Titre : La chute
Auteur : Solhaken
Jour/Thème : 6 janvier - la chute des anges
Fandom : Original - Illusion
Personnage/Couple : Je dois d’urgence lui trouver un nom.
Rating : PG-13
Disclaimer : à moi
Participation au vote de fin de mois : /
Note : /
« Mes anges » disaient-ils en parlant d’elles. Elle s’en souvenait parfaitement, comme s’il se tenait encore prés d’elle pour le lui souffler gentiment. Ce souvenir aurait pu suffire à lui briser le cœur si elle avait était la fille que sa mère avait espéré. Une fille douce, sage et fragile, soumise, obéissante et délicate, ne rêvant que de mariage et se contentant avec joie d’occuper ses journées à des tâches féminines telles que la broderie ou la musique. Oh, bien sur, elle aimait la musique, elle jouait même de manière tout à fait honorable. Mais aujourd’hui plus rien de tout cela n’avait la moindre espèce d’importance.
Sa sœur tenait sa broderie d’une main tremblante, ses points étaient maladroits, les fils trop lâches s’emmêlaient sans qu’elle ne semble le remarquer. Pas plus d’ailleurs qu’elle ne la voyait elle, immobile sur le pas de la porte. Quelques jours plus tôt, Cora avait encore sa vie devant elle, jeune femme pleine de vie, de rêves et d’espérances. Aujourd’hui elle n’était plus rien, son regard était vide de tout espoir et son corps n’était plus guère qu’une enveloppe vide, elle respirait, son cœur battait, mais la petite flamme qui l’animait jadis avait été définitivement soufflée.
Son regard glissa de sa sœur à leur mère. Cette dernière avait toujours était une femme effacée, douce, tenant son rôle d’épouse avec un acharnement frisant l’obsession, maintenir les apparences avaient toujours revêtu pour elle une importance capitale. Désormais elle passait ses journées dans ce fauteuil, son regard vide fixait l’extérieur au travers de la croisée sans rien voir. Qu’il fasse jour ou nuit, elle ne détournait que quand on l’emmenait manger, le laver ou dormir. Plus rien ne l’atteignait, et plus rien ne la faisait réagir. Elle avait vécut pour prendre son de ses filles et tenir son rôle d’épouse, et plus rien aujourd’hui, pas même son devoir, ne la faisait désormais réagir.
La jeune femme dégluti avec difficulté, ce qu’elle affrontait désormais, rien ne l’y avait préparé. Elle n’avait jamais envisagé de vivre assez longtemps pour y être confrontée. La mort ne l’effrayait pas, à dire vrai elle l’avait même espéré, trouvant dans cette dernière une fin digne de son père, des seigneurs liges de ce dernier, d’elle-même… Mais elle était toujours là, le paradis de son enfance appartenait à une époque à jamais disparue, l’illusion avait été heurté par la réalité et elle avait du regarder le monde en face.
La chute avait été rude, de celles dont on ne pensait pas être capable de se relever. Mais la flamme qui l’animait ne s’était pas éteinte, elle avait relevé la tête, et désormais il lui semblait avancer dans l’obscurité la plus totale, entourée de spectres, des coquilles vides qui n’avait de vivant que le nom. La jeune femme ferma les yeux, luttant contre les larmes qui menaçaient de la submerger. Elle ne pouvait se permettre une telle faiblesse sans trahir la mémoire de son père… du moins l’homme qui l’avait élevée et qu’elle avait nommé ainsi sa vie durant.
Il l’appelait son ange, sa lumière. Il avait accepté qu’elle soit elle-même, il lui avait apprit à monter, à manier l’épée et le poignard, à lire et à chasser, autant de choses qui ne convenaient nullement à une dame bien née, mais il n’en n’avait eut cure, il l’avait aimé pour elle-même, il l’avait armé, il lui avait donné les moyens de se relever, et elle lui devait d’y parvenir.