Dimanche 15 octobre, la journée commence à
la Bella Julieta, un café cosy-branché où l'on petit déjeune pour une bouchée de pain parisien, toasts, croissants, thés parfumés et gigantesques jus de fruits.
Notre destination de ce matin est à l'autre bout de la ville, ce qui implique une jolie balade sur toute la longueur du parc de Malaga. Le ciel cette fois est parfaitement bleu, les ombres bien marquées, les fleurs resplendissent et les perruches piaillent à qui mieux mieux au-dessus de nos têtes...
Passé le centre-ville, derrière la fontaine des Trois Grâces, se profilent les ramparts de l'Alcazaba, la vieille forteresse arabe que nous visiterons demain.
Sortant de là, nous enfilons le Paseo Reding, une avenue plantée d'arbres au feuillage remarquablement épais, comme créés spécialement par la nature pour protéger le passant du soleil en terre de canicule. Il y a là de beaux immeubles à l'architecture plus récente, moins classique qu'en centre-ville, ambiance XIXe siècle élégante et insoucieuse...
...puis les rondes arènes de la Malagueta et leur cortège d'affiches bariolées.
Un peu plus loin encore, face à une enfilade de maisonnettes aux allures vaguement britanniques, s'ouvrent les portes du cimetière anglais.
La colonie britannique n'était pas négligeable à Malaga, mais pendant longtemps ses défunts, rejetés par l'église catholique, n'avaient droit qu'à des funérailles improvisées sur le rivage, à la tombée du soir, avant d'être abandonnés aux vagues ou aux animaux. Sort assez peu honorable dont s'indigna un certain William Mark, consul anglais à Malaga entre 1824 et 1836.
A force d'insistance, il parvient à se faire concéder une parcelle de terrain à la sortie de la ville, pour fonder un cimetière protestant. Son premier occupant est un certain George Stephens, propriétaire du brick "Cicero", accidentellement noyé dans le port en janvier 1831. La même année, le rejoint Robert Boyd, révolutionnaire exécuté pour avoir tenté de renverser le roi Ferdinand VII. Parmi divers citoyens anglais, on trouve aussi là un poète espagnol, l'équipage d'un navire allemand perdu dans la tempête ou encore un écrivain finlandais de science-fiction...
Peu après sa construction, le cimetière fut lagement étendu - mais on trouve encore en son coeur l'enceinte d'origine... avec ses curieux alignements de tombes couvertes de coquillages.
Là en haut, un banc invite encore au farniente dans l'ombre d'un vieux pin... mais l'heure tourne et il nous faut bientôt repartir.
Direction la plage, cette fois, face à laquelle se dresse le Gran Hotel Miramar, inauguré en 1926, qui reçut un large lot d'altesses et de stars et reste encore aujourd'hui un des grands hôtels de luxe de la ville. C'est hélas à peu près le seul beau bâtiment du front de mer, défiguré par l'ubanisme galopant de la fin du XXe siècle.
L'eau n'en est pas moins délicieuse, et l'on regrette de ne pas avoir pris les maillots !
La balade se poursuit jusqu'à l'extrémité de la plage, au pied du phare, puis nous revenons par le port - un port en eaux profondes, pas passionnant côté bateaux mais qui offre une promenade assez plaisante, animée de nombreuses boutiques et restaurants.
Contournant l'imposant Musée de Malaga, nous regagnons le centre-ville pour déjeuner d'une salade en terrasse... puis la journée se termine au
musée Carmen Thyssen, qui abrite une jolie collection de peinture espagnole du XIXe siècle, bien plus à notre goût que le plus célèbre musée Picasso et qui en ce dimanche après-midi a le bon goût d'être gratuit.
En entier ou en détail, petite revue de mes favoris de la visite :
Alfred Dehodencq (Paris, 1822 - 1882)
Une Confraternité en procession Calle Genova, Séville - 1851
Juan José Garate y Clavero (Albalate del Arzobispo, Teruel, 1870 - Madrid, 1939)
Banquete interrumpido
José Jimenez Aranda (Seville, 1837 - 1903)
Un lance en la plaza de toros - 1870
Ricardo Lopez Cabrera (Cantillana, Séville, 1864 - Séville, 1950)
Recién casados (nouveaux mariés) - vers 1905
Eduardo Zamarcois y Zabala (Bilbao, 1841 - Madrid, 1871)
Regreso al convento (retour au couvent) - détail - 1868
(Du moine ou de l'âne, quel est le plus entêté ? Les autres moines, en tout cas, peu charitablement, rigolent.)
Joaquin Sorolla y Bastida (Valence, 1863 - Cercedilla, Madrid, 1923)
Vendiendo melones (les vendeurs de melons) - 1890
Manuel Garcia Rodriguez (Séville, 1863 - 1925)
Patio interior, Sevilla - 1920
Francesc Miralles i Galaup (Valence, 1848 - Barcelone, 1901)
Paseo en barca (la promenade en barque) - vers 1888 - 1890
Vicente Palmaroli (Zarzalejo, Madrid, 1834 - Madrid, 1896)
Al escondite (cache-cache)
Raimundo de Madrazo y Garreta (Rome, 1841 - Versailles, 1820)
Salida del baile de mascaras (la sortie du bal masqué) - vers 1885
Antonio Maria Reyna Manescau (Coin, Malaga, 1859 - Rome, 1937)
Vista de Venecia (vue de Venise)
José Navarro Llorens (Valence, 1867 - 1923)
Amenaza de naufragio (danger de naufrage) - 1894
Emilio Ocon y Rivas (Velez de la Gomera, 1845 - Malaga, 1904)
Marina - 1884
Emilio Sanchez-Perrier (Seville, 1855 - Grenade, 1907)
Invierno en Andalucia (bosque de alamos con rebaño en Alacala de Guadaira)
(L'hiver en Andalousie. (Bosquet de bouleaux avec un troupeau à Alacala de Guadaira)) - 1880
Guillermo Gomez Gil (Malaga, 1862 - Cadiz, 1942)
Atardecer sobre la costa de Malaga - 1918
(Soirée sur la côte de Malaga. On reconnait bien le phare et la cathédrale !)
Guillermo Gomez Gil - Marina II
(Coup de coeur particulier pour ce Gomez Gil, qui rend si joliment les vagues et les jeux de la lumière sur la mer.)
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