Cet après-midi au cinéma :
Melancholia (Lars von Trier)
Après un étrange prologue, découpé en tableaux poétiques et dérangeants, l'histoire commence comme le dénouement d'un conte de fées. Justine, ravissante et talentueuse publicitaire, célèbre son mariage avec Michael - gentil, mignon, attentionné, plutôt falot - dans la somptueuse propriété de son beau-frère. Mais à mesure que se déroule la soirée, les apparences se fissurent.
Le père est un vieux séducteur à l'humour douteux, sympathique, lâche et lâcheur. La mère, une garce amère et odieuse. La mariée, sous ses sourires à croquer, de moins en moins vaillants, se réenglue dans les fils noirs de la mélancolie. Malgré les encouragements de sa sœur, Claire, son unique réel soutien, elle tente de faire face, échoue, s'enfuit, saborde tour à tour son boulot et son mariage. Le marié s'en va, Antarès disparaît dans le ciel et le matin se lève. Rideau.
Le film reprend quelque temps (jours, semaines, mois ?) plus tard. Au fond de la dépression, Justine est récupérée par Claire, et s'installe au château de la fête avortée. Dans le ciel, d'abord masquée par le soleil puis masquant Antarès, une nouvelle planète arrive. Melancholia la bleue, à la lumière plus froide qu'un bain de glace. Melancholia qui, selon certains scientifiques, risque fort de percuter et d'engloutir la Terre. Melancholia devant laquelle Justine, peu à peu, reprend vie comme à l'approche de la mort... et manifeste d'étranges talents de prédiction.
La fin du monde sous les apparences de la sinistre Mélancolie. N'était-ce pas une idée superbe ? A des années lumières de tous les poncifs hollywoodiens sur le sujet.
Le résultat est un film puissant, tout en symboles, en lenteurs, en images oniriques et en violence couvée. Visuellement magnifique. Du très grand art, qui laisse le spectateur entre fascination, épuisement et hébétude. Kirsten Dunst (Justine) a amplement mérité son oscar et face à elle, Charlotte Gainsbourg (Claire) ne fait pas pâle figure.
Un film que je ne recommanderais pas à tout le monde, mais chaudement à ceux qui ne craignent pas les expériences étranges et fortes.