[ Luna ] 1 - e. Dualité

Jun 01, 2010 03:00

Une nouvelle histoire, que vous pouvez retrouver ici.

C'est une histoire qui, pour moi, aura un sens. Elle me permet d'exorciser un peu, et ça fait toujours du bien. Elle sera probablement longue. Elle est en cours d'écriture.

De quoi ça parle ?
D'une fille qui raconte sa vie comme elle parle.
D'une famille recomposée un peu ouf'.
D'un amour qui se concrétise.
D'autres choses que je préfère vous laisser découvrir.

Homophobes, fuyez, je ne veux pas de vous ici. Non, ce ne sera pas "hard", tout doux même.

Cinquième et dernière partie de mon premier chapitre.
POV Adeline.

Samedi 14 novembre
Cette semaine sera placée sous le signe paternel. Il habite à 15 minutes de voiture de chez moi et je le vois très souvent, mais en général, je passe en coup de vent, saluer, boire un café, dîner dans le meilleur des cas. Il m'invite rarement à rester dormir, mais durant son absence, il veut que je surveille son beau-fils, puisqu'il part en voyage d'affaires. Et sa compagne est en thalassothérapie pour une semaine encore, à l'autre bout de la France.
Je ne refuse que très rarement ses invitations. Pour moi, il n'est pas l'homme qui a brisé ma famille, c'est juste mon père.
Et j'aime bien sa compagne, Nathalie. Et le fils, Fabien.

« Voilà ma princesse !
- Bonjour papa ! Tu vas où, cette semaine ?
- Chicago, celui qui devait faire le voyage est tombé malade. On va au restau', ce midi ? Je n'ai rien préparé et ce n'est pas Fabien qui va lever le petit doigt. Tu peux aller le réveiller ?
- Il est 11 heures et il dort encore ? Quelle marmotte... »

Il semble très gêné lorsque je rentre dans sa chambre et que je vois le léger foutoir qu'il y a mis. Au moins, l'odeur n'est pas trop horrible, c'est déjà ça. Et ce ne sont pas des vêtements qui traînent sur le sol, ce sont des livres ou des jeux, ou ses classeurs de cours.
« Tu as dix minutes pour mettre une chemise propre, un pantalon décent et te coiffer, te brosser les dents et tout ce que tu as à faire. On va au restau', p'tit frère.
- M'appelle pas comme ça, Ade. »

Je vais me gêner !

Attablés depuis dix minutes, je discute avec mon père de mes études et du master que je vais probablement faire, quand il commence à parler de Fabien, et à m'expliquer que c'est bientôt le bac', et qu'il a intérêt à avoir un bon dossier scolaire pour intégrer une prépa', tout ça.
« C'est vrai ? Tu veux faire quoi, comme prépa' ?
- Une prépa' éco', à Paris. Ce serait bien. »
Comme mon père a fait, avant lui... Parfois, je me dis qu'il regrette que je n'ai pas fait de prépa', ou même médecine, pour devenir psychiatre au lieu de cette « lubie » de vouloir faire pédo-psychologue.

« Et les filles, alors ? Tu as une copine ?
- Antoine, j'ai pas envie d'en parler.
- Et toi, ma chérie ?
- Je suis avec Baptiste.
- C'est bien. »

C'est tout ce qu'il est capable de me dire. Je suis certaine qu'il ne sait pas qui est Baptiste, qu'il n'a pas envie de le connaître, et même, qu'il se fiche que le garçon s'appelle Henri, Daniel ou Anthony. Je veux dire, c'est quand même la toute première fois qu'il me demande si j'ai un petit ami, et il ne s'intéresse même pas à lui.

En fait, ce n'est que lorsque nous entamons notre dessert qu'il commence à me poser quelques questions. Sur ce que fait Baptiste, sur la profession des parents, sur la durée de notre relation, et il me demande même de l'inviter, un de ces jours.
Je lance un regard à Fabien, qui paraît amusé. Serait-ce sa faute ?

Sans plaisanter, je n'ai jamais vu les parents de Baptiste, une seule fois sur des photographies, et je ne sais même pas s'ils connaissent mon existence. Comment pourrais-je être au courant de ce qu'ils font ? Même après deux ans de fréquentation plus ou moins assidue avec leur fils !
Et Thibault ne m'en parle jamais, nous n'en avons jamais eu l'occasion.

Dans l'après-midi, mon père quitte la maison, embrasse rapidement son beau-fils et me fait un câlin, comme d'habitude. Il part souvent en voyage d'affaires, et je sais très bien qu'il me ramène toujours un petit cadeau, comme pour me dire qu'il pense à moi.
Je ne m'en plains pas.

Je m'enferme dans la chambre pour écouter un peu de musique et lire un roman d'anticipation, mais apparemment, mon demi-frère ne semble pas approuver, puisqu'il fait irruption dans ma chambre avant même d'avoir frappé.
« On va au cinéma ? Je t'invite.
- Ce soir ?
- Maintenant, si tu veux... Ou ce soir, si tu préfères. »

Je mets un quart d'heure à retrouver mes clés de voiture, qui étaient étrangement placées dans la coupelle familiale, là où je ne mets jamais aucune de mes affaires. Enfin, ça s'appelle un vide-poches je crois.
« Je peux conduire ? »
Mon regard lui fait clairement comprendre que non, il ne conduira pas ma voiture, même s'il est en conduite accompagnée avec mon père.
Mais il aura eu le mérite de me faire sourire.

originale, adeline, histoire

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