Titre : Prélude à un massacre…
Auteur/Artiste : Kyltia
Couple : Seifer Almasy & Zell Dincht
Fandom : Final Fantasy VIII
Rating : PG-13
Thème : #10
Disclaimer : Les personnages sont © Square-Enix. Aucun profit n’est retiré de leur utilisation… Oh, Bon, c’est vrai que j’en retire la satisfaction de mettre deux bishos ensembles ^^.
Note : Pourquoi Quistis a-t-elle quitté la BGU ? Comment Zell est-il devenu instructeur ? Quels pouvoirs mystérieux exerce Edea sur les Gardens ? Comment Seifer est-il parvenu à se faire admettre à nouveau dans la BGU ? Tout ce que vous avez voulu savoir sur la série (en tout cas les 9 chapitres précédents) sans avoir jamais osé le demander vous est révélé dans cet épisode spécial N°10 !
(ça va ? J’ai donné envie de lire ?)
« Bonjour… Je m’appelle Seifer. »
Un ton mortellement ennuyé, un regard de glace, une attitude pleine de mépris pour un prince du dédain essayant de survivre dans un océan de sourires chaleureux. Se demandant pour la 3000ème fois ce qu’il fichait là, Seifer entreprit de se rasseoir.
A sa gauche, un raclement de gorge insistant tua son mouvement dans l’œuf…
Soupirant, il se redressa et continua, las.
« … Et je suis un boss de fin de niveau. Ca fait trois semaines que je n’ai pas essayé de devenir le maître du monde, de le détruire ou de trouver une sorcière pour le faire à ma place. »
Le sourire satisfait à sa gauche lui sembla une permission suffisante pour se rasseoir alors que le cercle d’inutiles se fendait d’un collectif « Bonjouuuuuuur, Seifeeeeeeeeeeer. ».
Sauf que…
« Peut être souhaites tu en dire plus ? Pendant mon expérience de sorcière maléfique, j’ai appris à quel point le Mal pouvait vous intoxiquer au point de vous rendre incapable de faire marche arrière. Et si tu partageais avec nous ce que tu as traversé ? »
Seifer dédia son regard le plus polaire, le plus assassin et le plus acide à l’espèce de bonne sœur ratée ayant choisi de le prendre sous son aile à son corps défendant.
Edéa se contenta de lui renvoyer un sourire vibrant d’amour, de compassion et de fierté. En un mot, maternel.
Oh la garce, elle le prenait par son point faible.
~oO*Oo~
« LIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIN ! T’as pas vu Irviiiiiiiiiiiiiineuh ? LIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIINEUH ! »
La voix de crécelle résonnait dans les couloirs, forçant les plus téméraires des SeeDs à se planquer dans la plus proche salle de classe en espérant que la furie jaune au choix 1/ trouve enfin ce qu’elle cherche et se tienne tranquille, 2/ se paie une extinction de voix, 3/retourne définitivement à Trabia, Garden reconstruit ou non, 4/ disparaisse de la surface de la planète.
Les bottes crissant comme des pneus sur du gravier, Selphie freina des quatre fers devant une porte qu’elle ouvrit à la volée.
« QUISTIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIS ! T’as pas vu Linoa ? »
La jeune femme ne leva même pas les yeux de la pile de copies qu’elle corrigeait pour répondre.
« Ce n’est pas Irvine que tu cherches ? »
« Si, mais j’ai vu Cid qui m’a dit que Nida savait, qui lui m’a dit d’aller demander à la bibliothécaire, qui elle m’a dit que Zell savait où il était, et lui m’a dit qu’il était avec Linoa. Mais je ne trouve pas Linoa. Tu sais où elle est ? »
Quistis sembla hésiter un instant avant de répondre en haussant les épaules :
« Aucune idée, je n’ai pas bougé de mon bureau. Avec les examens à corriger, je n’ai pas le temps de me balader, moi. » Elle daigna enfin détacher les yeux des feuilles empilées sur son bureau afin de jeter un regard significatif à son amie. « Certaines personnes ont un métier. »
L’allusion à peine dissimulée devait manquer de précision balistique car Selphie se contenta de sautiller sur place, agacée.
« C’est embêtant. Où peut elle bien être ? »
« Tu ferais mieux de reprendre au début et chercher Irvine, non ? »
« Oh, ça je ne sais pas. Linoa est toujours au courant de tout, je suis sûre qu’elle sait où il est. MERCIIIIIIII ! LIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIN !» Beugla Selphie en refermant la porte, reprenant sa course endiablée au grand dam des résidents de la BGU.
Enfin, au bout d’une demi heure qui sembla interminable à la population locale, Selphie trouva la personne qu’elle cherchait.
« Lin, je t’appelle depuis tout à l’heure, tu ne m’entendais pas ? »
Linoa Heartilly, fille du Général Caraway, membre plus ou moins actif et plus que moins maladroit du groupuscule indépendantiste timberien les Hiboux de la forêt, involontairement sorcière et petite amie officielle de Squall Leonheart était assise sur un banc, les yeux dans le vide.
« Lin, je te parles ! Tu m’écoutes ? »
« … »
« LINEUH ! »
« … Hein ? Oh… Selphie.»
« Ca fait bien 10 minutes que je m’époumone ! Qu’est-ce qu’il t’arrive ? »
« … »
« Lin ? »
« … »
« LIIIIIIIIIIIIIIN ! »
« Hein ? Ho, c’est toi Selphie ? »
« … TU TE FOUS DE MOI, C’EST CA, HEIN >_< ! »
« … Hu ? »
« Mais non, elle ne se fout pas de toi, elle a juste reçu la visite de Seifer, » interrompit Quistis en s’asseyant à côté de Linoa et en ôtant ses lunettes afin de se pincer l’arête du nez d’un air las.
« Seifer ? Seifer comme dans Seifer le grand crétin qui a failli tous nous tuer ? Ou comme dans Seifer l’égocentrique nombriliste et narcissique qui ne s’intéresse à rien si ça ne gravite pas autour de son nombril ? Ou alors comme dans Seifer je suis tellement mieux que tout le monde et moi je suis un chevalier de la sorcière d’abord ? Ou… »
« Ca va, on a compris ! »
« Oh, je voulais juste être sûre, c’est tout. Comment tu sais ça ? Je croyais que tu avais passé la matinée dans ton bureau, madame sérieuse dans le travail ? D’ailleurs, qu’est-ce que tu fais là ? Et tes copies siiiiiiiiii importantes que tu ne pouvais pas m’aider à trouver Irvine ?»
Quistis entreprit de se masser les tempes.
« Alors… Dans l’ordre inverse : Si tu m’avais demandé où était Irvine, je t’aurais répondu ‘avec Squall dans la serre de combat’, mais tu ne me l’as pas demandé. Ensuite, tu fais tellement de bruit que c’est impossible de se concentrer donc, ayant pitié de moi-même, je me suis dit que j’allais te traîner à ce pauvre crétin de cow-boy moi-même, histoire d’avoir la paix. Enfin, Seifer est passé me voir après Linoa et m’a dit… »
« Irvine est dans la serre ?!? » Coupa Selphie.
« Oui, à propos de Seifer… »
« Mais qu’est-ce qu’il fait dans la serre ?!? »
Quistis roula des yeux. Que pouvaient bien faire deux adolescents au beau milieu de la serre de combat de la BGU, je vous le demande un peu (1) ?
« C’est une question très stupide, néanmoins il se trouve que Squall aussi a reçu la visite de Seifer et… »
« Mais il avait promis que la prochaine fois il s’entraînerait avec moi ! Le traître ! »
« Il y avait urgence : sans surveillance, Squall aurait massacré toute la population de T Rex de la serre et nous… »
« Oh, il va m’entendre ! » Rétorqua Selphie sans écouter en serrant les poings avant de tourner les talons et de filer toutes voiles dehors sous le regard mécontent de Quistis.
Selphie aurait pu s’intéresser un peu plus à ce qu’elle avait à dire, quand même ! Quistis mourrait d’envie de raconter pourquoi Seifer avait eu le culot de se pointer à la BGU. Les gens étaient tellement vexants, parfois.
« Qu’est-ce qu’il lui prend ? »
« Oh, c’est son trip hyper possessif habituel. » Quistis haussa les épaules. Selphie était entrée dans le bâtiment principal dans un nuage de gomme brûlée.
« Ha bon ? »
« Elle est tellement fatigante, parfois ! » Elle secoua la tête avec indulgence.
« Elle m’a surtout l’air fatiguée… »
« Hu ? »
Quistis se retourna.
Zell Dincht, alias nain de jardin, alias marsupilami sous excta, alias crête de chocobo (seulement chez Seifer Almasy quand il était de bonne humeur, sinon c’était hérisson), regardait Linoa d’un air critique.
« Mais qu’est-ce que c’est ? Qu’est-ce que tout le monde fabrique dans le campus pendant les heures de travail ? » Se plaignit Quistis. « Est-ce que je suis la seule à avoir une conscience professionnelle ? Est-ce que je suis la seule à penser à faire tourner cette maudite fac ? »
« Quis… Le monde est en paix, on n’a pas de contrat actuellement, alors, à part les instructeurs et les étudiants, personne n’a rien à faire... »
« Rien à faire ? Avec toutes les sessions d’examens à organiser, les nouveaux élèves à recruter et la reconstruction de la fac, tu trouves qu’il n’y a rien à faire ? »
« Ben… »
« Oh, je dois vraiment être la seule à avoir une conscience professionnelle dans ce bahut ! Entre Cid qui roucoule avec Edéa, Squall qui nous fais sa crise d’adolescence et Seifer qui a soit disant trouvé la voie de la rédemption, je ne suis vraiment pas aidée ! »
« Seifer ? Qu’est-ce qui se passe encore avec ce sale type ? »
« Oh, rien. Il a passé la matinée ici. Tu vois dans quel état est Linoa ? Je crois que c’est grâce à lui… »
Zell serra les poings à son tour.
« Le fumier ! Je savais qu’on ne pouvait rien en tirer de bon ! Qu’est-ce qu’il lui a fait ?!? »
« Il s’est excusé. »
« … Pardon ? »
« Il s’est excusé. Il fait partie de je ne sais trop quel groupe de réhabilitation animé par la gouvernante. Enfin, je n’ai pas tout compris, mais il a un certain nombre de choses à faire dont s’excuser auprès des personnes qu’il a blessées… »
« Ca fait un paquet de gens… » Murmura Zell, songeur. Il se gratta la nuque nerveusement. Pourquoi se sentait-il soudain un nœud dans l’estomac ?
« Pas tant que ça, apparemment. La liste est courte.»
« Courte ? Avec tout ce qu’il a fait ? »
Quistis haussa les épaules.
« Ca ne faisait qu’une feuille, tu sais. Bon, je vais chercher Kadowaki. Elle pourra peut être faire quelque chose pour sortir Linoa de son état de choc. »
Une liste…
Une liste de noms.
Les noms des personnes auxquels Seifer devait s’excuser.
Zell ne pouvait pas imaginer l’orgueilleux Seifer admettre avoir eu tort une seule fois dans sa vie.
Il ricana méchamment. Il ne savait pas s’il pourrait attendre longtemps de voir Seifer s’humilier devant lui.
~oO*Oo~
Le sang giclait sur les murs de béton…
« Squall ? »
… Les lianes et les buissons n’étaient pas épargnés non plus…
« Squall… »
… Le T Rex poussa un piaulement pitoyable, indigne du terrible prédateur qu’il était. En même temps, c’était Iceberg Squall en mode psychokiller qui était en train de le charcuter joyeusement. Cela n’aurait donné à personne l’envie de rouler des mécaniques…
« Squall… »
… Et ce n’était pas tant la précision chirurgicale de la gunblade s’acharnant sur ses muscles qui forçait la terreur du Rex…
« Squall ! »
… Pas plus que le fait d’être acculé contre un mur par les coups rageurs et puissants d’un 1m73 de nerfs et de rancune…
« Squall !! »
… Non, c’était plutôt le regard assassin qui accomplissait le miracle tout relatif d’associer une haine froide comme un glacier avec une absence totale de sentiments.
Un regard qui vous disait que vous aviez tout intérêt à ne pas être le prochain à vous mettre sur sa route…
« Squall !! »
… Un regard qui vous promettait mille morts si vous aviez le malheur de prononcer un mot de travers au mauvais moment… Même au bon… En fait, n’importe quand…
« Squall !!! »
… En gros, le regard d’un homme qui était salement en rogne. De manière permanente. Contre tout le monde. En général, quoi. Pas franchement focalisé. Sauf si vous aviez le malheur d’attirer son attention…
« Squall !!! »
… Sauf que là, c’était un regard très focalisé et très en rogne.
Et le T Rex se prit à maudire l’espèce d’inconscient qui avait eu le malheur de multiplier la rage intrinsèque du propriétaire de ce regard en hurlant son nom à travers toute la serre de combat…
« SQUAAAAALL !!! »
« La ferme, Irvine ! » Aboya finalement Squall en se retournant.
Le Rex profita de l’aubaine pour clopiner dans les fourrés à la recherche d’un abri.
« Regarde ce que tu as fait ! Il s’est sauvé ! »
Irvine soupira.
« Si ça peut te faire plaisir, si ça avait été Seifer à la place du Rex, je l’aurai volontiers immobilisé pour que tu lui fasses sa fête, mais là, c’est juste une pauvre bestiole, membre d’une espèce qui sera bientôt en voie de disparition si tu continues ton bordel ! Alors tu arrêtes ta prima donna, tu survis à l’humiliation du siècle, tu sors de cette serre puante et on reprend une vie normale ! » Aboya-t-il, à bout.
Squall lui dédia un regard mortellement offensé avant de baisser sa gunblade et de faire une moue vaguement boudeuse.
« Bof… De toute façon j’avais plus envie… »
Irvine se contenta de sourire.
Squall était vraiment adorable quand il se mettait à bouder…
« Alors ? »
« Alors quoi ? »
« Maintenant que tu t’es bien défoulé, tu me racontes ? »
« … Nan. »
« OK… »
Les deux jeunes gens sortirent de la serre et trouvèrent une Selphie amorphe plantée en plein milieu de l’allée.
« Aie, aie, aie… Ca va être ma fête, » marmonna Irvine. « Selphie, ma puce, comment tu vas ? »
« … Hu ? » La jeune fille le regarda sans le voir. « Oh… Irvine… Je crois que j’ai compris pour Linoa… »
« …Linoa ?»
« Irvine ? »
« Ma… Ma puce ? »
« On va casser du monstre ? »
« Euh… Hein ? »
« On va casser du monstre ? »
« Euh… OK… »
Irvine haussa les épaules et accompagna la jeune fille dans la serre. Avec un peu de chance, il arriverait à voir un autre endroit avant la fin du chapitre.
« SQUAAAAAAAAALL ! » Zell arriva comme un dératé en sautillant à droite à gauche, bref aussi énervé que d’habitude.
Squall soupira.
« Zell… Je ne suis pas d’humeur… »
« C’est vrai que Seifer est venu te voir ? »
« … »
« Alors ? C’est vrai ? »
« … Oui. »
« Et il s’est excusé ? »
« … Oui. »
« Oh, allez Squall, dis m’en plus ! Qu’est-ce qu’il t’a dit ? »
« … »
« Alors ? Qu’est-ce que ça t’a fait de le voir s’humilier devant toi ? »
« Hu ? »
Zell serra le poing, un rictus suffisant aux lèvres.
« J’imagine à quel point ça devait être jouissif : le grand Seifer Almasy en train de ramper lamentablement devant toi. Tu crois que les caméras de surveillance ont filmé la scène ? Ah, j’ai hâte qu’il vienne me voir !»
Squall le regarda un moment sans répondre.
« … Grandis un peu, Zell… »
« Hé ? »
Zell regarda son vénéré chef s’éloigner et haussa les épaules.
Très bien, puisque Squall ne voulait pas partager cette expérience, Zell attendrait que Seifer la lui fasse ressentir en live…
~oO*Oo~
« Donc Seifer est bien passé voir Cid ? »
« Apparemment, » répondit mollement Quistis en faisant tournoyer son stylo sur les articulations de sa main. « Cid ne se tient plus de joie. Seifer a toujours été son préféré… »
Seifer avait passé la journée à la BGU. Zell n’avait pu le voir pour le moment, mais il n’arrêtait pas de croiser des gens qui l’avaient rencontré et n’en étaient pas encore revenus.
« Je me demande ce qu’il attend… » Fit-il remarquer en pianotant des doigts sur le bureau de Quistis.
« Qui donc ? »
« Seifer. »
« Pourquoi faire ? »
« Pour s’excuser, voyons ! »
« Mais… C’est déjà fait. »
« Je ne parlais pas de toi, Quis… »
D’après le décompte qu’il avait fait et en croisant finement les emplois du temps de chacun, il avait pu retracer précisément l’itinéraire de Seifer : le matin, il avait rencontré Squall en premier, suivi de Linoa, puis de Quistis, pour finir par Selphie. L’après midi, il avait eu un entretien avec Cid, puis avec le Docteur Kadowaki. Et Zell attendait impatiemment son tour… Qui ne venait pas, alors qu’en toute logique, avec tout ce que Seifer lui avait fait, il aurait du passer le voir avant Kadowaki... Peut être même avant Cid… OK, il comprenait pour Selphie et Linoa, mais il était quasiment sûr qu’il aurait du passer avant Quistis…
« Zell, » s’énerva Quistis, « arrête de prendre mon bureau pour une salle d’attente. Certaines personnes ont du travail ! »
« Mais il faut bien que j’attende quelque part ! Ou sinon, il ne me trouvera jamais ! »
« … Qui ça ? »
« Ben, Seifer, voyons ! »
« Seifer ? Mais pourquoi l’attends tu ?»
Zell lui jeta un regard outré.
« C’est pas évident ? »
Quistis l’observa un moment puis soupira.
« Je t’ai dit qu’il s’est déjà excusé auprès de moi. Ca vous…»
« Et je t’ai dit que je ne parlais pas de toi ! » S’énerva Zell, mais Quistis ne l’écoutait pas.
« … Change la vie, une telle expérience. Remet tout en perspective, tu vois ? Comme si tu regardais le monde avec un œil neuf, sous un nouvel angle… Ah, j’aimerais bien avoir fini ses copies avant ce soir. Tellement de choses à faire et si peu de temps… »
« Mais je suis transparent ou quoi ? Je sais bien que je ne suis pas le président d’Esthar, mais tout de même, moi aussi je suis important.»
« Oh, mais c’est vrai ! »
« Je suis un être humain, digne de respect. »
« Oh, Zell, j’avais complètement oublié ! »
« Ouais, ça m’arrive souvent donc je commence à avoir l’habitude, mais tout de même, un peu de respect de temps à autre. »
« Oh là là… Rien n’est prêt, je suis sûre… »
« Comment ça, rien n’est prêt ?!? »
« Pour la réception ! »
« La ré… La quoi ? »
« La réception ! Zell, enfin ! Réveille toi ! »
« … Tu sais, je n’en demandais pas tant, c’est un peu rapide, mais si tu y tiens… »
« Triple nigaud, je te parle de la réception en l’honneur du président d’Esthar ! Il vient ce soir ! Oh, je suis sure que Cid a encore une fois oublié… »
« Laguna vient ce soir ? Il est suicidaire ? »
« Hu ? »
« Squall veut sa peau, rapport qu’il l’a abandonné petit pour prendre le pouvoir à Esthar et tout ça et… »
« Je n’ai pas le temps de cancaner, Zell. L’heure est grave, tiens ! » Fit-elle en se levant et en lui tendant son stylo.
« … Qu’est-ce que tu veux que je fasse de ton machin, là… ? »
« Corriger les copies. »
« Corriger les… C’est une blague ? »
« Non, il faut organiser la réception en l’honneur de Laguna et personne ne saura s’en occuper à part moi. Donc toi, tu vas corriger les copies de l’examen écrit du SeeD.
« Mais… »
« Le corrigé est juste là et de toute façon tu as eu 98% de bonnes réponses à ton examen donc je suis certaine que tu vas t’en sortir comme un charme. »
« Non, mais attends, Quistis, tu ne vas pas… »
« A tout à l’heure. La réception est à 19h30.»
« Quistiiiiiiiiiiiiiiiiiiis ! »
~oO*Oo~
Zell n’était pas d’un naturel violent.
Cela ne sautait pas aux yeux de prime abord étant donné qu’il avait choisi de se battre avec ses poings plutôt qu’avec une arme, mais c’était justement par respect pour les traditions des arts de combat qu’il avait opté pour la main nue. Il recherchait dans les arts martiaux l’équilibre intérieur et n’était en compétition qu’avec son seul ennemi, lui-même.
Mais en l’occurrence, si jamais il croisait Quistis, il se ferait un plaisir de lui tordre le cou. Littéralement.
95 copies d’aspirants SeeDs plus pathétiquement catastrophiques les unes que les autres, à se demander ce que les cadets apprenaient en classe de nos jours.
Ah, c’était bien joué le coup du « j’ai une réception de dernière minute à organiser », tiens !
Il allait lui montrer que lui aussi, il pouvait faire le beau devant les grosses légumes !
Son uniforme de SeeD parfaitement ajusté à sa stature athlétique, le pied ferme, la crête gominée à la perfection, il poussa la porte de la salle de réception, la tête haute, le buste altier, l’incarnation du SeeD dans toute sa splendeur, même miniature. Et si Seifer était présent, il lui en remontrerait également, non mais.
Son entrée magistrale se passa dans l’indifférence la plus totale, toute l’assistance se tenait en cercle près du balcon.
Bon, il pouvait aussi faire une apparition magistrale auprès des invités.
Il s’approcha de la foule, sautilla vainement pour voir ce qui se passait et se décida finalement à grimper sur une chaise.
Ha.
Squall et Laguna discutaient près du bol de punch sans apparemment se rendre compte qu’une foule attentive retenait sa respiration autour d’eux, attendant le drame.
La foule avait raison : dans deux minutes, Laguna allait voler cul par-dessus tête par le balcon.
Zell connaissait Squall depuis qu’ils étaient enfants et il savait que Squall en voulait à mort à Laguna depuis qu’il avait appris par fax qu’il était son père.
Laguna s’autorisa un sourire. Mauvaise idée.
Squall lui tournait le dos mais Zell le connaissait bien et aurait pu jurer de son expression polaire. A se demander comment Laguna pouvait la tolérer sans broncher et s’enfuir à toutes jambes.
Squall murmura quelque chose que Zell n’entendit pas et Laguna éclata de rire.
Re mauvaise idée.
Au milieu de son éclat de rire, le président d’Esthar posa sa main sur l’épaule de son fils et la tapota paternellement.
Tous aux abris, l’iceberg allait entrer en éruption subpolaire.
Zell manqua de s’effondrer de sa chaise en voyant Squall ne pas rompre le contact et se tourner vers le bol de punch pour reservir Laguna tout en ne lui explosant pas la tronche en vol.
Ayant soudain le vertige à cause de l’altitude, ou en tout cas c’est ce dont il se convainquit, Zell descendit cahin-caha de la chaise et manqua de buter sur l’une des rares personnes qui n’était pas agglutinée autour du buffet.
Quistis.
Oh, il avait prévu de lui tordre le cou, non ? Seulement, d’une certaine manière, il n’en avait plus très envie.
« Ca va, Zell ? »
Elle était très jolie dans sa robe fourreau bordeaux, avec ses cheveux dénoués.
Un détail clochait, mais il n’arrivait pas à mettre le doigt dessus.
« Sq… Sq… Squall… »
« Oui, il parle avec le Président Loire, pour le moment. »
« JUSTEMENT ! Il lui parle ! »
Quistis cligna des yeux stupidement puis comprit soudain.
« Oh. Certes. C’est ce que je te disais tout à l’heure sur le fait de remettre les choses en perspectives… »
« A hier, Squall avait juré que la prochaine fois qu’il verrait son père, il le donnerait à bouffer aux trogidaes de la serre ! »
« Ah. Certes. C’était avant. Perspectives, c’est un terme que tu devrais étudier de près. Vois tu, c’est une chose que de connaître Seifer c’en est une autre de… »
Mais Zell ne l’écoutait déjà plus, un jeune homme blond d’une beauté ravageuse et d’une élégance insolente venait de faire son entrée au bras d’Edea.
Seifer.
Enfin.
Il l’avait vu, son pas s’était légèrement ralenti. Il se tourna vers la gouvernante, lui glissa quelques mots à l’oreille puis quitta son bras non sans avoir déposé un baiser chevaleresque sur sa main.
Et il se dirigea vers Zell, qui bomba le torse, prêt pour ce moment qu’il attendait avec tellement d’impatience depuis le matin même. Zell était très content de lui-même, il s’était soigneusement douché et avait pris soin de son apparence. Ce moment serait inoubliable.
Seifer, enfin.
Il n’était plus qu’à quelques pas, impeccable dans son smoking noir.
Peut être Selphie en profiterait pour faire une photo ? Ce serait un trésor qu’il garderait jusqu’à la fin de ses jours.
Ca y était, il était là, devant lui.
Zell se redressa davantage et Seifer… passa devant lui sans même le regarder et avec toute l’autorité naturelle qu’il dégageait, fendit la foule pour rejoindre Squall et Laguna.
Subjuguée, la foule oublia de se refermer sur lui et Zell put assister à toute la scène.
« Président Loire, si je puis me permettre ? Je me présente, je suis Seifer Almasy. Je sais que mes actions ont causé de graves dommages et des pertes irréparables dans votre pays et je souhaitais vous adresser personnellement à vous et à votre peuple, mes plus plates excuses… »
Zell, sans voix, se tourna vers Quistis en pointant Seifer du doigt et en articulant muettement.
Voyant les joues rougissantes de son voisin, elle hocha la tête d’un air grave.
« Quelle noblesse d’âme dans ce jeune homme, quel courage. Le président Loire n’a qu’un mot à dire pour le faire exécuter et il ne s’est quand même pas démonté. »
« Miss Trepe, votre verre, » interrompit une voix grave.
Zell, en plein accès d’hyperventilation, focalisa son regard sur l’homme qui venait de surgir. Le premier conseiller du président Loire et un de ses meilleurs amis, Kyros.
« Ah, merci. Vous connaissez déjà Zell Dincht, conseiller ? »
« Absolument. Vous n’avez pas l’air bien, jeune homme… »
« Le courage de Seifer l’impressionne. »
« Ah, Seifer Almasy. Il a appelé le fils de feu le Président Deling et lui a présenté ses excuses pour son implication dans la mort de son père et surtout la mise à sac de la Grand-Rue lors de son combat contre Squall. Le 1er ministre m’a appelé, surexcité. Ils l’ont trouvé très noble.»
« Oui, c’est le mot. Linoa m’a dit tout à l’heure que juste avant il avait contacté le maire de Timber et s’était excusé d’avoir fait capoter l’intervention télévisée de Deling. Il a dit qu’il ne se pardonnerait jamais d’avoir provoqué un afflux de troupe à Timber et, par la même, les exactions que les habitants ont subies. »
Kyros hocha la tête et prit une gorgée de punch.
« Qui aurait cru ça de ce jeune homme ? »
« Pas moi : j’ai grandi avec lui. »
« Vous n’aurez pas de regret ? »
« Non, il sera entre de bonnes mains et puis… Je sens que j’ai fini mon œuvre. Mais tout de même, lui enseigner dans cet état d’esprit, ce serait le rêve… »
Zell compta jusqu’à 10 puis, sentant que ce n’était pas suffisant, poussa jusqu’à 1000.
« Vous n’êtes quand même pas en train de parler de Seifer, là, si ? »
« Bien sur que si, Zell. »
« Mais réveille toi, Quistis : Seifer a détruit la BGU ! Il a envoyé un missile sur la TGU ! Il a torturé Squall ! Il a envahit Esthar ! Il a failli tous nous tuer ! »
Quistis lui jeta un regard dégoûté.
« Oh, grandis un peu, Zell : il faut énormément de courage pour reconnaître ses fautes et c’est exactement ce que Seifer est en train de faire en s’excusant auprès de toutes les personnes à qui il a causé du tort. »
« Mais pourquoi je discute avec toi, il a toujours été ton chouchou ! »
Furieux, Zell la planta là et sortit de la salle de réception en trombe.
C’était fini, il abandonnait.
S’il passait après les habitants de la Grand-rue de Deling qui avaient souffert de tapage nocturne alors que lui il avait subi les moqueries et les méchancetés de Seifer depuis qu’il avait 3 ans, alors il ne voulait plus de ses excuses.
Ses pas le portèrent vers le campus vide où il se laissa choir sur un banc.
Marre, il en avait marre…
« Trop de monde, hein ? »
Il ne sursauta même pas mais observa du coin de l’œil son ennemi d’enfance juré s’asseoir à côté de lui en dénouer son nœud papillon.
« Ca y est, tu as fini ? »
« Quoi donc ? »
« De faire le beau. »
« Jaloux ? »
« De toi ? Certainement pas ! »
« Dis ce que tu veux hérisson, en attendant comme tu dis, j’ai fini de faire le beau. Enfin, une dernière chose à faire et j’en aurai fini. Enfin, la gouvernante m’avait prévenu : le dixième est, avec le premier, le plus dur mais je devrai y arriver.»
« Laisse moi deviner : les cuisinières de la BGU pour toutes les fois où tu as pris du rab… Ou… Non, les T Rex de la serre pour t’être entraîné sur eux. Peut être des joueurs de triple triad pour leur avoir confisqué des cartes ? »
« Je sens comme de l’amertume dans le ton de ta voix, je me trompe ? »
« Je ne sais pas, qui ne serait pas amer en voyant que tout le monde oublie tout ce qui a pu se passer ces derniers mois, que dis-je, ces dernières années juste parce que tu te pointes la bouche en cœur en marmonnant un malheureux ‘suis désolé, le referai plus…’ ?!? »
« Oh là, du calme, hérisson… »
« M’APPELLE PAS HERISSON ! »
« OK , OK, dés… »
« CHUIS PAS UN HERISSON ! »
« Non, je sais, je voulais te dire, je suis… »
« ALORS, T’IMAGINE PAS T’EN SORTIR A BON COMPTE ! »
« Oui, mais non, mais… »
« JE NE SUIS PAS UN PAILLASSON QU’ON PEUT PIETINER A LOISIR ! J’AI MA DIGNITE ! »
« Oui, je sais, je suis désolé ! »
« NAN PARCE QUE T’IMAGINE PAS QUE PARCE QUE T’AS MIS TOUT LE MONDE DANS LA POCHE QUE CA VA ÊTRE ROSE POUR TOI ! »
« T’as entendu ce que je t’ai dit ? »
« M’EN FOUS DE CE QUE TU DIS ! M’EN FOUS DE CE QUE TOUT LE MONDE DIT ! »
« Héri… Dincht, ce que j’essaie de te dire… »
« Ah, Zell, tu es là. »
Zell se calma d’un seul coup et se mit au garde à vous devant son leader glacial qui venait de surgir comme un diable de sa boite.
En arrivant près du banc, Squall jeta un bref regard emprunt d’antipathie vers Seifer puis dirigea son attention sur Zell.
« J’ai besoin de toi, il faut qu’on repasse sur tout le curriculum de cette année avant demain. »
« Le quoi ? »
« Le curriculum. Le contenu des cours. »
« … Des cours de quoi ? »
Squall le dévisagea un moment, imperturbable.
« On donne des cours pour devenir quoi, ici ? »
« Euh… SeeD ? »
« Précisément. »
« Quel rapport avec moi ? »
« Le rapport que Quistis nous a posé sa dém’ ce soir et qu’il nous faut un instructeur. Etant donné que tu as réussi en une après midi à corriger la centaine de copies de l’examen théorique on a pensé à toi pour ça. »
« On ? Qui ça, on ? »
« Cid et Quistis. J’ai donné mon avis positif, seulement, » il amena d’un geste précis son poignet à hauteur de regard et jeta un coup d’œil à sa montre, « il est 22h donc il nous reste un peu moins de 7h avant le début des cours, ce sera à peine suffisant pour couvrir le contenu du 1er semestre. En route. »
« Quistis a posé sa dém’ ? » Zell tapa la paume de sa main de son poing. Voilà ce qui clochait tout à l’heure : elle n’était pas en uniforme « Elle va faire quoi ? »
« Elle s’est faite embauchée comme responsable du Renseignement à Esthar. »
Zell siffla entre ses dents.
« Ben dis donc, tu parles de changer de perspective… Eh ! Mais j’ai jamais dit que je voulais être instructeur, d’abord ! »
« Ah bon, et tu comptes faire quoi de ta vie une fois que tu devras quitter la BGU ? »
« Euh, c'est-à-dire que… Je n’ai pas… Oui, oh bon, d’accord, va pour instructeur… » Ce n’était pas comme si
« Parfait. Tu avais fini, Seifer ? »
Seifer était resté affalé sur le banc, observant la scène avec un demi sourire sur les lèvres et semblant avoir à priori oublié la raison initiale de sa présence en cet endroit.
« Eh bien… » Il observa Zell et haussa finalement les épaules. « Oui, si on veut. »
« Bien, en route. »
Seifer les regarda partir puis sortit de sa poche intérieur de veste un petit papier plié en quatre et un stylo. Appuyant négligemment sur le bouton du stylo pour en sortir la mine, il déplia soigneusement le papier.
Il avait fait ce qu’il était venu faire et ça s’était révélé beaucoup plus facile qu’il ne l’avait craint. Beaucoup plus facile qu’avec Squall en tous cas.
De toute façon, il était question de faire des excuses, point. Il n’était pas responsable si Zell n’avait ni écouté, ni compris ce qu’il lui avait dit.
Il relut la liste :
1 Squall
2 Linoa
3 Quistis
4 Selphie
5 Cid
6 Kadowaki
7 Deling Jr
8 Maire Timber City
9 Laguna
10 Zell
… Et biffa la ligne N°10.
Fin.
(1) Mais non, pas s’envoyer en l’air ! Casser du monstre, bande d’obsédées !