Titre : 15 décembre
Genre(s) : angst, drama
Rating : PG-13
Thème : #23 Le matin d'après
Auteur : svetblacklupin
Notes de l’auteur : très largement inspiré de faits réels
Résumé de l’histoire : La veille, Wilhem, était leur soleil, son sourire illuminant leurs journées. Mais ce matin, il ne reste que le vide, les larmes et la douleur.
La veille, Wilhem semblait être partout à la fois, voletant comme un papillon d'un groupe d'amies à l'autre, parlant de tout et de rien. Si elles avaient été plus attentives, moins concentrés sur elles-mêmes, ses amies se seraient rendues compte qu'il agissait bizarrement, que cette exubérance était inhabituelle. Elles auraient vu ce qui se préparaient.
Mais elles ont été aveugles et désormais il ne reste que les remords.
Ce matin-là, quand elles se sont aperçues que Wilhem est absent, elles ne se sont pas inquiétées. Il doit sécher, après tout, les cours du mercredi matin ne sont pas forcément les plus intéressants. Ou alors il est malade. Pas de quoi fouetter un chat.
Non, il n'est sans doute pas malade finalement, la veille il était en parfaite santé. Mais tout de même, sécher à deux jours des vacances de Noël, ça ne lui ressemble pas. A-t-il loupé son bus ? Quelqu'un lui enverra un SMS à la récréation pour savoir ce qu'il est en est.
Pas de réponse. Peut-être que Pauline aurait dû laisser une autres de ses amies envoyer le message ; après tout, elle s'est légèrement disputée avec Wilhem la veille. Rien de grave, mais le garçon doit sans doute être encore vexé.
C'est en traînant des pieds que la classe se rend en cours de mathématiques. Comme si c'était utile en filière littéraire. Et c'est avec joie qu'ils lèvent la tête de leur exercice quand on frappe à la porte au bout d'une vingtaine de minutes. Quand ils voient les personnes qui entrent - le sous-proviseur, l'infirmière et la psychologue scolaire, ils se disent qu'il a un problème. Mais pas un seul ne pense à Wilhem.
La veille, ses amies et lui se sont moqués de cet imbécile de sous-proviseur. D'ailleurs, tout le monde le déteste. Et l'imitation qu'en a fait Wilhem les avait énormément fait rire.
Mais ce matin, personne n'a envie de rire. L'air qu'affiche les adultes est sinistre. Et la nouvelle tombe comme un couperet, sèche, violente. Wilhem ne reviendra plus jamais. Il a mis fin à ses jours dans la nuit.
Le silence se fait immédiatement, c'est trop soudain. Puis un cri de douleur se fait entendre au fond de la classe, la stupéfaction laissant place à l'émotion. Puis, les sanglots gagnent peu à peu toute la classe, même le prof qui semble pourtant si détaché de ce qui l'entoure.
On les fait sortir de la classe. Perdus, ils suivent tel un troupeau. Dans la cour, les élèves qui n'ont pas cours les regardent, interloqués. Bientôt, tout le lycée sera au courant ; les bruits, les rumeurs commenceront à circuler. Mais pour le moment, les élèves en pleurs n'y prêtent pas attention.
Ils ne savent même pas ce qu'ils font là, tous rassemblés devant la porte de l'infirmerie. Ils ne comprennent plus rien de toute façon.
Peu à peu les larmes se tarissent mais les mines restent sombres, images de la tristesse.
Et déjà la cloche annonce le dernier cours de la journée. Sans savoir ni comment, ni même pourquoi ils sont là, ils se retrouvent devant la classe d'anglais. Et ils y trouvent leur professeur à l'aspect sévère, effondrée. Évidemment, elle est déjà au courant de la terrible nouvelle.
La veille encore, elle leur paraissait froide et ce matin, ils la découvrent humaine, capable d'émotions. Toute aussi émue que ses élèves, elle leur propose d'aller marcher, de sortir de l'enceinte étouffante du lycée. Ça leur fera du bien de prendre l'air. De toute façon, ils ne feront rien de plus enfermés dans cette salle de classe.
Quand ils revient, il reste encore un bon quart d'heure de cours mais l'enseignante les libèrent, c'est bientôt midi. Mais personne n'a le courage d'aller manger ; alors ils restent tous ensemble, chose exceptionnelle. Il n'y a plus de clans, de groupes ; les inimitiés sont temporairement oubliées.
Bientôt, il sera l'heure de rentrer chez soi. Qui passera l'après-midi prostré dans un fauteuil. Qui pleurera longtemps sur son lit. Qui marchera jusqu'à ne plus pouvoir mettre un pied devant l'autre. Mais tous penseront à Wilhem.
Wilhem, qui la veille encore, était leur soleil, son sourire illuminant leurs journées.
Mais ce matin, il ne reste que le vide, les larmes et la douleur. Et les remords. Et ces derniers les suivront longtemps encore.