THEME: n° 15, le bleu le plus pur.
AUTEUR:
styxxounetteTITRE: Un bon prénom pour un prince.
FANDOM: Harry Potter
PAIRING: Hermione Granger & Théodore Nott
RATING: K+
DISCLAIMER: Rien ne m'appartient, je ne fais que martyriser les personnages créés par JKR pour les besoins de cette série de OS.
Théodore n'avait jamais réellement réussi à se faire à l'idée qu'il allait être père. En fait, il doutait même d'en être un bon, faute d'avoir eu le bon modèle à la maison. Clairement, il n'était pas prêt pour ça, et même s'il était en âge d'avoir des enfants. Il hallucinait complètement lorsqu'il songeait que Ginny et Harry avaient eu leurs enfants bien plus jeunes qu'Hermione et lui. Hermione et lui avaient tous deux dépassé la trentaine, parce qu'ils avaient voulu s'occuper de leur carrière avant. Pour Hermione, il avait été inconcevable d'avoir un enfant tant qu'il serait incertain qu'il puisse vivre dans un environnement stable.
Hermione et Théodore étaient ensemble depuis un peu plus de dix ans. Ils avaient su se satisfaire de cette vie à deux, sans trop songer à inclure une tierce personne dans l'équation. Théodore ne savait plus très bien ce qui les avait décidés à mettre un enfant en route, mais une chose était-il, c'est qu'à présent, ils y étaient. Hermione était enceinte jusqu'aux yeux, et elle passait ses journées allongée, à son grand dam d'ailleurs car Hermione avait toujours été une femme active, qui refusait de se complaire dans l'oisiveté. Pendant ces dernières semaines, Théodore avait supporté ses multiples récriminations, mais aussi, il avait pu profiter de leurs derniers moments à deux, car bientôt, très bientôt, dans moins de trois semaines, le bébé serait là, et tout ce que cela pouvait impliquer: les nuits trop courtes, les couches à changer, et surtout, de nouvelles responsabilités à prendre. Théodore n'était pas sûr d'être capable de les endosser, mais de toute manière, personne n'était jamais vraiment prêt à être parents.
Théodore savait qu'Hermione partageait la même angoisse, même si elle n'en disait pas un mot. Il ne savait que trop bien que pour eux, qui aspiraient volontiers à une vie stable et qui laissait très peu de places aux imprévus, la naissance de leur enfant allait être un grand chambardement. Ils allaient devoir s'organiser autrement, changer de mode de vie, en bref, revoir leur copie. Et changer du tout au tout, comme ça, du jour au lendemain, ça angoissait les maniaques de l'organisation qu'ils étaient. Et malgré tout, Hermione doutait, elle doutait de pouvoir être une bonne mère, parce que ce n'était pas quelque chose qui s'apprenait dans les livres, mais plutôt sur le tas. Théodore la rassurait, en disant que comme d'habitude, elle allait s'en sortir à merveille car rien ne résistait à Hermione Granger. D'autant plus qu'elle avait été préfète-en-chef à Poudlard, et l'autorité n'allait certainement pas être un problème pour elle, de même que se faire respecter.
Distraitement, Théodore caressait le ventre tout rond de son épouse, tout en se disant que ça aussi, ça allait disparaître. Il s'y était finalement habitué, et il trouvait même que ça lui allait plutôt bien, pour ne pas dire très bien. Sa grossesse s'était vraiment bien passée, elle s'était très bien sentie enceinte, elle s'était épanouie. Et pourtant, elle avait eu une peur terrible, celle de l'accouchement. Il l'avait compris, elle lui en avait fait part de trop nombreuses fois. Comme cette fois là, une fois encore.
- Tu crois que ça va aller? Demanda-t-elle d'une voix cassée, tout en se calant confortablement contre son épaule.
-Tu as pris des cours de préparation à l'accouchement, tu devrais pouvoir gérer le jour J. répondit-il, l'air absent, tout en enfouissant son visage dans l'abondante chevelure brune.
-Je sais…gémit-elle, en proie à l'inquiétude. Mais…je ne suis pas encore prête. Il…il ne doit pas naître maintenant.
-Il viendra quand ce sera le moment. Éluda Théodore avec sagesse, bien qu'il n'était pas sûr de ce qu'il avançait, n'y connaissant strictement rien. C'est le premier, c'est normal d'avoir peur.
-Quand je pense que Molly en a eu sept. Grinça Hermione, avant d'esquisser une légère moue boudeuse.
- Preuve en est que ce n'est pas insurmontable. Murmura-t-il en posant un baiser dans son cou.
- J'aimerais bien t'y voir, toi! Se fâcha Hermione, tout en se tournant légèrement. Ca se voit que ce n'est pas toi qui l'a porté pendant presque neuf mois, qui a eu des nausées au début de la grossesse, et qui ressemble à un gros troll de surcroît, je ne vois même plus mes pieds.
-Oh, mais moi aussi j'ai subi. Certes, ce n'est pas moi qui l'ai porté comme tu dis, mais j'ai subi tes envies bizarres, ta libido, tes sautes d'humeur, même à trois heures du matin. Sans compter le fait que tu as failli faire de moi ton esclave personnel dans tes excès de tyrannie…
-Mes excès de tyrannie? S'offusqua Hermione, la voix plus aigüe que d'ordinaire. Moi je trouve ça parfaitement normal qu'étant enceinte, tu m'aides à faire le ménage, à porter les courses, ou même, plus généralement, participer aux tâches ménagères.
-Tu n'as pas à te plaindre. Soupira Théodore en levant les yeux au ciel. Depuis qu'on habite ensemble, je participe aux tâches ménagères.
-Parce que je ne t'ai pas laissé le choix.
-Parce que j'ai pour principe que les elfes de maison ne sont pas des larbins, et que dans la mesure où on a deux bras, deux jambes, qu'on n'est ni handicapé, ni impotent, on peut le faire soi-même. Tu noteras, qu'en vertu de ce principe, je me suis débrouillé pour apprendre à faire la cuisine, quand bien même je n'aurais pas su me servir d'un de tes fichus appareils électroménagers, que je me suis brûlé plus d'une fois sur la poele ou les plaques de chauffe, que j'ai failli perdre des doigts en coupant des choses et d'autres…
-Oui, mais ça, je n'y peux rien si tu as deux mains gauches. Soupira son épouse en levant les yeux au ciel.
-Tu as tendance à oublier que je n'ai pas été élevé chez les moldus et que par conséquent, nous autres, utilisons des baguettes pour faire tout ça.
-Et alors? S'exaspéra Hermione tout en se décollant de lui, aussi rapidement que son gros ventre de femme enceinte de huit mois lui permettait.
-Rien, laisse tomber. Capitula Théodore qui en profita pour se lever du canapé.
Les autres pouvaient bien dire ce qu'ils voulaient, que Théodore était un soumis, ce dernier n'en avait cure. Il abandonnait la lutte dès lors que la discussion commençait à s'envenimer? Et alors. Il évitait simplement les conflits. Il ne disait rien, mais n'en pensait pas moins. Et il avait suffisamment de discernement pour reconnaître quels étaient les sujets glissants. Leurs éducations dans deux mondes totalement différent en faisaient partie. Au cours de leur vie commune, ils avaient su surmonter ces différences et leurs préjugés, mais l'ignorance de Théodore ressortait en particulier dans la vie quotidienne, parce qu'évidemment, il était loin de connaître le monde des Moldus. Lui-même avait fait beaucoup d'efforts pour s'adapter, Hermione avait absolument voulu vivre dans le Londres Moldu, parce qu'elle avait eu le coup de foudre pour un petit pavillon qui était alors à vendre. Théodore aurait voulu vivre sur le chemin de Traverse, puisqu'il travaillait chez Slug et jiggers en tant qu'apothicaire, mais Hermione s'arrangeait toujours pour avoir ce qu'elle voulait. C'était en ce sens que son épouse était particulièrement épatante…et particulièrement pénible aussi.
Quoiqu'il en fut, il l'aimait, aussi improbable que cela puisse paraître. Elle était la seule femme qu'il eut un jour aimée, et il s'en contentait parfaitement. Certes, ils avaient perdu la passion du début, mais ils avaient grandi également, ils étaient plus raisonnables, leur relation était moins tumultueuse, plus mature également. C'Est-ce qui leur avait permis de se marier, et maintenant, d'avoir des enfants. Théodore n'aurait jamais cru qu'il puisse un jour s'accomplir dans sa vie de famille, mais soit, le destin faisait parfois prendre aux individus des directions surprenantes. Faute d'en avoir eu une, le plus grand désir de Théodore avait été de fonder sa propre famille, sans doute pour compenser le cruel manque affectif dont il souffrait depuis qu'il était tout petit. C'était bientôt chose faite. Il allait être père, et bon sang, ça allait lui faire tout drôle.
Machinalement, il regarda l'intérieur de la paume de sa main. Cette main brûlée, dont la peau n'avait jamais cicatrisé réellement, malgré qu'elle eût été en partie remplacée. Des cicatrices de guerre. De cela, ils en étaient pleins, et ces anciennes blessures étaient plus ou moins visibles, selon si elle étaient gravées dans leur peau ou au plus profond de leur cœur. Hermione non plus n'était pas en reste, même longtemps après, elle restait traumatisée des tortures qu'elle avait subies à cause de Bellatrix Lestrange, et surtout, dans son avant bras était gravé le fanatisme de cette folle dingue. Sang-de-bourbe. C'était là, dans sa peau, et c'était indélébile. Quelle injustice. Théodore inspira longtemps, et souffla, légèrement tendu. Puis, pris d'une impulsion, il s'empara de sa veste et tourna les talons.
-Où tu vas? S'enquit Hermione, qui était à nouveau calée dans le canapé, ayant apparemment abandonné l'idée d'une discussion houleuse.
-Je vais faire un tour. Répondit Théodore tout en enfilant sa veste.
Minutieusement, avec une précision presque chirurgicale, Théodore boutonna les deux pans, puis, il se détourna, prit les clés sur la table, et s'éloigna d'un pas. Théodore se sentait étouffer en cet instant précis, il avait besoin de prendre l'air, de se détendre. Et le fait que sa femme se soit transformée en une bombe à retardement depuis le début de sa grossesse n'était pas là pour l'aider, bien au contraire. En fait, il était plutôt content que ça se termine bientôt. Très bientôt, même. Ce qu'il n'avait pas prévu, en revanche, c'est que ce moment où leur enfant serait enfin parmi eux allait arriver plus vite que prévu.
x
Théodore était rentré tard ce soir là. Il était allé boire un coup au chaudron baveur avec Blaise. Cela avait été l'occasion pour les deux anciens compères de se retrouver et de discuter un peu, sauf qu'eux n'en avaient que faire des commérages. De ce qu'avait vu Théodore, Blaise était bien parti pour emprunter le même chemin que sa mère. Non content d'avoir une réputation de Casanova, ses mariages ne tenaient guère plus de deux années consécutives, bien que ses compagnes ne disparaissent pas mystérieusement du jour au lendemain. En fait, Blaise était un paradoxe à lui tout seul: il était bien trop volage pour seulement vouloir se fixer pour de bon, mais d'un autre côté, il ne voulait pas rester seul, parce que c'était trop angoissant. Théodore, lui, avait besoin de repères, aussi une vie pépère lui convenait tout à fait, il n'aspirait pas à grand-chose d'autre.
Blaise n'avait pas toujours compris ce choix qu'il avait fait de se mettre en couple à dix-neuf ans, de se marier à vingt-trois, et, enfin, de faire un enfant à trente-deux. Sans doute était-il encore trop jeune dans sa tête pour seulement y songer. Pourtant, le temps passait, leur jeunesse s'étiolait, et il était temps de faire certains choix, de tenir certains engagements. Qui seraient-ils pour s'y dérober? Théodore lui avait parlé quelques fois de ses craintes, de ses angoisses, de ses insomnies aussi, et Blaise n'avait aucune réponse à fournir à tout ça, parce qu'être père, il ne savait pas ce que c'était et il n'allait jamais probablement savoir, simplement parce qu'il n'était pas fait pour ça. Alors, Théodore était reparti, l'esprit légèrement embué par les deux verres de whisky pur-feu, mais d'avoir vidé son sac, il se sentait un peu mieux.
Il était finalement aller se coucher. Il était entré dans la chambre conjugale sur la pointe des pieds, pour ne pas réveiller sa femme qui dormait à poings fermés. A poings fermés, c'était vite dit, Hermione ne dormait jamais sur ses deux oreilles, elle avait toujours eu un sommeil très agité. Il resta à la contempler un moment. La forme de son corps se devinait sous les couvertures, elle s'était couchée en chien de fusil, les bras sous l'oreiller. Ses boucles brunes formaient une masse sombre et indistincte sur l'oreiller. Théodore soupira, puis après s'être dévêtu, pour ne garder que son caleçon, il se glissa sous les couvertures, et plaqua doucement son torse contre le dos de sa femme, avant de poser une main à la fois possessive et protectrice sur son ventre rebondi. Il lui suffit simplement de nicher sa tête au creux de son cou pour s'endormir à son tour, rejoignant son épouse au royaume des songes.
Plus tard, beaucoup plus tard en réalité, Théodore fut réveillé parce qu'Hermione lui secouait l'épaule avec plus ou moins de patience. Il peina à ouvrir les yeux, encore gourd de sommeil. Théodore s'agita légèrement, grogna parce qu'il était contrarié d'avoir été réveillé, d'autant plus que le soleil n'était pas encore levé. Alors, il pouvait bien encore dormir pendant quelques heures sans qu'on ne lui en tienne rigueur pour autant. Sauf que, Hermione ne l'entendait pas du tout de cette oreille. En effet, c'était elle qui secouait son épaule avec plus ou moins de frénésie. Il ouvrit les yeux pour de bon, et vit sa femme légèrement penchée au dessus de lui, complètement livide.
-Théodore, j'ai perdu les eaux. Souffla-t-elle, alors qu'elle se tenait le ventre en haletant légèrement.
-Quoi, déjà? Bredouilla-t-il, complètement perdu, peinant à reprendre ses esprits.
-Puisque je te le dis! Soupira-t-elle, agacée, avant de se courber violemment sous l'effet d'une puissante contraction.
Ce fut à ce moment précis que Théodore parut enfin réagir. Tel un automate, il se redressa, repoussa les couvertures, se leva du lit, et, à tâtons, il partit à la recherche de ses vêtements. Tant bien que mal, il enfila son jean, puis son polo. Il batailla avec la ceinture, les chaussures et les chaussettes. Pendant ce temps-là, Hermione se tordait de douleur dans le lit. Théodore revint à côté d'elle. Il caressa ses cheveux trempés par la sueur, ses joues livides, et il planta son regard dans le sien.
-Allonge-toi. Et à partir de maintenant, tu inspires, et tu souffles par saccades, comme on te l'a appris.
-Mais dépêche toi. Grogna-t-elle, à nouveau coupée en deux par une violente contraction. Va me chercher quelqu'un.
-Je ne peux pas t'emmener à Sainte-Mangouste. Lui dit-il, tout en essayant de garder son calme.
-C'est pour ça que je te dis d'aller me chercher quelqu'un. Je n'ai pas d'autre choix que d'accoucher ici! Il faut vraiment tout te dire.
-J'y cours, j'y vole. Répondit Théodore qui enfilait à présent sa veste.
-Mais tu n'as pas le temps de t'apprêter! Le gronda-t-elle, en proie à la souffrance. Vas y, donc, ça se voit que ce n'est pas toi qui es en train de souffrir le martyr!
Théodore sortit donc de la chambre en vitesse, rechignant tout de même à laisser Hermione toute seule alors qu'elle était en train d'accoucher. Théodore allait transplaner, mais il renonça et se dirigea plutôt vers la cheminée, le cœur battant à tout rompre. Il prit un pot de fleurs contenant une fine poudre dorée, puis il la jeta dans les quelques braises pas encore tout à fait éteintes. Dire qu'il avait une sainte horreur du feu, depuis les brûlures qu'il avait subies lors de la seconde guerre. je peux le faire. se dit-il. Puis, il sentit le décor tourner soudainement autour de lui, et il atterrit brutalement dans la cheminée du Terrier, enfin l'espérait-il. Ginny, qui était présente dans la salle de séjour sursauta en le reconnaissant.
-Théodore! Est-ce que tout va bien? Tu n'as pas l'air. S'inquiéta-t-elle tout en s'approchant.
-Merlin merci, tu n'es pas encore couchée! Va me chercher ta mère, c'est pour une urgence.
-Hermione est en train d'accoucher? S'enquit Ginny, qui venait soudainement de pâlir en comprenant ce qu'impliquaient les mots de Théodore.
-Oui, alors dépêche toi!
-Oh mon dieu! S'écria Ginny tout en disparaissant pour se ruer à l'étage. Maman, Hermione est en train d'accoucher!
Théodore soupira. Ginny allait rameuter tous les Weasley si ça continuait, et il n'avait certainement pas envie que la famille Belette au grand complet envahisse sa maison. Hermione était en train d'accoucher, ce n'était pas non plus un évènement public, digne de figurer à la Une des plus grands journaux tels que la Gazette du Sorcier, quoique, Rita Skeeter se serait fait une joie de partager l'évènement. Impatient, Théodore attendait, toujours dans la cheminée. Ce fut une Molly en robe de chambre qui apparut, suivie de près par Ginny. Heureusement pour tout le monde, la plupart des fils Weasley étaient absents: Ron était au loin pour un tournoi de Quidditch, George logeait au dessus de la boutique de farces et attrapes avec Angelina et leurs enfants, Percy était aux abonnés absents, et Bill ainsi que Charlie vivaient seuls depuis belle lurette. De surcroît, Molly n'avait apparemment pas la garde de ses petits enfants, ou alors, ils étaient couchés depuis longtemps.
-Hermione est en train d'accoucher, elle ne peut pas être emmenée à Ste Mangouste. Exposa Théodore, tandis que la matriarche enfilait un gilet par-dessus sa chemise de nuit. Faites vite, elle a besoin de vous!
Sur-ce, Théodore disparut dans la cheminée, pour ré-atterrir dans son propre salon. La moquette était tâchée de suie mais qu'importe, il y avait plus important: son fils ou sa fille était en train de naître. Un nouveau hurlement d'Hermione le fit presser le pas. Il monta les escaliers quatre à quatre, et se retrouva dans la chambre en moins de temps qu'il faut pour le dire. Il s'en voulait déjà beaucoup d'avoir laissé Hermione toute seule alors qu'il pouvait lui arriver n'importe quoi, mais ça avait été nécessaire, il n'avait pu faire autrement.
-Qu'est-ce que vous faites? S'alarma Théodore alors que Molly s'affairait à relever la chemise de nuit que portait Hermione, la dénudant à demi.
-Il faut vérifier la dilatation du col de l'utérus, pardi, sinon, le bébé ne pourra pas sortir!
Théodore détourna les yeux alors que Molly examinait Hermione, franchement mal à l'aise. Pendant qu'il regardait ostensiblement ailleurs, Mrs Weasley murmurait des paroles réconfortantes à celle qu'elle considérait comme une de ses filles. Hermione gémit une nouvelle fois de douleur sous l'effet d'une nouvelle contraction.
-7 centimètres! Annonça Molly. Le travail est bien avancé, il n'y en a plus pour très longtemps.
-Mais…protesta Hermione, au bord des larmes, il ne peut pas naître maintenant, c'est beaucoup trop tôt!
-Les bébés naissent quand ils le décident. Répondit Molly tout en maintenant les jambes d'Hermione écartées. Tu ne peux pas l'empêcher, il faut le laisser sortir, sinon, ça peut être dangereux, aussi bien pour le bébé que pour toi.
-Vous ne pourriez pas être plus rassurante? La rabroua Théodore, qui avait brusquement blêmi à l'éventualité qu'il puisse arriver quelque chose à sa femme ou à son enfant. Lui faire peur ne va certainement pas l'aider à…
-Vous vous y connaissez en matière d'accouchements? L'interrompit Molly, tout en le fusillant du regard. Dans ce cas, taisez vous! Au lieu de dire des bêtises, venez donc lui tenir la main, rendez vous un peu utile!
Théodore en resta coi. Ca s'appelait se faire rembarrer en beauté. Il fronça les sourcils, mais il ne chercha pas à arguer, ce n'était ni le lieu, ni le moment pour ce faire. Comme demandé donc, Théodore s'assit docilement sur le bord du lit, avant de s'emparer de la main d'Hermione, qui, malgré sa souffrance, trouva le moyen de lui faire des reproches:
-Tu vois, ça, normalement, tu aurais dû le faire sans qu'on n'ait besoin de te le dire!
Elle avait le visage en sueur, serrant les dents pour ne pas crier de douleur. Ses contractions étaient de plus en plus rapprochées. Dans quelques heures tout au plus, le bébé serait là. Théodore était à la fois impatient et inquiet. Impatient, car il allait pouvoir tenir dans ses bras la chair de sa chair, son sang, mais inquiet, parce que l'accouchement était supervisé par une non-professionnelle. Qui savait donc quels risques ils étaient en train de prendre!
Bientôt, Théodore eut envie de se lever et de faire les cent pas. Le temps défilait, inexorablement. Il fallait encore attendre. Sept centimètres, ce n'était pas encore assez. Et Hermione qui souffrait le martyr. Molly lui conseillait de respirer, autant que faire se peut. Hermione s'exécutait difficilement, terrassée par les différentes vagues de douleur qui défilaient dans son bas-ventre. Elle avait cessé de pleurer à présent, affichant une expression résignée. Théodore, machinalement, décollait les mèches de cheveux qui s'étaient collées sur le visage de sa belle. Il se rendait utile, il lui appliquait un linge imbibé d'eau froide sur le front, car ça allait lui faire du bien. Et le temps défilait encore. Théodore n'en pouvait plus d'attendre. Une heure, c'était long. Et Molly qui vérifiait toutes les demi-heures l'ouverture. Finalement, Théodore n'y tenant plus, se leva et commença à faire les cent pas dans la pièce, tournant comme un lion en cage.
-Encore combien de temps? S'enquit Théodore d'une voix pâteuse, alors que Molly le fusillait du regard pour avoir laissé Hermione en plan.
-Elle en est à neuf centimètres. C'est bientôt bon. Puis, en se tournant vers la jeune femme: Hermione, commence à respirer comme on t'a appris pendant tes cours. Voilà, comme ça, c'est parfait.
Théodore revint tout de même auprès d'Hermione, lassé de faire les cent pas. Hermione laissa échapper un cri de souffrance, qui fit sursauter le futur père.
-Vous en avez eu sept. Gémit Hermione, complètement sidérée, tout en se laissant tomber sur l'oreiller. Sept, par Merlin, comment est-ce possible? C'est…c'est tellement…atroc….AAAAAARGH!
-Hermione, tu vas pouvoir pousser! S'exclama Molly, au bout du lit. Quand je te dis tu pousses, tu pousses! Trois…deux…un…ALLEZ, POUSSE!
Alors, Hermione poussa, de toutes ses forces, laissant échapper un hurlement d'agonie. Théodore, lui, sentit les os de sa main se broyer presque concomitamment, au point même de douter pouvoir récupérer l'usage de sa main une fois le bébé mis au monde.
-Allez ma chérie, c'est bien, continue! L'encouragea-t-il.
-Oh, ça va toi, ferme-la, un peu. On voit bien que ce n'est pas toi qui…aaaaah. Ca se voit que tu n'es pas en train d'accoucher! c'est plus facile à dire qu'à faire. Alors tes leçons, tu te les gardes!
Théodore fut choqué par tant de vulgarité de la bouche de sa femme. Elle qui n'avait jamais un mot plus haut que l'autre…Théodore ne trouva rien à répondre. De toute façon, personne n'avait rien relevé. Alors, Hermione poussa. Encore et encore. Elle n'était plus que hurlements, et soudain, Théodore eut pitié pour les voisins, surtout qu'il était presque deux heures du matin. Seulement, il était trop heureux pour avoir des scrupules, parce que bon sang, il allait être papa. Il n'avait plus de main, mais ça, ce n'était pas grave non plus. Ils hurlaient tous les trois -l'une de douleur, les autres des encouragements. Et, enfin, au bout de longues et pénibles minutes d'agonie, une quatrième personne vint crier en même temps qu'eux tous, alors qu'Hermione se laissait retomber dans le canapé, à bout de souffle, et à bout de nerfs également. L'enfant avait lâché son premier cri. Molly acheva de le sortir, et l'essuya délicatement à l'aide des langes que Ginny avait apportés.
-Félicitations. Déclara finalement Molly, tout en posant l'enfant sur sa mère. Vous avez un magnifique petit garçon.
Les deux jeunes parents se regardèrent en souriant. Un garçon? Ils s'étaient bien souvent disputés à propos du sexe de leur futur enfant. Théodore voulait une fille, Hermione préférait un garçon. Et Hermione l'avait su au plus profond d'elle-même qu'elle attendait un garçon. Et de ce qu'ils pouvaient voir, le bébé avait un fin duvet brun sur la tête.
-Oh, il est brun. Fit stupidement Théodore, alors qu'il regardait l'enfant, complètement fasciné.
-Avec deux parents bruns, on ne pouvait pas faire autrement. Soupira Hermione, qui souriait à pleines dents.
Alors, Théodore se pencha sur Hermione et captura ses lèvres avec passion. Elle aimait cet homme, quoiqu'elle ait pu dire tout à l'heure. Elle ne le pensait pas réellement, et elle jugea à cet effet qu'ils devaient avoir une petite discussion à ce propos. Ils furent interrompus dans leurs embrassades par Molly Weasley, qui s'éclaircit bruyamment la gorge pour rappeler aux deux amoureux sa présence, ainsi que celle de l'enfant.
-Théodore, le cordon ombilical?
Elle n'eut pas besoin d'en dire plus pour qu'il comprenne. Alors, tout doucement, à l'aide de sa baguette et d'un sortilège de découpe, il coupa le cordon. Molly s'empressa de finir de nettoyer le bébé du sang et du placenta, puis, lorsqu'elle l'eut enveloppé dans des langes, elle le tendit à Hermione qui le réceptionna avec bonheur. Hermione serra son enfant contre son cœur. Pour le moment, le bébé avait encore les yeux fermés, mais ils ne tarderaient pas à voir de quelle couleur étaient ses yeux. D'un bleu sombre, presque outremer, comme ceux de Théodore, ou bien noisette, légèrement ambrés comme sa mère?
-Il est tout petit. Murmura Théodore, tandis que la petite main du bébé venait de s'enrouler autour de son index.
Ce contact l'émut bien plus qu'il aurait voulu le dire. Il avait les larmes aux yeux et la gorge nouée par l'émotion. Il semblait si petit, si fragile, tant et si bien qu'en le prenant, on pouvait avoir peur de le casser. Mais pour ses parents, c'était le plus beau bébé du monde. Le petit garçon ressemblait beaucoup à Hermione, c'était un fait. Mais il avait les lèvres de Théodore. Et ce dernier ne pouvait pas détacher son regard du petit être qu'Hermione tenait entre ses bras.
-Tiens, tu veux le prendre? Proposa-t-elle, au bout d'un long moment, tout en tendant le bébé à son père.
Théodore le prit maladroitement dans ses bras. Il n'était pas très sûr de savoir comment il fallait le tenir, et il avait peur de lui faire du mal en se montrant trop brusque. Le cœur du jeune père se gonfla d'amour à mesure qu'il étudiait les traits de l'enfant. Puis, enfin, le tout petit ouvrit les yeux, contemplant pour la première fois de son existence le monde qui l'entourait. Les deux jeunes parents se penchèrent davantage sur lui, pour mieux le regarder. Il avait des cils longs, et sombres. Mais surtout, ils étaient attendris par ces deux billes bleues qui les fixaient avec grand intérêt. Le verdict venait de tomber: l'enfant avait les mêmes yeux bleus que son père. À la différence près que son regard transpirait la pureté et l'innocence, la nuance avait beau être bleu sombre, il n'empêchait que cela restait un bleu très pur, voire même, le bleu le plus pur. Et ses parents priaient pour que ce regard ne se ternisse pas de sitôt, il méritait d'avoir une longue vie, une longue et paisible vie.
-Il a tes beaux yeux bleus. Murmura Hermione en regardant son mari avec tendresse.
-Et il te ressemble beaucoup. Répondit Théodore à voix basse, tout en ne cessant jamais de contempler son enfant.
-Espérons qu'il n'ait pas hérité de mes cheveux. Rit Hermione doucement, d'une voix étranglée.
-Comment allez vous l'appeler? Demanda finalement Molly, qui s'était éclipsée pour leur laisser un peu d'intimité.
Les jeunes parents se regardèrent, un poil indécis. Hermione se mordilla la lèvre inférieure, et baissa la tête, indiquant clairement qu'elle ne répondrait pas à la question. Théodore se mordilla la lèvre inférieure à son tour, mais il releva la tête, pour regarder Molly. Hermione, entre temps, lui avait repris le bébé, pour lui donner le sein…le bébé…c'était toujours ainsi qu'ils avaient appelé l'enfant à naître, ils ne l'avaient jamais appelé autrement. En fait, ils n'avaient jamais réussi à se mettre d'accord sur tous les prénoms qui avaient défilé sous leurs yeux, et du coup, l'enfant n'en avait pas vraiment. Théodore eut un petit rire gêné, avant de réfléchir quelques instants. Puis, il proposa tout naturellement, comme si c'était ce prénom là qu'ils avaient choisi:
-Cesare. C'est un bon prénom pour un prince.
Hermione releva la tête vers lui, étonnée. Elle fronça les sourcils, tentant d'analyser le prénom que Théodore venait de donner à leur fils. Cesare…et puis, il avait parlé de prince, aussi. Soudain, ça lui fit tilt. Bien sûr. Le Prince, de Machiavel. Une des lectures favorites de Théodore. Le premier livre moldu qu'il avait lu, et qui l'avait passionné. Cesare était le nom du personnage historique duquel s'était inspiré Machiavel pour élaborer son essai politique, personnage qui appartenait à la très célèbre famille des Borgia.
Cesare, ça avait une consonance mystérieuse, mais aussi, détonante de charisme. C'était un prénom qui convenait pour un enfant orgueilleux et intelligent, mais aussi fougueux et impétueux. Il s'en dégageait également une force tranquille, un mystère certain, et cela ne faisait aucun doute que leur fils n'en serait pas dénué. Avec un prénom pareil, il ne pouvait avoir qu'un magnifique destin. Alors, Hermione posa son regard noisette sur son fils et sourit tendrement. Cesare. C'était un prince. leur petit prince.
-Cesare. Murmura Hermione, pour en savourer chaque tonalité. Mon Cesare. C'est d'accord. Cesare Granger-Nott, ça sonne bien, n'est-ce pas?
-Quoi, tu veux qu'il ait nos deux noms de famille? S'étonna Théodore, ce qui fit lui fit lever les yeux au ciel.
-Et pourquoi pas? Demanda Hermione, blasée. Nous sommes au vingt-et-unième siècle, après tout.
Théodore soupira. Hermione avait toujours le dernier mot de toute façon. Mais elle était enfin d'accord avec sa proposition de prénom, alors, tout allait bien. Cesare, dans les bras de sa mère, se mit à babiller. Les deux parents se regardèrent, tendrement. Théodore se pencha légèrement pour poser ses lèvres sur celles de sa femme. Puis, il contempla à nouveau le petit Cesare, qui dévisageait ses parents alternativement, avec curiosité.
-Alors soit. Déclara-t-il solennellement. Bienvenue au monde, Cesare.