Oct 15, 2010 08:09
ВСПОМНИЛОСЬ....
Перечитала недавно письма, посланные в прошлом году из "французщины" подруге. Это было в до-Самсунгову эпоху, время тотальной зависимости от чужих компов и отсутствия русской клавиатуры:
"Paris, Sept. 2009
Privet
(...) puisque l'affaire du ministre-présumé-pédophile (je parle de Mitterand) t'a tellement émue, je peux te donner encore de la matière à réflexion :)))
Tu as peut-être déjà entendu parler d'une autre affaire française largement débattue en ce moment: celle d'une femme à qui on a refusé de rendre le sperme de son mari défunt en vue d'une insémination post mortem. Tu sais, ce mec atteint de cancer, qui a subi un traîtement chimique susceptible de le rendre stéril, et qui a demandé un prélevement de son sperme au cas où, etc. Apres sa mort sa femme a voulu récuperer ce sperme pour concevoir tout de même un enfant. J'ai été surprise, premièrement, de constater que l'Etat a dû intervenir pour trancher le problème, tandis que on a l'habitude de croire que ce genre de questions (avoir ou ne pas avoir un enfant) ne regarde que deux personnes immédiatement concernées. Mais encore plus j'ai été surprise de tomber un beau soir sur une émission de FranceCulture, où deux femmes-scientifiques discutaient de tout cela et où une d'elle a laché que comme quoi on comprend le pourquoi de ce refus, puisque le sperme (tiens-toi bien! :)) fait partie du patrimoine inalienable...
J'avoue qu' en cherchant à comprendre dans quel sens le sperme peut-il constituer un "patrimoine", j'ai complétement perdu le fil de leur argumentation, et donc n'ai pas réussi à comprendre quelle différence cela faisait-il que le mec en question était mort au moment où sa femme a decidé d'avoir cet enfant. Parce que de toute évidence c'était leur decision commune avec sa femme et peu importe après tout qu'il soit mort prématurement, non?
Mais le plus drôle c'est bien sur cette notion de "patrimoine" appliquée au sperme... Pourquoi c'est le sperme, et pas les autres "éjections corporelles" (lait, sueur, et j'en passe :)), qui constitue un patrimoine? C'est du pur "fallocentrisme" comme dirait Derrida.
Le plus piquant, c'est qu'une de ces deux femmes, Sylviane Agasinski, dans sa jeunesse a eu un fils hors mariage de Derrida, qui par la suite n'a jamais voulu avoir de contacts avec cet enfant (au moment de leur liaison il était, me semble-t-il, marié). Elle s'est mariée plus tard avec le futur premier-ministre de Chirac, Jospin, qui a ainsi joué le rôle de père de substitution. Eh bien, moi je trouve qu'un père qui ne veut pas connaître son enfant (même illégitime) est un cas plus choquant qu'un père mort (même si on comprend les raisons de Derrida, que par ailleurs j'aime beaucoup). En plus dans le cas d'Agasinski elle a pris la decision d'accoucher sans tenir compte de l'avis du père, ou plutôt en dépit de son avis, ce qui du point de vue éthique est tout de même plus délicat que le fait d'avoir un enfant du père qui le souhaitait, mais a eu la bêtise de mourir trop tôt. :)
Bon bref, tu pourras en discuter avec tes étudiants si tu le veux. Moi je suis fascinée par cette histoire... "
французские штучки,
Кафка-юрт