Titre : D'or et de soie
Auteur :
aelenneCouple : Parvati Patil/Lavande Brown
Fandom : Harry Potter
Rating : R pour scène explicite
Thème : #7, superstar
Disclaimer : Tout à JKR.
Au bout du podium, la fille s’arrête quelques secondes, tête haute et dos cambré. Sa robe bustier découvre des épaules à la blancheur parfaite ; son chignon haut met en valeur la ligne souple de son cou. Au premier rang, Lavande lisse la tresse indienne qui descend le long de sa gorge. Quelque part au fond d’elle, la bête a envie de sauter sur l’estrade, de crever cette chair pâle à coups de griffes et de dents, que le sang coule rouge et chaud et que toute cette inadmissible perfection soit détruite et salie ; mais on ne fait pas ça en public, alors, comme tout le monde, elle bat des mains, un sourire de commande plaqué sur les lèvres, alors que la fille fait demi-tour pour se placer au fond de la scène avec ses collègues et qu’une voix magiquement amplifiée annonce qu’il s’agissait là des dernières créations de la maison Tissard et Brodette, dont voici d’ailleurs la nouvelle directrice de collection.
***
La porte de la chambre d’hôpital s’ouvre doucement et Bill Weasley entre sur la pointe des pieds. Allongée sur le lit blanc, la tête tournée vers la fenêtre, Lavande regarde au-dehors. Il fait beau. Une odeur douceâtre de potions flotte dans l’air. Bill s’assied sur la chaise, à côté du lit, avec précaution, comme s’il avait peur de casser quelque chose.
- Brown… Lavande, pardon, Lavande, c’est ça ?
Elle ne le regarde pas mais elle hoche la tête, très légèrement.
- Ecoute, je sais qu’on ne se connaît pas bien, mais… Ron m’a dit pour toi, alors je voulais te dire que…
Il cherche ses mots et Lavande le laisse s’engluer dans sa gêne avec délectation. Qu’ils aillent tous crever, avec leurs potions, leurs pansements, et surtout leur pitié. Rien de tout cela n’a empêché Greyback de transformer son épaule en corned-beef, et ça ne va sûrement pas en modifier les conséquences.
- Lavande, je voulais te dire que si tu as besoin de parler, tu peux passer à la maison. Ça s’appelle la Chaumière aux Coquillages, c’est près de Tinworth. Tu viens quand tu veux.
Lavande tourne la tête, elle croise le regard d’yeux aussi bleus que les siens, et c’est la première fois qu’elle voit d’aussi près le visage de l’homme en face d’elle, déformé par de profondes marques de griffure. Elle repense à cette nuit, à la fin de sa sixième année, où elle a vu le professeur Lupin arriver à Poudlard en toute hâte avant de se diriger vers l’infirmerie, et elle a envie de parler à Bill des scènes qui se jouent dans sa tête, des messages de ses sens décuplés qui lui vrillent le cerveau de plus en plus fort à l’approche de la pleine lune et de son besoin de dormir, dormir sans les rêves étranges et violents qui ont envahi son sommeil ; mais les images de Ronald Weasley et Hermione Granger viennent flotter devant ses yeux, avec celle de cette blonde sculpturale, un peu plus âgée qu’eux, qui s’était aussi précipitée vers l’infirmerie cette fameuse nuit.
- Merci, se contente-t-elle de dire ; et Bill se lève, sourit et part.
Elle sait qu’elle ne cherchera jamais à le revoir.
***
Parvati s’avance à son tour sur le podium. A côté des mannequins, elle a l’air toute petite, un peu quelconque dans sa sobre robe noire, avec pour tout bijou la brillance d’un diamant piqué dans sa narine. Elle fait quelques pas, s’incline en se cassant en deux au niveau du bassin, les mains sur les genoux, comme une môme, et ça amuse Lavande de la voir si gauche. La large encolure bateau de sa robe laisse voir la naissance de ses seins. Quand elle se redresse sous les flashes et l’épaisse fumée des appareils des photographes de presse, la fille au bustier lui glisse quelque chose à l’oreille : Parvati rit, et Lavande a envie de sauter sur l’estrade, d’empoigner les épaules trop blanches, de les secouer et d’envoyer leur propriétaire valser contre un des murs de la salle. Elle imagine très bien le bruit sec des os contre la pierre, le doux balancement de la tête au bout du cou brisé, l’angle étrange entre l’atlas et les cervicales, et ça la calme, un peu.
***
Assise en tailleur sur une chaise, accoudée à la fenêtre de la cuisine, Lavande écrase sa cigarette dans le cendrier déjà plein. Le bleu profond du ciel commence à pâlir. Elle entend Seamus se lever de leur lit, à l’autre bout de l’appartement : le bruit du sommier qui craque résonne à ses oreilles comme si elle était couchée à côté de lui. Bientôt, ce sera le matin : elle devra se laver, s’habiller, tresser ses cheveux, se maquiller, redevenir la jolie et superficielle Miss Brown qu’elle s’efforce d’être pendant la journée ; et plus le mois avance, plus ça devient difficile.
Seamus entre dans la cuisine et Lavande ne le regarde pas. Comme d’habitude, il ne fait aucune remarque sur le fait qu’elle a laissé la fenêtre grande ouverte toute la nuit et que, du coup, on se les pèle dans la cuisine. Il ne dit rien non plus sur le cendrier plein de mégots, encore fumant, qui imprègne les rideaux d’une odeur de tabac froid. Il remplit la bouilloire, la met sur le feu et vient embrasser Lavande sur la tempe, puis au coin des lèvres. Sa main s’aventure dans son cou, glisse vers son épaule gauche, et elle la chasse d’une tape un peu agacée. Il ne proteste pas.
- Bonjour, chérie, dit-il. Thé ou café, ce matin ?
Seamus est gentil, presque trop. Parfois, ça fait du bien à Lavande. Le plus souvent, ça l’agace.
***
Parvati, elle, n’est pas gentille : quand Lavande lui demande qui est la pétasse au bustier, elle se contente de hausser les épaules en souriant. Une lueur amusée danse dans ses yeux très noirs, et puis elle ferme la porte de la loge où elles se sont retrouvées avant de la verrouiller d’un Collaporta. Quand elle prend les lèvres de la blonde, c’est presque avec violence, et quand elle glisse sa main entre ses jambes, c’est avec une exigence dont elle est sûre qu’elle sera satisfaite ; et puis elles sont nues toutes les deux, et les mains de Parvati s’agrippent aux hanches pâles, serrant si fort qu’elles y laisseront des bleus. Sa bouche descend plus bas, toujours plus bas, se colle au centre du corps de Lavande qui ferme les yeux, oubliant les images qui tournent dans sa tête et les désirs obscurs qui la hantent : son ventre est maintenant transpercé par un plaisir si aigu qu’elle porte une main à sa bouche pour s’empêcher de crier. La main de Parvati remonte, lui saisit le poignet, l’écarte de son visage, et les gémissements de Lavande montent vers le plafond, et elle s’accroche aux épaules brunes pour ne pas tomber. Quand elle a retrouvé un semblant d’équilibre, elle baisse les yeux, rencontre les prunelles noires qui rient toujours, et s’agenouille à son tour pour prendre sa revanche.
Plus tard, les doigts fins et bruns dénouent la tresse indienne, rejettent en arrière l’épaisse chevelure blond cendré, découvrant les aspérités de la cicatrice qui s’étend, hideuse, du menton jusqu’à la clavicule gauche, comme une chaîne de montagnes au relief tourmenté. Lavande a un mouvement de recul, et puis elle se voit dans le regard de Parvati, nue et superbe avec son corps mince et souple, ses yeux clairs et sa peau pâle ; et la cicatrice n’est soudain plus qu’un accessoire, presque un ornement, parce qu’elle fait partie d’elle, et que dans le miroir des yeux de Parvati Patil, tout ce qui est Lavande Brown ne peut être que beau.
Au fond du ventre de Lavande, la bête se tait et se repose.