REQUIEM FOR A WERELOVE
Thème : n°7 Un sourire de toi
Pairing : Severus Snape/ Remus Lupin
Disclaimer : tout appartient à JKR… Persos, bénef…. Sauf mon grain de folie.
Rating : M ou NC-17
Nombre de mots : dans les 4 800 mots
Rappel : ceci est une fic longue ; vous trouverez les chapitres précédents à ce
LIEN Merci à
Louve26 pour son beta, ses conseils et son enthousiasme qui me boostent dans mon écriture.
Rappel : nous sommes toujours au thème 7 !!! En voici la suite, mais pas la fin, il y aura une troisième partie.
…
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8- Un sourire de toi (2°partie)
" C'est pourquoi les Gobelins déterminèrent de former une classe à part dans le monde des créatures magiques. Leurs révoltes sanglantes du XVI et XVII° siècle ne leur ayant pas apportés la liberté à laquelle ils aspiraient."
Et voilà, j'ai fini mes deux rouleaux de parchemins pour Binns. Les rédiger était presque aussi somnifère que de l'écouter faire son cours. .. Qui se soucie encore de tous ces faits poussiéreux et sans rapport avec les problèmes agitant notre monde !
Je dois encore compléter le devoir pour Scrimgeour.
Je n'ai pas la tête à cela… Ma plume reste suspendue quelque part au-dessus du parchemin, quelques barbes de cette dernière venant caresser mon menton.
Il n'est pas venu.
J'ai attendu plus d'une demi-heure espérant que seul un quelconque retard l'empêchait de me rejoindre. J'ai rapidement dû abandonner tout espoir. Le cours de botanique venant juste après. Jamais il ne fut plus morne…
Ce soir, quand nous sommes entrés, mes copains et moi dans la Grande Salle pour dîner, j'ai bien vu ses coups d'œil furieux dans ma direction. Le dernier doute possible s'est envolé. Le cours de potions d'hier n'a rien changé à son opinion sur moi. Je vais avoir beaucoup de difficultés à lui faire accepter la reprise de nos séances. Pourtant il en a besoin tout autant que moi. Malgré la réussite d'hier je ne me fais encore guère d'illusions sur mon niveau en potions. Seul, j'aurais ajouté un chaudron explosé à la liste des erreurs commises. De son côté, son Patronus laisse plus qu'à désirer. En cours de Défenses contre les Forces du Mal, s'il a su présenter une maîtrise acceptable du Bouclier, il n'en était pas de même pour ce fichu Patronus. James et Sirius ne se sont pas privés de le lui faire remarquer. J'aurais pourtant cru que sa haine envers mes amis augmenterait son désir de progresser dans cette matière où il peine encore tant. ..
Mais non.
Il n'est pas venu….
- Remus ! Encore en train de bosser ? Mais lâche un peu tes bouquins ! Crois-moi, ils ne vont pas s'enfuir.
- Sirius, laisse-le un peu tranquille, tu vois bien qu'il essaye de faire ses devoirs contrairement à toi.
- Mais j'ai déjà fait mon boulot, moi ! tente de se justifier Sirius.
- Tu veux dire que tu as fini de recopier le mien et de bâcler les autres, lui rétorque James.
- Même pô vrai euh ! Ce que tu peux être médisant ! C'est pas ma faute si tu es un traînard James.
- C'est sympa pour moi qui viens seulement de terminer, je juge bon d'ajouter. Mais j'aurais sans doute mieux fait de m'abstenir.
- Tu as fini ? Ça tombe impec'. Tu vas pouvoir nous accompagner, reprend Sirius, jetant un coup d'œil à ses deux compères. Le demi-sourire de James ne me rassure pas du tout. Encore moins l'air sûr de lui de Peter.
- Super, enchaîne James. Figure-toi que ce matin, en métamorphoses, nous avons eu le début d'une idée…
Aïe aïe aïe ! Je vois un immense warning se mettre à clignoter juste au-dessus de sa tête. Je sens les pires emmerdes pointer le bout de leur nez…
Il avait aussi eu le début d'une idée formidable lorsque nous avons tenté la Potion de vieillissement pour pouvoir aller boire du whisky à la Tête de Sanglier. Le problème c'est que nous sommes vraiment parvenus à nos fins. Très mauvaise idée… Je ne parle pas de la difficulté de rentrer à Poudlard. Ni de la tête du professeur McGonagall que nous avons tenté d'éviter en vain en regagnant notre dortoir. Atterrir dans celui des filles de Poufsouffles n'a pas été la meilleure stratégie non plus. Quand nous avons fini de réaliser les corvées et autres retenues de notre directrice de maison, nous avons dû faire celles de Flitwick… sans parler du mal de crâne. Les cours du lendemain ont ressemblé à un long supplice, les remèdes de Mme Pomfresh nous étant interdits.
Et ce n'était qu'une fabuleuse idée de mes potes parmi tant d'autres… Je crois qu'à eux deux, ils détiennent le record de retenues et punitions du siècle. Pour ceux d'avant, je ne suis pas sûr…Mais possible.
Dire que je crains le résultat du bouillonnement de leur cerveau est aux quatrièmes catacombes de la réalité. Loup échaudé craint l'eau froide…
- … nous avons eu le début d'une idée géniale. Mais comme tu n'étais pas à côté de nous, on n'a pas pu en discuter ensemble. Nous avons profité du cours de soins aux créatures magiques et surtout de l'heure suivante libre où toi tu étais en botanique, pour mettre au point cette idée géniale. Mais pas question de te laisser de côté !
- Et on a besoin de toi, ajouta Peter.
Ça m'aurait étonné ! Je sentais James beaucoup trop solennel dans ses explications pour ne pas sentir le pet de troll foireux . Par Merlin que je crains leurs idées lumineusement foireuses ! Mais par Morgane, comme je les aime quand ils en ont. Eux seuls savent me faire oublier mon côté tristement raisonnable… par obligation envers ma double condition : de loup-garou et de préfet.
- Tu peux pas nous laisser tomber Remus, renchérit Sirius secondé par les hochements de tête frénétiques de Peter ; qu'il prenne garde, il va finir par la déboîter. Et puis, ça te changera les idées. Tu ne fais que bosser ces derniers temps. A croire que tu n'arrives pas à t'avancer durant les heures d'étude que tu as sans nous.
Je frémis en tâchant de ne laisser ni mon regard me trahir, ni le rouge qui caractérise si bien mes culpabilités me monter aux joues. Encore et toujours, noyer le calamar.
- En quoi consiste votre idée au juste ?
Les trois se penchent sur moi faisant barrière avec le monde extérieur.
- Nous avons décidé d'établir la carte de Poudlard, annonce pompeusement Peter.
- Mais pas n'importe quelle carte, ajoute précipitamment James devant mon air déçu… Il s'agit d'une carte inventoriant les passages secrets de Poudlard.
- Nous connaissons déjà celui qui mène à la Cabane Hurlante, ajoute Sirius
- Ainsi que celui du quatrième étage derrière le grand miroir, poursuit James. Tu imagines si nous arrivions à découvrir des nouveaux passages ? Nous serions les maîtres de Poudlard ! . !. !
Je comprends une fois de plus la raison de ses cheveux en pétard : sa caboche enfle à tel point qu’elle a dû finir par exploser. Je lève les yeux au plafond en soupirant. Comme James est loin d’être le crétin que prétend Severus, il comprend ma mimique et tente de rectifier sa maladresse.
- Enfin, je veux dire que nous pourrions enfin circuler dans Poudlard la nuit, à notre convenance. Ton flair nous a permis d’éviter Picott et Smofdrib, son roquet hargneux. Pas idée d’appeler un chien d’un nom pareil ! Même si c’est une espèce de saucisson de veracrasse sur pattes… Mais n’empêche que tu n’es pas toujours disponible, trois jours dans le mois. Et quand nous partons pour te retrouver à la Cabane Hurlante, nous commençons à ne plus tenir tous les trois sous ma cape; le bas des jambes dépasse. Elle n'est pas prévue pour trois personnes, surtout de notre taille. Peter est obligé de se transformer pour nous suivre. T’imagine si nous croisions Smofdrib ?
- C’est que nous y tenons à not’ p’tit raton !. !. !. ! s’enflamme Sirius en étreignant Peter de son bras droit. Pour une fois que c’est quelqu’un d’autre que moi. Et je sais que tu l’aimes toi aussi ! Tu ne voudrais tout de même pas qu'il prenne mal et qu'il finisse dans le ventre de cette sale bestiole de Smofdrib ? Il se ferait boulotter.
- Bien sûr, bien sûr…
J'en viens à reconsidérer ma première impression. Ce n’est peut-être pas une mauvaise idée après tout. Je ne suis pas contre les retenues que cette carte pourrait nous éviter… Pourvu que nous n’en écopions pas d’une ou deux voire plus durant nos recherches pour la dessiner !
- Si jamais Picott ou pire, McGonagall met la main dessus ?
- Aucun problème ma poule ! reprend Sirius… lui et ses métaphores animalières… C’est là que mon génie intervient !
Des frissons dans le dos… Son génie…. A quelles extrémités ne nous a déjà conduits son génie ! Diverses retenues et autres punitions, devoirs supplémentaires, convocations dans le bureau du directeur, privation de sorties j’en passe et des meilleurs. J’évite de le regarder pour ne pas le vexer : le doute doit s’afficher dans mes yeux. Mais le simple fait de détourner mon regard a éveillé ses soupçons.
- T’inquièteeeuuhhh ! C’est pas une connerie pour une fois ! …
S’il en reconnaît la possibilité, il est en route vers la clairvoyance.
- … juste une utilisation pacifique et raisonnée de mes compétences en sortilège….
C’est vrai qu’il est doué le bougre. Plus d’une fois Flitwick l’a reconnu. Mais je suis étonné qu’il connaisse ce mot : raisonnée…. Tout comme raisonnable, inconnus au bataillon siriusien.
- … un petit tour de passe-passe, un bon sortilège dessus et regarde : " Je jure que mes intentions sont mauvaises.. "
Je vois des mouvements d'encre agiter la surface du vieux parchemin qu’il tient en mains, plié de façon informe. Des rectangles apparaissent, se mettent en place, s’imbriquent, se poussent et peu à peu je reconnais le plan des quartiers des Gryffondors. La surprise que je ne cherche même pas à dissimuler fait glousser Peter et illumine les visages de mes amis. Leur travail est remarquable et je n'ai pas besoin de le leur dire. Il le lise dans mon sourire.
- Pas question que cette merveille ne voit le jour sans moi ! Je suis votre homme, ou plutôt votre loup puisque c'est mon flair et mon ouïe dont vous avez besoin… pas de moi manifestement.
Je fais mine de bouder.
J'aurais dû m'en abstenir. Je crois que je vais passer le reste de la soirée à me dépêtrer de Sirius et de ses effusions, des ricanements de Peter. Pour James, pas de problème… il vient d'apercevoir Lily et nous n'existons plus pour lui. Il est parti en quête d'un énième râteau…. Je me demande pourquoi il persiste et s'obstine. Il en devient ridicule. Il aurait dû comprendre depuis le temps ! Elle a pourtant exprimé son refus de bien des façons…
En fait, si. Je sais pourquoi il s'obstine ; je suis le dernier à avoir le moindre droit de me moquer de lui. J'irai à la pêche aux râteaux moi-même demain matin. Car double cours de potions ! Il faut absolument que j'arrive à lui faire changer d'avis. J'ai un peu plus de trois heures pour y parvenir. L'enthousiasme de mes copains est contagieux et ce soir, j'ai l'impression que rien ne me sera impossible !
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- Tu as exactement dix minutes pour me prouver que je n'ai aucune raison de faire demi-tour.
Mouaif, l'ambiance n'est pas exactement ce que j’appellerais des plus détendues. J'aurais peut-être dû amener le thé et les sandwichs. Mais qu'espérais-je ? Tout de même pas qu'il me saute dessus à la manière de Sirius en me collant un gros baiser mouillé dans le cou… ou ailleurs.
Je dois m'interdire très rapidement, immédiatement même, ce genre de pensées débiles… et beaucoup trop tentantes…
Bordel ! Qu'est-ce qui me prend encore ? On est là pour discuter, pour travailler aussi, pas pour se peloter. Surtout qu'il n'a pas l'air particulièrement consentant, c'est le moins que je puisse dire. Je suis encore tout retourné de l'avoir vu enfin franchir la porte de ce cachot. Je croyais attendre encore une fois pour rien.
Le double cours de potions n'a pas été des plus chaleureux entre nous. Pour clôturer le tout, la préparation était aujourd'hui individuelle. Pas moyen de lui parler directement. Pendant plus d'une heure, je n'ai aperçu que son dos ou le haut de son crâne quand il se penchait sur le chaudron. Et je n'avais pas le temps de le regarder. Pas vraiment. Cette fois-ci, personne pour m'aider. Je ne comptais pas sur une de mes explosions de chaudron pour pouvoir lui parler. La honte si c'était arrivé. Comme si ses cours de rattrapage ne m'avaient servi à rien. Il fallait à tout prix que je lui prouve le contraire et je m'y suis employé. J'étais plus concentré qu'un résidu de potion dans le fond d'un chaudron oublié sur le feu. Je suis même resté longtemps sans penser une seconde à lui, absorbé par la préparation. La confection de potions est après tout un bon remède contre les chagrins d'amour…
Chagrin d'amour ? Mais qu'est-ce que je déblatère encore ? Il faut que je me ressaisisse. J’ai Severus en face de moi qui fronce les sourcils et qui attend. Ça m'étonnerait qu'il patiente encore longtemps…
- Plus que neuf minutes, Lupin. Mais je peux également partir tout de suite si tu n'as rien de plus à ajouter.
- Ce serait dommage pour toi. Allons-y au bluff et la provoc', rentrons sur un terrain qu'il connaît bien afin qu'il s'y sente à l'aise et oublie de partir.
- Pour moi ? Vraiment ! Tu ne manques pas d'air, me rétorque-t-il.
Ces derniers temps, son baiser a été le seul moment où j'ai manqué d'air… mais je vais éviter de le lui rappeler.
- Ce serait dommage pour toi sauf si tu apprécies beaucoup de servir de bouc émissaire à mes copains…. Comme hier pendant le cours de Défense Contre les Forces du Mal. Tu veux que je poursuive dans les explications ou tu vois à quoi je fais allusion ?
- Mouairfffff….
- Tu as pu te rendre compte encore aujourd'hui comme notre… entre aide m'a été profitable. Après la moquerie, la flatterie… Qu'est-ce que je fous à Gryffondor ? C'est Serpentard qui m'aurait convenu…
- Etant donné le néant sidéral de tes compétences en potions, il n'était guère difficile pour toi de t'améliorer. L'exploit aurait été de faire pire !
Scrongneugneu, continue à débiter tes vacheries. Pendant ce temps là tu ne penses pas à partir….
- Même si je faisais exploser la moitié de la salle de classe en même temps que mon chaudron, je ne risquerais rien de plus qu'un séjour à l'infirmerie et un chapelet de retenues. Par contre, si tu loupes encore si lamentablement ton Patronus la prochaine fois, tu vas donner le meilleur prétexte qui soit à mes amis pour te persécuter… Je n'aime pas leur faire jouer ce sale rôle. Pourtant, je crois que je suis un poil en dessous de la réalité. Ils sont capables de se foutre de lui jusqu'à notre sortie de Poudlard. Remarque, ils le font déjà… Etant donné le regard aimable de Severus, je peux être certain qu'il pense la même chose.
- J'ai réussi à faire rentrer dans la cavité qui devrait te servir de cerveau les rudiments nécessaires à ne pas me faire honte en cours de potions. J'en ai le talent nécessaire. Apprendre à un âne tel que toi était un défi que j'avais envie de relever.
Je fais quoi ? Je lui éclate de rire au nez en lui rappelant la réalité ? Non, mauvais choix pour le garder… Continuons comme avant…
- Non, Severus. Pas à un âne, à un loup… Mais c'est vrai que tu es assez doué. Tu pourrais presque envisager une carrière dans l'enseignement après ta sortie de Poudlard. Par Merlin que je plains les pauvres élèves qui l'auraient !
- Pourquoi presque ?
Ouh là ! Je dois faire gaffe ! J'ai failli le vexer..
- Parce que je suis certain que tu envisages une carrière plus intéressante. Malgré ce que tu m'as raconté il y a déjà quelques temps.
Il se trouble… Pour une fois, je ne suis pas le seul à l'être.
- Que proposes-tu ?
BINGO ! Remus, en douceur, ne perds pas tout l'avantage que tu viens de gagner…
- Tout simplement de poursuivre ce que nous avions commencé tous les deux et qui nous est si bénéfique. Potions et Patronus. Qu'en dis-tu ? Tu as réussi finalement à maîtriser les sortilèges d'Apparition. Il n'y a pas de raison que tu n'y parviennes pas pour celui-ci… dès que tu te seras trouvé un souvenir heureux.
Ou que tu t'en seras fabriqué un…. A moins que ce ne soit déjà fait. Mais je serais très étonné que tu le reconnaisses. Je serasi heureux de t'aider à en créer un…. Et plus si affinités comme dit la Gazette…
Il faut vraiment que je me calme et que j'arrête de laisser parler mes hormones, moi…
En attendant, il réfléchit… et son regard me gêne. Comme s'il essayait de me percer à jour… très désagréable sensation.
- Souvenir heureux… tu n'as que ce mot-là à la bouche. Le prétexte pour ton incompétence à m'aider à progresser plutôt ! Je ne vois vraiment pas ce que je fais ici. Je perds mon temps. Salut Lupin.
- Tu te charges donc de prévenir le directeur puisque tu prends la décision de rompre notre entre aide.
- Prévenir Dumbledore ? Et pourquoi le ferais-je par Merlin ? Quel besoin a-t-il d'être averti ?
- Tu oublies que c'est lui qui a insisté pour que nous poursuivions ces cours très particuliers. Je ne pense pas qu'il sera très content si nous lui cachons cette interruption.
- Tu veux dire leur arrêt définitif, Lupin. Je crois que tu es assez grand pour le faire seul.
- Comme tu voudras. Sympa de me laisser le choix de l'explication. Et pense que les recherches sur la Potion Tue-Loup sont finies aussi dans ce cas ; plus d'ingrédients si particuliers, plus de chaudron prototype, plus de passe-droit auprès de Slughorn et de sa réserve et bien sûr, plus de salle de bains des préfets.
Et un coup bas ! Là, je sais que je viens de toucher l'individu malgré mon ton léger. Plonger en eau trouble dans les souvenirs…Je le vois blêmir. Il comprend parfaitement le sous-entendu.. Je joue gros. Lors du cours de potions de ce matin, seuls les oiseaux et boulettes de parchemin parlant de Dumbledore lui ont arraché la promesse de sa venue cet après-midi. Mais il a eu le temps de préparer sa défense contre cet argument. Par contre, il ne s'attendait pas du tout à devoir faire face à ses sentiments.
Il ne pensait vraiment pas que je ferais appel à CE souvenir précis. Moi non plus d'ailleurs…
Que craint-il ? Que je lui fasse du chantage ? J'ai autant à perdre dans la révélation de notre secret que lui. Non. Il n'est pas question que j'en parle à qui que ce soit… surtout pas à mes amis. Mais le Severus que j'ai découvert au Nouvel An, le Severus qui révélait bien plus par ses cris et ses yeux que par toutes ses paroles samedi dernier, ce Severus-là est capable de sentiments. Bien qu'il le nie.
Faire appel à ses sentiments… Poursuivons.
De toute façon, il est déjà sur le départ ; je risque le tout pour le tout…
- Je suis prêt à mentir à Dumbledore, lui raconter n'importe quoi pour que nous puissions reprendre ces cours, pour que nous continuions à préparer la potion Tue-Loup, pour que nous nous rencontrions encore, Severus. Je finis dans un murmure.
- Tu QUOOOIIII ?????
Tiens, la légendaire froideur vient de voler en éclats. Son teint rubicond est peut-être un poil trop prononcé à mon goût mais ces halètements de surprise sont…miam !
- Tu sais bien que nous avons tous deux d'importants progrès à réaliser… et dans plus d'un domaine… Et hop ! J'en remets une deuxième couche pour la route !
Que va-t-il faire ? S'évanouir ? Hurler ? Retrouver son masque d'être froid et insensible ? M'écorcher vif ? Ou me tomber dans les bras ?
Faut pas rêver tout de même, mais prudemment je prends une position stratégique de repli, un pas en direction de la porte.
- Si tu crois Lupin que tu vas t'en sortir si facilement, parvient-il finalement à articuler en voyant ma piètre tentative.
D'un geste et d'une baguette n'ayant rien perdu de leur précision, il clôt magiquement la salle. Il a déjà retrouvé ses esprits. Son regard sombre n'augure rien de bon pour moi, j'en ai peur. Le temps semble s'étirer tandis qu'il m'observe sans un geste, pas même un cillement. J'essaye de faire de même mais je n'ai ni son entraînement ni sa nature pour cacher mes émotions et sentiments. A quoi est-il en train de réfléchir ?
Je songe que je suis meilleur que lui en sorts défensifs tandis que j'avale un peu trop difficilement ma salive. Il a vu ma glotte monter et redescendre.
Un frémissement…. Dans mon dos. De crainte.
Sur ses lèvres. D'amusement ?
- Je te laisse une dernière chance de m'apprendre à réaliser un Patronus, m'annonce-t-il finalement, manifestement très fier de son ton à nouveau acerbe.
- Tu sais très bien que nous n'y arriverons pas en une seule séance…. A cela comme au reste, ne puis-je m'empêcher d'ajouter.
Prends ça dans les gencives Monsieur-Je-Me-Contrôle… Il tique sous cette réplique qu'il n'attendait encore moins. Il va devoir s'y faire ; elles me plaisent beaucoup à moi…
-Je m'en doute, marmonne-t-il sans préciser de quoi il parle au juste. Je veux parvenir à créer autre chose que ce ridicule ver, et tu as cette séance pour y parvenir.
Je fronce les sourcils, réfléchissant intensément. Je sais qu'il ne blague pas le bougre. Je dois absolument parvenir à l'aider.
Je marche de long en large, perdu dans mes réflexions. Je crois qu'il m'observe, narquois ; mais c'est maintenant le cadet de mes soucis.
Un souvenir heureux… ne suffit pas. Que se passe-t-il avec, après ? J'essaie de comprendre les forces magiques et la technique se mettant en place pour transformer ce souvenir en Patronus.
Que se passe-t-il en moi lorsque je le fais ? Pourquoi Severus n'en est-il pas capable ?
Analysons… Et pour cela je m'immobilise, me concentre et annonce haut et fort "Spero Patronum". Evidemment mon loup est de retour, ou plutôt la forme assagie de mon loup ; le Patronus est un sort de magie blanche. Mais là n'est pas la question pas plus que le regard ironique mais admiratif que je ne peux m'empêcher de capter alors que le sortilège se dissout dans l'air. Non. Je suis attentif à ce qui vient de se passer en moi… Mon souvenir….Mon souvenir heureux…. Mon père…. J'ai laissé ce souvenir m'envahir, comme si j'étais le souvenir et non plus comme si je me forçais à soutenir toute ma concentration sur ce souvenir. Cette pensée donc m'a envahi, puis submergé avant de déborder. Par l'incantation elle s'est concentrée dans ma baguette avant d'en sortir. Cette phrase est un simple catalyseur en somme. Tout comme la baguette.
Il faut choisir le souvenir et son sentiment de joie, se laisser envahir au lieu de vouloir le dominer. Enfin, et seulement à ce moment et à cette condition là, il peut jaillir de soi, de la baguette et protéger son invocateur.
Je comprends pourquoi Severus n'y arrive pas. Accepter de ne plus contrôler une pensée mais qu'au contraire, la pensée vous possède durant un bref instant, voilà qui est contraire à toutes ses habitudes j'en mettrais ma queue à couper… enfin celle du loup….
Je grogne en rougissant, une fois de plus. Comme si c'était le moment d'avoir ce genre d'idée ! A la niche les hormones ! On ne vous a pas appelées. Heureusement que je n'en ai que les pensées et pas la manifestation si peu discrète …
- Je pense que j'ai compris…
- Pas trop tôt Lupin ! Me feras-tu l'honneur de m'informer du contenu de tes réflexions ?
A entendre ses propos n'ayant rien perdu de leur mordant, je me dis que Severus plutôt que moi devrait être affublé d'un loup en guise de Patronus. A moins qu'un autre animal mordeur ne le caractérise… qui sait…. Un cobra ou un ours. Je trouve que l'ours serait parfaitement en accord avec son caractère. Je pouffe à cette idée ; ce qui ne semble pas lui plaire.
- Bien sûr Severus ! Je m'empresse de lui répondre. J'ai réussi à analyser ce qui se passait et pourquoi toi, tu n'arrivais à ri…. tu avais des difficultés. Oups ! Gaffe évitée juste à temps… le Severus est un animal susceptible…ego à manipuler avec précaution…Le Serpentard est de retour en moi… Enfin, le côté Serpentard car pour celui qui est en face de moi…. Suffit la libido !
Malgré mes considérations parasites, me voilà parti à tenter d'expliquer au garçon renfrogné et dédaigneux assis en face de moi comment orienter ses pensées, ses techniques de maîtrise de l'influx magique. Peu à peu l'ironie et le mépris désertent son visage et seule une profonde attention y persiste. Il boit littéralement mes paroles.
- … et tu vois que c'est l'inversion du contrôle qui permet de créer ce flux magique défensif, je termine tandis qu'il hoche la tête pour acquiescer. Je… je crois…
Je marque une courte pause. Cet arrêt l'étonne, le surprend. Je reprends sous son regard interloqué. Je sais combien mes propos pourront le froisser et pourtant, ce sont les seuls qui puissent lui permettre de comprendre ce que j'attends de lui… sur un plan magique. Ou peut-être … Bref, je ne m'avance qu'à pattes de velours sur le chemin délicat de la mise en avant du souvenir heureux.
- En fait, il faut cesser de penser. C'est là ton problème. Il faut que tu acceptes de ne plus maîtriser ni ta réflexion, ni tes sentiments mais au contraire, les laisser t'envahir. Je sais que tu as déjà vécu cette sensation…J'ai rougi ? Oui… Fais chier ! C'est vraiment pas le moment d'exprimer mon trouble. Le sien n'a pas besoin de cela en plus. Je continue, la voix bizarrement enrouée. Il te faut l'accepter, profiter de cette sensation, la faire tienne. Et au moment où tu sens comme une boule de chaleur surgir du plus profond de toi-même, là, tu récites l'incantation. Vas-y, essaie.
Je me place sur le côté, légèrement derrière lui. Je vois son profil se durcir… Je suis certain qu'il se concentre encore trop. Il va encore échouer s'il poursuit ainsi. Je soupire et m'approche de lui, posant ma main sur son avant bras.
- Laisse-toi envahir par ton souvenir.
Je susurre ces mots, pas trop près de son oreille pour ne pas L'indisposer mais suffisamment près pour qu'il me sente proche, tout proche. Je dois le replacer dans les conditions idéales… et uniquement lui, de préférence. Celles où ses sentiments sont passés bien avant sa raison…
Je le vois se raidir. Le dos bien sûr ! Car pour le reste… je ne sais pas…
Sa bra….baguette se redresse. Heureusement que je suis maintenant derrière lui, ainsi il ne découvre pas le piquage de fard supplémentaire que je me paye… Il faudra un de ces jours que je lui demande s'il n'existe pas une potion contre les rougeurs intempestives.
Je retrouve tout mon sérieux lorsque j'aperçois une brume diffuse, légère et argentée s'échapper de sa baguette. Elle s'étale à la façon d'un éventail devant lui et persiste plusieurs secondes avant de s'évanouir.
Il a réussi !
Il a enfin réussi !
Je me retiens au dernier moment de le serrer dans mes bras. Je me contente de faire le tour de mon élève pour découvrir avec fierté la joie qui l'habite devant cette victoire.
- Il n'a pas de forme, ne peut-il s'empêcher de railler.
- Severus Snape, Poudlard ne s'est pas construit en une nuit. Apprendre la patience te fera le plus grand bien. Je prends mon ton le plus dumbledorien pour lui asséner ces quelques vérités. En tout cas, ton Patronus est plus important maintenant que celui de Peter.
- Tu parles d'un exploit, crache-t-il.
- Tu veux qu'on reparle de la longueur de ton lu….lombric ?
Encore une gaffe évitée de peu. Il me regarde d'un air étrange avant de soupirer.
- Il me semble que je doive te remercier Lupin.
- Y'a pas de quoi, je lui réponds un peu gêné ; ce n'est pas tous les jours que le sombre Severus Snape remercie quelqu'un, surtout un Maraudeur.
- Si. J'ai appris quelque chose grâce à toi.
- Moi aussi… mais sur moi, et grâce à toi, Severus.
Il me regarde surpris hésitant sur le sens de mes paroles, hausse les épaules, comme pour marquer son indifférence ou me saluer en se dirigeant vers la porte à grandes enjambées.
- Nous avons encore beaucoup à nous apprendre l'un l'autre, j'ajoute au dernier instant alors qu'il s'apprête à franchir le seuil.
Il marque un temps d'arrêt, me présente son profil caractéristique avant de hocher brièvement la tête…. Et sort.
De quoi ai-je parlé, au juste ?
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Je suis absolument désolée de ne pas avoir posté plus tôt.... Quand je pense que l'année dernière j'écrivais un chap tous les 5 jours !.....Et je ne promets rien pour le suivant...