Thème : 25 - Une vie de méduse
Série : Harry Potter
Personnage : Millicent Bulstrode, mention de Vincent Crabbe et de Daphné Greengrass.
Rating : PG-13
« Que fais-tu, cette fois-ci ? susurrait Vincent quand personne ne l’entendait. Tu t’es perdue, pauvre, pauvre petite Millicent ? »
Elle disait alors laisse-moi, ou parfois elle ne répondait rien, mais pour ce que ça changeait, elle aurait très bien pu lui réciter des poèmes qu’il ne l’aurait pas plus écoutée. C’était dommage : parfois, il y a quelque chose de vrai, dans ce qu’elle déclamait. Mais c’était quand elle se bloquait dans un couloir, quand elle était un peu trop proche des autres Serpentard qu’il arrivait. Parfois, elle avait l’agréable sensation qu’il la suivait du regard ; mais quand qu’elle se retournait, il ne la fixait jamais alors elle restait un peu bête à attendre, attendre, attendre.
Il ne se passait jamais rien. Merlin ce qu’elle pouvait haïr cet endroit, ce parc brumeux, cette forêt immonde, ces couloirs glacés, ces décorations monstrueuses, ces fausses étoiles au plafond ; et leur salle commune, dans les sous-sols du château, sans la moindre fenêtre ; leur salle commune bonne à brûler, rien que ça la rendrait plus vivante, plus… chaleureuse.
Oui, parfois Millicent y songeait. Une toute petite flamme et ils partiraient tous en courant comme des fourmis. Les Gryffondor seraient encore capable de s’entraider pour tous se sauver, mais eux ? Non, eux jamais.
Une peau à sauver, c’était déjà bien assez.
Alors quand ils étaient tous assis dans leur salle commune, et qu’elle entendait Vincent lui murmurer ces mots, qu’elle le coinçait à la dévisager avec ce drôle de sourire dont elle ne savait que penser, elle finissait toujours par s’en aller. Et dans les escaliers, elle percevait le rire, le rire d’une foule qui ne portait qu’un nom soudain, celui de Daphné. Parce que Daphné était tout ce qui l’insupportait. Parce que Daphné était belle à crever, parce qu’elle avait un rire parfait et qu’elle savait toujours quand on la regardait. Millicent, elle, se détestait.
« Tu devrais faire attention, un de ces jours, tu vas finir par t’empaler contre un mur. Il faut faire attention, tu sais, quand on marche. Il faut regarder vers qui on va, petite Millicent. Parce que nous, aucun doute qu’on t’entend de loin. »
Alors elle montait les escaliers en tentant de se faire si petite, si discrète, que ça en devait pire encore. Les grincements du bois sous son poids s’éternisaient, son souffle se bloquait et elle restait sous leurs yeux plus longtemps, à eux, les saccageurs, les destructeurs. Elle les sentait planté sur son dos, ses bras, ses reins ; et puis elle se disait : non, Vincent n’est pas comme ça. Lui il vient me parler, peut-être ne sait-il pas s’y prendre, peut-être…
Et puis plus rien.
Millicent n’était pas belle. Elle qui avait été une enfant si agréable à photographier, avec ses nattes blondes, ses joues bien rondes ; tout s’était soudain désordonné. Millicent se dégoûtait. Quand elle mangeait, elle avait envie de pleurer à chaque bouchée avalée, mais de pleurer tellement fort qu’elle en devenait incapable de s’arrêter de manger. Alors elle trainait ce corps comme si un mauvais destin l’y avait plongé, alors elle trainait cette faiblesse et elle s’en voulait.
Les Serpentard étaient tous parfaits. Même cette Sang-de-Bourbe, cette Tracey Davis était jolie, avec sa frange droite et sa coupe au carré. Avec ses grands yeux verts, son assurance toute désinvolte.
Mais Vincent répétait :
« Comme on se croise, ma pauvre Millicent, décidément, tu comprendras jamais où tu dois être, hein. Toujours perdue par ici, tu te crois vraiment à ta place ? »
Et elle, elle voulait tellement voir autre chose qu’elle en souffrait en décuplé.