Balade bourguignonne - Noyers et Bussy-Rabutin
Juillet dernier, balade en Bourgogne avant de rejoindre la Franche-Comté.
Escale déjeuner à Noyers, un joli petit village posé dans une boucle du Serein, puis visite du château de Bussy-Rabutin, demeure de campagne et d'exil du brillant cousin de madame de Sévigné.
C'est tout petit, Noyers, mais c'est mignon comme tout, avec des restes de remparts, des petites rues pittoresques, de vieilles maisons à pans de bois sculpté, quelques beaux hotels Renaissance... et une église que nous n'avons pas pris le temps d'aller voir.
Les lieux font d'ailleurs partie de l'association des Plus Beaux Villages de France.
Entrée par la Porte Peinte
Même les plaques des rues sont ravissantes !
*
Au château de Bussy-Rabutin, nous commençons la visite par les jardins...
Le château originel date du XIIe siècle, mais plusieurs reconstructions et réarrangements en modifièrent le visage au fil des siècles.
Au XIVe, le lieu est toujours une place forte, mais dans les années 1520 le mur d'enceinte est abattu au profit de plus délicates galeries Renaissance.
En 1602, François de Rabutin achète la baronnie de Bussy, dont il fait son patronyme.
C'est son petit-fils, Roger de Bussy-Rabutin (le fameux cousin de Mme de Sévigné) qui aura ensuite la plus grande influence sur l'aspect du château.
En 1649, la façade sur cour finit d'être remaniée. A cette date, Roger a déjà passé 5 mois à la Bastille pour avoir laissé son régiment s'adonner à la contrebande du sel... Mais ce n'est là que le début de ses aventures !
Frondeur, bien entendu, il se rallie ensuite à Louis XIV pour qui il mène alors une carrière militaire honorable.
Hélas pour ladite carrière, son bel esprit affûté, sa tendance irrépressible à la satire, lui aliènent beaucoup de hauts personnages de l'armée et de la cour, alors que ses moeurs libertines scandalisent. A Pâques 1659, il célèbre la Semaine Sainte par une orgie dans son château de Roissy, ce qui passe assez mal, et il se voit exilé une première fois sur ses terres bourguignonnes...
Pour se distraire et distraire sa maîtresse malade, Roger écrit alors l'Histoire Amoureuse des Gaules, roman satirique à clef dans lequel il n'est guère difficile de reconnaitre les plus grands noms du royaume. Le texte n'est pas censé sortir du cercle restreint des amis fidèles, mais la marquise de la Baume (dont le séduisant Roger a éconduit les avances), parvient à se le procurer, le fait imprimer en Hollande et le diffuse à la cour, agrémenté d'une suite improvisée qui pousse un peu plus loin la satire. Beaucoup trop loin au goût de Louis XIV ! En 1665, Bussy-Rabutin est arrêté, destitué de toutes ses charges, réembastillé pour un an puis réexpédié en Bourgogne. C'est alors qu'il entreprend de réaménager l'intérieur du château... pour le plus grand plaisir du visiteur moderne.
Ce qu'il a perdu, il le recompose autour de lui, en images. Les châteaux, jardins et grands édifices du royaume, une série de devises symboliques qui racontent son histoire, et surtout des portraits de grandes personnalités militaires, de familiers, de courtisans, de toutes ses belles amies... tout le monde brillant qu'il a dû laisser derrière lui et qui se recompose de lambris en lambris.
En 1683, Louis XIV pardonne enfin à Bussy, qu'il autorise à assister à son lever. Un grand honneur, mais l'accueil reste glacial et le comte préfère retourner en Bourgogne où il meurt dix ans plus tard, à Autun.
Le château aura par la suite plusieurs propriétaires, dont le comte de Sarcus qui le fait classer Monument Historique en 1862.
Dans un tout autre genre, les appartements XIXe sont aussi très jolis.
Racheté par l'Etat en 1929, le château fait désormais partie des Monuments nationaux.
Il se visite toute l'année, à peu près tous les jours.
http://www.chateau-bussy-rabutin.fr/
♠
Escale déjeuner à Noyers, un joli petit village posé dans une boucle du Serein, puis visite du château de Bussy-Rabutin, demeure de campagne et d'exil du brillant cousin de madame de Sévigné.
C'est tout petit, Noyers, mais c'est mignon comme tout, avec des restes de remparts, des petites rues pittoresques, de vieilles maisons à pans de bois sculpté, quelques beaux hotels Renaissance... et une église que nous n'avons pas pris le temps d'aller voir.
Les lieux font d'ailleurs partie de l'association des Plus Beaux Villages de France.
Entrée par la Porte Peinte
Même les plaques des rues sont ravissantes !
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Au château de Bussy-Rabutin, nous commençons la visite par les jardins...
Le château originel date du XIIe siècle, mais plusieurs reconstructions et réarrangements en modifièrent le visage au fil des siècles.
Au XIVe, le lieu est toujours une place forte, mais dans les années 1520 le mur d'enceinte est abattu au profit de plus délicates galeries Renaissance.
En 1602, François de Rabutin achète la baronnie de Bussy, dont il fait son patronyme.
C'est son petit-fils, Roger de Bussy-Rabutin (le fameux cousin de Mme de Sévigné) qui aura ensuite la plus grande influence sur l'aspect du château.
En 1649, la façade sur cour finit d'être remaniée. A cette date, Roger a déjà passé 5 mois à la Bastille pour avoir laissé son régiment s'adonner à la contrebande du sel... Mais ce n'est là que le début de ses aventures !
Frondeur, bien entendu, il se rallie ensuite à Louis XIV pour qui il mène alors une carrière militaire honorable.
Hélas pour ladite carrière, son bel esprit affûté, sa tendance irrépressible à la satire, lui aliènent beaucoup de hauts personnages de l'armée et de la cour, alors que ses moeurs libertines scandalisent. A Pâques 1659, il célèbre la Semaine Sainte par une orgie dans son château de Roissy, ce qui passe assez mal, et il se voit exilé une première fois sur ses terres bourguignonnes...
Pour se distraire et distraire sa maîtresse malade, Roger écrit alors l'Histoire Amoureuse des Gaules, roman satirique à clef dans lequel il n'est guère difficile de reconnaitre les plus grands noms du royaume. Le texte n'est pas censé sortir du cercle restreint des amis fidèles, mais la marquise de la Baume (dont le séduisant Roger a éconduit les avances), parvient à se le procurer, le fait imprimer en Hollande et le diffuse à la cour, agrémenté d'une suite improvisée qui pousse un peu plus loin la satire. Beaucoup trop loin au goût de Louis XIV ! En 1665, Bussy-Rabutin est arrêté, destitué de toutes ses charges, réembastillé pour un an puis réexpédié en Bourgogne. C'est alors qu'il entreprend de réaménager l'intérieur du château... pour le plus grand plaisir du visiteur moderne.
Ce qu'il a perdu, il le recompose autour de lui, en images. Les châteaux, jardins et grands édifices du royaume, une série de devises symboliques qui racontent son histoire, et surtout des portraits de grandes personnalités militaires, de familiers, de courtisans, de toutes ses belles amies... tout le monde brillant qu'il a dû laisser derrière lui et qui se recompose de lambris en lambris.
En 1683, Louis XIV pardonne enfin à Bussy, qu'il autorise à assister à son lever. Un grand honneur, mais l'accueil reste glacial et le comte préfère retourner en Bourgogne où il meurt dix ans plus tard, à Autun.
Le château aura par la suite plusieurs propriétaires, dont le comte de Sarcus qui le fait classer Monument Historique en 1862.
Dans un tout autre genre, les appartements XIXe sont aussi très jolis.
Racheté par l'Etat en 1929, le château fait désormais partie des Monuments nationaux.
Il se visite toute l'année, à peu près tous les jours.
http://www.chateau-bussy-rabutin.fr/
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