Titre : chignon, ça rime avec moignon
Auteur : ylg
Jour/Thème : 29 mai/peigne
Fandom : Naruto
Personnage/Couple : Yamanaka Ino, peut-être léger Ino/Sakura ?
Rating : PG
Disclaimer : j’ai de longs cheveux châtains, mais pas blonds ni roses, et je ne compte pas les couper. Impossible de confondre avec la propriété de m’sieur Kishimoto, donc.
Participation au vote de fin de mois : sans doute pas.
un cookie à qui saura me dire le nom (sans doute chinois ou japonais, je ne crois pas qu’il y ait d’équivalent en français ?) que porte le bout de tissu dans lequel Ino enroule ses cheveux en chignon !
***
Chignon, ça rime avec moignon. Ino a beau se répéter qu’elle a choisi elle-même de couper ses cheveux, pour des tas de bonnes raisons, ça ne l’empêche pas de se sentir mutilée. Ses beaux cheveux blonds -oui, elle les trouvait beaux, sérieusement, sans vantardise- elle les faisait pousser depuis des années. Et il avait suffi d’un geste pour tout balayer.
Mais elle s’était promis de ne céder en rien à Sakura. Si son amie était assez folle pour sacrifier des années d’efforts, elle pouvait le faire aussi. Pas question qu’on puisse la traiter de lâche ou qu’on s’imagine qu’elle laissait Sakura prendre du retard dans leur petite course après le même homme. Et son sens de l’honneur alors !
Et puis objectivement, elle devait admettre que sa longue queue-de-cheval n’était pas bien pratique. Elle passe soigneusement sous silence l’incident en forêt où une mèche s’était coincée au passage dans des branchages et où Shikamaru avait passé un horrible quart d’heure à la désemmêler de là en rouspétant après les tracas inutiles et la fatigue que les filles pouvaient causer.
Au moins, personne en situation de combat n’avait encore réussi à l’attraper par là pour l’immobiliser, comme c’était finalement arrivé à Sakura. Elle devait tout de même reconnaître ce danger potentiel-là. Ça et le risque, en s’approchant un peu trop d’un adepte des jutsu de feu pas très regardant, de voir une flammèche égarée lui roussir sa belle chevelure. Pas question !
Alors, si justement, ironiquement, elle pouvait se servir de ses propres cheveux pour immobiliser Sakura… sur le moment, elle n’avait pas hésité. Il avait suffi d’un geste. Le tranchant acéré à souhait du kunai avait tout tranché d’un coup. C’est à peine si elle a entendu le crissement de l’acier sur le faisceau de kératine, le déchirement causé physiquement et dans son cœur à la fois.
Voilà, dispersés ses cheveux. Envolées, les années où elle se répétait que c’était un attribut féminin indispensable, que ça lui donnait du charme et du pouvoir, plus de beauté qu’à Sakura, et peut-être un jour la possibilité de séduire Sasuke.
Après la fin des éliminatoires, forcément, Sakura, pas rancunière pour deux sous, lui a rendu la monnaie de sa pièce en lui offrant de l’aider à arranger un peu sa coiffure massacrée. Le même peigne de poche dont elle s’était servi dans la Forêt de la Mort -il n’y a vraiment que ces filles-là pour ajouter un mini-nécessaire de coiffure à un sac ninja avant de partir- est passé dans ses cheveux détachés, caressant ses cheveux lisses bien tenus jusque là, sans effort réel pour les démêler. Quelques coups de ciseaux rapides ont arrangé un genre de dégradé -elle ne voulait pas qu’on y touche beaucoup plus, comme si ça faisait encore mal, de couper des cheveux qui n’étaient pourtant, techniquement, que de la matière morte.
Peut-être qu’elle ne faisait pas entièrement confiance à Sakura, dans son dos et armée de ciseaux en plus de ce petit peigne, même si elle pouvait suivre chacun de ses gestes dans le miroir. Alors qu’elle-même, une couple de jours plus tôt, avait effectué les mêmes gestes avec en main un kunai autrement plus dangereux que ses ciseaux… Non, elle n’avait pas peur d’un coup fourré. Juste d’un coup maladroit, qui aurait fait encore empirer les choses au lieu d’aider à les arranger. Sait-on jamais…
Au final, elle a gardé la mèche sur le côté qui est sa « signature » depuis toujours, l’épi rebelle résistant aux barrettes d’autrefois, d’autant plus encore depuis que ses cheveux avaient poussé presque assez pour être tirés en queue-de-cheval pour la première fois, laissant juste cette mèche trop courte retomber sur le côté de son visage. Celle-là, elle s’y est trop attachée, elle ne peut se résoudre à la couper. Le reste, aussi, il faut qu’elle le coiffe : pas question de voir ses cheveux libres lui encadrer le visage exactement comme elle les portait enfant et surtout comme ceux de Sakura aujourd’hui.
Et puis, quand elle est seule devant son miroir, contemplant ce qu’elle est devenue, elle n’arrive pas à s’habituer à la sensation des cheveux qui lui frôlent juste les épaules, comme une caresse fantomatique, alors qu’ils devraient cascader tout le long de son dos et venir lui balayer le creux des reins. C’est un petit secret : elle aimait cette sensation, qu’elle éprouvait en cachette, quand personne ne pouvait la voir détacher ses cheveux. Mais c’est fini, maintenant…
Chaque coup de peigne finit dans le vide, emporté par l’élan de l’habitude, bien plus loin que là où finissent désormais ses cheveux trop courts. Elle ne prend plus beaucoup de plaisir à les brosser. Elle les coiffe vite, efficacement -et c’est devenu tellement facile, maintenant qu’il y a si peu dont s’occuper- et les attache.
Elle aurait dû s’y attendre : Sakura, deux jours après leur examen raté, est venue lui apporter un foulard pour cacher ses cheveux. En échange du ruban rouge d’autrefois, sans nul doute. Elle a dû deviner, sans doute, qu’elle n’avait pas accepté immédiatement et entièrement cette perte. Il faudra bien qu’elle le fasse, pourtant, d’ici à ce que ses cheveux repoussent. En attendant, elle les rassemble en chignon et les enroule là-dedans pour ne plus les voir.
-C’est le principe des soins palliatifs, se moque à demi Sakura la première fois qu’elle le met : non pas comme un palier sur lequel on fait une pause avant de repartir de plus belle, comme on pourrait le croire, mais comme une palla qui cache ce qu’on ne veut pas voir. Ça aide aussi ceux qui restent derrière à faire leur deuil de leur cher disparu qui s’en va en douceur.
-Qu’est-ce que tu racontes encore ? T’es givrée, ma pauvre ! Ou ton grand front surchauffe, peut-être ? ça t’a grillé un neurone de plus ? ‘faut prendre un peu plus soin de ta tête !
-Non mais et tu t’es pas vue, toi : avec ta tignasse tirée comme ça en arrière, effet lifting garanti, quand tu la relâches ça doit te faire des plis horribles sous les yeux je parie ! tu vas ressembler au bouledogue de Kakashi-sensei en un rien de temps !
N’empêche, c’est devenu un nouveau rituel chaque matin : quelques coups de peigne, son élastique, et maintenant, en plus, ce foulard, comme un bandage sur la blessure de son ego. Voilà. Elle finira bien par guérir, avec ça. Et puis après tout, contrairement à un membre coupé, les cheveux, ça repousse… il suffira juste d'un peu de patience.