aimait l’atmosphère silencieuse, le calme et, même s’il avait de la peine à l’admettre, le visage de Kanda, si agréable à regarder quand il était détendu.
Le jeune Anglais chassa cette pensée de sa tête. C’était ridicule.
Il rejoignit la salle de méditation après avoir rendu son rapport à Komui et fut surpris d’être accueilli par un mince, très mince sourire de Kanda. Il ne put s’empêcher de rougir.
Il n’osait poser aucune question tant l’équilibre qui régnait entre eux était instable. Dans le même temps, il s’interrogeait sur ce qu’il éprouvait vis-à-vis du Japonais qu’il ne détestait plus du tout. Quand ce dernier partit à son tour en mission, une inquiétude venue d’il ne savait où le rongea et ne le quitta pas. Ce sentiment atteint d’ailleurs des sommets quand Kanda revint fort fatigué, quoiqu’en bon état alors que selon Komui, il avait été gravement blessé.
Une ambiance tendue régna ce soir-là quand ils se retrouvèrent pour méditer. Allen se faisait du souci et Kanda semblait totalement ailleurs. Le jeune Exorciste osa finalement interroger son compagnon, quitte à recevoir un sarcasme en guise de réponse. Il fut surpris que le kendôka lui explique, simplement, le secret du tatouage qu’il avait sur le torse. Cette fleur de lotus avait un pouvoir de résurrection. Elle guérissait les blessures de Kanda en échange d’un peu de son espérance de vie. Allen fut presque choqué de l’acceptation avec laquelle le Japonais s’exprimait. Il aurait cru qu’il tenait plus que cela à la vie. Sans se rendre compte de ce qu’il faisait, il rejoignit son camarade et noua ses bras autour de son cou. Il n’eut pas le temps de prendre conscience de son geste. Kanda enfouit son visage dans ses cheveux et murmura :
- Je suis fatigué, Pousse de soja.
À la folie
Il savait que c’était une erreur et qu’il finirait par regretter ce qui allait se passer, quoique ce fût. Il ne put cependant s’en empêcher. Se faire à nouveau blesser si peu de temps après avoir vaincu ce gros Noah était un coup dur. Peut-être avait-il inconsciemment besoin de la gentillesse un peu stupide de la Pousse de soja. Il ne voulait pas le savoir, et de toute façon, il avait horreur de se poser des questions. Quitte à faire des bêtises, autant en profiter jusqu’au bout. Les regrets viendraient plus tard.
Il ne repoussa pas Allen quand celui-ci l’embrassa. Il l’encouragea même à continuer en prolongeant le baiser. Il dut admettre qu’il aimait ça, que les lèvres du gamin étaient douces contre les siennes et que c’était agréable. Réconfortant.
Quand la Pousse de soja, les joues rouges, marmonna que la pièce de méditation manquait d’intimité, Kanda ne s’accorda même pas une seconde de réflexion et emmena Allen dans sa chambre.
Ils s’écroulèrent sur le lit. Les vêtements tombèrent les uns après les autres. Kanda n’éprouva aucun dégoût devant l’arme anti-Akuma qui tenait lieu de bras à Allen. Ce dernier, qui ne montrait jamais cette partie de sa personne en temps normal, ne faisait preuve d’aucune pudeur.
De toute façon, les circonstances étaient tout, sauf normales.
Deux personnes qui se haïssaient encore peu de temps auparavant ne pouvaient pas, dans une situation ordinaire, se trouver dans le même lit. Pas plus qu’ils ne pouvaient s’embrasser, se caresser et chercher leurs points sensibles respectifs du bouts des doigts, gestes tendres et curieux à la fois. Pas plus qu’ils ne pouvaient atteindre, simultanément, des sommets de plaisir.
C’est ce qui se produisit pourtant.
Kanda reprit lentement son souffle, tandis qu’Allen se blottissait contre sa poitrine, déjà presque assoupi. Le Japonais jeta malgré lui un regard sur la fleur de lotus, la vraie, celle qui reposait dans un bocal de verre.
Elle avait perdu un autre pétale.
- Merde…
- Qu’est-ce qu’il y a ? demanda Allen d’une voix endormie.
Kanda lui expliqua ce qu’il venait de voir et lui fit part de son incompréhension. Pourquoi un pétale maintenant ?
Allen sourit et se redressa pour embrasser son amant :
- C’est ce qu’on appelle une « petite mort », dit-il en riant doucement.
- Crétin !
Fin.