Alors que les derniers jours se rapprochent, j'ai de plus en plus de peine à me "souvenir" de la Défense. J'ai même parfois l'impression que rien ne s'y est passé, qu'il ne s'est agi que d'une parenthèse onirique pendant laquelle mes actions n'avaient aucune conséquence sur le milieu ou j'évoluais.
Il faut dire que la Défense ne fait rien pour se fondre dans le paysage urbain: en s'élevant sur l'esplanade, elle se sépare nettement des villes qui l'entourent. Cette division est particulièrement marquante lorsqu'on voit les gens grimper une vingtaine de mètres d'escaliers avant de pouvoir emprunter les passerelles qui les conduisent à cette même esplanade.
Cette impression de "pièce rapportée" rend le lieu étrange, hors du monde, un peu comme si on se trouvait dans un espace aux règles différentes. Ici pas de voitures, pas de déchets, une terrible impression d'ordre...
D'ailleurs les noms donnés à certaines parties de la Défense entretiennent cet effet de mirage: "Les Miroirs", "Place des Reflets", "Place de l'Iris". On trouve même au sud-ouest les tour d'habitations dites "Tours Nuages". Et l'architecture participe de la même volonté, avec les cristaux presque transparents de la tour Total, les galeries à ciel visibles qui courent entre les corps de "Coeur Défense" ou plus simplement les façades miroitantes de presque toutes les tours.
Il est conseillé au visiteur curieux de découverte de se démancher le cou vers d'étranges lignes de fuite, de prendre de nouveaux points de vue... bref, d'agir de manière peu commune dans un lieu peu commun.
Tout est jeu d'illusions ici, fractures de la vision, regard qui se perd dans une forèt complexe de bâtiments qui jouent à se refléter à l'infini.
La Défense est vertigineuse, parfois...
...pas étonnant que le chroniqueur ne sache pas toujours s'y retrouver.