QAF, Thème 17. Un coeur sombre qui bat

Jan 15, 2006 00:15

Personnages : Brian Kinney, essentiellement
Fandom : Queer as Folk US
Thème : 17. Un coeur sombre qui bat
Rating : Je ne suis pas très familière avec les ratings ... Mettons PG-13 pour un langage assez cru.
Disclaimer : Je ne touche rien, rien ne m'appartient, tout appartient à Cowlip, etc.

Note : Le titre et la première phrase sont inspirés par la chanson "The Sea is Calm" de CocoRosie. La fic se situe après le tout dernier épisode de la série. Une référence à la saison 3 et une autre à la saison 4, mais sans grande importance. Je suis partie d'une phrase que dit Brian à son Sunshine dans leur dernière scène " ... It's only time." et je l'ai interprétée et revisitée à ma sauce. Je pense que le thème est exploité assez clairement, le coeur sombre étant bien évidemment celui de l'homme complexe que je décris, et qui malgré tout ce qu'il s'est passé, continuera à battre pour le même homme. *tente de retenir un kyaaaaaaa hystérique*


UN HOMME AU COEUR DE BOIS

C'est l'histoire d'un homme au coeur de bois.

Il raccrocha le téléphone. Oui, il l'avait appelé, comme promis. Oui, il voulait le voir, comme il l'avait dit. C'était surtout lui qui avait parlé en fait, débitant tout un tas de conneries qui n'avaient pas la moindre importance, mais il l'avait laissé faire, comme il le laissait toujours faire ce qu'il avait en tête. C'était bien là la seule raison pour laquelle ça faisait cinq ans, parce qu'il l'avait laissé faire. Il s'était souvent demandé ce qui se serait passé s'il avait réussi à se débarrasser du gamin dès le départ. Il regarda sa montre et posa sa bouteille de Chivas Regal.
Facile : il serait en train de se faire sucer au Babylon. Ou peut-être pas finalement. Si ce petit con ne lui avait pas mis en tête qu'il fallait tout sacrifier pour ce en quoi on croit, il n'y aurait pas eu Kinnetic, et il y aurait eu Stockwell. Plus de Babylon. Il aurait fallu s'en inventer un autre et se cacher comme des fugitifs si on voulait pas baiser à la maison comme des putains de vieux couples hétéros. Dans un Gomorrhe clandestin, il se serait donné l'illusion qu'il était éternel en éclatant le cul d'un mec sans visage, faisant poireauter Mikey avec une satisfaction perverse.
Car Mikey ne se serait pas marié. Car il ne l'aurait pas laissé s'attacher à Ben, investissant leur relation comme il l'avait fait avec David. Sans le gamin, il aurait fait en sorte que Mikey en reste un. Sans le gamin il ne serait sûrement pas seul comme un con dans son loft, tenant son téléphone d'une main et une bouteille de l'autre, alors qu'il y avait tellement de choses à faire et de mecs à baiser. Sans lui, il ne se sentirait pas saigner de l'intérieur. Putain de sentiments. Il vivait mieux quand il vivait sans. Encore quelques gorgées de Chivas Regal. Il allait peut-être finir la bouteille. Et il irait peut-être se finir au Babylon. Le temps passait mais il y avait toujours des types prêts à lui manger la bite, même si de moins en moins considéraient ça comme un privilège.
Dans un sens, il s'était persuadé que l'argent et le pouvoir qu'il avait amassés et qui honnêtement ne lui avaient servi à rien pour l'instant, lui garantiraient toujours les faveurs des minets frottant leurs petits culs les uns contre les autres toutes les nuits au Babylon. Les minutes passaient mais il renonça à regarder de nouveau sa montre. Au fond, le temps qui passe ne lui faisait plus vraiment d'effet. C'était quoi le temps ? C'était rien le temps. C'était tellement rien qu'il s'était laissé aller à accepter le mensonge qu'il resterait jeune et beau pour l'éternité. Et ça faisait quoi si c'était un mensonge ? Et ça avait quelle importance si dans vingt ans seul Mikey continuait à le regarder avec cette putain d'admiration sans borne qui l'avait toujours poussé à se brûler les ailes à ses côtés, même quand il savait qu'il ne fallait pas ?
Puisque le temps détruit tout, autant se dire qu'il n'est rien. Il était comme ça. Il pouvait tout réduire à néant et piétiner la grande marche de la nature. Il pouvait décider d'être éternel et s'en foutre parce que c'était ce qu'il était. C'était lui. Brian Kinney. Brian Kinney avance droit devant lui, sans jamais regarder en arrière, parce qu'il se foutait de tout. Le meilleur moyen de s'en foutre c'était d'oublier l'avant et d'ignorer l'après. Il n'y avait que lui, au présent, ce qu'il disait, ce qu'il fumait, ce qu'il baisait. Et le reste ? Rien à foutre. Le reste c'est de la merde. Lui, lui, lui. Rien d'autre. Il était indestructible pour ça, pour cette honnêteté sans concession et ce courage pervers, celui de se battre de toutes ses forces, mais pour soi.
Puisqu'il l'avait décidé, Brian Kinney n'avait pas besoin d'être jeune et beau pour l'éternité. Brian Kinney avait juste besoin d'être Brian Kinney, et c'était amplement suffisant. Le temps n'était rien, alors il allait se lever, et marcher, et se noyer. Et si le gosse n'était pas là, il n'avait qu'à continuer, ignorant ses saignements. Et s'il le décidait, il pouvait parfaitement l'oublier. L'oublier si fort qu'aucun appel en pleine nuit ne le ferait saigner, et qu'aucune visite dans l'urgence, le sperme et la sueur ne le ferait hurler. Il pourrait l'oublier si bien qu'il se souviendrait très bien comment c'était, avant qu'il ne le fasse prisonnier. Avant qu'il ne fasse l'erreur d'aimer. Et tout irait mal alors.
Jusqu'à le retrouver.

C'est l'histoire d'un homme au coeur de bois, épris d'un rayon de soleil, et dont l'âme pleure, en silence.

Fin.
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