Le Hussard - Arturo Pérez-Reverte

Jun 06, 2012 21:41



Le Hussard - Arturo Pérez-Reverte (Seuil, 2005)



1808. Frédéric Glüntz a dix-neuf ans. Fraîchement sorti de l’école militaire, il a intégré la fine fleur de la cavalerie impériale : le 4e régiment de hussards, envoyé combattre en Espagne. Dans la nuit andalouse, l’heure de la première bataille approche et Frédéric rêve de gloire, de charge héroïque sous le soleil aux côtés de son ami, le beau, le désinvolte, l’aristocratique Michel de Bourmont, qu’il admire tant.
Mais dès le jour levé, sous la pluie et dans la boue, les sinistres réalités de la guerre vont peu à peu venir grignoter ce bel idéal. La charge sera magnifique, oui ; comme un chant du cygne, le plus féroce qui soit. Et lorsque la nuit retombe, il ne reste rien. Rien que le froid, le sang, la merde, la douleur, la colère, la folie, et la certitude que tous ces grands mots qui l’ont amené là - Gloire, Patrie, Empereur, Héroïsme, Amour et Dieu lui-même - n’étaient rien que des pièges.

Ecrit en 1983, réédité en 2004, le Hussard est le premier roman d’Arturo Pérez Reverte. Beaucoup plus simple que ses textes ultérieurs, il n’en est pas moins, par sa concision même, d’une redoutable efficacité. Une conversation bien tournée suffit pour mettre en lumière le pourquoi, le comment et les ambiguïtés de cette absurde guerre d’Espagne, où de jeunes officiers français croient apporter les lumières de la raison à un pays encore esclave de ses rois et de ses prêtres, obscurantiste et fanatisé. Où des espagnols érudits s’allient aux français pour le bien de leur peuple, en sachant que le peuple peut bien les tuer pour cela et qu’ils auront peut-être raison, car les français n’ont rien compris à l’Espagne. Au fond, n’est-ce pas l’ambiguïté du colonialisme qui s’esquisse là, dans ce roman de guerre et d’apprentissage ?
La guerre, quant à elle, est mise en scène avec une remarquable précision - pas du point de vue général qui fait l’Histoire, non, mais du point de vue particulier qui fait l’humain, avec tous les détails et les actes qui entourent le combat.
Et l’humain, lui, a le charme agaçant du jeune héros naïf, qui devient de plus en plus attachant à mesure que les doutes l’envahissent, à mesure que l’apprentissage se fait désillusion et la désillusion désespoir. Le résultat est assez poignant.

lecture : fiction historique, bouquins, auteur : perez reverte, napoléon

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