:Rating:
R pour implication de viol, mais je ne suis pas hard au point de tout décrire! c'est sous-entendu...
:Nombre de mots:
Environ 5 190 mots
:Résumé:
Hermione se remémore ce qu'elle a vécu, mais comment fait-on pour oublier quand l'être qu'on aime le plus au monde nous rappele ce moment?
:Note de l'Auteur:
merci à
lisalune qui comme toujours me back côté ortho! ^^
:Disclaimers:
Tout est © de JKRowling et ™ de Warner Bros, seule l'histoire est mienne et je ne fais aucun profit avec cette dernière!
† in memoriam †
« Papa? »
L'homme roux tourna son regard vers l'enfant de 5 ans qui lui tenait la main, « Oui, Charlie? »
« Maman sera triste encore longtemps? » questionna innocemment le garçon aux yeux d'un gris-bleuté éclatant.
Son père lui sourit avant de le prendre dans ses bras et de le tenir en hauteur, « Non, elle dit encore quelques mots à la sépulture et on repart chez Mamie. »
Charlie regarda aux alentours. Il aperçut ses cousins un peu plus loin dans le cimetière qui se tenaient avec leur père et leur mère. C'était le jour où comme à chaque année depuis que son oncle avait vaincu le plus terrible des mages noirs que le monde magique n'ait connu, toutes les personnes qu'il connaissait, venaient en ce lieu pour rendre un hommage aux personnes disparues.
Il savait que quelques-uns de ses oncles reposaient en ces lieux. Il était conscient que son prénom lui avait été donné en mémoire à l'un d'eux. Son père lui disait qu'il aurait été content de connaître cet oncle parce qu'il lui aurait fait voir des dragons.
Le gamin reposa sa tête sur l'épaule de son papa, mais la releva de si tôt parce que sa mère revenait vers eux, les yeux brillants. Charlie n'aimait pas cette journée, car sa maman était triste.
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Un rayon de soleil réveilla Hermione. Ses yeux papillonnèrent et lentement, elle s'éveilla d'un lourd sommeil. Quand elle se redressa en position assise, un mal de tête la força à stopper tout mouvement. Sa main remonta vers sa tempe droite et Hermione toucha une substance gluante; du sang coagulé, se dit-elle. La douleur lui rappela qu'elle avait été prise lors d'une embuscade.
Des flashes lui revinrent en mémoire rapidement. Elle regarda dans la salle, un vent de panique s'emparant peu à peu d'elle. Elle se souvenait de très peu de choses, tout ce qu'elle pouvait dire c'est qu'elle était tombée inconsciente alors que Ron se battait à ses côtés, mais rien de plus.
Ron s'en était-il sorti? Était-il dans une cellule près de la sienne?
À en voir les murs suintant d'eau, elle devait se trouver dans un cachot. Là où les Mangemorts laissaient pourrir les prisonniers, surtout quand ce prisonnier était une Sang-de-Bourbe.
Hermione se mit en boule dans un coin éloigné de la porte en bois. Restant aux aguets, les yeux fixés sur la porte.
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« Charlie, mon beau garçon! Bonjour, Ron, bonjour, Hermione. »
« Bonjour, Molly, » répondit Hermione en embrassant sa belle-mère.
« Comment ça s'est passé? »
Ron déposa son fils sur une chaise autour de la table de la cuisine où un service était déjà en place. « Oh, tu sais... Toujours la même chose. La tombe de Charlie est très en fleurs. » Il vint porter un verre d'eau à son garçon, « Harry et Ginny ne vont pas tarder. »
Molly acquiesça pendant qu'elle se démenait derrière les casseroles ensorcelées qui se mouvaient au-dessus des ronds. « Et toi, Hermione? Tout va bien? Tu m'as l'air toute pâle. »
« Oh, je vais bien, » dit Hermione avec un pénible sourire. « C'est la grossesse. Je suis plus fatiguée qu'à l'habitude. »
À ce même moment, la famille Potter entra. Les jumeaux faisaient un bouquant sans pareil comme toujours, Ginny les suivait en les réprimandant. Derrière, Harry arrivait avec sa fille dans les bras. La fillette fut placée dans sa chaise haute au bout de la table et le célèbre sorcier alla saluer la grand-mère de ses enfants.
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Deux semaines qu'elle ne dormait que d'une oreille. Elle avait froid et l'humidité de la pièce s'insinuait à travers ses vêtements. Elle mourrait de faim, aussi.
Mais le pire, se disait-elle, était l'attente.
Elle se rappelait les cours qu'elle avait suivis au QG. Les plus jeunes combattants avaient des cours entre chaque escapade pour les missions afin de vaincre le Lord Noir. C'était les Aurors qui faisaient partis de l'Ordre qui les donnaient, mais c'était plus des mises-en-garde qu'un cours académique.
Elle se souvenait ce que Kingsley Shacklebolt leur disait à propos des prisonniers, des moyens de pression utilisés contre eux ou simplement des tortures pour le plaisir des malmenés. Hermione espérait que cette porte ne s'ouvrirait jamais.
Des larmes coulèrent le long de ses joues pâlies par la peur et la malnutrition.
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Les derniers plats se faisaient disposés sur la table où siégeait la famille Weasley. Molly fit la prière et après un 'bon appétit', le cliquetis d'ustensiles vint s'installer dans la salle à dîner. Parmi les sujets de conversations allant des prochaines séries de la Coupe du Monde de Quidditch aux premiers petits-enfants qui allaient entrer à Poudlard, on pouvait entendre les enfants rire ou se chicaner avec leurs cousins.
Seul un jeune garçon restait tranquille entre son père et sa mère, jouant avec ses carottes et brocolis dans son assiette.
« Et bien, Charles, tu es bien silencieux, » s'exclama un des oncles en face de lui.
Il releva la tête, en même temps que sa mère se tourna vers lui, « Est-ce que ça va, mon chéri? »
« Pourquoi je n'ai pas les mêmes cheveux que tout le monde? » demanda le garçon en la regardant.
Hermione se tendit et tous les adultes se turent, un malaise s'installant dans la salle.
Elle savait que cette question viendrait un jour, mais elle ne s'attendait pas à ce que son fils la lui demande aussi tôt. Il était beaucoup trop intelligent.
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Le bruit de la serrure la réveilla et Hermione se mit de suite debout. Elle se sermonna mentalement de s'être endormie. Mais elle n'eut pas le temps de se blâmer bien longtemps qu'elle se retrouvait une main puissante au cou, les pieds dans les airs et ses petites mains tentant de faire lâcher prise à son agresseur parce qu'elle étouffait.
Elle se rendit compte qu'elle avait été dépouillée de sa robe de sorcier ainsi que du reste de son habillement que lorsque le plancher froid se retrouva contre son dos. Elle gigota pour pouvoir se relever, mais il ne fallut qu'un fort coup contre sa mâchoire pour qu'elle soit sonnée.
Et ce qui suivit fut la demi-heure la plus dure de sa jeune vie.
Et plus tard dans la semaine, cela recommença encore et encore. Jusqu'à ce que sa volonté de vivre ne soit qu'un petit tas de cendres et que chaque réveil en ce lieu immonde ne soit que son pire cauchemar qui n'arrêtait plus, tournant en boucle jour après jour.
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« Kay n'a pas les cheveux roux, non plus, » répliqua Harry en peignant d'une main les cheveux fous de sa fillette de quatorze mois qui se barbouillait le visage avec sa purée d'épinards. « Et c'est bien mieux comme ça, si tu veux mon avis, Charlie. C'est plus facile de retenir les prénoms. »
Charlie émit un petit rire, avant de continuer à manger son dîner.
Ron lança un regard de remerciement à son meilleur ami qui lui sourit en retour, puis il porta une main sur le dossier de la chaise où son fils prenait place. Hermione passa une main dans les cheveux blonds de Charlie et laissa sa main sur sa nuque.
Elle regarda Ron et ils se sourirent avec amour.
Puis les conversations autours de la table recommencèrent tranquillement.
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La porte s'ouvrit. Elle se recroquevilla sur elle-même. Elle avait mal au ventre, mal aux bras, mal à la tête, mal partout. Quand Hermione sentit un bras lui saisir celui qu'elle avait contre son ventre, elle gémit et laissa échapper une plainte. Elle n'avait même pas la force de hurler cette nuit. Qu'il fasse ce qu'il voulait mais que ce soit rapide, elle était épuisée et affamée.
Une main vint palper son ventre, puis après on l'aida à relever sa tête, « Bois. »
Elle écouta la voix froide et dépourvue d'intonation chaleureuse. Un verre se posa sur ses lèvres et elle n'eut d'autre choix que de faire ce qu'on lui ordonnait. Un liquide tiède et épais coula dans sa gorge et elle le sentit descendre le long de son œsophage jusqu'à son ventre qui se réchauffa. Puis elle recracha la potion qu'il lui donnait à boire parce que la douleur s'était emparée de son abdomen.
« La douleur partira. Continue de boire. »
« Non! Je- je ne suis pas c-capable, » haleta-t-elle, se remettant en position fœtale au sol.
Il la laissa faire, puis lui lança un léger sort de nettoyage entre ses cuisses et sur les plaies ailleurs sur son corps meurtri. Il quitta la salle, Hermione toujours en boule au sol et quelques minutes après le départ du Mangemort, la douleur disparut et cette nuit-là, elle dormit comme jamais elle ne l'avait fait.
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Le café fut servit avec des cookies frais du jour. Les enfants étaient dans le salon avec les jumeaux, Fred et Georges, qui leur racontaient les grands moments de leur vie écolière à Poudlard. Ron caressa la main d'Hermione qui reposait sur la table.
« Ne t'en fais pas, » dit Molly en regardant sa belle-fille qui se mit à caresser son ventre avec nervosité, le regard perdu dans le vide.
Hermione baissa la tête, « Je- »
« Il le saura un jour. Tu le lui diras, mais pour l'instant il est trop jeune, Hermione. C'était la bonne chose à faire, » la rassura Harry qui berçait son bébé pendant qu'elle buvait sa bouteille de lait, une main tendue afin d'attraper les lunettes de son père.
« J'ai peur qu'il m'en veuille. J'aurais... J'aurais pu lui en parler dès sa naissance, mais j'ai décidé de ne pas le faire. »
« Personne ne t'en veux, amour. Et il ne t'en voudra pas, » la réconforta Ron.
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Il n'était qu'un simple apprenti. Pour l'instant, il s'occupait des prisonniers. Les semaines d'avant, il avait passé son temps dans le château du Lord, se pliant à ses moindres demandes. Il avait été muté parce qu'il devait en voir plus, lui avait dit sa tante Bellatrix. Se former un caractère dur.
Sa mère s'était opposée, mais Bellatrix avait gagné. C'était soit le Manoir Macnair soit le terrain.
Personnellement, Draco aurait voulu aller sur le terrain. Surtout après qu'il ait entendu, soigné - enfin pas trop non plus, et assisté à ce que les prisonnières avaient droit dans les cachots. Il avait vu des vieilles connaissances; Une Serdaigle, trois ou quatre Poufsouffle, beaucoup de Gryffondor et même quelques Serpentard.
Mais le pire avait été de trouver dans une des cellules celle qu'il avait martyrisée durant sa scolarité.
Granger. Hermione Granger était là.
Et en piteux état de plus. C'était une des pires. Une Sang-de-Bourbe.
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Hermione tenait sur ses genoux Charlie qui avait la tête rejetée en arrière et ses yeux commençaient à se fermer. Mais il avait dit qu'il n'était pas fatigué. Il voulait voir son père remporter sa partie d'échec.
« Ron. »
Le dénommé regarda Hermione qui tenait Charlie pour l'empêcher de tomber au sol, « On rentre, » acquiesça-t-il.
Charlie se releva, « Non! Mais tu n'as pas gagné encore! »
Ron se leva et prit le gamin dans ses bras, « C'est l'heure, bonhomme. Il est tard et tu t'endors sur maman. Ne t'inquiètes pas, je l'aurais gagné. »
Quand Charlie lui fit un joli minois boudeur, Ron éclata de rire. Il se rassit en face d'Harry, posant le blondinet sur ses cuisses. « Ron, il tombe de fatigue. »
« Ça ne sera pas long, Hermione. »
« Hé! Et je suis censé comprendre quoi par ça? » s'offusqua faussement Harry.
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« Quel petit comique s'est occupé de l'amie de Potter? » hurla un des vieux Mangemorts.
Draco se leva et lui fit face, « Moi. Aurais-tu un problème avec les consignes que le Lord m'a donné, Avery? »
Le susnommé renifla avant de ricaner, « Moi? Non... C'est juste que je la trouve plutôt bien portante après la soirée que je lui avais réservé. »
« Ouais, et bien j'aimerais te rappeler que le Seigneur des Ténèbres veut les garder vivantes pour son projet. » Le jeune Mangemort se tourna vers l'assemblée de Mangemorts qui se tenaient dans la grande salle à dîner du manoir. « Je vous rappelle que les femmes - Sang-de-Bourbe ou pas - doivent garder un minimum de santé pour mettre à terme leur futur grossesse! Acharnez-vous et passez votre agressivité sur les hommes! Ceux du secteur 5, il n'en a rien à foutre. Il m'a donné des ordres précis et je ferai en sorte de les observer à la lettre coûte que coûte. »
Sur ce, il quitta la salle et monta à l'étage, dans la chambre où il résidait.
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« Je monte le coucher. »
Hermione fit un signe de la tête et regarda son mari aller au premier, leur garçon profondément endormi dans les bras. Elle ramassa un ou deux jouets qui traînaient dans le salon et les rangea dans la boîte en bois qui prenait place sous la fenêtre de devant près du foyer. Après avoir refermé le caisson, elle s'assit en face et traça les serpents qui décoraient le coffre à jouets de son fils.
Elle avait réussi à récupérer cet héritage pour l'enfant qu'elle avait porté en elle pendant 9 mois. Lors d'une saisie massive dans les demeures de Mangemort juste après la défaite de Voldemort, avec l'aide de ses deux meilleurs amis, Hermione était parvenue à reprendre ce coffre.
« Hermione? »
Elle releva la tête vers Ron. « Il est couché? »
« Oui, tu viens? Ou tu veux un bon chocolat chaud? » Il l'aida à se relever.
« Je veux bien un chocolat. »
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« Prends ceci. »
« S'il vous plait, » pria-t-elle et le jeune homme qui venait depuis quelques temps se tendit. « Combien... Vous allez me tuer bientôt? »
Elle le regarda les larmes aux yeux le suppliant d'une délivrance douce et rapide. Il le savait bien. « Je ne peux rien dire. »
Hermione sanglota et replia ses jambes contre sa poitrine. Elle secoua la tête lorsqu'il lui présenta de nouveau la fiole de potion qui lui faisait tant de bien. La rassasiant, la soignant. Elle ne voulait plus. Elle n'avait qu'une seule envie. Se laisser dépérir. Mourir.
L'homme masqué souffla. « Écoutez. Je suis là pour rendre votre passage moins douloureux. Je ne suis même pas autorisé à vous parler. Alors, prenez ceci... ou je vous le ferai prendre par la force et je crois qu'aujourd'hui vous avez eu votre quota de brutalité. »
Il tendit de nouveau la fiole et elle la saisit de ses mains tremblantes.
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Ron déposa un album sur le comptoir de la cuisine. Hermione reposa sa tasse et le questionna du regard. « Ceci sera l'album pour Charlie. Tu racontes et, » il sortit une plume qu'il ensorcela, « Elle écrira tout ce que tu diras. Toute son histoire. »
« Ron! Je ne peux pas faire ça! »
« Écoute, Hermione. Ce sera un bon moyen pour exorciser ce dur passage de ta vie. Je ne te dis pas de tout dire ce soir. On pourrait commencer du début. De nos temps à Poudlard. Des premières fois qu'on l'a confronté. Lui montrer aussi l'autre côté. On pourrait faire des recherches. Demander à Zabini comment il était pour avoir un autre point de vue. On... »
« Arrête, Ron! » Hermione se leva de sa chaise. Des larmes coulaient sur ses joues maintenant. « Il n'en est pas question! Je n'exposerai pas sa vie sur papier, même pour une bonne cause! »
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Il l'entendait derrière les portes. Il savait que c'était ses cris. Il n'en pouvait plus. Toutes les autres n'étaient pas aussi combattantes. Et Draco se disait qu'elle en avait perdu de sa force. Il ne pouvait même pas imaginer les premiers viols... ce qu'elle devait hurler.
La porte s'ouvrit.
Draco se força à sembler occupé par sa tâche.
« Hé, Malfoy! Tu devrais tenter ton coup avec celle-là. Plus elles résistent, mieux c'est. C'est plus serré, si tu vois ce que je veux dire! »
L'apprenti rangea ses fioles et avec un air de dégoût dit, « Ça va, Jugson. Épargne-moi les détails à propos de cette saleté de Sang-de-Bourbe. »
L'homme se mit à rire bruyamment et monta les escaliers des cachots. Après s'être assuré qu'il était assez loin, il mit son masque argenté qu'il avait dans ses poches et entra dans la cellule d'Hermione. Elle rampa jusqu'au mur loin de la porte en reniflant, apeurée que son agresseur ne revienne.
Draco ne s'en formalisa pas. « Où as-tu mal? »
Mais Hermione ne répondit pas et se jeta dans ses bras en pleurs.
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La porte se referma et Hermione serra son oreiller contre elle. Elle entendit Ron aller à la salle d'eau et brosser ses dents avant de venir au lit et de lui caresser le dos comme il avait l'habitude de faire. Ses sanglots reprirent.
« As-tu mal au dos? »
Elle secoua la tête et il se mit à lui faire un massage des muscles endoloris dans le creux de ses reins. Elle terminait sa deuxième grossesse et comme pour la première, Ron était là. Il s'était occupé d'elle la première fois comme si c'était lui qui en était responsable.
Pourtant, il le savait. C'était un peu évident puisqu'Hermione en était à sa 32ième semaine de gestation quand il la retrouva après l'assaut au Chemin de Traverse. Mais il l'aimait de tout son cœur et après toutes les horreurs qu'ils lui avaient fait subir, il ne pouvait que simplement s'occuper d'elle et du bébé à venir.
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Il n'aurait pas dû.
Maintenant, la majorité des femmes étaient enceintes et avaient été transférées dans une aile où les hommes ne pouvaient plus les toucher, car ils n'avaient plus les accès nécessaire. Seuls les Médicomages et les aides soignants pouvaient y aller.
Les enfants qu'elles engendreraient seraient les futurs esclaves du Lord. Il voulait faire d'eux, le petit clan de rebuts qu'il pourrait maltraiter à sa guise. Ses Enfants du Mal, les avaient-ils surnommés.
Draco ne comprenait pas encore en quoi cela pouvait bien lui servir, mais qui était-il pour discuter des moindres caprices de son Maître?
Il secoua la tête et remit les liens à sa dernière patiente. Les plus propices à un avortement provoqué avaient été ligotées pour le bien de leur enfant.
Hermione n'était pas de celles-là.
« Alors fais-moi un enfant si c'est ce qu'ils attendent pour me transférer! » l'avait-elle provoqué. « Je t'en pris. Ce sera beaucoup mieux que tout ce que j'endure en ce moment. »
« Je ne peux pas. Je n'ai pas l'autorisation, » avait-il tenté. « Bois ça maintenant et n'en parle plus! »
« Aux démons, l'autorisation! Je ne boirais plus cette potion si tu refuses! » Et elle jeta la fiole, fâchée comme jamais.
Il l'avait laissée à ce moment-là et était parti en rogne.
Pour revenir le lendemain soir...
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« NOON! NOOOoooooon! »
« Hermione! Shhhh... »
Elle s'accrocha à Ron qui la berça le temps qu'elle se calme. Encore son cauchemar. C'était toujours le même, année après année. Sa dernière nuit dans l'immonde Manoir Macnair. Elle se retrouvait toujours confrontée à cette nuit-là. Celle où la vérité lui fut révélée.
La nuit où Harry détruisit le fléau qu'était Voldemort.
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« Hermione! »
« Malfoy? »
« Dépêche-toi, il n'y a pas de temps à perdre! »
Il la saisit par le bras et la força à se lever. D'un coup de baguette elle était habillée chaudement et chaussée. Hermione se demanda ce que son ennemi du temps de Poudlard faisait là et comment il avait su qu'elle était là.
Pendant qu'elle marchait aussi vite que ses pieds engourdis le lui permettaient, il la poussa contre un mur à l'abri de l'ombre. « Malfoy! Tu as fait ton travail? »
« Ça fait longtemps, Carrows. Je m'en allais au Manoir. »
« Tu ferais mieux de ne jamais y remettre les pieds, j'ai entendu parler que les Aurors étaient partout, dans tous les Manoirs. »
« Je m'en fiche, je dois retrouver ma mère. »
« Fais ce que tu veux. Moi, je vais aller dans la forêt, » lui répondit Carrows qui partit dans la direction d'où Hermione et Draco revenaient.
Le jeune Mangemort le regarda partir. Dès qu'il fut hors de vue, il retira le sac à dos qu'il avait et en sortit une cape noire. Il la déposa sur les épaules d'Hermione, puis il rabattit le capuchon sur sa tête, « Il faudra que tu restes près de moi. Et surtout ne faire aucun son, sinon ils te repéreront, reste discrète, c'est compris? »
Hermione secoua la tête, pendant qu'il lui passait ses bras dans les bretelles du sac qu'il portait avant. Puis, il lui tendit une baguette, « C'est la mienne. J'en ai une autre, mais tu auras plus de chances avec celle-ci. Cache-la. »
Elle la saisit et la mit à l'intérieur de sa cape. Draco lui reprit la main et ils cheminèrent dans les couloirs sombres des cachots avant d'arriver au rez-de-chaussée où un tumulte les attendait. Des centaines de Mangemorts, hommes ou femmes, se trouvaient à ranger et emballer dans des malles tout objet utile pour les faire disparaître. Ils s'apprêtaient à partir.
Draco la fit reculer. « On n'a aucune chance de ce côté, il faut sortir par derrière. »
« AH! »
« Hermione! Qu'est-ce qu'il y a? »
« J'ai mal. Mon ventre. »
« Attends, » il la retourna et ouvrit le sac sur son dos. « Tiens, prends ça. C'est seulement le stress. Ça peut provoquer un accouchement prématuré. Ne t'inquiète pas. »
Après qu'elle ait pris la potion, les douleurs cessèrent et elle se sentit d'un coup rassurer. Potion calmante, se dit-elle.
« Il faut continuer, viens. »
Ils revinrent sur leurs pas et traversèrent une autre rangée de cellules. Hermione frissonna en se souvenant que c'était l'endroit où elle se trouvait les premières semaines en ces lieux. Puis, elle se rappela du jeune Mangemort qui l'avait aidée. Le père de son enfant.
« C'était toi, n'est-ce pas? » demanda-t-elle sereinement alors qu'il la pressait pour avancer plus vite.
« Non. »
Hermione savait que c'était lui.
« C'était un autre moi. » Il s'arrêta et la fixa avant de poser une main sur son ventre proéminent. « Tu vas en prendre soin, n'est-ce pas? » Puis, il la retira rapidement avant de continuer leur chemin. « J'ai confiance en toi. Tu seras bonne pour lui. »
« Lui? »
« C'est un garçon. Je l'ai su la semaine dernière lors des derniers examens. »
Hermione en resta bouche bée. Jamais elle n'avait eu droit de savoir les résultats de tous les examens que les Médicomages lui faisaient passer. Un garçon. Elle en eut les larmes aux yeux. Mais se ressaisit autant qu'elle le put et fit d'une voix tremblantes, « Qu'est-ce qu'il se passe, Malfoy? »
« Potter vient de vaincre le Lord. »
« Voldemort est mort? »
Draco réprima un frisson à l'entendre prononcer ce nom honni. « Anéanti serait le mot juste. Il y a quelques heures de ça. »
Il stoppa et Hermione regarda derrière, la peur revenant peu à peu, les effets de la potion s'atténuant tranquillement. « Malfoy? Je crois que j'entends des pas... »
Draco la prit par les épaules et la poussa sur le côté, « Ne bouge pas, reste dans l'ombre. »
Et il alla vers les cellules, sa baguette dans les airs mais quelqu'un lui sauta dessus, un bras autour de son cou, l'étouffant.
« RON! »
L'homme roux se retourna et vit son amie dans l'ombre. Il laissa le jeune Mangemort et se précipita pour prendre dans ses bras Hermione. « Oh Merlin! Je croyais que tu étais morte! Quand ils nous ont pris, tu étais inconsciente! »
« Ron, ça va. Tu m'étouffes! »
Le rouquin se recula et se rendit compte que Draco Malfoy était toujours près d'eux. Il allait ressauter au cou du jeune Mangemort quand Hermione se mit entre lui et Draco. « Arrête, Ron! Il était en train de m'aider à m'échapper! »
Draco se redressa, et ramassa sa baguette gisant sur le sol. « On doit se presser. Venez. »
Il passa à côté de Ron et Hermione, s'abstenant d'empêcher le grand roux de venir avec lui et Hermione. Draco se dit qu'il serait plus utile d'avoir une autre paire de bras pour se battre si c'était nécessaire.
De son côté, Ron pesta contre cette alliance provisoire, mais Hermione lui fit comprendre qu'ils n'avaient d'autre choix et il la suivit quand elle emboîta les pas de Draco.
Elle se dépêcha de prendre la main de Draco qui fut surpris, mais ne dit rien. Il savait que pour elle, il était un réconfort, une protection, une sécurité en ces lieux de terreurs. Ron quant à lui, il tiqua, mais la situation lui fit passer son attention à autres choses plus pressantes et il les suivit à pas furtifs.
Après être sortis des cachots, ils suivirent un sentier vers la forêt. Draco leur parlait des alentours, il se disait qu'il leur donnerait tous les outils si jamais ils devaient continuer seuls. Il leur apprit que le Manoir Macnair avait quelques hectares et qu'à quelques lieux d'où il se trouvait, il y avait un petit village Moldu où la limite d'anti-transplanage s'arrêtait. Ils devaient simplement suivre le nord.
« Pourquoi fais-tu ça? » finit par demander Ron.
Draco resserra la main d'Hermione pour la couper, « C'est mon enfant qu'elle porte. Tout ce que je veux c'est qu'il ait la vie sauve. Qu'il ait une chance de vivre. Qu'il ait ce que je n'ai jamais eu. »
Ron avait les yeux ronds et observa Hermione. Il venait à peine de se rendre compte qu'elle était engrossée. Hermione baissa la tête, honteuse de tous ce qu'elle avait subit au Manoir. Draco aurait voulu la réconforter, mais des bruissements attirèrent son attention ainsi que celle de ceux qui l'accompagnaient.
Draco donna la main d'Hermione à Ron et l'intima de partir avec elle. De ne pas s'arrêter quoi qu'il arrive. Quoi qu'ils entendent. De ne pas s'inquiéter pour lui. Il protègerait leurs arrières.
« Non! »
« Hermione! »
Ron retint Hermione comme il put et l'entraîna avec lui. Draco les regarda partir, Hermione luttant toujours pour revenir en arrière. Puis il se détourna baguette brandit. En moins de deux, il était entouré par trois Mangemorts.
« Tiens, tiens, tiens... Si ce n'est pas ce petit toutou de Malfoy. »
Un des Mangemorts ricana comme une hyène. « Oh, ce n'est que vous les gars. »
« Ne joue pas avec nous, Malfie. C'est étrange, il manque une des femmes porteuses. On sait ce que tu as fait.»
« Quoi? »
« Ne fais l'innocent, Carrows nous a dit qu'il t'avait vu dans le secteur 9! »
Draco se retourna pour faire face à Avery, « Ouais et bien, j'avais une mission, pauvre con! J'ai tué toutes les femmes, point à la ligne! Pour ce qui est de votre pimbêche perdue, j'en ai aucune idée. Peut-être qu'elle est déjà dans ton Manoir, Jugson... On pratique peut-être la nécrophilie? J'en serais pas étonné, » se moqua Draco avec fougue.
« Endoloris! »
« AAAAAaaaaaHHHH! »
Hermione se retourna, « NOOON! »
« Hermione, silence! Tu vas nous faire repérer, tu l'as entendu. Il nous a demandé de continuer et de ne pas s'en faire! Alors viens! »
« Mais, Ron! On ne peut pas le laisser seul contre je ne sais combien de Mangemorts! »
« Tu n'es pas du tout en état de combattre, je te ferais remarquer. Alors viens, on décampe! »
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« Maman! Papa! »
« Charles Malfoy, fais moins de bruit. Maman dort encore. Viens on va manger. »
Quand Hermione ouvrit les yeux, c'était pour voir Ron qui tenait Charlie par la main et sortait de la chambre pour descendre à la cuisine. Son fils lui ressemblait tellement. Elle aimait se dire que si l'environnement familial de Draco aurait été le même, il aurait été une toute autre personne à Poudlard.
Mais il n'avait pas été un cas complètement désespéré et les derniers mois de sa vie l'avait montré.
Elle essuya les dernières larmes qui avaient fait leur chemin et se leva pour prendre une douche. Quand elle eut terminé, elle retourna dans la chambre, enroulée dans une serviette de bain. Elle ouvrit son garde-robe et attrapa un ensemble accroché sur un cintre.
Une boule de tissus noir dans le fond de l'armoire attira son attention. Hermione mit de côté ses vêtements et se saisit de la vieille cape noire qu'elle avait encore. Elle la déplia délicatement et y trouva la baguette que Draco lui avait remise cette fameuse nuit avec le petit sac à dos qu'il lui avait donné.
Hermione déposa la baguette à ses côtés sur le lit et ouvrit le sac pour en sortir deux lettres soigneusement pliées. Une déjà décachetée et l'autre encore bien scellée. Elle déplia sa lettre et la relut encore une fois. Elle pouvait même la relire sans la voir tellement elle l'avait lue et relue.
Chère Hermione Granger,
Je suis vraiment désolé. Pour ce qui c'est passé, pour ce qui t'es arrivée au Manoir Macnair. À chaque jour, je me disais que je devais faire quelque chose, mais je ne suis qu'un Serpentard, pas un Gryffondor.
Si tu lis cette lettre, c'est que je t'aurais au moins fait sortir de cet enfer et... que probablement j'y sois resté... Mais je ne m'en plains pas, c'est ce que je mérite, je suppose.
Je t'écris pour la simple raison que j'aimerais que tu remettes l'autre lettre à mon fils. Je ne sais pas si j'ai eu le temps de te le dire, mais c'est un garçon que tu portes. J'étais content de l'apprendre et c'est pour cette raison que ma décision est prise. Je ne te demande rien, enfin presque... Je ne te demande pas de lui donner mon nom, car il sera pointé du doigt pour des bonnes - ou mauvaises raisons, mais j'aimerais qu'il sache qui était son père.
Je te laisse le choix de lui raconter ce que tu veux. J'aimerais seulement ne pas tomber dans l'oubli pour lui. Peut-être même que tu n'auras pas le choix? Je me demande s'il me ressemblera...
De toute façon, je laisse une lettre pour lui. Elle est bien simple, mais tu peux la lire si tu as peur que je lui dise un truc inapproprié. Maintenant, tu dois savoir pourquoi je t'ai remis ma baguette... Et si tu peux remettre les pieds au Manoir Malfoy, je me souviens d'un coffre à jouet m'ayant appartenu que j'aimerais qu'il ait. Il est en bois de chêne et les armoiries des Malfoy sont sculptées au devant.
Voilà c'est tout.
Aimes-le, Hermione. Il n'y est pour rien des idioties et de la lâcheté de son père.
Draco Malfoy
Elle le ferait. Elle écrirait ce livre. Pour son fils. À la mémoire de son père, Draco Malfoy.
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