Les Ecrits du Prophète
Titre : Les écrits du Prophète
Auteur : Angelene
Type : Fanfic
Genre : Telefantasy, humour, crackfic
Fandom : Supernatural
Personnages : Chuck, les frères Winchester, Castiel
Communauté/Défi : Méli-Mélo/Non Baiser
Rating : PG ? Pour le slash ?
Disclaimer : Tout appartient à Kripke, ou la CW
Note : Ca se situe quelque part dans la saison 5, après l’épisode 10 certainement, mais il n’y a pas vraiment de spoiler important, sauf si vous ignorez qui sont Chuck et Becky. Et accessoirement que C’EST L’APOCALYPSE *musique dramatique* !
LES ECRITS DU PROPHETE
Chuck rêvait.
Puis l’Enfer s’ouvrit sous ses pieds et il comprit qu’il était à présent réveillé. Les réveils de Chuck étaient toujours pénibles. Il n’avait jamais été un paisible dormeur, et depuis qu’il était un Prophète, ses songes étaient encombrés de visions terrifiantes qui rendaient certes ses nuits difficiles, mais ses éveils carrément cauchemardesques. Un subtil mélange entre la gueule de bois et le cerveau en flammes. Il commençait à penser que Dieu prenait un cutter et lui gravait ses prophéties directement dans la chair. C’était plus de la lobotomie que de la voyance, vraiment.
Il cligna les yeux, aveuglé par la lumière du jour. Le soleil était déjà haut. Il se souvint vaguement qu’autrefois, quand sa vie avait encore un sens (à savoir avant qu’il ne devienne le point Info/Accueil des Anges du Seigneur), qu’il détestait se lever tard parce qu’il aimait écrire le matin et cela gâchait sa journée de productivité. Mais il supposait qu’il n’avait plus vraiment à se soucier de tout cela à présent que sa création lui était directement dictée par des instances divines et qu’il n’avait plus son mot à dire. Ce n’était même pas comme si ses écrits étaient toujours publiés. Même s’il essayait, les frères Winchester lui en colleraient probablement une.
Sa vie s’était vraiment mise à puer. On pourrait croire qu’être un Prophète, cela en jetait un peu, mais non. Tout le monde voulait le tuer tout le temps, gentils comme méchants, et d’ailleurs il était à présent bien placé pour savoir qu’il n’y avait pas vraiment de camp des gentils et de camp des méchants, tout était mélangé, et si au final tout le monde allait se prendre sur la gueule la fin du monde, il la verrait en avant-première. Grosso modo il vivrait l’Apocalypse deux fois. Bien sûr, il pourrait se tirer une balle dans la tête pour en finir, mais Zachariah lui avait fait judicieusement remarquer que s’il allait jusqu’à ces extrémités, ils le ressusciteraient de toute façon. C’était qu’il ne fallait pas les contrarier, les Archanges.
Il s’était finalement résigné à faire profil bas, attendre que cela se passe et quand il le pouvait aider les seules personnes qui se souciaient que dans la Méga-Guerre Titanesque que se livraient les Anges et les Démons, la Terre et ses hommes allaient se faire réduire en purée. A cette pensée, Chuck se redressa brusquement, un peu trop brusquement d’après la réprimande que lui envoya sévèrement son lancinant mal de crâne, et balaya du regard son bureau sur lequel il s’était endormi _ encore _ un verre de whisky à la main _ encore _ pendant qu’on lui envoyait une vision _ encore.
Sa machine à écrire présentait une feuille noircie de caractères d’imprimerie. Distraitement, il se versa un autre verre en attrapant à tâtons sa bouteille de Jack Daniel’s, et avala cul sec. Pas tellement pour se donner du courage, mais plutôt parce que sa bouche était tellement sèche qu’il avait l’impression d’avoir du papier dans la gorge. Il ne se souvenait pas de sa vision de la veille, mais cela arrivait de plus en plus souvent. La fatigue, l’alcool, le fait que la Libération de Lucifer avait multiplié le nombre de ses prophéties par cinq en trois mois, tout cela faisait qu’il avait les idées de moins en moins claires et qu’il avait parfois besoin de se relire pour se souvenir de ses rêves prophétiques.
La main tremblante, cette fois autant par peur que sous l’effet de l’alcool, il retira le papier de sa machine et découvrit les premières lignes. Et stupidement, de dire : « Hein ? ».
Dean poussait gémissements sur gémissements, mais serrait les dents, bravement. Il attrapa l’Epée de Michael, encore recouverte du sang de Lucifer, et à présent plongée profondément dans le sol sacré par le mystérieux et très ancien symbole que Castiel avait dessiné avant la bataille. Il se servit de la précieuse arme qui venait de sauver l’Humanité du Jugement Dernier et se releva, ignorant ses blessures saignant abondamment sur sa chemise déchirée en de multiples endroits, révélant sa musculature parfaite.
Chuck écarquilla les yeux, cligna des cils une fois, puis une seconde, et relut le paragraphe. Ils avaient gagné ? C’était impossible. Ils n’avaient pas pu gagner. La dernière fois qu’il avait eu une vision, Lucifer était parvenu à lever le plus terrible des Cavaliers de l’Apocalypse, la Mort, et ça sentait vraiment le boudin pour tout le monde. Dean allait réussir ? Mais comment ?
« Sam ? appela Dean, la voix rauque, brisée par la fatigue mais pleine d’espoir. SAMMY ? »
Il scruta du regard le Jardin à présent en ruines qui avait servi de rendez-vous lors de l’Ultime Bataille, à la recherche de son jeune frère. Son cœur battait à tout rompre dans sa poitrine, plus fort encore que lors du combat. S’il avait fait un Pacte avec Michael pour combattre avec ses armes, Sam avait été forcé de faire de même, avec Lucifer. C’était un coup risqué, probablement le plus risqué de toute leur carrière de Chasseurs, mais ils n’avaient pas eu d’autre choix. C’était cela, ou devenir les putes des deux Anges, ou pire, laisser l’Humanité payer le prix de leur dispute familiale. Pourtant, si quoi que ce soit était arrivé à Sam, Dean sut qu’il ne se le pardonnerait jamais.
« Dean ! » entendit-il alors.
Mais il ne s’agissait pas de la voix de son frère, mais de celle de Castiel. Ainsi lui aussi avait survécu, mais à quel prix ? Etait-il toujours un Ange ? La réassurance qui avait réchauffé son cœur en entendant son ami, s’effaça lorsqu’il comprit l’urgence et l’inquiétude dans le ton de sa voix. Et s’il avait trouvé Sam ? Et si tout était fini ?
Chuck ressentit le besoin de poser sa feuille, pour faire le point. D’un côté il était ravi que l’Apocalypse fût terminée et que Dean fût parvenu à vaincre Lucifer, mais il commençait à s’interroger. L’histoire n’avait pas vraiment de sens. Pouvait-il s’agir d’une fausse vision pour les conduire à un piège ? Ce ne serait pas la première fois. Il reprit le manuscrit, perplexe.
En plus son style était encore pire que d’habitude.
Dean courut à en perdre haleine dans la direction de la voix de Castiel qui ne cessait de répéter son nom comme une prière. Et peut-être en était-ce une, peut-être avoir vaincu l’Ange Déchu serait l’ultime touche portée à la dévotion profonde qu’il éprouvait pour lui. Dévotion que Castiel lui avait déjà prouvée la veille, alors qu’ils croyaient que tout était fini, que la Mort les attendait, et qu’il s’agissait de leur dernier moment passé sur Terre, dans l’intimité sordide de cette chambre d’hôtel. Dean pouvait presque encore entendre leurs soupirs et sentir la sueur sur leurs corps surchauffés.
« Quoi ? cria Chuck en se levant brusquement de sa chaise, renversant au passage sa bouteille de whisky. QUOI ? Mais … Mais … QUOI ? »
D’accord, il avait toujours trouvé la relation de Dean et de Castiel un peu louche. D’accord il avait toujours inséré des couches d’homoérotisme assez gratuites dans leurs scènes. Mais c’était de la plus pure licence littéraire ! Et franchement, l’Ange rebelle et le Guerrier humain, c’était assez cliché, non ? De plus en plus perdu, il reprit sa lecture, tentant d’effacer l’image de son esprit.
« Cas’ ! » s’écria Dean, apercevant enfin l’Ange dans son éternel imperméable beige.
Castiel tourna la tête brusquement vers lui, son profil parfait comme tranchant dans la nuit, tandis que ses yeux envoûtants se plissaient et sa mâchoire se crispait.
« Dean. » répondit-il, sa voix encore plus grave que d’ordinaire, faisant sans le vouloir frissonner Dean.
L’Ange fit un pas sur le côté et révéla ce que sa forme solitaire dans la nuit lui avait caché : le corps étendu de son frère. Dean eut l’impression que le sol s’ouvrait sous ses pieds, et cette Apocalypse qu’il avait chassée et qui l’avait chassé depuis si longtemps qu’il en avait perdu le fil, le rattrapait finalement. Il courut vers Sam et s’écroula à genoux.
« Pas lui ! Pas lui ! » se désespéra-t-il, le visage levé vers le ciel, en appelant à Dieu, probablement pour la première fois de son existence.
« J’ai tenté de le soigner, expliqua Castiel d’une voix paraissant si lointaine, mais mes pouvoirs ne me sont pas encore pleinement revenus. Il est encore vivant mais je ne sais pas s’il est assez fort pour se réveiller. »
« Si, il l’est ! hurla Dean. Il est assez fort, et si ce n’est pas assez, je lui donnerai ma force ! »
Chuck se rassit calmement, commençant à voir un coup fourré, mais il ne savait pas encore lequel. Même dans le pire de ses livres de la série Supernatural, jamais il n’avait touché le fond à ce point-là. Il était à présent certain qu’il ne s’agissait pas d’une de ses visions et se demandait déjà comment en parler aux Winchester sans avoir à leur faire lire le texte. Surtout Dean. Et Castiel. Mais surtout Dean en fait (il imaginait déjà le regard de parfaite indifférence de l’Ange si jamais il tombait sur ce manuscrit).
Dean prit Sam dans ses bras, le serrant à l’étouffer, et passa sa main dans ses cheveux. Son frère allait vivre, même s’il devait remuer les flammes de l’Enfer pour y parvenir. Après tout ce qu’ils avaient fait, toutes les épreuves qu’ils avaient subies, tous les sacrifices qu’on avait exigé d’eux, l’histoire n’avait tout simplement pas le droit de se terminer comme cela. Il desserra son étreinte légèrement, pour avoir le loisir de contempler le visage endormi, en sueur et en sang de son frère. Son cœur se retourna dans sa poitrine quand il vit dans son immobilité et son propre désarroi, l’ultime vérité qu’il avait toujours refusée de regarder en face.
« … Euh … » marmonna Chuck, sentant l’éléphant dans la pièce secouer la trompe mais espérant encore un moment qu’il n’allait pas se mettre à barrir devant lui.
« Sam … pleura Dean, la voix nouée par l’émotion. Sammy … Ca a toujours été toi … »
« Euh … » répéta Chuck avec éloquence, un air horrifié passant sur son visage.
Comme par magie, en entendant ses paroles sincères, Sam ouvrit enfin les yeux, désorienté et en souffrance mais vivant, et dans les bras de celui qu’il avait toujours voulu, malgré les interdits et les complications.
« Dean … » murmura-t-il avec espoir.
« Oh non. OH NON. » s’étrangla Chuck.
Mais Dean ne répondit rien, et avec une infinie douceur se pencha au-dessus du visage de son frère, ses lèvres tout près des siennes, et enfin, après toutes ces années, il se laissa aller et
« AAAAAARGH ! gémit Chuck. MES YEUX ! MES YEUX ! »
Il s’était de nouveau levé, et comprenant enfin ce qu’il s’était passé, écrasa la feuille de papier dans ses mains, refusant obstinément de lire la fin du paragraphe car il savait pertinemment ce qu’étaient sur le point de faire les personnages tout comme il savait pertinemment qui en était responsable.
« BECKY ! hurla-t-il. Je t’ai déjà dit de ne pas écrire tes fanfictions sur ma machine ! »
Auteur : Angelene
Type : Fanfic
Genre : Telefantasy, humour, crackfic
Fandom : Supernatural
Personnages : Chuck, les frères Winchester, Castiel
Communauté/Défi : Méli-Mélo/Non Baiser
Rating : PG ? Pour le slash ?
Disclaimer : Tout appartient à Kripke, ou la CW
Note : Ca se situe quelque part dans la saison 5, après l’épisode 10 certainement, mais il n’y a pas vraiment de spoiler important, sauf si vous ignorez qui sont Chuck et Becky. Et accessoirement que C’EST L’APOCALYPSE *musique dramatique* !
LES ECRITS DU PROPHETE
Chuck rêvait.
Puis l’Enfer s’ouvrit sous ses pieds et il comprit qu’il était à présent réveillé. Les réveils de Chuck étaient toujours pénibles. Il n’avait jamais été un paisible dormeur, et depuis qu’il était un Prophète, ses songes étaient encombrés de visions terrifiantes qui rendaient certes ses nuits difficiles, mais ses éveils carrément cauchemardesques. Un subtil mélange entre la gueule de bois et le cerveau en flammes. Il commençait à penser que Dieu prenait un cutter et lui gravait ses prophéties directement dans la chair. C’était plus de la lobotomie que de la voyance, vraiment.
Il cligna les yeux, aveuglé par la lumière du jour. Le soleil était déjà haut. Il se souvint vaguement qu’autrefois, quand sa vie avait encore un sens (à savoir avant qu’il ne devienne le point Info/Accueil des Anges du Seigneur), qu’il détestait se lever tard parce qu’il aimait écrire le matin et cela gâchait sa journée de productivité. Mais il supposait qu’il n’avait plus vraiment à se soucier de tout cela à présent que sa création lui était directement dictée par des instances divines et qu’il n’avait plus son mot à dire. Ce n’était même pas comme si ses écrits étaient toujours publiés. Même s’il essayait, les frères Winchester lui en colleraient probablement une.
Sa vie s’était vraiment mise à puer. On pourrait croire qu’être un Prophète, cela en jetait un peu, mais non. Tout le monde voulait le tuer tout le temps, gentils comme méchants, et d’ailleurs il était à présent bien placé pour savoir qu’il n’y avait pas vraiment de camp des gentils et de camp des méchants, tout était mélangé, et si au final tout le monde allait se prendre sur la gueule la fin du monde, il la verrait en avant-première. Grosso modo il vivrait l’Apocalypse deux fois. Bien sûr, il pourrait se tirer une balle dans la tête pour en finir, mais Zachariah lui avait fait judicieusement remarquer que s’il allait jusqu’à ces extrémités, ils le ressusciteraient de toute façon. C’était qu’il ne fallait pas les contrarier, les Archanges.
Il s’était finalement résigné à faire profil bas, attendre que cela se passe et quand il le pouvait aider les seules personnes qui se souciaient que dans la Méga-Guerre Titanesque que se livraient les Anges et les Démons, la Terre et ses hommes allaient se faire réduire en purée. A cette pensée, Chuck se redressa brusquement, un peu trop brusquement d’après la réprimande que lui envoya sévèrement son lancinant mal de crâne, et balaya du regard son bureau sur lequel il s’était endormi _ encore _ un verre de whisky à la main _ encore _ pendant qu’on lui envoyait une vision _ encore.
Sa machine à écrire présentait une feuille noircie de caractères d’imprimerie. Distraitement, il se versa un autre verre en attrapant à tâtons sa bouteille de Jack Daniel’s, et avala cul sec. Pas tellement pour se donner du courage, mais plutôt parce que sa bouche était tellement sèche qu’il avait l’impression d’avoir du papier dans la gorge. Il ne se souvenait pas de sa vision de la veille, mais cela arrivait de plus en plus souvent. La fatigue, l’alcool, le fait que la Libération de Lucifer avait multiplié le nombre de ses prophéties par cinq en trois mois, tout cela faisait qu’il avait les idées de moins en moins claires et qu’il avait parfois besoin de se relire pour se souvenir de ses rêves prophétiques.
La main tremblante, cette fois autant par peur que sous l’effet de l’alcool, il retira le papier de sa machine et découvrit les premières lignes. Et stupidement, de dire : « Hein ? ».
Dean poussait gémissements sur gémissements, mais serrait les dents, bravement. Il attrapa l’Epée de Michael, encore recouverte du sang de Lucifer, et à présent plongée profondément dans le sol sacré par le mystérieux et très ancien symbole que Castiel avait dessiné avant la bataille. Il se servit de la précieuse arme qui venait de sauver l’Humanité du Jugement Dernier et se releva, ignorant ses blessures saignant abondamment sur sa chemise déchirée en de multiples endroits, révélant sa musculature parfaite.
Chuck écarquilla les yeux, cligna des cils une fois, puis une seconde, et relut le paragraphe. Ils avaient gagné ? C’était impossible. Ils n’avaient pas pu gagner. La dernière fois qu’il avait eu une vision, Lucifer était parvenu à lever le plus terrible des Cavaliers de l’Apocalypse, la Mort, et ça sentait vraiment le boudin pour tout le monde. Dean allait réussir ? Mais comment ?
« Sam ? appela Dean, la voix rauque, brisée par la fatigue mais pleine d’espoir. SAMMY ? »
Il scruta du regard le Jardin à présent en ruines qui avait servi de rendez-vous lors de l’Ultime Bataille, à la recherche de son jeune frère. Son cœur battait à tout rompre dans sa poitrine, plus fort encore que lors du combat. S’il avait fait un Pacte avec Michael pour combattre avec ses armes, Sam avait été forcé de faire de même, avec Lucifer. C’était un coup risqué, probablement le plus risqué de toute leur carrière de Chasseurs, mais ils n’avaient pas eu d’autre choix. C’était cela, ou devenir les putes des deux Anges, ou pire, laisser l’Humanité payer le prix de leur dispute familiale. Pourtant, si quoi que ce soit était arrivé à Sam, Dean sut qu’il ne se le pardonnerait jamais.
« Dean ! » entendit-il alors.
Mais il ne s’agissait pas de la voix de son frère, mais de celle de Castiel. Ainsi lui aussi avait survécu, mais à quel prix ? Etait-il toujours un Ange ? La réassurance qui avait réchauffé son cœur en entendant son ami, s’effaça lorsqu’il comprit l’urgence et l’inquiétude dans le ton de sa voix. Et s’il avait trouvé Sam ? Et si tout était fini ?
Chuck ressentit le besoin de poser sa feuille, pour faire le point. D’un côté il était ravi que l’Apocalypse fût terminée et que Dean fût parvenu à vaincre Lucifer, mais il commençait à s’interroger. L’histoire n’avait pas vraiment de sens. Pouvait-il s’agir d’une fausse vision pour les conduire à un piège ? Ce ne serait pas la première fois. Il reprit le manuscrit, perplexe.
En plus son style était encore pire que d’habitude.
Dean courut à en perdre haleine dans la direction de la voix de Castiel qui ne cessait de répéter son nom comme une prière. Et peut-être en était-ce une, peut-être avoir vaincu l’Ange Déchu serait l’ultime touche portée à la dévotion profonde qu’il éprouvait pour lui. Dévotion que Castiel lui avait déjà prouvée la veille, alors qu’ils croyaient que tout était fini, que la Mort les attendait, et qu’il s’agissait de leur dernier moment passé sur Terre, dans l’intimité sordide de cette chambre d’hôtel. Dean pouvait presque encore entendre leurs soupirs et sentir la sueur sur leurs corps surchauffés.
« Quoi ? cria Chuck en se levant brusquement de sa chaise, renversant au passage sa bouteille de whisky. QUOI ? Mais … Mais … QUOI ? »
D’accord, il avait toujours trouvé la relation de Dean et de Castiel un peu louche. D’accord il avait toujours inséré des couches d’homoérotisme assez gratuites dans leurs scènes. Mais c’était de la plus pure licence littéraire ! Et franchement, l’Ange rebelle et le Guerrier humain, c’était assez cliché, non ? De plus en plus perdu, il reprit sa lecture, tentant d’effacer l’image de son esprit.
« Cas’ ! » s’écria Dean, apercevant enfin l’Ange dans son éternel imperméable beige.
Castiel tourna la tête brusquement vers lui, son profil parfait comme tranchant dans la nuit, tandis que ses yeux envoûtants se plissaient et sa mâchoire se crispait.
« Dean. » répondit-il, sa voix encore plus grave que d’ordinaire, faisant sans le vouloir frissonner Dean.
L’Ange fit un pas sur le côté et révéla ce que sa forme solitaire dans la nuit lui avait caché : le corps étendu de son frère. Dean eut l’impression que le sol s’ouvrait sous ses pieds, et cette Apocalypse qu’il avait chassée et qui l’avait chassé depuis si longtemps qu’il en avait perdu le fil, le rattrapait finalement. Il courut vers Sam et s’écroula à genoux.
« Pas lui ! Pas lui ! » se désespéra-t-il, le visage levé vers le ciel, en appelant à Dieu, probablement pour la première fois de son existence.
« J’ai tenté de le soigner, expliqua Castiel d’une voix paraissant si lointaine, mais mes pouvoirs ne me sont pas encore pleinement revenus. Il est encore vivant mais je ne sais pas s’il est assez fort pour se réveiller. »
« Si, il l’est ! hurla Dean. Il est assez fort, et si ce n’est pas assez, je lui donnerai ma force ! »
Chuck se rassit calmement, commençant à voir un coup fourré, mais il ne savait pas encore lequel. Même dans le pire de ses livres de la série Supernatural, jamais il n’avait touché le fond à ce point-là. Il était à présent certain qu’il ne s’agissait pas d’une de ses visions et se demandait déjà comment en parler aux Winchester sans avoir à leur faire lire le texte. Surtout Dean. Et Castiel. Mais surtout Dean en fait (il imaginait déjà le regard de parfaite indifférence de l’Ange si jamais il tombait sur ce manuscrit).
Dean prit Sam dans ses bras, le serrant à l’étouffer, et passa sa main dans ses cheveux. Son frère allait vivre, même s’il devait remuer les flammes de l’Enfer pour y parvenir. Après tout ce qu’ils avaient fait, toutes les épreuves qu’ils avaient subies, tous les sacrifices qu’on avait exigé d’eux, l’histoire n’avait tout simplement pas le droit de se terminer comme cela. Il desserra son étreinte légèrement, pour avoir le loisir de contempler le visage endormi, en sueur et en sang de son frère. Son cœur se retourna dans sa poitrine quand il vit dans son immobilité et son propre désarroi, l’ultime vérité qu’il avait toujours refusée de regarder en face.
« … Euh … » marmonna Chuck, sentant l’éléphant dans la pièce secouer la trompe mais espérant encore un moment qu’il n’allait pas se mettre à barrir devant lui.
« Sam … pleura Dean, la voix nouée par l’émotion. Sammy … Ca a toujours été toi … »
« Euh … » répéta Chuck avec éloquence, un air horrifié passant sur son visage.
Comme par magie, en entendant ses paroles sincères, Sam ouvrit enfin les yeux, désorienté et en souffrance mais vivant, et dans les bras de celui qu’il avait toujours voulu, malgré les interdits et les complications.
« Dean … » murmura-t-il avec espoir.
« Oh non. OH NON. » s’étrangla Chuck.
Mais Dean ne répondit rien, et avec une infinie douceur se pencha au-dessus du visage de son frère, ses lèvres tout près des siennes, et enfin, après toutes ces années, il se laissa aller et
« AAAAAARGH ! gémit Chuck. MES YEUX ! MES YEUX ! »
Il s’était de nouveau levé, et comprenant enfin ce qu’il s’était passé, écrasa la feuille de papier dans ses mains, refusant obstinément de lire la fin du paragraphe car il savait pertinemment ce qu’étaient sur le point de faire les personnages tout comme il savait pertinemment qui en était responsable.
« BECKY ! hurla-t-il. Je t’ai déjà dit de ne pas écrire tes fanfictions sur ma machine ! »