Pittsburgh-New York

Oct 03, 2009 21:30

Fanfiction, Queer as Folk US, inachevée.

PITTSBURGH-NEW YORK

Chapitre 1. Séparés.

Le temps s’était tellement étiré depuis qu’ils se faisaient passer le joint, qu’aucun des deux hommes n’aurait pu dire avec précision l’heure qu’il était. En fait, aucun des deux n’aurait pu dire avec précision quoi que ce soit, mais ça n'avait pas d‘importance, et puis c'était bien l‘intérêt de fumer non ? Oublier le temps qui passe. Faire durer un instant une éternité, comme si on avait la capacité de vivre plusieurs vies dans une seule. C'était bon pour oublier. C'était comme le sexe ou l‘alcool, ça faisait oublier, mais en plus ça rendait l'oubli éternel.

Brian tenta de retrouver le fil de ce qu'il disait, mais il n'arrivait pas à se souvenir de sa dernière phrase. Avait-il seulement parlé ? Et ce qu'il venait de penser, avait-il pu le dire ? Il rit de sa confusion ne revenant brièvement sur terre qu'en entendant Mikey tousser brutalement. Il se rappela que son meilleur ami était devenu un type « respectable » et qu’il ne fumait plus autant qu’avant. C’était sûrement sa première taffe. Peut-être venait-il tout juste d’arriver au fait. Quelle importance ?

« Putain de merde … Elle est forte … gémit-il d’une voix voilée.
- Elle est bonne. Tu n’as juste plus l’habitude depuis que tu es devenu une sage femme au foyer.
- Des conneries ! Moi je dis que tu abuses, pour oublier que Justin est parti. »

Fantastique Mikey. Justement le souvenir de Sunshine venait tout juste de s’envoler dans un coin entre deux secondes d’éternité. Malgré toutes ses qualités de « brave type » qu’il se trimbalait autour du cou comme un putain de Saint-Bernard avec son tonneau de rhum, Michael avait la fâcheuse habitude de mettre les pieds dans le plat et de toujours vouloir parler des sujets les plus agaçants ou autres sentimentalismes, et ce sans lâcher le morceau, ni avoir honte. Y compris et surtout avec lui. Il devait supposer que l’avoir connu depuis toujours lui donnait toute la latitude qu’il voulait pour s’immiscer dans la vie de Brian. L’enfoiré avait raison.

« Ton silence en dit long. Tu joues les durs, mais depuis qu’il est à New York, on pourrait croire à la tronche que tu tires que la fin du monde est arrivée.
- Pour qui tu me prends, une lesbienne ? Je n’ai pas besoin de lui.
- Essaie d’être encore plus convaincant entre deux soupirs la prochaine fois. »

Et regardez-le avec son petit sourire innocent. Il se croyait vraiment malin. Et s’il n’était pas Michael, avec tout ce que le fait d’être Michael impliquait, Brian aurait vraiment pu croire qu’il y prenait plaisir.

« Va te faire foutre. Et ne me prends pas pour ce que je ne suis pas. Peu importe ce qu’il y a pu avoir entre lui et moi. Je pense au présent or il n’est plus là. Point barre.
- Dans ce cas … Passons à l’objet de notre réunion au sommet : les Pères Abandonnés Anonymes. »

Brian le dévisagea avec une incrédulité totale. On dit souvent que lorsqu’on connaît une personne depuis très longtemps, l’ennui est inévitable et même destructeur. Brian y croyait et prenait globalement les couples unis depuis vingt ans pour des menteurs hypocrites ou des phénomènes de foire. Mais Michael s’échinait à lui prouver depuis vingt longues années que l’être humain ne pouvait foncièrement pas être aussi prévisible.

« De quoi tu parles encore ?
- Je me suis dit que puisque JR et Gus vivent au Canada maintenant, on pourrait se remonter le moral mutuellement. Être solidaires quoi. Réunion des Pères Abandonnés Anonymes.
- Alléluia. Tu rayeras la mention anonyme des cartes de visite. Et je ne suis pas un père. Je suis un putain d’anti-père. Une taffe ?
- Non merci, j’ai déjà l’agréable sensation d’avoir sauté à pieds joints dans une faille temporelle m’ayant transporté à 88 000 années lumière du présent que nous connaissons.
- Mon Dieu Mikey, un jour il faudra que tu te décides à te sevrer en comic books. Tu es stone.
- Toi aussi, ça se voit juste moins parce que … Honnêtement ça ne te change pas vraiment de ton état habituel. Peu importe … Ben est à une conférence, Hunter est sorti avec sa « juste-copine-et-pas-petite-amie » Callie, et je me suis senti un peu seul parce que ça va faire trois mois demain que Mel et Linds sont parties …
- Mikey, je te regarde, je vois tes lèvres bouger, je reconnais ta voix et pourtant … J'ai l'impression d'entendre une gouine. Tu devrais plutôt aller faire un tour aux Lesbiennes Anonymes si tu tiens vraiment à pleurer sur l'épaule de quelqu‘un.
- Prendre de l’âge te rend aigri Brian.
- Va te faire foutre, je suis un bébé à côté de toi.
- Tu n’as rien à me prouver de ce côté-là, tout le monde sait que tu es un être vil et immature.
- Là on parle le même langage ! »

Mikey éclata de ce petit rire tremblotant propre à son état quand il plane. Au moins il se décrispait. Brian se rappelait vaguement qu’il avait l’air dépité et déprimé quand il s’était présenté dans son loft. Sans frapper. Un jour il devrait songer à faire quelque chose pour cette putain de porte que tout le monde franchissait sans avertissement et sans y avoir été invité. A force de laisser la porte ouverte, les gens finissent par rester, même quand on ne veut pas d’eux. Et après c’est trop tard, ils sont juste là. Jusqu’à ce qu’ils franchissent de nouveau cette putain de porte, pour ne plus jamais revenir. Autre chose. Pense à autre chose.

Ou parles-en.

« Ok Mikey, puisque tu veux parler, parle. Profites-en, je suis stone. Lève-toi et présente ton cas à l’assemblée.
- Quelle assemblée ? s’exclama-t-il avec l’air le plus ahuri dont il était capable.
- Moi, répondit Brian sur un ton évident. J’ai déjà baisé tout Pittsburgh, tu peux donc me considérer comme une Assemblée représentative.
- Tu as baisé presque tout Pittsburgh. » rectifia Mikey.

De nouveau cet agaçant sourire idiot et satisfait. Brian rêvait ou ce cher Michael commençait-il presque à se rendre fier de n’avoir jamais baisé avec lui ?

« Doit-on encore revenir là-dessus ? Quel ennui.
- Après réflexion et plusieurs siècles de frustration, j’ai décidé de prendre ça comme une sorte d’honneur.

- C’est très très noble Mikey, sauf que … Non, ça n’a rien d’honorable, c’est pathétique.
- Parle pour toi … »

5 … 4 … 3 … 2 ...

« Bon d’accord c’est pathétique. Même mon mari t’a baisé. »

La précision d’une horloge Suisse. Finalement Mikey restait toujours le même. Ce n’était pas une question de prévisibilité, c’était juste qu’il le connaissait trop bien. Et dans vingt ans, ils auraient encore la même conversation, parce que dans vingt ans, Michael continuerait à se demander comment ça aurait pu être. Brian se le demandait aussi parfois, pas par curiosité _ il savait ce que ça aurait pu être _ mais juste pour le simple fait d’y penser, parce qu’après tout, il l’avait toujours aimé. Le Brian et Mikey Show ou la tension sexuelle irrésolue.

« Tu as déjà eu ta chance Mikey, plusieurs fois, dit-il finalement, en reprenant une bouffée.
- Ca ne comptait pas, tu étais en souffrance ou shooté ou bourré.
- Mon état habituel en somme, sourit-il devant cette vérité implacable et cruelle que Mikey ne devait pas totalement saisir. Mais ta remarque est très révélatrice par contre … Mikey, tu veux savoir pourquoi je ne t’ai jamais baisé ?
- J’étais pas ton genre ? Tu ne voulais pas ruiner notre belle amitié ?
- Non, parce que ça n’aurait pas valu le coup. Ca n’aurait jamais pu être à la hauteur de tes attentes, parce que Dieu sait que tu attends beaucoup trop, de tout et de tout le monde. Et s’il y a bien une vérité universelle dans notre bas monde, c’est qu’il ne faut jamais rien attendre de moi. Toi, tu te fais des films. Moi je vais droit au but. Je baise comme je vis, j’y vais à fond sans réfléchir, c’est intense, chaud, dangereux, brutal et surtout, je ne pense qu’à ma bite.
- Mais moi aussi je peux baiser comme un sauvage, si je veux. C’est juste que …
- Que tu préfères la version « petite Candy ». Même si ça t’avait plu, tu n’aurais rien obtenu de moi après de toute façon. Quand je baise, j’oublie le mec dès que j’ai débandé, et je me fous de savoir où il va ni qui il est. La baise ne sert à rien d’autre que baiser.
- Ca ne marche pas si tu fais des exceptions à tes propres règles. »

La fameuse exception. Mikey devait être ravi d’avoir réussi à la mettre sur le tapis. Depuis trois mois il cherchait des excuses pour en parler, et si Brian s’était plutôt bien débrouillé pour éluder la question jusque-là, il commençait à se fatiguer. Ce n’était même pas comme si la Terre s’était arrêtée de tourner.

« Je n’ai fait aucune exception. C’est Justin qui s’est déclaré exception de lui-même, et sans m’avoir consulté ni obtenu mon accord. Le petit con.
- Le petit con a obtenu ce qu’il voulait alors soit il avait des supers pouvoirs psychiques qui t’ont poussé à le garder cinq ans, soit ton cas n’a jamais été totalement désespéré finalement.
- Ni l’un ni l’autre, il s’est accroché comme une putain de sangsue. Tu étais là Mikey, je ne pouvais pas faire un pas sans qu’il soit là, et plus fort je le repoussais, plus vite il revenait. »

Et comme il avait aimé ça, être l’objet de fascination et d’adoration de ce gamin n’ayant pas froid aux yeux. Comme il avait adoré ne pas réussir à le repousser et comme il s’était délecté des moments où ses saillies insolentes l’empêchaient systématiquement de lui dire non. Il ne se souvenait même plus s’il avait déjà vraiment voulu lui dire non. Et était-ce évident à l’époque ?

« Tu parles, soupira Michael. Tu l’as jeté deux fois, et après on aurait dit une starlette capricieuse et son Sugar Daddy. Sérieusement, j’ai tout de suite vu qu’il y avait quelque chose de différent avec lui, mais je n’ai jamais pigé quoi.
- Qu’est-ce que j’en sais. Je me rappelle juste qu’au moment où il est arrivé, je m’ennuyais. »

L’ennui. C’est une bonne explication. Une explication neutre et honnête. La première fois, rien n’aurait pu lui laisser penser que sa distraction d’une nuit deviendrait une dépendance de plus. Même s’il l’avait su, il n’y aurait probablement rien changé : après tout il ne s’était jamais rebiffé contre la drogue, le sexe et l’alcool parce que c’était bon. Justin était plus que bon, et tant pis pour les effets secondaires : plus de drogue, plus de sexe, plus d’alcool et cette putain de déchirure dans les entrailles.

« Tu t’ennuyais ? Répéta Michael, incrédule. Tu es pire qu’une drama queen, Brian. Tu es une putain de diva.
- A la perfection, on pardonne certains caprices. » minauda-t-il.

Mikey écrasa le joint après avoir constaté qu’il n’y avait plus grand-chose à en tirer. Brian attaqua une Jack Daniel’s, c’était bon pour son sang, et la fit passer à Michael. Une dépendance pour une autre, si ça pouvait faire passer cette putain de douleur dans les entrailles.

« Il est passé minuit. Ca fait 90 jours. »

Il oubliait toujours que Michael et lui avaient l’alcool triste. C’était pour ça qu’il sortait généralement les joints lors de ses petites visites. Ironiquement, ils disaient beaucoup moins de conneries stones que ravagés.

« Si tu m’annonces que tu vas te mettre à compter les heures, je pense sérieusement à vomir.
- Ma fille me manque … Parfois je me dis qu’on aurait dû retenir Mel et Linds … Les convaincre qu’il fallait rester ici pour se battre.
- Pour une cause perdue ? Elles sont très bien là où elles sont. C’était leur décision.
- Mais Gus te manque à toi aussi. »

Putain de déchirure dans les entrailles. Il devrait peut-être consulter. Il s’était peut-être ravagé le foie à force d’engloutir des Jack Daniel’s.

« On ne peut pas dire que j’ai été un père diligent ces cinq dernières années. Je vais très bien sans lui et vice versa.
- Quand je suis allé à Toronto la dernière fois, il te réclamait souvent.
- Comme je le comprends, il vit avec deux lesbiennes, et au Canada. Le bon goût et le raffinement des fringues italiennes y sont denrées rares, un traumatisme certain pour un gosse de cet âge. Il va peut-être virer gay finalement.
- Tu es incroyable. Ca ne va pas te tuer d’admettre qu’il te manque. Je suis père moi aussi, je comprends. Si j’avais les moyens, je crois que je prendrais l’avion toutes les semaines pour voir Jenny Rebecca. Mais avec l’emprunt pour la maison, et les études de Hunter auxquelles il faut penser, je …
- Mikey, putain, j’ai fumé tranquillement un joint que je fais passer dans l'alcool, je suis dans une quiétude proche de l’abrutissement, alors tu es vraiment obligé de ruiner ce grand moment en énumérant les considérations financières de ta charmante vie de famille ? Besoin d’argent ?
- Pas le tien en tout cas. Je voulais juste dire, que je serais toujours fourré à Toronto _ ou New York _ si j’étais à ta place. Je veux dire, tu as les moyens non ? Le Babylon est bourré à craquer toutes les nuits, et les clients se précipitent chez Kinnetic au point que tu as dû encore engager du personnel. Ca doit vouloir dire que tu gagnes bien ta vie non ?
- Mon Dieu Mikey, on ne dirait pas comme ça, mais tu pourrais être engagé par le gouvernement comme observateur économique national. Brillante déduction.
- Alors qu’est-ce que tu attends ?
- Je te l’ai dit, Gus n’a pas besoin de moi.
- Et Justin ? »

Brian posa la bouteille de whisky avec agacement. Ses entrailles lui brûlaient de plus en plus.

« Lui n’a plus besoin de moi. Il a bien appris sa leçon, maintenant il vit sa vie.
- Le fait qu’il vive à New York ne signifie pas que ce soit fini, ou que tu ne vas jamais le revoir tu sais. Il est juste parti faire carrière …
- Non Mikey, il n’est pas parti juste pour faire carrière. Tu crois qu’il avait besoin de partir à New York pour ça ? On avait fait le tour. Je ne comprends même pas pourquoi ça a duré si longtemps.
- Peut-être parce que vous vous aimiez ? Je ne peux pas le croire … Enfin si, parce que je te connais bien, connard, mais je suis toujours impressionné par cette façon que tu as de te détourner des gens du jour au lendemain, parce que tu crois ne rien avoir à leur donner. Il y a encore quelques mois tu voulais forcer Lindsay et Melanie à rester pour Gus, et tu étais sur le point d’épouser Justin.
- Rien de tout cela n’est arrivé. On passe à autre chose.
- Moi je crois que Justin reviendra. Il est toujours revenu. »

Putain de brûlures.

« Regarde ce que le mariage a fait de toi Mikey : tu parles comme une femme au foyer pleurnichant devant un soap opera mexicain à l’eau de rose. Tu vas finir par devenir totalement infréquentable.
- Comme ça tu comprendras ce que je ressens auprès de toi depuis des années. Mais je n’ai fait que dire la vérité. Il reviendra. C’est l’amour de ta vie, non ?
- Voyons Mikey, tu sais très bien que l’amour de ma vie, ça a toujours été toi. »

Michael soupira en marmonnant quelque chose sur son état d’ébriété avancé, mais il souriait, comme à chaque fois. Brian aurait préféré s’arracher la langue plutôt que de le dire à haute voix, mais il y avait toujours quelque chose d’adorable chez lui quand il souriait comme ça, ou du moins quelque chose qui donnait envie de l’aimer. Il rit et l’enlaça avant de l’embrasser à pleine bouche. Le Brian et Mikey Show avait ses bons côtés.

« Ok alors, concéda Michael, toujours le sourire aux lèvres mais décidé à ne pas lâcher l’affaire. Je veux bien être l’amour de ta vie et dans ce cas, Justin est ton … Ta grande passion romanesque.
- De pire en pire. Pour qui tu nous prends ? Des Rhett Butler et Scarlett O’Hara version queer ?
- A vrai dire j’ai toujours trouvé que Justin avait un côté petite salope snob et capricieuse donc … Oui. Il ferait une belle Scarlett.
- Si on jouait dans une grande aventure romanesque en cinémascope, je serais probablement obligé de te casser la gueule pour cette comparaison peu valorisante, mais soyons honnête : ce n’est pas demain la veille qu’Hollywood produira un chef-d’oeuvre épique gay*. Et accessoirement, je t’aime trop pour ça.
- Dois-je te rappeler que tu m’as déjà frappé ? A cause de Scarlett d’ailleurs …
- Et nous savons tous les deux que tu l’avais cherché.
- Ouais peu importe … De toute façon, je crois que tu as peur de Ben : mon homme te broierait en mille morceaux.
- Qu’il essaie. Mais je parie que tu es très très fier d’avoir épousé Superman : aussi musclé et aussi ennuyeux. Tu vois finalement, j’avais raison de toujours te faire faire Loïs Lane, ça t’a préparé à ta grande aventure nuptiale et conjugale.
- C’est à ce moment-là que je tombe dans tes bras, en larmes et reconnaissant pour m’avoir aidé à trouver le bonheur ?
- Exactement.
- Rêve.
- Petite merde ingrate. »

Brian lui arracha la bouteille de whisky des mains, comme pour le punir, mais Michael se contenta d’éclater de rire avant de s’allonger, tête sur ses genoux, poussant un léger soupir détendu. Personne ne s’autorisait ce genre de familiarités avec le grand Brian Kinney, pas même Justin _ la plupart du temps _ mais c’était Michael, donc ça n’avait pas d’importance. Quand on connaît quelqu’un depuis les affres de l’adolescence, il paraît plutôt difficile de jouer les durs et les intouchables, même quand on est le putain de héros de ladite personne. Il ne comprenait pas vraiment pourquoi ni comment il était resté le héros de Mikey tout ce temps alors que même Justin avec la maturité avait échangé son adoration aveugle à son égard contre simplement de l’amour. Mais l’amour immuable qu’éprouvait Michael à son égard était rassurant, alors il préférait ne pas vraiment se poser la question.

« Sérieusement … dit finalement Michael d’une voix endormie, les yeux fixés sur le plafond. Qu’est-ce que tu comptes faire ?
- Hum d’abord me trouver un alibi … Tu vois qui est Alex Fergusson ? Il m’idolâtre totalement, et tient même un autel à ma gloire dans son appartement. Il mentirait pour moi. Après ça, il ne me reste plus qu’à découper ton corps en petit morceaux et le jeter dans les cages aux fauves du zoo de Pittsburgh. Personne ne soupçonnera le meilleur ami depuis toujours et me voilà coupable du meurtre parfait. Une réussite de plus pour Brian Kinney.
- Je voulais parler de Justin. Et ne te défile pas. Quand tu lui as parlé la dernière fois ?
- En début de semaine. Il m’a appelé.
- Tu comptes l’appeler bientôt ?
- Mikey, je crois me tromper, mais ... Si attends j’en suis sûr : ce ne sont pas tes affaires.
- Il m’a dit que tu ne l’appelais jamais. Il te connaît bien, et il sait pourquoi tu fais ça, mais il commence à se fatiguer, tu sais, il est toujours celui qui se démène pour que ça marche. Va le voir à New York.
- Pourquoi faire ?
- Tu l’aimes. Et accessoirement tu aimes aussi New York.
- 2.-0 pour l’entremetteuse.
- Contre le dépressif.
- Je ne suis pas dépressif. Écoute Mikey … Tu m’écoutes là ?
- Oui comme toujours.
- Il faut que je le lâche. Il n’arrivera à rien s’il a toujours la tête à Pittsburgh. C’est mieux comme ça.
- Et tu es obligé de décider pour lui ? Admets la vérité Brian, tu préfères juste le lâcher avant qu’il ne le fasse.
- C’est inévitable. Pourquoi maintenir un lien artificiel alors que de toute évidence on ne peut se faire aucune promesse ? Il n’a que 22 ans. Sa vie commence. Je ne sais pas de quoi sera fait son futur, mais ce sera sans moi.
- Brian, tu veux un conseil empli de sagesse ?
- J’espère pour toi que tu ne vas pas me citer une saillie du Surfer d’Argent, sinon je serai vraiment obligé de te tuer.
- Non j’allais dire que … Écoute, moi je vis avec deux personnes, deux des personnes que j’aime le plus au monde, et qui ont le HIV. Je ne sais pas de quoi l’avenir sera fait, si je vais les perdre, ou quand. Alors je profite de chaque moment sans me demander ce qui pourrait arriver. J’ai décidé que si je voulais être heureux, c’était le seul moyen. Alors arrête un peu avec tes conneries, et va à New York voir Justin. La seule chose que tu risques c’est de faire une crise d’épuisement à force de le faire toute la journée et dans toutes les positions.
- C’est une façon intéressante de mettre les choses en perspective. Mais comme je te l’ai déjà dit, ce sont mes affaires. »

Mikey haussa les épaules et se leva péniblement avant de faire quelques pas vers le sofa italien de Brian et de s’effondrer dessus.

« Tu sais que j’ai raison. Je ne suis pas en état de conduire jusque chez moi, alors si tu permets je vais mourir dans ton canapé.
- Évite de baver dessus, il vaut plus que ta maison. »

Michael marmonna quelques paroles inintelligibles que Brian interpréta comme une variante fleurie de « Va te faire foutre, espèce de capitaliste ». Il regarda avec fatigue les merdes qu’ils avaient laissées sur le sol ou sa table basse Mies Van de Rohe. Bah, sa femme de ménage avait franchement vu pire que des cadavres de bouteille et de joint. Il lança à Michael une couverture que son ami, à moitié endormi, disposa maladroitement sur lui, et se dirigea vers sa chambre tout en se déshabillant lentement. Il avait probablement raison. Ils avaient tous probablement raison, de Debbie à Ted, en passant même par Jennifer. Il devrait aller le voir. Le problème c’était ces moments-là, quand il raccrochait le téléphone ou que Justin reprenait l’avion pour New York. Le problème était qu’il lui échappait à chaque fois.

Brian s’écroula dans son lit. Ses entrailles lui brûlaient toujours.

fanfiction : queer as folk, humour, lgbt, fanfiction

Previous post Next post
Up