Les murmures du passé - Soul Calibur - n°3

Apr 23, 2007 10:26

Titre: Pour renaître à travers toi
Auteur: drakys
Thème: les murmures du passé
Fic n°3
Fandom: soul calibur
Personnages: raphael et siegfried, raphael/siegfried
Rating: PG-13
Disclaimer: nintendo, namco
Notes: placé quelque part post soul calibur 3, en supposant comme vrai le bad ending de raphael. pour annaoz, parce que ça cadre un peu avec ta requête, reste à voir si ça te convient. si ça ne répond pas à tes attentes du tout du tout, je te refais autre chose, hein! x-posté sur 30morts


La peur est pour Raphael un sentiment pour le commun des mortels, un sentiment dont il ne connaît que le nom. C'est un sentiment vulgaire, dont les sueurs glacées et les baisers froids ne l'ont jamais effleuré. C'est un sentiment tout juste bon pour les faibles, qui n'a jamais fait battre plus rapidement son cœur et qui ne l'a jamais fait hésiter.

Quand il revoit Siegfried, il sait qu'il n'est plus Nightmare, il le sent immédiatement. L'aura maléfique de Soul Edge n'étend plus sur lui sa caresse de ténèbres, ou presque plus: il ne lui en reste qu'un vague souvenir intangible, comme une ombre délicieuse qui suit l'autre homme par habitude.

Une ombre à laquelle son cœur voudrait sûrement répondre en écho, s'il lui restait encore un peu du feu qui s'est éteint en lui quand les yeux d'Amy ont perdu leur rouge et qu'elle s'est effacée tout doucement de son monde, comme un rêve qu'il n'a pas pu retenir auprès de lui.

"Je t'ai cherché", lui dit simplement Siegfried sans menace ou violence aucune et Raphael ne lui répond rien.

Il n'incline la tête ni ne reconnaît sa présence, reste regard fixé sur son verre et le liquide rubis qu'il contient. Quand l'autre homme s'installe sur un banc près de lui, il prend simplement une gorgée et continue de l'ignorer.

"N'es-tu pas intrigué de savoir pour quelle raison?"

Raphael reste silencieux, peut-être parce qu'au fond de lui, il sait bien pourquoi sans nul désir de l'admettre, lui-même hanté par le souvenir de l'autre homme et sa puissance étouffante quand il était encore sous l'emprise de Soul Edge. Il reste silencieux et vide son verre tranquillement et pose quelques pièces sur le comptoir avant de quitter la taverne. Siegfried marche à sa suite, comme son ombre. Il marche trois pas derrière lui, puis deux, puis un seul et il tend un bras et referme la main sur l'épaule de l'autre homme.

"Je t'ai cherché", répète-t-il et sa voix se durcit quand les yeux de Raphael ne lui accordent qu'un regard blasé. "Et tu ne veux même pas m'accorder un moment?

- Non", lui répond simplement l'autre homme.

D'un geste il se libère et continue son chemin, mais Siegfried n'a pas encore épuisé patience ou ténacité. Cette fois, il se plante dans son chemin et quand Raphael le contourne sans même froncer les sourcils, il le rattrape à nouveau et referme une main en tenaille sur son bras, il l'attire dans une ruelle sombre.

Raphael se retrouve dos contre la pierre dont la froideur transperce ses vêtements, emprisonné par le baiser qui lui brûle les lèvres. Ses doigts s'enfoncent dans les épaules de Siegfried pour le repousser, mais il n'y arrive pas. Il goûte à son baiser ce qui lui reste du pouvoir grisant d'autrefois, de la force passée; il y a en lui l'essence de Soul Edge qui lui reste comme une malédiction.

La peur commence à s'immiscer en lui, sournoise et fatale.

Raphael desserre les doigts, se libère et le foudroie d'un regard qui a la couleur du sang. Sa main se porte à la garde de Flambert; la main de Siegfried vient couvrir la sienne pour l'empêcher de tirer son arme du fourreau. Sa bouche est encore tout près, ses lèvres murmurent du poison à son oreille:

"Je t'ai enfin trouvé…"

Comme si ces mots ridicules pouvaient justifier ce qu'il remuait en lui de sentiments étrangers et effrayants. Dès que les doigts se relâchent sur les siens, il tire son épée et la pointe contre la gorge de Siegfried. Il remet dans son regard un peu de mépris fier, y fait transpirer son honneur froissé et ses lèvres retrouvent un pli insultant et hautain.

"Hé là, tu parles comme si j'étais perdu! L'aurais-je été que ce n'est ni ainsi et surtout pas par toi que j'aurais désir d'être retrouvé!", siffle-t-il et l'autre homme fait un mouvement pour écarter la lame, mais elle le pique et tire une ligne de sang d'une couleur que Raphael trouve parfaite.

Siegfried fronce les sourcils et crispe le poing.

"Nous sommes liés-"

Un rire clair et dédaigneux l'interrompt: il ne veut pas se retrouver prisonnier de ces chaînes.

"Tu as bien failli me tuer autrefois, tu crois que je peux oublier le passé?"

Il sait que c'est un mensonge, qu'il était alors Nightmare et que c'était quand lui-même était encore entièrement humain, mais pour Raphael cet argument est suffisant du poids seul du ressentiment. Siegfried tire à son tour lentement son arme du fourreau et très calme, lui demande simplement:

"De quoi as-tu peur?

- Hmpf!", pour toute réponse lui arrive avec la première attaque.

Précise, elle aurait percée sa cible si la cible n'avait pas été aussi puissant combattant que Siegfried. La pointe de Flambert ne laisse même pas une égratignure sur la largeur de la lame de Requiem. Le fer contre le fer grince et les lames s'éloignent, les hommes se jaugent du regard.

Et Raphael tremble effectivement de peur pour la première fois et hésite. Le sentiment est terrible, lui tord les tripes, dérange les battements de son cœur qui ont toujours été si réguliers et si sûrs. Les mots glacent jusqu'à son âme, de quoi as-tu peur?

De laisser encore une fissure dans son cœur: d'aimer peut-être. Ou de perdre à nouveau ce qui lui
reste de froideur et de détachement. Il repense à Amy pour qui son cœur tué par la folie des hommes s'était remis à battre face à sa générosité désintéressée. Il repense à Amy guérie du baiser de Soul Edge alors qu'il a catégoriquement refusé le même sort, restant seul dans le monde qu'il avait si sottement voulu bâtir pour elle.

Dans sa main, Flambert s'agite et ne lui est plus fidèle, il pare et se rompt et accepte plus de coups qu'il en rend. Sa main perd en force, lui-même en volonté et ce combat n'est plus qu'une excuse.

Une simple excuse pour ne pas succomber à ces mots murmurés si doucement.

Je t'ai trouvé…

Pour ne pas succomber à cette peur qui menace de tuer ce qu'il a toujours été. Fier et fort et capable d'avancer seul, mais les illusions tombent en même temps que l'épée qui lui saute des mains. Il lui importe peu d'être perdu, d'être retrouvé, il ne lui importe que la peur étouffante, empoisonnée qui filtre jusque dans son âme quand il referme les bras autour du cou de l'autre homme.

Il ne lui importe que la peur terrible, impitoyable de se perdre réellement dans ce baiser. Il ne lui importe que la peur moitié douce, moitié amère à laquelle il succombe doucement, comme il succombe à cet homme qui goûte et qui sent comme lui: eux deux qui survivent à Soul Edge en en conservant les stigmates.

(23 avril 2007)

theme : les murmures du passé, fandom : soul calibur

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