Danser avec la Mort

Mar 01, 2010 19:30


Titre : Danser avec la Mort
Auteur : Angelene ou wyn_wyn_wyn
Fandom : Pride and Prejudice and Zombies (Orgueil et Préjugés et Zombies, une réécriture du roman de Jane Austen par Seth Grahame-Smith … avec des zombies).
Personnage/Couple : Focus sur Elizabeth Bennet et Darcy, mais il y a un peu tout le monde dans la fic.
Comm/Défi : 6variations, thème Trois Pas de Danse
Rating : … PG-13 peut-être ? Pour ceux qui sont sensibles aux mentions de décapitations de zombies.
Disclaimer : Tout appartient à Jane Austen ... ouais sauf que c'est dans le Domaine Public mais bon, je ne fais qu’emprunter son univers et celui de Seth Grahame-Smith, et j’en suis profondément désolée, et à mon avis, Grahame-Smith l’est aussi puisque son bouquin est un genre de grande crack!fic publiée.
Note : Je ne saurais pas trop où placer cette fic par rapport au livre. C’est avant le grand bal donné à Netherfield puisque Darcy et Cie sont toujours là. C’est après la maladie de Jane. Normalement, il n’y a pas de bal donné entretemps mais pour les besoin de l’histoire, on va dire qu’il y en a eu un, donné par les Officiers.


DANSER AVEC LA MORT

Elizabeth Bennet se regarda dans le miroir et prit une profonde inspiration. Elle fléchit la jambe gauche et tendit la jambe droite en arrière, le genou frôlant le sol. Puis lentement, en expirant, elle positionna ses avant-bras. Kwai Bu. Le Tigre. Son maître lui avait toujours dit que sa maîtrise de cette posture était pitoyable. Si bien que lors des séances d’entraînement, elle ne manquait jamais de la perfectionner. Elle contracta ses muscles et demeura parfaitement immobile. Derrière elle, Lydia, qui répétait un Chèvre assez bâclé, leva les yeux au ciel.

« Quand je pense que nous pourrions nous préparer pour le bal des Officiers, bouda-t-elle de façon particulièrement puérile. C’est une perte de temps. »

« Lydia, maître Pei Liu t’aurait tranché un doigt pour cette insolence, nota Jane avec calme entre deux inlassables répétitions de son Œil du Phénix. Tes remarques sont ingrates. »

« M’est avis que Papa devrait la renvoyer en Chine, rétorqua Elizabeth entre ses dents, prenant garde à bouger le moins possible. Une seule heure avec notre maître suffirait à la débarrasser de ses idées idiotes indignes d’une guerrière du Wushu. Elle ne se serait jamais permis ce type de comportement durant notre apprentissage. »

« Pourtant Lizzie, intervint Kitty, toi-même tu apprécies la danse et rencontrer les Officiers. Mr Wickham sera présent ce soir. »

« Occupe-toi plutôt d’améliorer ton liao yin shao. Dans ta condition, tu effleurerais à peine un Innommable. »

Kitty retint toute protestation devant le regard sévère et sauvage de sa sœur Elizabeth et s’exerça à assouplir son poignet et porter des coups, la main repliée.

« Pour répondre à ta question, poursuivit tout de même Lizzie avec moins de férocité (changement induit par un regard réprobateur de Jane), j’apprécie naturellement les bals. Notre maître serait certainement fâché de nous voir perdre notre temps dans ces frivolités. Toutefois, malgré notre entraînement et la menace des Maudits, nous vivons dans une société civilisée qui requiert un respect irréprochable des coutumes que nos combats contre les Ames Perdues tentent de préserver. De plus, du moment que j’ai le temps d’accomplir complètement mes exercices, quelques distractions ici et là, seront toujours les bienvenues. »

« Tu aurais tout aussi bien pu répondre qu’il te tardait d’être dans les bras de Wickham. » marmonna Lydia en levant les yeux au ciel.

Elizabeth lança un regard courroucé vers sa cadette et s’apprêtait à quitter sa position du Tigre pour la corriger quand Jane s’interposa.

« Poursuis ton exercice, Lizzie. Je m’en occupe. »

« Encore des coups de bambous ? se plaignit Lydia tandis que Jane saisissait une longue baguette à contrecœur. Tu finiras par te briser le poignet à ce compte. »

« Tais-toi et estime-toi heureuse que j’assène moi-même ta punition. Elizabeth t’en aurait probablement donné le double. »

Les deux jeunes femmes quittèrent la salle d’entraînement aménagée des redoutables sœurs Bennet, tandis que les autres reprenaient paisiblement leurs exercices. Le silence ne fut alors troublé que rarement, non par les cris de Lydia qui avec le temps avait appris à retenir le moindre gémissement sous les châtiments corporels, mais par Mary, qui au grand dam d’Elizabeth, libérait son Qi avec plus de bruit que nécessaire.

Elle caressa un instant l’idée de la punir elle aussi, mais préféra ne pas perdre son temps. Elle avait un entraînement à terminer, et elle espérait avoir suffisamment de temps afin de se préparer convenablement pour le bal. Elle ne l’aurait jamais avoué de vive voix, mais elle était après tout réellement impatiente de danser et de retrouver Wickham.

***

La soirée s’annonçait charmante. La salle de bal était modeste, mais décorée avec goût. Les musiciens jouaient des airs à la mode et entraînants avec enthousiasme, et déjà la piste de danse fourmillait de jeunes hommes en uniformes rouges ou en tenues formelles sombres, et de jeunes filles parées d’élégantes robes pâles. Elizabeth aperçut sa chère amie Charlotte Lucas qui progressait joyeusement sur la piste en compagnie de Wickham.

Sa mère avait déjà abandonné ses filles pour commérer à l’unisson avec Lady Lucas. Son père buvait dans un coin en lorgnant sur les jeunes filles, ce qu’elle ignora avec force tenant à ce que rien ne vienne entamer son plaisir. Elle avait même eu la joie de trancher la gorge d’un couple d’Innommables leur ayant barré la route en chemin, qui plus est seule, ses sœurs n’ayant pas souhaité quitter la voiture par peur de salir leurs robes. Jane avait bien sûr proposé de l’aider, mais Elizabeth l’en avait empêché. Elle tenait à ce que sa sœur adorée fût au meilleur de sa beauté si jamais Mr Bingley leur faisait l’honneur de sa présence.

Ce dernier leur avait chaleureusement assuré lors de sa dernière visite qu’il tenterait de venir, s’il n’était pas en ville pour ses affaires. Elizabeth avait plutôt soupçonné que sa présence ou non au bal dépendrait plus probablement de l’humeur de ses sœurs et de son compagnon Mr Darcy. Si Charles Bingley avait plus de qualités que bien des gentlemen de sa connaissance, son plus gros défaut, mis à part sa faible maîtrise des arts meurtriers, était bien de se laisser facilement influencer par son entourage. Il s’agissait là du seul obstacle à son sens, à une union tant désirée avec Jane. Pourtant, Elizabeth était tellement certaine de son attachement, que même cette réserve ne parvenait à l’inquiéter sérieusement.

« Il ne viendra pas. » murmura Jane en scrutant l’entrée avec inquiétude.

« Crois-moi Jane, où que tu sois, rien n’empêchera Bingley d’aller. »

« Pourtant sa sœur Caroline avait l’air de douter qu’il se libèrerait. »

« Sa sœur Caroline n’a de bienveillance pour toi que lorsque cela l’arrange. »

« Je te trouve incorrigible sur ce sujet, Elizabeth. Elle n’a toujours été que gentillesse à mon égard. »

« Peut-être, mais elle n’est pas une guerrière. Sa parole ne compte donc pas. »

Les grands yeux sombres et innocents de Jane se parèrent d’un léger voile de réprimande à son encontre, mais Elizabeth l’ignora. On la désapprouvait souvent à ce sujet, mais elle avait toutes les peines du monde à respecter les femmes qui ne s’initiaient pas aux arts meurtriers. A leur époque, se contenter de s’occuper d’art et de broderie et de piano-forte, était bien stupide. Elle considérait honnêtement qu’on ne devenait pas femme avant d’avoir au moins une fois tranché la gorge d’un Innommable et goûté la chair d’un ennemi.

Ce genre de principe, bien que recueillant l’approbation de son père, avait sans cesse été sujet de plaintes de la part de sa mère. Elle avait également conscience qu’on trouvait son arrogance et son indépendance déplacées chez une jeune fille de bonne famille, mais elle n’en avait que faire. Personne n’osait lui faire affront de peur qu’elle demande réparation en duel. Et il était connu dans toute la région qu’Elizabeth Bennet ne perdait jamais un combat.

Ses sombres considérations tout comme les inquiétudes de Jane furent distraites alors par l’arrivée de Wickham et Charlotte Lucas qui venaient d’achever leurs deux danses. Après quelques paroles chaleureuses échangées avec sa plus vieille amie et sa toute récente connaissance, Elizabeth se vit demander l’honneur d’une danse, ce qu’elle accepta avec joie.

« Je craignais qu’une guerrière de votre talent trouverait cette distraction trop frivole à son goût ! » rit Wickham de façon charmante.

« Pas du tout, je prends beaucoup de plaisir à danser. »

« Ne vous l’avais-je pas assuré, Wickham ? reprit alors Charlotte en adressant un regard appuyé à son amie. Elizabeth est une tueuse impitoyable qui protège si bien nos campagnes qu’elle mérite grandement de s’amuser. »

« Profitons-en dès maintenant, avant qu’une certaine funeste présence ne gâche nos festivités. » sourit Elizabeth d’un air carnassier.

« Grands dieux, que veux-tu dire par là, Lizzie ? s’alarma Jane, tâtant inconsciemment sa robe à l’emplacement où elle avait dissimulé sa dague favorite. Signale-t-on des Maudits au village ce soir ? »

« Pas du tout ! rit Elizabeth. Je parlais d’une connaissance que nous avons en commun avec Mr Wickham. Car si j’espère de tout cœur que tu rencontreras ce soir le gentleman dont tu attends l’apparition, je crains que voir ton souhait exaucé signifie dans le même temps que sa compagnie le suivra de près. Je ne veux rien dire contre Miss Bingley et Mrs Hearst, mais tu connais parfaitement mes griefs à l’encontre d’un membre de leur partie. »

« Oh Elizabeth, soupira Jane avec déception, tu t’exprimes avec trop de légèreté. »

« Veuillez pardonner notre Elizabeth, dit Charlotte avec un sourire à l’intention de Wickham. Elle a si bien conscience de sa dangerosité qu’elle se permet fréquemment d’être impertinente. »

« Pas du tout, je vous assure Miss Charlotte, que je n’en prends rigoureusement aucun ombrage. Moi-même j’ai un passé compliqué avec le gentleman en question. Ainsi je comprends parfaitement les réserves de Miss Elizabeth. Mais est-il certain qu’il sera présent ce soir ? »

« Ce serait une joie de le recevoir en ami. » répondit alors Jane avec sérieux et lançant un regard insistant vers Elizabeth qui voulut lever les yeux au ciel mais se contenta de lui sourire avec affection.

« Oh il viendra, répondit alors Elizabeth à la question de l’officier. Son compagnon, notre cher Mr Bingley, ne manquera pas l’occasion de prendre part aux festivités. »

« Et de rendre hommage à une certaine demoiselle. » renchérit Charlotte en jetant un regard taquin vers Jane dont les joues se mirent à rosir clairement.

« Mais assez à ce sujet, déclara alors Elizabeth, voulant épargner trop d’embarras à se sœur, Wickham, vous m’avez promis une danse ! »

« Et vos désirs sont des ordres. Laissez-moi toutefois en premier lieu avoir un mot avec mon Capitaine. Il me lance des regards pressants depuis quelques minutes et je crois lui devoir un entretien. »

« Bien sûr, ne vous faites pas trop attendre, Wickham. »

Wickham s’excusa poliment et rejoignit aussitôt son supérieur hiérarchique pour échanger quelques mots, même si, nota étrangement Elizabeth, ce dernier ne semblait pourtant pas tant pressé de s’entretenir avec lui, finalement.

***

Elizabeth poussa un soupir. Le bal prenait un tour assez sombre qu’elle n’avait pas anticipé. Finalement Wickham ne l’avait pas faite danser. A vrai dire il n’était même pas demeuré à la soirée plus de quelques minutes après leur conversation, prenant quelques officiers à sa suite et déclarant que leur camp avait besoin de renforts, suite à une attaque d’Innommables. La nouvelle l’avait un peu surprise, parce que même si les Âmes Perdues étaient assez stupides, les voir s’en prendre à un régiment était assez rare. Peut-être ces créatures damnées prenaient-elles de l’assurance.

Elizabeth avait bien envie de brandir son katana et de leur enseigner qu’il ne fallait pas s’adonner à l’insolence sur son territoire, et elle l’avait d’ailleurs proposé à Wickham. Ce dernier, avec un sourire confiant, lui avait affirmé que ses hommes et lui n’auraient aucun mal à les mater et qu’il ne souhaitait pas l’arracher, ni elle, ni ses sœurs, à la fête. Elizabeth l’avait remercié, de bonne grâce, mais à présent qu’il s’était absenté, les festivités l’enchantaient beaucoup moins.

Naturellement, Mr Darcy était arrivé. Sa première réaction fut à vrai dire une réaction de joie, car son regard s’était en premier lieu posé sur Bingley. Imaginant le soulagement et le bonheur de sa sœur, en rencontrant finalement son prétendant au bal, son visage s’était paré d’un large sourire, qui avait misérablement fondu lorsqu’elle s’était rendu compte que Darcy talonnait son ami et la dévisageait.

Elle s’était aussitôt morigénée, de s’être faite prendre en traître par son ennemi lors d’une manifestation de plaisir peu gardée. Non seulement il avait surpris un sourire qui ne lui était pas destiné, qui plus est, il comprendrait facilement que sa joie était fermement liée à celle de Jane. Or elle ne pouvait ignorer que Darcy méprisait l’idée de cette union. Elizabeth s’en serait terriblement voulu si par sa faute, il était recommandé à Bingley de s’éloigner de la famille Bennet. Elle s’était alors parée d’un air de dignité et avait relevé la tête, lui rendant son regard scrutateur avec hauteur, et l’espérait-elle, suffisamment d’indifférence pour qu’il lui rendît la même attitude.

Elle n’eut pas cette chance. A son grand déplaisir, sa sœur Jane étant engagée sur la piste de danse avec Denny, Bingley se trouva rapidement une autre partenaire. Par défaut, par politesse, et par simple désir de danser, elle en était certaine, mais elle ne manqua pas l’air de déception qui ombragea momentanément le beau visage de son aînée. Les sœurs de Bingley furent prises en otages rapidement par le père de Charlotte, et esseulé, Darcy vint bientôt la saluer.

« Miss Elizabeth. » dit-il en hochant poliment la tête.

« Mr Darcy. » répondit-elle d’un air qui se voulait détaché.

Elle lui prêta une attention à peine polie, préférant surveiller à intervalles réguliers ce qui se déroulait parmi les danseurs, répondant brièvement à ses peu inspirées tentatives de conversation. Le manque de sociabilité et l’orgueil de Darcy lui étaient pour une fois agréables, puisqu’elle se serait bien gardée ce soir-là de la moindre joute verbale ou faux-semblant de discussion civilisée. Elle aimait les bals, et rencontrer des gens, mais la société lui pesait parfois, et elle regrettait l’isolement de son entraînement avec maître Pei Liu. Toutefois, elle reporta son regard vers son compagnon suffisamment régulièrement pour remarquer qu’il ne cessait de la dévisager.

Sans doute se faisait-il mentalement la liste de ses défauts et manquements à l’étiquette et imperfections. Son regard noir et inquisiteur de tueur de sang froid, qui aurait pu la faire frissonner si elle n’avait résolu dès leur première rencontre qu’elle porterait un jour sa tête décapitée en triomphe dans sa demeure, ne laissait rien paraître. Mais Elizabeth en savait suffisamment sur le personnage pour deviner qu’il n’avait qu’offenses à lui offrir et qu’il s’en gardait à présent certainement afin d’épargner un duel violent qui gâcherait la soirée et peinerait son ami Bingley.

« Je m’étonne de ne pas vous voir danser, Miss Bennet, connaissant votre goût pour la distraction. » dit-il soudain, probablement y voyant une occasion de critiquer son goût pour la frivolité malgré sa réputation de meurtrière de sang froid.

« Les bons et dignes partenaires se font rares. » répondit-elle avec froideur.

Elle jeta un bref coup d’œil en biais dans sa direction pour vérifier l’effet qu’avait eue sa pique sur le fier Darcy mais celui-ci ne semblait nullement agacé. Un mince sourire sardonique flotta brièvement sur ses lèvres, donnant une lueur légère dans ses yeux impénétrables, avant que son visage dépourvu d’imperfections ne se retranche soudain dans une expression d’impassibilité.

« Il me semble que la seconde danse arrive à son terme, poursuivit-il avec indifférence, peut-être est-ce l’occasion pour vous de réviser votre sévère jugement. Si vous persistez, je crains que vous ne manquiez l’opportunité de profiter des mêmes joies que notre compagnie. »

Ce fut au tour d’Elizabeth de dévisager son compagnon, pas d’un air critique contrairement à lui, mais plutôt véritablement stupéfait. Suggérait-il qu’il comptait l’inviter à prendre part à la prochaine danse ? Le cœur d’Elizabeth s’accéléra soudain sans raison, avant de tambouriner dans sa poitrine de colère. Il lui fallait trouver une excuse pour s’éclipser avant qu’il ne lui demandât d’être sa partenaire. Se tenir à ses côtés sans avoir le bonheur de pouvoir le dépecer lui était déjà pénible. Lui accorder une danse serait insupportable et diablement humiliant.

Si bien que lorsque des cris perçants résonnèrent dans la salle de bal parce qu’une troupe d’Innommables à l’extérieur dévoraient les conducteurs de voiture et les chevaux, Elizabeth ne put contenir sa joie. Elle avait une parfaite excuse pour fuir Darcy, romprait l’ennui que lui procurait la soirée depuis le départ de Wickham, et avec un peu de chance, si le gentleman qui lui causait tant de préjudices sortait également son mousquet pour pourfendre les Maudits, elle aurait un parfait alibi pour l’égorger en plein cœur de la bataille sans que personne ne puisse lui attribuer le meurtre.

Le cœur léger, Elizabeth Bennet brandit son mousquet, se rua vers la fenêtre, l’ouvrit grand, et avec un cri féroce, sauta dans le vide pour atterrir au milieu des Innommables. Son sourire était tellement large qu’elle découvrait ses dents étincelantes dans la nuit. Elle poussa un second cri pour attirer l’attention des Âmes Perdues et sentit bientôt s’emparer d’elle l’excitation du massacre qui était sur le point d’avoir lieu.

« Venez, sombres créatures, venez vous empaler sur ma lame et rejoindre votre Maître dans les flammes de l’Enfer ! »

***

Elizabeth serait bien damnée si elle ne parvenait pas à danser au moins une fois dans la soirée. Elle s’était chargée des Innommables avec une facilité déconcertante, rejointe par Darcy, quelques officiers et quelques gentlemen. Ce fut donc tellement rapide que les Maudits furent tous massacrés avant qu’elle ne commençât réellement à s’amuser. Elle n’avait même pas eu le temps d’observer les talents si vantés de Darcy au combat, ni d’observer les techniques japonaises dont il était friand.

Ravalant un soupir de déception, elle était retournée à la salle de bal, où les convives discutaient de l’avenir de la soirée. Les attaques d’Innommables étaient fréquentes, notamment lorsque des bals avaient lieu : une telle concentration de chair fraîche en un seul et même endroit les attirait naturellement. Lorsqu’une attaque arrivait, on envoyait quelques hommes et les sœurs Bennet si elles étaient là, s’en occuper, puis les réjouissances reprenaient.

Mais à cette particulière occasion, les créatures s’en étaient prises aux moyens de transport, ce qui posait problème. Les routes étaient dangereuses. Certains invités avaient proposé de partager leurs voitures, mais les dégâts étaient tels qu’il faudrait plusieurs voyages pour ramener tout le monde sains et saufs dans leurs demeures respectives. Le plus prudent était donc de conclure plus tôt que prévu le bal et de commencer à évacuer les convives. Elizabeth songea à protester mais se retint bien vite en ayant la honte d’entendre Lydia et Kitty jacasser comme des idiotes et réclamer que le bal se poursuivît.

Elizabeth serait bien damnée si elle ne parvenait pas à danser au moins une fois dans la soirée, mais si c’était pour s’abaisser au même niveau que ses deux plus jeunes sœurs, que le diable l’emportât. Elle rendit les armes figurativement puis dégaina littéralement la sienne pour se joindre au groupe d’officiers et de gentlemen protégeant les invités qui départaient. Comme si sa soirée n’était pas suffisamment ruinée, Darcy prit place à ses côtés.

« Vous semblez attristée, Miss Bennet, dit-il, clairement amusé. Je vous ai toujours entendu dire qu’affronter les Innommables vous apportait grande satisfaction. »

« Je fais triste mine uniquement parce que les gentlemen ayant pris part au massacre m’ont spoliée de mes victimes. »

« J’aurais pensé que vous regrettiez de n’avoir pris part à aucune danse ce soir. »

Elizabeth fit volte-face, et perdant son sang-froid devant Darcy pour la première fois de la soirée, le fusilla du regard.

« J’ai dansé, Mr Darcy. J’ai tournoyé, j’ai virevolté, de gauche à droite, et encore, et encore, et j’ai ri, et j’en ai eu le tournis. Seulement, je n’ai pas dansé avec des gentlemen. J’ai dansé avec la Mort. Et s’ils sont tous en train de brûler sur un bûcher, c’est parce que je suis la meilleure danseuse que la Mort ait jamais eu pour partenaire. »

Sur ces mots, Elizabeth tourna le dos à Darcy, et rejoignit l’autre groupe assurant la sécurité des convives, à son opposé. Une part d’elle s’en voulait, d’avoir perdu son sang-froid face à lui, lui donnant plus encore matière à la critiquer. Une autre part d’elle était triomphante, car elle avait dit la vérité. Quel besoin avait-elle d’un partenaire de danse, quand la Mort la suivait à chacun de ses pas ?

La soirée s’acheva paisiblement, sans plus d’attaques des Innommables. Les sœurs Bennet regagnèrent leur domaine et se plongèrent dans un sommeil sans rêve. Ce qu’Elizabeth Bennet ignorait en revanche, tandis qu’elle s’abandonnait dans les bras de Morphée, c’était qu’à Netherfield, un certain gentleman ne parvenait à trouver le repos, pensant à en devenir fou à une redoutable guerrière, qui voulait bien danser avec la Mort, mais pas avec lui.

fanfiction : orgueil & préjugés & zombie, fantasy, one shot, humour, romance, challenge, fanfiction

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