Draco/Charlie, Thème 3

Sep 29, 2006 22:49

Disclaimer: Ils ne m'appartiennent pas, malheureusement.
Titre: "Unique"
Pairing: Draco/Charlie
Rating: PG 13
Thème: n° 3- Ecoute-moi
Résumé: Draco fuit les mangemorts à travers la Roumanie après qu'un évènement tragique lui ait brutalement ouvert les yeux.
Warnings: Angst!! L'action se passe après HP et le Prince de Sang Mêlé, mort d'un personnage secondaire.

Chapitre 1
Chapitre 2 : 1ere partie et 2eme partie



Personnages originaux :
Stefan Karagosian : dresseur de Dragons, collègue de Charlie.
Izabella Karagosian : Epouse de Stefan
Persefonia Alecsandri : Guérisseuse

Chapitre 3

Charlie avait tenu parole, il n’avait pas dénoncé Draco aux autorités et l’avait hébergé chez lui sans rien dire. Le blond avait lui aussi respecté sa promesse de prendre plus soin de lui même. Il mangeait beaucoup mieux, se levait de son lit et faisait quelques pas autour de la chambre quand il se sentait assez bien pour le faire. Il prenait sans rouspéter les médicaments qui lui avaient été prescrits par la guérisseuse et subissait sans gémir les multiples examens auxquels la vieille femme et Charlie le soumettaient.

Sans un seul mot.
Et c’était bien ça le problème. Draco n’avait plus prononcé une seule parole depuis leur conversation la semaine précédente. Du moins pas devant le rouquin. Celui-ci éprouvait un mélange d’amusement et d’exaspération devant le comportement buté du garçon.
Il avait toujours cru qu’il n’y avait rien de plus têtu qu’un gryffondor. Il s’était trompé, parce qu’il était sûr que lui même n’aurait pas pu résister à la tentation d’adresser au moins une fois la parole à son "gardien", ne serait-ce que pour l’insulter.

Mais Draco se contentait de le fixer de ses yeux couleurs d’acier, épiant ses moindres mouvements quand ils étaient dans la même pièce, le faisant se sentir un peu comme un insecte prêt à se faire découper pour servir d’ingrédient dans une potion. Il essayait d’agir de la manière la plus détachée possible autour du garçon, mais ce n’était pas facile quand on était l’objet d’un examen aussi intense. Dès que Charlie voulait croiser son regard, le blond détournait la tête, un air méprisant collé au visage.

Il refusait cependant de se laisser abattre et parlait à Malfoy comme si de rien n’était. Il passait ainsi parfois plus d’une heure à monologuer dans le silence le plus complet. Ca n’était pas vraiment dans ses habitudes, il avait toujours été plutôt du genre silencieux que ce soit quand il vivait au Terrier ou à Poudlard. Mais finalement il avait trouvé ça plus facile que prévu.

C’était une situation totalement ridicule mais l’ex-gryffondor refusait de baisser les bras et revenait chaque jours avec optimisme le houspiller. Il espérait bien qu’avec beaucoup de patience, et en l’embêtant assez, il parviendrait à arracher quelques mots au Serpentard.

- Bonjours Draco ! fit-il en entrant dans la petite chambre.

Il avait décidé de l’appeler par son prénom depuis qu’il s’était rendu compte que ça énervait le garçon. Il adorait voir le tic nerveux qui faisait tressaillir sa paupière à chaque fois qu’il le prononçait, il trouvait ça trop mignon.

- Comment vas-tu ce matin Draco? Moi je suis un peu fatigué en ce moment. Les Cornelongues Roumains sont en période de reproduction alors ça n’est pas de tout repos. Heureusement que je ne suis pas seul pour m’occuper de tout ça et que Stefan est là. Et ces derniers temps, nous avons de nombreux stagiaires venus de tous les pays qui nous aident. Ca nous soulage beaucoup…

Pendant qu’il parlait, il s’occupait de verser la potion anti-douleur dans un verre et de la tendre à Draco, puis il lui souleva sa chemise pour vérifier que la plaie sur son ventre ne s'était pas infectée. La cicatrice était d’une couleur rose pâle et commençait déjà à s’effacer. Il ne pensait pas qu’elle laisserait de traces.

Vint le moment plus délicat où Charlie devait défaire les bandages recouvrant les bras et les mains de Draco pour appliquer le baume cicatrisant sur les brûlures. Le blond pâlit quand il vit les mains du rouquin dénouer rapidement le haut de son pansement et il détourna les yeux.

- Nous avons accueillis il y a quelque temps une jeune stagiaire française, continua-t-il d’une voix calme, plus par pitié pour le garçon que par réel besoin de conversation. Plus maladroite qu’elle, je ne sais pas si ça existe. Dans les premiers temps où elle est arrivée, on a passé plus de temps à corriger ses erreurs qu’à faire notre boulot. Mais elle est vraiment passionnée et apprend très vite. Maintenant qu’elle est formée, on n’a plus rien à dire sur son travail. Elle pourra bientôt prendre en charge elle-même un secteur.

Tout en parlant, il déroulait les bandages, découvrant petit à petit les membres martyrisés du garçon. Maintenant il avait l’habitude de les voir et ne cillait plus. Mais il devait admettre que dans les débuts il avait été quelque peu nauséeux en voyant la surface de chair horriblement calcinée, surtout quand les muscles de ses avant-bras n’avaient pas encore eu le temps de repousser.

Les dommages causés par les flammes du Dragon étaient très graves. Persefonia estimait que Draco recouvrerait sans doute une certaine mobilité de ses mains, mais les dommages nerveux étaient irréparables. Il savait que la vieille femme avait prudemment exposé ces hypothèses au garçon, mais il se demandait si le blond se rendait vraiment compte de tout ce que ça impliquait vraiment.

Charlie recueillit un peu du baume blanc inodore et le frotta contre ses paumes avant de l’appliquer délicatement sur l’épaule gauche et le long du bras. Il massait doucement mais fermement la peau, autant pour faire pénétrer l’onguent que pour faire travailler les muscles de son patient.

Sous ses doigts il pouvait sentir les reliefs qu’avaient imprimé le feu de façon indélébile sur sa peau. Il ne s’y attardait pas, mais il sentait les surfaces successivement lisses et rugueuses qu’il retrouvait visuellement dans les entrelacs de chairs roses à peine cicatrisées.

Environ une demi-heure plus tard, Charlie avait fini de passer le baume et de bander à nouveaux les brûlures. Persefonia ne voulait tenter de les laisser à l’air libre que dans quelques jours seulement. Elle craignait qu’elles ne s’infectent si on le faisait trop tôt.

Le rouquin, lui, avait une autre préoccupation. Pas une seule fois pendant tout le traitement Draco n’avait posé les yeux sur ses blessures.

Qu’il ne lui parle pas était une chose. Ce n’était certainement pas sain, mais au moins son entêtement prouvait qu’il avait encore de la volonté. Mais Charlie craignait une mauvaise réaction que le garçon pourrait avoir face à ses blessures. Les cicatrices resteraient, que le blond les veuille ou non, et il aurait aimé qu’il s’habitue à elles le plus vite possible. Il craignait que Draco ne se mette à éprouver une répulsion trop forte pour ses propres membres.

Ne sachant que faire pour l’instant, il se contentait de prendre soin du garçon et de continuer à lui parler.

* * * * * *

C’était étrange les tours que pouvaient vous jouer la mémoire. Assis sur la paillasse qui lui servait de lit dans une cellule sombre au fin fond d’Azkaban, Lucius Malfoy tournait et retournait entre ses doigts la missive qu’il venait de recevoir et qu’il n’osait ouvrir.

A cet instant, il se rappelait avec une précision stupéfiantes des évènements qu’il croyait avoir, sinon totalement oublié, du moins effacé en grande partie de sa mémoire. Il revoyait les nombreuses heures qu’il avait passé, enfant, collé contre la porte du placard obscur, la peur au ventre en attendant que son père daigne bien se souvenir de son existence et le faire sortir. Ses petits gémissements pitoyables et le raclement inlassable de ses ongles cassés contre le battant de la porte résonnaient encore à ses oreilles alors que, trente ans plus tard, il tenait entre ses mains tremblantes la seule lettre que lui ait jamais écrit Crabbe depuis qu’il était en prison.

Il avait depuis ce temps là une frayeur irrationnelle des espaces clos qu’il s’était efforcé de vaincre tout au long de cette interminable année qu’il avait passé à Azkaban. Il appréciait l’ironie de savoir que les gens du ministère qui désiraient tant le punir pour avoir osé toucher à leur « Elu » ne sauraient jamais qu’ils n’auraient pas pu trouver de meilleure punition que celle de l’enfermer ici. Il en arrivait parfois à penser qu’il aurait encore préféré le Baiser d’un détraqueur.

Mais jusqu’ici, rien ne lui avait rappelé de façon aussi vivide ce sentiment de peur et d’impuissance qu’il avait mainte fois éprouvé enfant que cette simple feuille de papier roulée sur elle même et refermée par le sceau des Crabbe.

Cela faisait plus de deux semaines que Narcissa ne lui avait plus écrit. Habituellement, elle s’arrangeait pour qu’il reçoive au moins trois lettres par semaines en plus des visites mensuelles autorisées. Grâce à ça, il avait presque l’impression d’être toujours auprès de sa famille. Elle n’abordait jamais de sujet sérieux, ou alors seulement à mots couverts de peur que le courrier ne soit lu par les Aurors. Mais ces nouvelles étaient précieuses pour Lucius.

Il avait essayer d’inventer excuses sur excuses pour expliquer cet étrange silence, sans réussir véritablement à se convaincre lui même. Il avait peur de connaître la réponse contenue dans la lettre de Crabbe.

Le cœur au bord des lèvres, il déroula le parchemin et le lut.

Il ne se rendit compte qu’il s’était effondré par terre que parce qu’il sentit vaguement le froid glacial des dalles de pierre du sol qui transperçait le tissu fin de sa robe de prisonnier. Son regard se voila et ses lèvres articulaient silencieusement les mots simples, brutaux, de Crabbe lui annonçant la mort des deux êtres qu’il chérissait le plus au monde. Narcissa et Draco étaient...

Hébété, Lucius entendit au loin comme le hurlement d’une bête sauvage blessée. Il ne comprit pas vraiment pourquoi deux gardes entrèrent dans sa cellule en courant puis hésitèrent en le regardant, comme s’ils avaient peur de lui.

* * * * * *

Draco regardait par la fenêtre les deux petites filles s’amuser à se lancer des poignées de feuilles mortes en gloussant. Il sourit en voyant l’aînée se laisser tomber en arrière avec un rire extatique et atterrir les bras écartés sur le tapis de feuilles couleur flamme qui recouvrait le sol. La plus petite, ne voulant pas être en reste, imita sa sœur qui se tourna vers elle et lui fit des chatouilles.

Leur mère n’était pas très loin, assise à la table de jardin, un verre de limonade posé devant elle alors qu’elle feuilletait un magazine quelconque. Cette scène familiale avait un effet étrange sur lui. Il aurait cru qu’elle lui rappellerait violemment la perte de sa mère, qu’il aurait envie de hurler et de tout détruire autour de lui. Mais ce n’était pas du tout ça.

Il y avait bien un arrière goût un peu amer au sentiment de mélancolie qu’il ressentait en les regardant toutes les trois, mais ces émotions étaient trop douces pour se transformer en haine et en rancœur. Peut être était-ce tout simplement parce qu’il se refusait d’examiner plus en profondeur la perte qu’il venait de subir ? Après tout, cette petite maison au fin fond de la Roumanie semblait si loin du cauchemar qu’il avait vécu ces derniers temps… Il avait un peu l’impression qu’il allait se réveiller d’un instant à l’autre et que tout redeviendrait comme avant.

Une nouvelle silhouette se profila dans son champ de vision. Weasley répondit joyeusement aux fillettes quand elles l’apostrophèrent. Puis il se joignit à leur jeu en faisant semblant de se jeter sur la plus jeune.
Cet homme était la seule chose qui lui faisait penser que tout ça n’était pas un rêve. Il était si vivant, si réel.

Draco sentit une présence derrière lui et se retourna. Persefonia regardait par dessus son épaule, une expression pensive sur son visage ridé. Puis elle tourna vers lui ses yeux délavés et le blond ne parvint pas à soutenir son regard.

Il se retourna vers la fenêtre à temps pour voir Weasley faire tournoyer la plus petite dans les airs en riant.

- Tu ne crois pas qu’il est temps d’arrêter de le punir pour quelque chose qu’il n’a pas fait ? fit la voix rocailleuse de la guérisseuse dans un anglais à l’accent à couper au couteau.

Draco tressaillit, surpris. Il ne pensait pas que la vieille femme parlait sa langue. Il fronça les sourcils devant ces accusations et se tourna de profil, sans quitter des yeux le rouquin et les enfants.

- Je ne le punis de rien du tout…

- Ne me prend pas pour une imbécile jeune homme. Je sais très bien ce que tu fais.

Le blond ouvrit la bouche pour nier ce qu’elle venait de dire. En ne lui parlant pas, il ne cherchait pas à punir Weasley de quoi que ce soit ! C’était juste que…

Il chercha une raison plausible au silence qu’il gardait depuis plus d’une semaine, une raison qui n’aurait pas l’air d’être celle d’un petit garçon geignard pourri gâté. Mais il n’y parvint pas.

D’abord, c’était vraiment trop ridicule d’arrêter de parler totalement quand tout ce qu’on voulait c’est que l’autre nous écoute.

Il eut une moue un peu agacée. Il n’aimait pas se sentir coupable, ce n’était pas une émotion digne d’un Malfoy.

- D’accord, grommela-t-il. Je ferai un effort.

La vieille femme lui tapota doucement la tête, comme on le ferait à un chien obéissant. Il aurait bien aimé protester, mais il savait que si il le faisait, ça ne ferait qu’empirer les choses.

* * * * * *

- Je m’inquiète pour ces enfants. Ils sont enfermés toute la journée avec ces maudits bouquins et ne sortent que pour manger, disait Molly Weasley en triturant ses mains.

Rémus écoutait avec sérieux les inquiétudes de la sorcière au sujet de Hermione, de Ron et de Harry, mais il l’examinait elle en même temps. Ses yeux étaient profondément cernés et elle semblait avoir encore maigri depuis la dernière fois où il l’avait vue. En fait, le loup-garou s’inquiétait autant à son sujet qu’à celui des trois Gryffondors. Elle avait l’air prête à s’effondrer.

- Je ne sais même pas ce qu’ils fabriquent ! C’est vrai qu’au début j’étais soulagée qu’ils ne cherchent plus à se mêler des affaires de l’Ordre. Après tout, ce sont encore des enfants ! Mais maintenant, je suis en train de me demander si ce qu’ils font n’est pas encore plus dangereux…

Elle avait des raisons d’être dans cet état. Plus que tout autre, elle avait conscience de tout ce qu’elle pourrait perdre avec cette guerre. Pendant la première montée au pouvoir de Voldemort, elle avait eu la chance de ne perdre aucun parents. Mais Rémus savait qu’elle gardait toujours un souvenir vif de la terreur qu’elle avait éprouvé, comme tous ceux qui avaient vécu à cette époque.

La guerre, aujourd’hui, était très différente de ce qu’elle avait été auparavant. Voldemort avait pris des leçons de ses erreurs et cette fois-ci, il agissait avec beaucoup plus de subtilité. Il n’y avait pas d’attaques ouvertes comme autrefois, pas de massacres massifs et sanguinaires. Non, maintenant ils avaient à faire à des actes isolés qui ne ressemblaient en rien à une guerre. C’était plus insidieux et, dans un sens, plus terrible que des champs de bataille parce qu’on ne savait jamais qui serait la prochaine cible et ce qu’ils feraient. Quelle serait la prochaine famille à disparaître et d’ou viendrait le prochain coup.

Des semaines pouvaient se passer sans qu'il n'y ait de victimes et ils se laissaient alors tous aller à un faux sentiment de sécurité qui leur faisait faire des erreurs.

Molly avait sept enfants, tous en âge de se mêler à cette guerre. Il comprenait sa peur.

- Quand j’ai posé la question à Ron, continua-t-elle, les yeux brillants de larmes contenues, il a détourné la conversation. Je crois qu’il m’aurait menti si j’avais insisté plus ! Je ne supporterai pas si…

- Ne t’inquiètes pas, l’interrompit Rémus. Je vais aller parler à Harry. Je vais découvrir ce qu’il se passe. Mais je suis sûr que tu te fais du soucis pour rien. Ils ne peuvent pas faire grand chose enfermé dans cette chambre.

- Merci Rémus. Si tu savais combien ça me soulage…

- Tu n’as pas à me remercier.

Il lui tapota doucement l’épaule en lui souriant. Il dissimulait du mieux possible l’inquiétude qu’il ressentait pour elle et pour les jeunes gens afin de ne pas lui faire encore plus peur. Elle n’avait vraiment pas besoin de savoir que lui aussi se faisait du soucis à leur propos.

- Tu prendras bien une tasse de thé, n’est ce pas ? demanda-t-elle en se dirigeant déjà vers la théière.

- Non, je suis désolé. Je vais devoir partir, j’ai un rendez-vous que je ne dois pas manquer et si je ne pars pas maintenant, je vais être en retard. Mais je reviens ce soir et je parlerai à Harry.

Il prit son manteau sur la patère et l’enfila tout en parlant.

- Bon et bien, à ce soir alors… dit-elle avec hésitation en le regardant partir.

Rémus sortit du Terrier et consulta sa montre. Si il se dépêchait un peu, il serait à temps pour son rendez-vous. Il aurait aimé rester plus longtemps avec Molly, ne serait-ce que pour la rassurer, mais la lettre qu’il avait reçu trois jours auparavant aiguillonnait bien trop sa curiosité.

Il ne savait pas ce que Lucius Malfoy pouvait bien avoir à lui dire. Ils ne s’étaient jamais parlé directement et n’avaient, selon lui, rien à se dire sans que ça ne dégénère en flopée d’insultes. Dans sa lettre, le blond lui avait demandé en termes laconiques de venir le jour des visites à Azkaban pour lui parler.

Il n’était jamais allé à Azkaban, il avait donc dû chercher un itinéraire au ministère pour savoir où se diriger. Les regards qu’il avait surpris posés sur lui quand il avait affirmé vouloir visiter quelqu’un dans la prison sorcière lui avaient fait froid dans le dos. Vu la paranoïa (justifiée) qui s’était emparée du monde sorcier depuis la « résurrection » de Voldemort, ce genre de demandes étaient considérées comme hautement suspectes. Rémus aurait presque fait demi-tour si il n’avait pas été aussi curieux de ce que Malfoy lui voulait.

Il se concentra et transplana jusqu’à l’endroit qu’on lui avait désigné, des toilettes publiques hors-service dans la petite ville de Stockton-on-Tees, au sud de Newcastle. Quand il en sortit, il frissonna légèrement, l’air frais et iodé de la commune portuaire le frappant de plein fouet.

La petite ville morne était quasiment vide, même à cette heure de l’après-midi, et les quelques moldus âgés assis sur des bancs ne lui prêtèrent aucune attention. Il se dirigea vers le port en suivant les panneaux d’indication. En fait, port était un bien grand mot pour désigner ce qui n’était en fait qu’un aménagement grossier de quatre pontons en bois, dont trois étaient quasiment délabrés. Moins d’une dizaine de bateaux y étaient amarrés et la plupart étaient des barques de pêcheurs.

Il s’avança vers celui qui était dans l’état le plus piteux comme on le lui avait indiqué et un vieil homme émergea d’une des embarcation, où il était en train de réparer un filet de pêche. L’homme était plutôt petit et maigre aux cheveux blanc et à la peau basanée, mais sa démarche souple quand il s’avança vers Rémus démentait son âge apparent.

- Qu’est ce que vous venez faire ici ? grommela-t-il

- Je viens rendre une visite.

- Montrez moi votre passe.

Rémus lui tendit le parchemin qu’il avait reçu en même temps que la lettre de Malfoy et qui lui permettait de lui rendre visite.

L’homme sortit une baguette et lança un sort au papier. Quand il fut satisfait du résultat, il fit un geste négligeant du bras vers le bout du ponton et se redirigea vers la barque pour reprendre son occupation.

Rémus avança avec hésitation sur le ponton en bois dont certaines planches étaient pourries ou tout bonnement manquantes. Mais il se rendit vite compte que ce n’était qu’une illusion parce que quelque soit l’endroit où il marchait, il sentait sous ses pieds la résistance d’un plancher solide.

Il avait fait tellement attention à ses pieds qu’il ne s’était pas rendu compte qu’il était arrivé à l’embarcadère et qu’il n’était pas le seul à attendre. Trois autre personnes étaient présentes, mais elles faisaient toutes semblant de s’ignorer les unes les autres. Une jeune fille, à peine plus de dix-huit ans sans doute, se rongeait les ongles enserrant autour d’elle ses bras, transie de froid. Assise sur un banc, une femme d’âge mûr, son visage dissimulé par ses longs cheveux noirs, semblait prier. L’identité de la troisième personne était dissimulée par une longue cape noire et une capuche abaissée.

Charmants compagnons de voyage…

* * * * * *

- Mon père veut que je parte d’ici. Il pense que c’est devenu trop dangereux.

Pansy passa une de ses courtes mèches noires derrière son oreille et serra les dents. Elle ne savait pas quoi répondre à Vincent.

- Il voudrait que j'aille au Canada. On a de la famille là bas, près d’Ottawa.

La jeune femme garda les yeux fixés sur les flammes qui dansaient gaiement dans la cheminée. Elle resserra les pans du châle en cachemire mauve que Draco lui avait offert pour Noël dernier, des frisson désagréables lui parcouraient le dos.

Goyle était silencieux dans un coin de la pièce, les yeux baissés et la mine sombre. Il ne parlait plus beaucoup depuis que Draco… depuis sa disparition. Il manipulait entre ses doigt sa baguette, comme s’il ne savait plus quoi en faire.

- Je… serai en sécurité là bas… Il… mon père… ne veut pas que je me mêle de… enfin… tu sais…

- La ferme, Crabbe. Tu vois pas qu’elle veut que tu lui foutes la paix.

La voix traînante de Blaise qui émergea du canapé où il était allongé fit tressaillir la brune. Elle l’avait cru endormi.

- J… je suis désolé Pansy… fit Crabbe, contrit.

Elle poussa un long soupir et se tourna vers lui. Il avait l’air d’un gamin pris à faire une bêtise. Ce qui était bizarre étant donné qu’à dix-sept ans Vincent Crabbe faisait plus d’un mètre quatre-vingt cinq et presque cent kilos.

- Ce n’est rien. Tu n’as pas à t’excuser. Ton père… a eu une bonne idée.

- Vraiment ? fit-il avec hésitation et une pointe de soulagement.

Elle n’était pas faite pour ça. Elle ne voulait pas le réconforter et lui dire ce qu’il fallait qu’il fasse. Ce n’était pas son boulot. C’était celui de Draco. Elle, elle l’aurait envoyé balader en lui demandant de s’acheter une personnalité et de revenir quand il pourrait prendre ses décisions tout seul.

- Oui, bien sûr, dit-elle en essayant de lui sourire. Comme ça, s’il arrive quelque chose, on pourra toujours squatter chez toi.

- Oui ! C’est vrai ! Vous seriez les bienvenus !

Il avait l’air tellement… soulagé. Et ça ne la faisait pas se sentir mieux, loin de là.

Elle leur en voulait. A Crabbe, Goyle et Zabini, parce qu’ils cherchaient à lui faire assumer le rôle de Draco depuis sa disparition et qu’elle n’était pas Draco. Elle ne voulait pas l’être. Le remplacer, c’était comme admettre qu’il était parti pour toujours, qu’il était véritablement… mort.
Et ça, elle le refusait de toutes ses forces. Tant qu’ils ne lui apporteraient pas la preuve indéniable elle ne les croirait jamais.

Elle ne pouvait pas se le permettre, sous peine de s’effondrer.

Il fallait qu’elle fasse quelque chose sous peine de devenir folle.

* * * * * *

Une barque à fond plat apparut en mer et Rémus suivit ses compagnons de voyage quand ils y embarquèrent. Il n’eut qu’un souvenir flou du voyage jusqu’à l’île d’Azkaban, probablement à cause d’un sort. C’était sans doute un autre moyen de prévenir les évasions.

Une fois arrivés, ils furent tous séparés et un garde contrôla à nouveau son passe de visite. Rémus avait du mal à se concentrer sur ce que le jeune homme faisait tant la pression du désespoir qui lui était tombée dessus était forte. L’île toute entière semblait respirer la terreur et la tristesse, jusqu’aux arbres qui entouraient la forteresse et qui semblaient eux-même privés de vie. La présence pesante, presque asphyxiante, des détraqueurs était si intense qu’il avait l’impression qu’il allait s’effondrer d’un instant à l’autre.

Et dire que l’effectif des détraqueurs avait été réduit d’au moins la moitié ! Il n’osait imaginer ce que ça devait être à l’époque où Sirius avait été incarcéré.

A la pensée de son ami, le froid qui le pénétrait de l’intérieur s’intensifia, se nourrissant de ses pires souvenirs. Rémus réagit vite et se força à penser à autre chose pour ne pas sombrer.

Il fut presque soulagé quand le garde eut fini son inspection, lui prit sa baguette et le conduisit jusqu’à une petite pièce nue séparée en deux par des barreaux avec deux chaises de bois de part et d’autre. Il n’eut pas à attendre très longtemps avant que la porte de l’autre côté ne s’ouvre et que n’entre Lucius Malfoy.

Le blond était vraiment dans un état pitoyable. Son visage émacié semblait tout droit sorti d’un cauchemar avec ses cheveux sales et emmêlés et ses yeux froids et vides cernés de noir.

- Lupin, fit-il alors que le garde refermait derrière lui la porte.

- Je suis curieux de savoir pourquoi vous vouliez me voir, monsieur Malfoy, dit Rémus en s’avançant jusqu’au milieu de l’espace qui lui était réservé.

- Croyez bien que ce ne soit pas de gaieté de cœur de ma part, rétorqua Malfoy avec une moue de dégoût.

Sa voix était étrangement cassée, loin du timbre chaud à l’accent traînant qu’il utilisait habituellement.

- Je m’en doute bien.

- Oui, fit le blond avec un sourire ironique, vous vous doutez bien que je ne ferai pas appel à un individu de votre… race maudite… sans qu’il y ait une bonne raison.

- Je ne suis pas venu ici pour me faire insulter monsieur. Si vous n’avez rien d’autre à me dire, je m’en vais.

Le loup-garou se détourna de lui et se dirigea vers la porte pour repartir. Il regrettait d’avoir fait tout ce trajet pour rien, mais il ne supporterait pas non plus de se faire traiter de la sorte uniquement pour satisfaire sa curiosité morbide.

- Attendez ! s’exclama Malfoy.

- Quoi ? fit Rémus en se retournant avec impatience.

Lucius s’était rapproché des barreaux et en entourait maintenant un d’une main. Ses yeux avaient une lueur intense, terrifiée qui fit hésiter le brun à appeler le garde.

- Je sais que vous faites parti de l’Ordre du Phœnix.

- Q… quoi ? s’étouffa Rémus. Je ne vois pas de quoi vous voulez parl…

- Je vous en prie, ne me prenez pas pour un idiot. Il est évident pour n’importe quel imbécile ayant deux neurones à connecter qu’un des meilleurs amis de James Potter ferait partie de cette organisation secrète, fit-il avec un sourire sardonique.

- Je… je ne vois pas où vous voulez en venir.

A ces mots, Malfoy reprit un air sérieux, ses yeux se plissant comme pour lire en Rémus. Celui-ci avait totalement oublié toute idée de partir. Il était partagé entre la curiosité et la méfiance, ne sachant pas trop ce que l’autre voulait et s’il ne ferait pas mieux de partir immédiatement.

- J’ai quelque chose à vous montrer, fut la réponse cryptique du prisonnier.

Le loup-garou le vit chercher quelque chose dans sa poche et se tendit, craignant que l’autre n’ait réussi à se procurer une baguette et… Mais Lucius se contenta d’en sortir un papier et de le lui tendre au travers des barreaux.

Rémus hésita un instant avant de le prendre. Dès qu’il l’eut en main, il vit Malfoy fermer les yeux, comme épuisé. Le brun fronça les sourcils et déroula le parchemin.

Quand il eut fini de le lire, il posa un regard plein de pitié sur l’homme en face de lui.

- Toutes mes condoléances, monsieur Malfoy. Je suis désolé du malheur qui vous touche, mais je ne vois pas en quoi cela me concerne…

- Cela vous concerne parce que vous venez de trouver un nouvel espion pour l’Ordre.

Malfoy rouvrit ses yeux et le regarda avec une intensité qui le fit frémir. Son visage exprimait une haine si puissante, un désespoir si intense que Rémus aurait tout donné pour ne pas se trouver ici pour les voir.

- Je veux le voir mort. Je veux que le Seigneur des Ténèbres soit détruit comme il a détruit ma famille. Et je veux être présent quand ce jour arrivera.

* * * * * *

Il avait longtemps hésité à faire ça. Il n’était pas courageux et ne le serait jamais. Affronter ses peurs en face était digne d’un Gryffondor. Un Serpentard, lui, chercherait à les éviter le plus longtemps possible, il louvoyerait jusqu’à ce qu’il soit vraiment incapable de les ignorer. Et il ne serait pas dit que Draco Malfoy n’était pas un pur produit de cette Maison.

La guérisseuse avait décrété le matin même qu’il était temps d’enlever définitivement les bandages qui entouraient ses bras. Soit disant comme quoi ils auraient une meilleure chance de cicatriser comme ça. Draco aurait préféré les garder cachés sous la gaze blanche encore quelque temps, disons une petite dizaine d’année de plus…

Bien sûr, ce n’était pas pratique pour faire grand chose quand ses mains étaient bandées comme celles d’une momie, mais au moins comme ça, il n’avait pas à supporter leur vue. Persefonia et Weasley avaient bien assez insisté pendant sa convalescence sur l’étendue de ses blessures pour qu’il en déduise qu’il était dans une condition affreuse. Ils avaient sans doute peur qu’il ne se mette à pleurer comme une petite fille.

Il était donc parti s’isoler dans la salle de bain pour découvrir l’étendue des dégâts.

Dans les débuts, il s’était presque convaincu qu’il n’avait rien de grave parce qu’il ne ressentait aucune douleur. Il avait appris plus tard qu’il ne sentait rien parce que le feu du dragon avait détruit les nerfs de ses avant bras et de ses mains. Quoi que ça puisse vouloir dire, il était sûr que ce n’était pas bon signe vu la tête qu’avait fait Weasley en lui disant ça.

Il déroula les bandes lentement, en gardant les yeux fermés. Quand il eut fini, il prit une profonde inspiration pour se donner un peu de courage et les ouvrit. Ses bras étaient tendus devant lui, ses mains aux doigts écartés bien en vue.
Ils avaient l’air… faux. Comme ces membres difformes qu’avait commercialisé Weasleys’ Wizard Wheezes pour Halloween. Il n’avait pas l’impression qu’ils lui appartenaient véritablement.

Ces… chosesne pouvaient pas être ses mains….

Il se précipita vers les toilettes et vomit son petit déjeuner. La joue appuyée contre la faïence froide, il ne cherchait même pas à empêcher les spasmes qui secouaient son corps tout entier. Des sanglots rauques jaillirent de sa gorge sans qu’il s’en rende vraiment compte.

Il pleurait peut être comme une petite fille mais au moins, personne n’était là pour le voir.

* * * * * *

Le corbeau semblait les observer de son perchoir sur le rebord de la fenêtre. C’était ridicule de penser ça. Après tout, ce n’était qu’un oiseau et les Weasley vivaient à la campagne alors il n’était pas inhabituel d’en voir ici.

Mais Harry avait l’étrange impression que la petite créature le suivait des yeux où qu’il soit dans la pièce. Ca le mettait mal à l’aise et lui faisait se poser des questions bizarres du genre : est-ce que les corbeaux sont devenus les nouveaux espions diaboliques de Voldemort ? Et si oui, est-ce qu’un épouvantail en forme de phœnix serait suffisant pour les chasser ?

Ce type d’interrogations sonnait un peu trop… paranoïaque et dingue. Il n’avait pas besoin qu’on le traite encore cette année de paranoïaque et de dingue, après tout, sa cinquième année avait largement suffit dans ce département. Donc quand il en eut vraiment assez, au lieu de faire part de ses réflexions à Ron et Hermione, il s’approcha de la fenêtre et l’ouvrit dans le but de faire fuir l’animal.

Le problème étant que l’oiseau, au lieu de s’enfuir à tire-d’aile comme il l’avait prévu, s’engouffra dans la chambre de Ron et se posa sur le rebord en bois de son lit.

- Hé ! Sort d’ici tout de suite ! s’exclama-t-il.

La bestiole se tourna vers lui et le regarda d’un air moqueur.

- Q… quoi ? fit Ron en se réveillant brutalement.

Il était sensé lire un des bouquins que Hermione avait pris (volé) dans la Réserve de Poudlard. Harry le vit essayer de prendre un air alerte, mais l’encre de la page sur laquelle il s’était endormi qui s’était transféré sur sa joue le trahirait sûrement assez vite.

- Qu’est ce qui se passe ? demanda Hermione en émergeant de l’énorme compilation de journaux qu’elle s’obstinait à lire ligne par ligne depuis plusieurs jours.

- C’est ce… stupide corbeau ! Il est entré dans la chambre quand j’ai ouvert la fenêtre.

Harry s’avança prudemment vers la bête, prit l’oreiller qui était posé sur le lit et le balança en direction du volatile pour le faire partir. Celui-ci évita le projectile avec l’habileté d’un pilote de l’aéronavale, il frôla les cheveux hirsutes de Hermione qui poussa un cris en se baissant précipitamment et atterrit sur la table juste à côté de Ron.

- Qu’est ce que tu cherchais à faire, Harry ? piailla la jeune fille en s’éloignant brutalement de la table.

- Je voulais juste faire partir cette bestiole !

- Hé bien, ce n’était certainement pas le meilleur moyen de le faire ! gronda-t-elle en le fusillant du regard.

Cet oiseau était définitivement un suppôt de Voldemort envoyé pour semer la discorde dans leur groupe.

- Je pensais qu’il allait repartir par la fenêtre ! Je ne pensais pas qu’il allait attaquer tes… cheveux…

- Honnêtement, Harry tu…

- Hé les gars ! Ce corbeau… il a quelque chose de bizarre, dit Ron d’une voix hésitante.

- Quelle chose bizarre ? demanda la jeune sorcière en s’éloignant un peu plus de l’oiseau.

Le rouquin s’était par contre rapproché du corbeau et tendait la main vers lui.

- Il a l’air d’avoir… un papier accroché à sa patte.

- Un papier ? Tu veux dire… qu’il transporterait une lettre, comme un hibou ? demanda Harry.

- Ne dit pas d’idioties Harry, rétorqua Hermione en roulant des yeux exaspérés. Les hiboux sont les seuls animaux transportant le courrier, c’est bien connu !

Il ne savait pas si c’était les recherches infructueuses de horcrux ou bien si c’était tout simplement la mauvaise période du mois qui la rendait aussi hargneuse, mais Harry aurait bien aimé qu’on enlève cette harpie et qu'on lui rende son amie…

- Hum… Je crois que Harry a raison, dit Ron qui était en train de détacher quelque chose de la patte de corbeau.

Cette... Créature du Mal regardait fixement Harry d’un air plus que suffisant. Le brun aurait aimé lui arracher une plume pour voir si il ferait toujours autant le malin.

Ron déroula le petit bout de parchemin et pâlit lorsqu’il lut ce qu’il y avait d’inscrit. Il le tendit à Hermione en silence et Harry s’approcha d’elle pour lire par dessus son épaule.

La famille Lovegood est la prochaine cible des mangemorts.

Le mot n’était pas signé et l’écriture semblait un peu trop régulière pour avoir été rédigée de la main de leur… informateur. Hermione s’empressa de jeter plusieurs sorts sur le papier, mais celui-ci s’enflamma tout seul au bout de quelques minutes.

Quand il pensèrent à nouveau au corbeau, celui-ci s’était déjà volatilisé.

* * * * * *

Draco était assis dans ce fauteuil depuis deux bonnes heures à broyer du noir quand Weasley vint le rejoindre. Le rouquin mit un tabouret juste en face de lui et s’assit dessus, empêchant par là même Draco de l’ignorer.

Le blond n’avait pas envie d’être réconforté. Il n’avait pas non plus envie d’être ménagé ou regardé avec pitié, et encore moins d’être houspillé. En fait, si Weasley voulait bien continuer à se taire, faire demi-tour et aller se faire pendre ailleurs, ça l’arrangerait bien.

Mais évidemment, la vie était une garce en ce moment avec Draco.

- Je vois que… ça va mieux, fit l’ex-Gryffondor en jetant un regard indiscret sur les bras de Draco, qu’il n’avait pas à nouveau recouvert de leurs bandages dans un effort héroïque.

- J’ai arrêté de vomir, rétorqua-t-il sèchement.

- Mais… tu parles ! s’exclama Weasley avec un immense sourire.

Draco sentit ses joues se réchauffer à la vue du visage radieux de l’autre homme. Il détourna les yeux et se demanda s’il ne couvait pas une petite fièvre.
Le rouquin posa une main sur son genoux en se penchant vers lui.

- Tu ne peux pas savoir comme ça me fait plaisir.

Une colonie de papillon s’était logé dans le ventre du blond alors qu’il regardait alternativement la main large piquetée de tâches de rousseurs et les yeux bleus pétillants de son vis-à-vis. Il n’aimait pas que l’autre homme soit trop près de lui, il pourrait attraper des germes Gryffondor.

Il fronça les sourcils pour masquer son malaise et grommela une réponse inaudible.

Weasley ne sembla pas s’en formaliser et son sourire s’agrandit encore un peu plus. Il prit la main droite de Draco dans les siennes, et même si il ne pouvait pas les sentir, le blond savait pour les avoir regardées que ses mains étaient caleuses.

- Q… qu’est ce que tu fais ?! s’exclama-t-il d’une voix bien trop aiguë pour être la sienne.

Des palpitations venaient se rajouter aux autres symptômes. Il était définitivement malade.

- Je vérifie que tu ne t’es pas blessé depuis que tu as enlevé tes bandages, répondit Weasley qui, effectivement, était en train d’examiner sa main avec soin. Comme tes nerfs sensitifs sont endommagés, tu ne peux pas sentir les blessures que tu pourrais te faire et ça pourrait devenir grave si elles s’infectent.

- J… je peux très bien… le faire moi-même !

- J’ai plus l’habitude que toi de ce genre de choses, répondit-il en continuant son examen le long de l’avant-bras de Draco. Et demain, nous commençons tes exercices de rééducation.

Le serpentard commençait déjà à regretter sa décision de se remettre à parler à Weasley. Il avait le sentiment que dans les semaines à venir, il en aurait vite assez de la bonne volonté gryffondorienne de son sauveur.

- Et oui, repris Weasley avec un sourire. Tu vas devoir t’habituer à ce que je sois collé à tes basques pour quelques temps ! Mais ne t’inquiètes pas, j’apprécie à sa juste valeur ta souffrance pour l’avoir vécu moi-même. Quand je suis malade, ma mère est une mère-poule insupportable.

A peine avait-il prononcé ces paroles que Draco vit le rouquin se mordre la lèvre inférieure, tout sourire effacé. Visiblement, il craignait d’avoir fait une gaffe en parlant de sa mère.

- Ma mère aussi a… avait… tendance à me couver quand j’étais malade, répondit-il avec hésitation. Quand j’avais de la fièvre elle dormait à côté de moi, même quand je suis devenu trop grand pour ça.

- On est jamais trop grand pour que sa maman arrête de s’inquiéter pour nous. La mienne continue à m’envoyer des douceurs toutes les semaines depuis l’Angleterre. Elle a peur qu’on ne me nourrisse pas assez ici.

Le sourire de Weasley était très doux quand il prononça ces paroles et Draco dut lutter pour s’empêcher d’y répondre. Il ne savait pas pourquoi le rouquin s’entêtait à lui sourire bêtement. Sans doute le charme Malfoy qui opérait.

- Ma mère m’envoyait des chocolats deux fois par semaine quand j’étais à Poudlard, dit le blond sans réfléchir.

Il ne voulait pas parler de ce genre de choses, et surtout pas avec lui. Il refusait de trop en révéler, de trop s’ouvrir. On ne pouvait pas faire confiance à un Gryffondor.

- Vraiment ? La mienne nous envoi des œufs de pâque faits maison chaque année, dit le rouquin en riant doucement.

- Maman ne sait pas cuisiner. C’est trop prolétaire.

A ces mots, Weasley haussa les sourcils très haut. Draco baissa les yeux sur ses genoux puis lui jeta un coup d’œil entre ses cils.

Il ne voulait vraiment pas parler à Weasley… Pas de ça en tout cas. Mais après tout, il n’y avait que les idiots qui ne changeaient pas d’avis. Et puis, ça faisait plaisir d’être écouté avec une telle attention.

Visiblement, discuter lui avait vraiment manqué parce que maintenant qu’il avait ouvert la bouche, il semblait incapable de la refermer. Pathétique.

- Mais elle adore jardiner, ajouta-t-il, presque dans un murmure. Elle fait pousser les plus belles orchidées d’Angleterre.

Parler d’elle ainsi, se souvenir des moments agréable, de ses petites manies et des instants de bonheurs qu’il avait partagé avec elle, c’était comme si un barrage avait cédé en Draco.

Le temps sembla se suspendre alors qu’ils évoquaient ces deux femmes qui n’avaient pour seuls points communs que celui d’être mères et d’être aimées.

Et si quelques fois des larmes glissèrent sur les joues de Draco au milieu de la discution, Weasley fut assez diplomate pour les ignorer.

Fin du Chapitre 3

NDLA: Je suis désolée pour les fautes dans ce chapitre, je n'ai pas de bêta pour cette fanfic alors je dois me contenter de relire moi-même. Donc je m'excuse pour les horreurs dont vous avez pu être témoins ^^

draco / charlie

Previous post Next post
Up