on ne m'a toujours pas expliqué pourquoi le 1er juillet. pour moi, le premier camp scout, c'était au 1er août qu'on en fêtait l'anniversaire. m'enfin bon...
les huit mouvements étaient plus ou moins représentés à ce rassemblement. le nôtre, dont les responsables se sont retirés de l'organisation faute de temps, se limitait à deux personnes et demie (mon frère, responsable, ma petite soeur, éclaireuse, et moi, plus scoute depuis six ans mais refait un camp en tant qu'intendante l'an passé). tous les membres étaient libres de venir, mais on n'a croisé personne, sniff.
des EEF, dont les chefs au niveau national avait décidé de boycotter ces rassemblements dû fait de la présence des SUF (reconnus pas Jeunesse & Sports mais pas par l'OMMS), sont venus quand même, pourvu qu'ils ne se fassent pas engueuler pour ça.
ça a l'air merdique, les relations entre différents mouvements ? c'est pire.
mon frère (EEUdF) et deux EEF ont expliqué comment ça marchait à un journaliste du Monde. ça a pris une heure et demie. le type s'est baladé trois heures sur l'esplanade, espérons qu'il en tire quelque chose de constructif. si aucune bombe ne pète et qu'aucun ministre ne meurt dans les prochaines 36 heures, il devrait y avoir un article mardi. espérons, espérons...
le journaliste a demandé, à juste titre, ce qu'on avait tant à reprocher au "fait divers de 98". vous vous rappelez, cet abbé qui avait noyé ces soit-disant scouts en mer ? ben, ils n'étaient pas scouts. pas officiellement. de ce genre d'extrémistes pas reconnus par les mouvements officiels, mais que le commun du public, naturellement pas au courant et mal informé, en plus, par les média, assimile au scoutisme régulier.
ils ont bien tout expliqué clairement et posément, bien mieux que moi je ne pourrais tenter de le faire.
ce qu'on ne lui a pas dit à côté, c'est que pour moi (et peut-être aussi pour mon frère) c'est pas loin d'un trauma personnel.
non, nous n'y étions pas personnellement. nous n'avons perdu ni cousin ni ami dans le drame non plus.
cet été-là, nous campions sur un autre camp marin, à quelques dizaines de kilomètres de là. en juillet 98, c'est arrivé la veille ou l'avant-veille de notre concours de bouffe. cet été, la Coupe du Monde de Football avait lieu en France ; nous avons écouté la demi-finale sur la plage de galets à marée basse sur un baladeur-radio, et la finale sous notre marabout-voilerie avec le poste d'unité. deux ans plus tôt, au même endroit, s'était tenu le CaNaMa 96, camp national marin, revenant une fois tous les dix ans (nous avons d'ailleurs manqué celui de 2006, ayant quitté le milieu des éclais marins pour rejoindre les terrestres depuis trop longtemps hélas).
bref.
à quelques dizaines de kilomètres de là. sur la rade de Brest, un coin de mer abrité, avec peu de courant et peu de houle. à six sur des canots prévus pour sept à huit ; ceux qui ont fait naufrage naviguaient, les malheureux, à huit sur des caravelles en pleine mer, ces embarcations étant prévues pour cinq à six et sur lacs ou zones calmes. réflexion cynique de ceux, forts de leur savoir en matière de bateaux : ben, pas étonnant qu'ils aient fait plouf, tiens.
n'empêche. ça a été un sacré choc. nos responsables nous ont rassemblés un beau matin pour nous expliquer ce qui était arrivé la veille et nous dire que nos parents avaient, d'eux-mêmes, organisé une chaîne téléphonique pour se renseigner -ce qu'on a été fiers d'eux sur le moment ! faire ça bien dans l'ordre au lieu de paniquer et tenter d'appeler tous à la fois (les portables, à l'époque, il y en avait encore très peu, mais très peu à quel point, déjà ?)
ensuite est venue la réalisation, la compréhension. des gamins de nos âges et passant leur été à peu près de la même manière que nous, étaient morts bêtement presque à la porte à côté. pour mémoire, nous avions entre douze et seize ans (moi-même, treize ans. mon frère et ma soeur, douze tout juste et presque quinze).
et quand nous sommes rentrés chez nous, à la fin du camp, nous qui avions été coupés du monde des média pendant trois semaines, avons brusquement trouvé l'image des scouts auprès du grand public radicalement changé, sans comprendre quand, comment et pourquoi c'était arrivé. ça la foutait mal...